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Jaggi Singh défie les Services de Sécurité Israéliens

patc, Friday, December 20, 2002 - 19:26

Jaggi Singh

Le 20 décembre 2002—j’écris cet article depuis Beit Sahour, une ville palestiniene, pas plus de 30 minutes au sud de Jérusalem, qui a été sous couvre feu depuis presque 1 mois.

Techniquement, je suis à l’intérieur des territoires Palestiniens occupés par Israël. Et techniquement, j’ai désobéi au jugement de la haute cour israélienne qui me permettait de rester en Israël pour sept jours, sous la condition spécifique de ne pas visiter les territoires occupés. Tout cela malgré les tentatives infructueuses des Services Secrets Israéliens et du Ministère de l’Intérieur pour que je sois considéré comme une menace à la sécurité, sur la base de « preuves secrètes » présentées lors d’une audience à huis clos dont mon avocat et moi étions exclus.


L’article suivant a été soumis au Globe and Mail de toronto, mais ils ont décidé de ne pas le publier. Je continuerai à envoyer des mises à jour et des reportages depuis les territoires occupés de Palestine dans les semaines à venir (dans la mesure où je pourrai éviter la police et l’armée israélienne). On reste en contact –Jaggi, en Palestine occupée.

Le 20 décembre 2002 — j’écris cet article depuis Beit Sahour, une ville palestinienne, pas plus de 30 minutes au sud de Jérusalem, qui a été sous couvre feu depuis presque 1 mois. Techniquement, je suis à l’intérieur des territoires Palestiniens occupés par Israël. Et techniquement, j’ai désobéi au jugement de la haute cour israélienne qui me permettait de rester en Israël pour sept jours, sous la condition spécifique de ne pas visiter les territoires occupés. Tout cela malgré les tentatives infructueuses des services secrets israéliens et du Ministère de l’Intérieur pour que je sois considéré comme une menace à la sécurité, sur la base de « preuves secrètes » présentées lors d’une audience à huis clos dont mon avocat et moi étions exclus.

Techniquement, je suis maintenant sous mandat d’arrêt et d’expulsion par les autorités israéliennes, non pas pour avoir commis un acte criminel, ou même un acte potentiel, mais bien parce que j’ai osé visiter la Palestine en mettant leur ordre au défi.

Mais en parlant de technicalités, il est important de se rappeler que l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza est illégale de façon non équivoque, et ce selon les lois et conventions internationales. Et pour aller encore plus loin dans les technicalités, Jérusalem ouest, où j’ai passé « légalement » les derniers jours avant de traverser les points de contrôles et les guérites des soldats vers Bethléem et Beit Sahour, a été illégalement annexée à Israël après la guerre de 1967. Tout ça fait parti du projet de colonisation, ce qui implique la construction de colonies pour « Juifs seulement » dans les territoires occupés, et l’expropriation continuelle des terres palestiniennes, qui va criminellement au delà du but légitime d’assurer un territoire sauf et durable pour les Juifs à l’intérieur de la Palestine.

Ça n’est pas seulement les anarchistes facile-à-ignorer comme moi qui décrivent l’occupation illégale israélienne de Palestine, et les colonies qui l’accompagnent, comme les principaux actes de violence dans l’actuel conflit israélo-palestinien. Des milliers de dissidents israéliens s’insurgent de plus en plus (ma caution de 5 000 dollars U.S. a généreusement été donnée par un de ces activistes), alors que de plus en plus de soldats sont emprisonnés pour avoir refusé le service militaire dans les territoires occupés. Même Michel Sabbah, le très conservateur Patriarche Latin de la Terre Sainte ( et je ne suis pas souvent d’accord avec les « patriarches ») n’a eu aucune hésitation à dire au Jerusalem Post, la semaine dernière, que « toutes les violences palestiniennes sont le résultat justifié de l’occupation ».

D’obéir au jugement de la cour israélienne m’interdisant de voyager en Palestine eut signifié ma complicité avec le processus de normalisation de l’occupation israélienne. C’eut été de permettre à la puissance d’occupation de continuer à dicter sa volonté sur l’occupé, et ceci n’est rien de moins que l’imposition d’une pratique et d’une mentalité coloniale. C’est une mentalité imitée par le Département Canadien des Affaires Étrangères qui refuse constamment de s’objecter fortement à l’occupation et aux politiques d’Israël consistant à inhiber la présence de ce qu’ils appellent des « sympathisants des palestinien » dans les territoires occupés, même quand ces sympathisants sont porteurs d’un passeport canadien.

Ça n’est pas à une force d’occupation de décider qui peut ou ne peut pas entrer en Palestine. Au contraire, ce sont aux Palestiniens qui résistent quotidiennement à l’occupation de déterminer s’ils veulent accueillir des activistes pour la solidarité internationale.

J’ai reçu une invitation à venir en Palestine par des membres du Mouvement Solidarité International (ISM), une organisation palestinienne utilisant des méthodes de résistance non violente et d’action directe pour confronter et défier les forces illégales de l’occupation israélienne et leurs politiques, tout en reconnaissant le droit des Palestiniens à résister à la violence israélienne et à l’occupation par une lutte armée légitime ( encore une fois selon les conventions internationales largement reconnues).

Cette invitation fut emphatiquement répétée après que la cour israélienne eut rendu sa décision de m’interdire l’accès aux territoires. J’ai décidé alors d’ignorer les Services de Sécurité Israéliens et de répondre à l’appel des activistes Palestiniens. Ce fut un choix facile à faire.

Le Mouvement Solidarité Internationale fait partie d’une série d’efforts durables pour cultiver une solidarité directe entre les résistances de base Israéliennes, internationales et palestiniennes qui sont au cœur de l’Intefada. Il vise à briser le silence autour de la réalité de l’occupation, autour de la punition collective que les Forces d’Occupation Israéliennes imposent aux Palestiniens par le biais des confiscations territoriales, des démolitions de maisons, des arrestations massives, des points de contrôle, des couvre-feu et des meurtres de civils désarmés par l’une des armées les mieux équipées au monde.

Le Mouvement Solidarité Internationale et leurs nombreux alliés (incluant les membres infatigables du groupe Solidarité pour les droits humains en Palestine (SDHP-SPHR) de Montréal) osent barrer la route à l’occupation coloniale, par l’action directe si nécessaire. Je me sens privilégié d’être en mesure d’observer, supporter et participer à ce travail crucial et, n’en déplaise aux Services de Sécurité Israéliens, j’ai l’intention de rester.

[Jaggi Singh est un écrivain, un journaliste indépendant et un activiste pour la justice sociale basé à Montréal].

Traduit par Patcad

The International Solidarity Movement
www.palsolidarity.org/


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