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Les États-Unis contre l'Irak : le Canada doit s'y opposer

Micheline Carrier, Monday, February 10, 2003 - 20:31

Micheline Carrier

Le Canada n'a rien à faire en Irak. S'il se range du côté des États-Unis, il collaborera à un crime contre l'humanité au profit des intérêts financiers des multinationales américaines et des instincts guerriers de Bush. Des collaborateurs de Sisyphe analysent.

«Quand le prédateur assoiffé prépare son invasion», par Richard Poulin

Étonnant paradoxe que celui d'une guerre dont on nous dit qu'elle aura lieu alors qu'elle n'a jamais cessé. Pour le seul mois d'août 2002, les chasseurs anglais et états-uniens ont bombardé à dix reprises le territoire irakien. Mis en place depuis douze ans, le blocus économique continue à tuer des milliers d'Irakiens. Selon l'Unicef, entre 1990 et 2000, le taux de mortalité infantile (enfants âgés de moins de cinq ans) en Irak a fait un bond de 160 %. Néanmoins, le Conseil de sécurité de l'ONU a renforcé l'embargo le 30 décembre 2002 : depuis, il est interdit d'exporter des antibiotiques vers l'Irak. Les Irakiens meurent désormais de maladies où ailleurs il est impensable d'en mourir. En 1991, les États-Unis et les coalisés ont largué 315 tonnes de bombes à l'uranium appauvri sur l'Irak, dont les effets cancérigènes sont bien connus. Ces armes destructives empoisonnent pour très longtemps la terre et l'eau. Ils tuent à petit feu celles et ceux qui ont échappé au terrifiant feu tombé du ciel.

La guerre aura lieu parce que les États-Unis déploient des troupes qui seront prêtes à entrer en action à la fin de février. Les diplomates ont commencé à quitter l'Irak. " Ce n'est pas une question de si, c'est une question de quand nous engagerons le combat " assure un colonel de l'armée états-unienne (International Herald Tribune, 1er janvier 2003). L'Irak est accusé de détenir des armes de " destruction massive " ; les inspecteurs n'ont rien trouvé, mais les accusations subsistent. En matière de possession d'armement, l'Irak doit faire la preuve que les États-Unis et la Grande-Bretagne ne possèdent aucune preuve.

La guerre aura lieu parce que c'est une bonne affaire : en 2003, le budget militaire a augmenté de 48 milliards de dollars pour atteindre la somme de 379 milliards de dollars. 85 000 entreprises bénéficient des dépenses militaires ; au cours de l'année fiscale 2000, les dix entreprises les plus importantes du complexe militaro-industriel états-unien - Raytheon, General Dynamics, Northrop Grumman, Litton Industries, United Technologies, TRW, General Electrics, Science Applications International Corporation, Lockheed Martin et Boeing-MacDonnell Douglas - ont accaparé 75 milliards de commandes. En même temps, 40 millions d'États-uniens ne disposent pas d'une assurance maladie et 20 millions ont de la difficulté à se nourrir.

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«Une guerre pour renforcer l'hégémonie des États-Unis», par Djahan Dardachti

Je ne sais par où commencer. Peut-être par la formation de deux sortes de citoyens. Ou par comment un sentiment d'impuissance paralyse les gens et les empêche de se sentir liés aux autres. Ou par cette colère sourde qui vous remplit le cœur et qui vous empêche de sourire.

Médecin et citoyen canadien, je pratique mon métier au Québec depuis plus de trente ans. Je me sens très bien au Québec, dont la société est ouverte, chaleureuse, et où la culture et les valeurs communautaires ont une grande importance. Du jour au lendemain, je me sens un citoyen de second ordre, parce que je suis né en Iran, et que les États-Unis appliquent ouvertement une politique d'apartheid à l'égard de plusieurs peuples, à cause de leur origine et de leur religion, et que le gouvernement canadien les suit aveuglément.

L'équipe au pouvoir aux États-Unis prépare activement sa guerre contre l'Iraq malgré l'opposition d'une large majorité de l'opinion internationale. Les calculs froids à vous donner froid dans le dos vont bon train sur le coût de la guerre (environ 200 milliards $), sur le nombre des victimes iraquiennes (300,000), et cela dans le cas où la situation ne s'enlise pas, sinon la catastrophe serait beaucoup plus grande.

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«Avec ou sans l'ONU, le Canada n'a rien à faire en Irak», par Micheline Carrier

Le fait que plus de 60 % des Canadiens appuient la participation du Canada à une intervention militaire en Irak, si celle-ci se déroule sous l'égide de l'ONU, me dépasse.

Pourquoi cette intervention serait-elle plus légitime et plus juste si elle était cautionnée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, composé seulement de 15 pays, dont cinq ont le droit de veto ? Le Conseil de sécurité des Nations Unies ne représente pas la communauté internationale, c'est l'Assemblée générale (193 pays) qui représente les pays du monde. De plus, les 141 pays membres du bloc des pays non alignés ont indiqué leur opposition à la guerre lors du débat de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Il y a longtemps que l'ONU est contrôlée par les États-Unis, qui ignorent complètement ses décisions lorsqu'elle ne suit pas les directives américaines. Et si le Conseil de sécurité de l'ONU s'opposait à une intervention militaire, croit-on que cela ferait une différence pour les États-Unis ? Il s'agit d'aller s'approvisionner en pétrole en Irak ; tout autre motif d'intervention est un prétexte. Et Bush est prisonnier de l'industrie du pétrole (dont sa famille fait partie) et des besoins grandissants des États-Unis, premier consommateur mondial du pétrole.

Armes chimiques, terrorisme et autres. Vraiment... Il faut vouloir le croire.

Les États-Unis se préparent à commettre un crime et le Canada à suivre comme un valet, et nous les laisserions faire ?

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