« Mon sentiment, est que, que cela plaise ou non, qu'on le veuille ou non, l'Amérique ira en guerre parce que c'est la seule solution que Bush et ses gens puissent envisager. La désastreuse perspective que cela ouvre, cependant, est que l'Amérique devienne une méga-république bananière où l'armée aura de plus en plus d'importance dans la vie des Américains. »

Article paru dans l'International Herald Tribune, le 25 février.Traduction libre de l'Autjournal sur le web.

Il y a un contexte à ce que les bushistes sont en train de faire au moment où ils préparent la guerre en Irak. Mon hypothèse est que le Président George W. Bush et beaucoup de conservateurs en sont venus à la conclusion que le seul moyen par lequel ils puissent sauver l'Amérique et la sortir du déclin, est d'aller vers un régime appuyé sur une plus grande présence militaire, et de le conduire vers l'empire. Ma crainte est que les Américains perdent leur démocratie dans ce processus.
Par déclin, je ne me réfère pas seulement aux scandales des entreprises, aux scandales de l'église et aux scandales du FBI. Le pays, aux yeux des conservateurs, a été atteint par une sorte de folie. Ainsi, les enfants ne savent plus lire. En particulier, pour les conservateurs, la culture est devenue trop sexuelle.
L'Irak est l'excuse pour s'engager dans une direction impériale. La guerre avec l'Irak, telle qu'elle a été conçue originellement, devrait être une étape rapide et dramatique qui leur permettrait d'assurer le contrôle sur le Proche Orient comme une base puissante - et autant à cause du pétrole qu'à cause de l'eau apportées par les deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate - pour construire un empire mondial.
Les bushistes prétendent aussi apporter la démocratie à la région et croient qu'elle permettra, en elle-même, de diminuer le terrorisme. Mais je m'attends à ce que ce soit exactement le contraire qui arrive.
Les terroristes ne sont pas impressionnés par la démocratie. Ils la détestent. Ce sont des fondamentalistes de l'espèce la plus élémentaire. Plus la démocratie progressera au Proche Orient - ce qui est peu probable selon moi - et plus cela générera le terrorisme.
Le seul obstacle : la Chine
Le seul obstacle qui se dresse encore  sur le chemin qui conduit à l'empire est, dans l'esprit des bushistes, la Chine. En effet, l'une des plus grandes craintes de l'administration Bush au sujet du déclin américain est que les études fondamentales, telles que les sciences, la technologie, l'ingénierie, sont toutes en train de s'appauvrir dans les Universités américaines. Le nombre de doctorats détenus par des Américains alors que le nombre d'Asiatiques obtenant des doctorats dans ces mêmes études fondamentales croît à un fort taux.
En regardant 20 ans en avant, l'administration perçoit qu'il viendra un temps où la Chine aura une technologie supérieure à celle de l'Amérique. Si ce temps vient, l'Amérique pourrait très bien dire à la Chine que "nous pouvons travailler ensemble", nous allons être comme les Romains et vous les Grecs. Vous allez être nos esclaves extraordinaires et bien cultivés, mais n'essayez pas de nous dominer. Ce serait pour vous un désastre.
C'est ce scénario que certains des plus brillants conservateurs sont en train de méditer. (J'utilise Rome comme une métaphore, parce que les métaphores sont généralement plus près de la vérité que les faits).
Une atmosphère pré-fasciste

Ce qui est arrivé, évidemment, c'est que les bushistes ont rencontré beaucoup plus d'opposition qu'ils ne le pensaient de la part des autres pays et parmi la population américaine. Il se peut bien que nous n'ayons finalement pas de guerre mais une nouvelle stratégie pour contenir l'Irak et renverser Saddam. Si cela arrive, Bush se trouvera dans un trouble terrible.
Mon sentiment, pourtant, est que, que cela plaise ou non, qu'on le veuille ou non, l'Amérique ira en guerre parce que c'est la seule solution que Bush et ses gens puissent envisager.
La désastreuse perspective que cela ouvre, cependant, est que l'Amérique devienne une méga-république bananière où l'armée aura de plus en plus d'importance dans la vie des Américains. Cela s'étendra de plus en plus largement sur le système américain. Et avant que le processus ne soit termine, la démocratie, noble et délicate comme elle est, peut s'être effondrée.
En effet, la démocratie est un état particulier - une condition que nous allons être appelés à défendre dans les années qui viennent. Cela sera extrêmement difficile parce que la combinaison des entreprises, de l'armée et le complet investissement du drapeau par des masses de supporteurs d'équipes sportives a déjà établi une atmosphère pré-fasciste en Amérique.
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Article paru dans l'International Herald Tribune, le 25 février.Traduction libre de l'Autjournal sur le web.
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