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<b><i>Magnola</i> : Une usine qui cause beaucoup d'inquiétudes</b>Anonyme, Lundi, Mars 4, 2002 - 15:31
Emilie Béland
Magnola, ça vous dit quelque chose? Il s'agit d'une usine de production de magnésium située à Asbestos, à 60 kilomètres au nord-est de Sherbrooke. Le projet de sa construction a alarmé les citoyens de la région de l'Amiante ainsi que des groupes écologiques de partout à travers le monde en raison du rejet d'organochlorés (dioxines, furanes, HCB, BPC) que son procédé de transformation exigerait. Quelques années plus tard, l'usine est en opération et les répercussions écologiques qu'elle aura dans la plus grande zone de production laitière du Québec sont inconnues. Une cause qui nous concerne tous. Lorsque Noranda (compagnie d'exploitation minière oeuvrant, entre autres, en Abitibi) annonce la création de plus de 300 emplois grâce au projet Magnola, la nouvelle est accueillie avec joie dans cette région où l'économie souffre beaucoup de l'impopularité de l'amiante sur le marché. Mais très tôt, le projet en inquiète plusieurs. Un rapport déposé par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) ,avant la construction de l'usine, précise les conditions à respecter afin que le projet nuise le moins possible à l'environnement. Comme principale recommandation, le rapport suggère soit d'employer un procédé qui ne libérerait pas d'organochlorés, des composés chimiques toxiques résistant à la biodégration et bioaccumulables dans la chaîne alimentaire, soit de procéder à l'élimination virtuelle complète de ces substances. Le ministère de l'Environnement du Québec laisse pourtant aller le projet en obtenant la promesse que 95 % des organochlorés seraient éliminés par Magnola. Des 5 % restant, la moitié sera traitée en Alberta par une firme spécialisée, (cette usine a été fermée depuis) et le reste sera rejeté dans l'atmosphère ou entreposé dans un bassin de rétention à double membrane situé à proximité de l'usine. Malgré les manifestations de désaccord présentées au gouvernement par certains citoyens de la région et des groupes écologiques tels que Greenpeace, Métallurgie Magnola inc. opère maintenant son usine depuis l'été 2000. Des citoyens inquiets forment alors la Coalition pour un Magnola propre, un groupe qui vise principalement à faire respecter les recommandations du BAPE et à obtenir des études d'impacts environnementaux, indépendantes de Magnola, qui effectue des vérifications et des analyses de l'air à la sortie des cheminées de l'usine et des rejets dans le bassin de rétention. Ces vérifications ne convainquent pas le groupe de l'innocuité des ces émissions. « Le procédé Magnola est expérimental et la population en est le cobaye, affirme André Lussier, secrétaire de la Coalition. De la mise de fonds initiale (750 millions $) à aujourd'hui, il s'est ajouté environ 200 millions supplémentaires pour corriger le procédé». Et les organochlorés? « Leurs effets peuvent prendre jusqu'à 10, 20 ou 50 ans avant d'apparaître de façon significative. Une fois installés dans les tissus humains, ils finissent toujours par briser quelque chose». En effet, les organochlorés peuvent modifier l'ADN humain et causer un cancer, la stérilité chez les mâles, des troubles de croissance chez l'enfant et des troubles endocriniens. Malgré ces dangers, la population des environs ne semble pas se préoccuper outre mesure de la problématique des polluants rejetés par Magnola et préfére ne rien voir. Pourtant, le dossier Magnola devrait être connu de toute la population québécoise puisque les effets des organochlorés auront des répercussions sur la province en entier, et même sur tout le pays. Comme le conclut André Lussier : «D'accord pour travailler, mais pas à n'importe quel prix» L'époque du contrôle des multinationales sur la santé et la sécurité des gens est-il révolu au Québec ? |
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