Jeudi 23 janvier 2003, ouverture du 3e Forum Social Mondial. Les officiels ont pris le dessus, le temps d'une grand-messe qui a réuni un paquet de ministres et autres hommes politiques, plus une femme, puisque la nouvelle ministre brésilienne de la condition féminine était lá. Mais il y avait plus intéressant.

Il s'agit d'un sondage réalisé à l'échelle mondiale pour le Forum. Des habitantes et habitants de 20 pays ont été interrogé-es sur les effets de la mondialisation. Faut-il donner la priorité aux politiques sociales ou à la croissance économique ? Pensez-vous que les multinationales détiennent trop de pouvoirs ? Avez-vous prise sur votre destin ?

L'intéressant c'est de constater qu'il y a plutôt un consensus mondial sur l'excès de pouvoir des entreprises et de leurs représentants. Et qu'il y a des illusions, notamment dans les pays d'Amérique du Nord où nous croyons que nous décidons nous-mêmes de notre sort ! Les pays ayant des politiques sociales avancées, comme en Europe, tiennent à ce qu'elles soient poursuivies. Mais dans les pays plus pauvres, on met l'accent sur la croissance économique. Quelque 15000 personnes ont été interviewées.

Non à la guerre
Dans le contexte actuel, l'opposition à la guerre a été réitérée haut et fort. La délégation US s'est fait applaudir, tout comme celle de Palestine, et celle des Israéliens qui défendent la paix, ainsi, enfin, que la petite délégation irakienne. On a eu droit à quelques drapeaux brandis, des drapeaux irakiens. J'avoue que cela me laisse toujours pantoise, cette utilisation du drapeau. C'est pour moi un tel symbole de l'Etat, avec toutes ses composantes, que j'ai toujours un peu d'urticaire à les voir déployés . Entendons-nous, je dénonce vivement ce que le peuple irakien subit, surtout les femmes et les enfants, qui sont les premières victimes de l'embargo US et qui seront les cibles les plus faibles de la prochaine guerre, si elle a lieu. Et je souhaite aux progressistes irakiens de pouvoir fonder un régime réellement démocratique, l'actuel ne correspondant pas vraiment à ces critères.

Oui à l'inclusion
Je vais vous dire. Outre Njori Njehu, la directrice de "50 years is enough", une Africaine originaire du Kenya, qui a eu de très belles paroles pour la solidarité internationale, pour l'abolition de la dette des pays pauvres, pour la lutte des femmes et pour la paix, celui qui m'a plu, c'est le maire de Porto Alegre, Joao Verle. Les Brésiliennes et Brésiliens aussi l'aiment bien si on en croit les applaudissements qu'il a suscités. Il a annoncé la mise sur pied, de l'Organisation mondiale des Cités unies, au sein de laquelle les villes pour l'inclusion (des habitantes et des habitants), une initiative du Forum des autorités locales, sera active. Puis surtout, il a salué, en préambule, tous ceux qui étaient là, y compris ceux qui sont contre les autorités.

Faut dire que cela brassait pas mal hors de la salle : le Mouvement Noir Unifié du Brésil manifestait pour la réouverture de bureaux qui leur offrent des programmes dans le cadre d'une sorte de "affirmative action" si j'ai bien compris. Ils l'ont dit en rap et en traitant le gouverneur du Rio grande do sul, un monsieur de droite, qui a coupé ce service, de raciste. Le monsieur, lui, il était dedans, mais il s'est fait huer. Comme quoi on ne peut pas faire passer n'importe quoi, même et surtout au Forum social mondial. C'est rassurant, j'allais encore vous dire comme j'ai détesté les quelques rangées de sièges réservés aux "personnalités du Forum" juste devant le podium d'où parlaient tous ces beaux messieurs et cette jolie dame. Mais vraiment, c'est être trop râleuse....