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Un point tournant : faire la guerre à la guerre

Anonyme, Saturday, February 22, 2003 - 14:35

J-P

Réflexion sur la guerre et sur le mouvement d'opposition aux guerriers qui a gagné une manche dans une partie d'on sait pas combien.

Un point tournant

Dans les médias américains on disait le 16 février que 20 000 personnes ont manifesté à Montréal. Et que par ailleurs la ruée au Duct tape était peut-être une réaction exagérée à d'intenses semaines de propagande et de sensationnalisme.

Le 15 février au matin, le New-York Times avait annoncé en une que le défilé de la Grosse pomme était annulé par crainte d'attentats terroristes. Des centaines de milliers de New-Yorkais se sont quand même rassemblés. Personne ne doit vivre une horreur comme celle qu'ils ont vécu il y a à peine deux ans. La paix, ils ont demandé, comme des millions à travers le monde.

Allez savoir ! Dans leur tour d'ivoire, Bush et ses alliés, surtout Blair ,complètement isolés sur leur île, doivent bien être conscients du mécontentement que suscitent leurs politiques. La nouvelle alliance planétaire contre la guerre est porteuse de grands espoirs. Si seulement la sauce pouvait vraiment « prendre » aux États.

La machine médiatique étatsunienne semble expliquer la main-mise qu'à réussi imposer doublevé sur les États-Unis d'Amérique et l'opinion. CNN et Fox rivalisent fort pour présenter des faits toujours un peu plus sensationels et percutants qu'insignifiants en eux-mêmes. Heureusement, on sait de quoi les citoyens étatsuniens sont capables lorsqu'ils se réveillent. Pourvu que le sommeil ne soit pas assez long pour plonger le monde entier une guerre qu'une infime minorité de privégiés souhaitent.

Le socialiste pacifiste français Marcel Sembat disait en 1914 – le nationalisme chauvin et guerrier menaçait d'embraser l'Europe – que ceux qui veulent faire la guerre sont ceux qui ne l'ont pas vécu, qui ne savent pas ce qu'il en coûte. Si en Turquie, à New-York et ailleurs les manifestations ont provoqué des échaufourrés, il ne faut pas oublier qu'on y a vu partout dans le monde des milliers des personnes qui s'entretuaient hier manifester ensemble pour et dans la paix. C'est facile dans nos prairies canadiennes de clamer que la guerre peut solutionner des problèmes. Si on leur avait balancer des bombes sur la tête pendant une décennie, ils changeraient sans doute de discours.

Même chose pour tous ces faucons qui se fient à des théories 100 fois désuètes et meurtières pour justifier le vol des ressources notamment pétrolières iraquienne : tous des civils. Quant à l'ex «colombe» de l'entourage de Bush, un des seuls à refuser la guerre avant que la décision soit fin prise, Colin Powell, est justement un militaire de carrière.

On peut se fier sur la CIA et autres pour trouver chaque jour une menace potentielle, après tout que serait la CIA sans menace ? Que seraient les médias de masse sans sensationnalisme ? Que ferait donc la Maison-blanche si elle ne devait pas se soucier d'abord et avant tout de la position des États-Unis dans le monde ? Ça veut pas dire pour autant qu'ils ont raison.

Les manifestations monstres vont se poursuivre et s'intensifier tant que les faucons américains rôderont. Elles constituent une rupture avec une période de silence tacite. Les peuples prennent sans conteste conscience du pouvoir qu'ils peuvent exercer. Alors que leurs dirigeants prennent des positions mitigées ou carrément va-t-en guerre les peuples se lèvent et ça marche, n'en doutons pas. Si on prend la peine de dire que les manifestants sont naïfs, stupides et antipatriotiques c'est parce qu'ils dérangent. Quand on dérange pas, personne n'en parle.

Bien sûr on va nous raconter toutes sortes d'histoires à la tévé. On est chanceux au Québec, faut le reconnaître. On n'est pas au Vénézuela ni aux États-Unis. D'abord on parle français, alors fuera CNN. Radio-Canada se distingue quand même lorsqu'il s'agit de grandes questions de société. Y'a les tévés européennes. Y'a quand même des médias alternatifs assez solides. Y'a Le Devoir. Et puis y'a des journalistes intègres qui font leur travail avec brio dans des conditions souvent difficiles voire absurdes. Je ne dis pas qu'il faut croire plus un que l'autre, je dis qu'il faut se méfier, toujours.

Nous sommes à un point tournant parce que les attaques massives de propagande promettent d'enfler considérablement. Surtout si la situation se dégénère et que le feu nationaliste, raciste, civilisationnel, appelez-le comme vous voulez se réactive. Quelques centaines de journalistes américains triés sur le volet ont récemment été invitées par les Boys pour suivre un entraînement au journalisme de guerre. N'en doutons pas, la fin de leur « formation » et le déclenchement officiel de la guerre seront étroitement liés.

