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Le pétrole Shell et la politique du battage publicitaireCarl Desjardins, Sunday, January 5, 2003 - 16:13
<b>ATTAC</b>
Doyle montre que, même si Shell dépense des millions de dollars pour donner l'impression qu'elle est une compagnie pétrolière responsable sur les plans social et environnemental, la deuxième compagnie pétrolière du monde reste un des principaux criminels environnementaux de la planète. Par exemple, la nouvelle Shell refuse d'assainir le site du plus grand déversement souterrain d'hydrocarbures en zone urbaine, à Durban, en Afrique du Sud, où, selon Doyle, plus d'un million de litres de pétrole ont été répandus. - Par Russell Mokhiber et Robert Weissman Que se passe-t-il du côté des plus grandes parmi les grandes compagnies pétrolières -- Exxon Corporation, BP Amoco et Royal Dutch Shell ? La semaine dernière, BP Amoco a annoncé son retrait d'une initiative majeure de lobbying en faveur de l'ouverture au forage pétrolier de la réserve naturelle nationale de l'Arctique en Alaska. BP veut nous faire croire qu'elle sort de l'âge du pétrole pour entrer dans l'ère solaire. Le mois dernier, ExxonMobil annonçait qu'elle donnait 5 millions de dollars à la National Fish and Wildlife Foundation pour sauver le tigre. Lors d'une conférence de presse pour annoncer ce don au Save the Tiger Fund, la compagnie a distribué de charmants petits tigres en peluche pour les enfants. ExxonMobil veut nous faire croire qu'elle se soucie du patrimoine naturel et de tous les êtres vivants. En mai 2000, Royal Dutch Shell a mis sur pied une fondation dotée de 30 millions de dollars pour soutenir des projets d'énergies renouvelables et d'investissements sociaux dans le monde. La semaine dernière, la fondation Shell annonçait qu'elle consacrait 3 millions de dollars à une campagne pour informer des conséquences qu'aurait pour la Louisiane la disparition de ses marais et pour amener le public à soutenir les initiatives pour sauver les côtes de Louisiane. Shell a fait appel à l'expert en environnement Amory Lovins pour qu'il réalise un audit énergétique de ses installations pétrochimiques au Danemark. La compagnie s'est également engagée à donner 7 millions de dollars au World Resources Institute, ici, à Washington D.C., pour qu' il trouve des solutions écologiques au problème des transports urbains. Et, en 2002, Shell a consacré 3,5 millions de dollars à la création du Shell Center for Sustainability à l'université de Rice. Bien entendu, ces initiatives sont louables. Mais quel objectif les compagnies pétrolières poursuivent-elles ? Prennent-elles ces initiatives parce qu'elles veulent nous éloigner d'une économie basée sur l'énergie fossile, qui détruit l'environnement ? Font-elles ces efforts parce qu'elles souhaitent réellement nous voir passer à une économie basée sur l'énergie solaire ? Ou ces mesures ont-elles pour but de couvrir leur image d'un vernis vert et d'acheter le silence des défenseurs de l'environnement ? Les compagnies cherchent-elles à faire oublier leur histoire entachée de déversements d'hydrocarbures, de travailleurs blessés et tués, à dissimuler la dispersion de polluants cancérogènes dans l'environnement ? Au début du siècle dernier, le millionnaire John D. Rockefeller distribuait des piécettes aux enfants. Pourquoi ? Pour acheter le silence et le bon vouloir. De la même manière, les compagnies pétrolières donnent aujourd'hui des millions aux organisations environnementales et aux défenseurs de l'environnement pour acheter leur silence et leur bon vouloir. Jack Doyle vient de terminer une remarquable histoire de la compagnie Shell, intitulée Riding the Dragon: Royal Dutch Shell & the Fossil Fire. L'ouvrage est publié par l'Environmental Health Fund de Boston et est également disponible en ligne à l'adresse www.shellfacts.org. En exposant des centaines de cas de violations des droits humains, de pollutions par les hydrocarbures, de travailleurs blessés ou décédés, et en dénonçant la fabrication de produits chimiques cancérogènes, Doyle montre clairement que Shell et les grandes compagnies pétrolières ont beaucoup à cacher. Malgré leurs belles paroles sur la « sortie de l'âge du pétrole », ces dernières continuent à conclure des contrats à long terme qui les lient à l'économie de l'énergie fossile, avec tous les risques géopolitiques, toutes les violations des droits humains et tous les dommages environnementaux que cela implique. Doyle montre que, même si Shell dépense des millions de dollars pour donner l'impression qu'elle est une compagnie pétrolière responsable sur les plans social et environnemental, la deuxième compagnie pétrolière du monde reste un des principaux criminels environnementaux de la planète. Par exemple, la nouvelle Shell refuse d'assainir le site du plus grand déversement souterrain d'hydrocarbures en zone urbaine, à Durban, en Afrique du Sud, où, selon Doyle, plus d'un million de litres de pétrole ont été répandus. L'ouvrage dénonce une campagne concertée menée par Shell pour bloquer les rapports critiques des pouvoirs publics, réécrire l'histoire et couvrir ses méfaits. Depuis l'implication présumée de Shell dans l'exécution de son pourfendeur le plus en vue, Ken Saro-Wiwa, du Nigeria, la compagnie a assuré qu'elle adoptait de nouveaux principes visant à réformer ses pratiques internes et à se forger une nouvelle image. « Malgré l'action au civil intentée à New York contre Shell en raison de son rôle présumé dans l'exécution de Saro-Wiwa et d'autres activistes, Shell a le front de se présenter comme une compagnie nouvelle attachée aux droits humains, à la protection de l'environnement et au développement durable », déclare Doyle. « Il y a des raisons plus que suffisantes d'être sceptique face à cette image fabriquée, en totale contradiction avec les faits. » Ne vous fiez pas au battage publicitaire. Oubliez les ravissants sites web et les tigres en peluche. Il n'y a rien de nouveau dans les nouvelles compagnies Shell, Exxon et BP. Elles sont indissociables de l'économie de l'énergie fossile. Dont nous devons sortir. Russell Mokhiber est rédacteur en chef du Corporate Crime Reporter, basé à Washington D.C. Robert Weissman est rédacteur en chef du Multinational Monitor, basé à Washington D.C., http://www.multinationalmonitor.org. Ils sont coauteurs de « Corporate Predators: The Hunt for MegaProfits and the Attack on Democracy » (Monroe, Maine : Common Courage Press, 1999 ; Contact pour cet article. r...@essential.org |
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