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Fin de la prise d'otages à Moscou: honte à PoutineDominic Dagenais, Dimanche, Octobre 27, 2002 - 14:55
Dominic Dagenais
Le dénoument de cette crise ne profite qu'à Poutine et à ses intentions belliqueuses. Aux moments d’écrire ces lignes, le plus récent bilan fait état de 140 mort-e-s : plus de 90 du côté des otages, 50 de celui des rebelles. Une résolution sanglante qui ne bénéficie à personne et qui est loin de régler la question tchétchène. Le carnage aurait pu être bien pire quand on sait que les terroristes avaient miné le théâtre, que les femmes rebelles portaient des ceintures d’explosifs et que des nombreuses bombes étaient liées aux sièges. Qu’il y ait eu 90 mort-e-s plutôt que 800 du côté des otages ne change pas grand-chose en réalité dans l’analyse que l’on doit faire de la résolution de la crise par le président Valdimir Poutine, car il s’agit surtout d’un coup de chance. L’intervention des forces spéciales russes était très risquée et c’est par chance qu’elle a réussi à empêcher l’explosion totale du théâtre. Et les mesures spéciales adoptées par l’escouade, comprenant notamment l’utilisation de gaz incapacitants, afin d’empêcher les kamikazes de se faire sauter, auraient toutefois entraîné la mort de certain-e-s otages. L’intervention russe, bien que plutôt habile, était donc à la fois très risquée et est responsable de la mort de quelques otages. Depuis le début de la prise d’otages, Poutine s’est montré intransigeant face au commando tchétchène. Bien que la prise d’otages ne soit pas légitime – comme toute forme d’action contre des civil-e-s – la revendication des terroristes l’était entièrement. Le commando ne demandait pas de rançon quelconque, de libération de prisonniers politiques pouvant constituer une menace pour l’État russe, il ne demandait qu’une chose : la fin de la guerre en Tchétchénie. Une revendication remarquablement pacifiste. Une revendication simple à exécuter et dans laquelle le régime russe n’aurait pas été si humilié puisqu’elle aurait été hautement humanitaire. De plus, le commando a malgré tout fait preuve d’une certaine bonne foi en prenant soin de libérer les enfants et de repousser l’exécution de sa menace de liquider les otages. Mais Poutine préfère poursuivre cette guerre, quitte à ce que 800 Russes innocent-e-s en payent le prix. Poutine préfère refuser de reconnaître le droit à l’auto-détermination du peuple tchétchène qui lutte depuis plus de dix ans pour son indépendance. Poutine préfère continuer de mettre à feu et à sang une république rebelle qui ne représente aucun intérêt économique ou stratégique majeur pour la Russie. Poutine préfère continuer de terroriser un territoire déserté par 50% de sa population et un peuple amputé de 15% des siens. Il préfère aussi que son armée poursuive ses crimes de guerre, sous le silence de la presse internationale et des organismes non gouvernementaux, tous deux interdits de séjour en Tchétchénie. En Tchétchénie, c’est près d’un million de personnes qui sont prises en otages et cela depuis huit ans. Maintenant, la prise d’otages du théâtre est terminée. Mais qui en sort gagnant? D’un côté des dizaines de civiles russes tué-e-s et des milliers, des millions d’autres vivant dans la peur et l’insécurité, victimes d’une guerre jadis si lointaine, mais qui frappe désormais de plus en plus au cœur de Moscou ; et de l’autre côté, une population tchétchène, déjà massacrée qui attend maintenant, dans la peur, les représailles de la Russie. Représailles qui ont commencé dès la résolution de la prise d’otages et qui comptent déjà quelques victimes. Le seul gagnant semble être le président Poutine qui s’est toujours entêté à poursuivre son attitude belliqueuse contre un peuple désemparé.
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