Personne ne voulait la guerre en 1912 non plus. La gauche européenne s'est mobilisée du mieux qu'elle le pouvait. Et pourtant...

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Vous vous en doutez, à mes yeux, cette guerre est désastreuse à bien des niveaux.

D'abord et avant tout, désastreuse pour le peuple irakien victime du messianisme de la politique étrangère conservatrice de la Maison-blanche depuis si longtemps. Combien de plus mourront sous les milliers de bombes préventives et appauvries que s'apprête à larguer la superpuissance ?

Désastreuse pour le peuple américain qui depuis le 11 septembre 2001 voit s'envoler un milliard de dollars par jour dans les industries de l'armement alors que des centaines de milliers d'emplois ont été perdus dans la dernière années et que leur pays se classe tout juste devant la Slovénie dans le classement de l'Organisation mondiale de la santé.

Désastreuse pour l'environnement. L'enjeu primordial de cette guerre, réalistes comme marxistes, féministes comme capitalistes s'entendent, c'est le pétrole. C'est l'accès à une ressource sans cesse plus rare aux yeux du plus grand pollueur, et de loin, de la planète. C'est sans compter les dégâts environnementaux qu'entraînera directement la guerre.

Désastreuse pour tous les peuples épris de paix et particulièrement ceux habitant cette région hautement instable et instabilisée qu'est le Proche-orient.

Désastreuse pour les populations de l'Occident devenue la cible des fanatiques islamistes par ce qu'ils n'ont pas su empêcher les excès des politiques étrangères injustes, voire criminelles menées par leurs dirigeants.

Désastreuse pour la paix mondiale et l'équilibre des puissances. Il n'y a pas cent ans, les États-Unis défendaient avec vigueur une Société des nations, puis moins chaleureusement, une Organisation des nations unies afin d'empêcher à l'avenir qu'un État révisionniste puisse agir unilatéralement et pousser le monde dans une guerre globale. Aujourd'hui, les États-Unis, comme le Canada et plusieurs États se présentent comme ceux qui recherchent une modification de l'équilibre des puissances en leur faveur alors que traditionnellement ils se sont posés en défenseur de l'équilibre, particulièrement le Canada.

Désastreuse parce qu'elle ne permettra pas aux États-Unis de recouvrer leur position hégémonique. Le déclin américain est irréversible. La dette extérieure du pays, qui ne soutient aucune comparaison dans le monde ne pourra être entretenue indéfiniment. Il en va de la responsabilité du gouvernement américain de gérer la nouvelle position du pays dans un système multipolaire d'où émerge de nouvelles puissances. L'attitude actuelle n'est pas suicidaire que pour l'administration Bush ; elle l'est pour le pays en entier, voire pour le monde qu'elle risque de plonger éventuellement dans un bain de sang épouvantable.

Désastreuse pour les valeurs de tolérance qu'on tente d'inculquer dans plusieurs États occidentaux. D'intenses campagnes de propagande et de manipulation éhontée de l'information viennent démolir des années d'efforts pour combattre des préjugés tenaces vis-à-vis les immigrants.

Désastreuse pour la démocratie parce qu' aux États-Unis où elle n'est pas populaire malgré une conjoncture presqu'idéale, comme en dehors, la guerre soulève des mouvements d'opposition impressionants : de très fortes majorités se disent contre la guerre partout, en contradiction flagrante par rapport à l'attitude adoptée par leurs gouvernements.

Désastreuse pour l'avenir, l'espoir voire la sacro-sainte confiance des marchés financiers parce que la planète se rapproche définitivement d'un conflit mondial. L'unilatéralisme et l'arrogance des Bush, Rumsfeld, Cheney, etc finiront tôt ou tard par braquer dangereusement des États en mesure de constituer une véritable menace. Désastreuse pour l'avenir parce que que cette guerre ne manquera pas d'entraîner son lot de nouvelles technologies et machines de guerre toujours plus massivement destructrices, chirurgicalement ou non.

Finalement, désastreuse pour l'élite financière, économique et politique qui verra s'aggrandir non seulement les cimetières mais également les alliances de classes et s'intensifier les luttes visant à renverser les structures de domination.

Lutter contre la guerre, c'est lutter contre le capitalisme. Lutter contre le capitalisme, c'est lutter contre la guerre. C'est pas plus compliqué que ça. Maintenant, combien de temps notre front arc-en-ciel va tenir ? Ça dépend de nous tous j'imagine.



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