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G8 choses à direCMAQ, Vendredi, Mai 30, 2003 - 22:28 (Communiqués | G8-G20)
Groupe média Comité antiG8
Le G8 se réunira à Evian le 1er, 2 et 3 juin 2003. Les décisions prises par le G8 ont des conséquences sur notre existence, sur notre vie de tous les jours. Mais les liens sont abstraits et invisibles et nous ne les apercevons pas toujours. Les orientations prises par le G8 parviennent pourtant à faire plier les gouvernements et s'appliquent de manière autoritaire contre la volonté des populations qui en font les frais. Mais comment cela est-il possible, peut-on se demander? Le G8 réunit les 7 pays les plus riches et les plus puissants du monde (USA, Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Canada et Japon) plus la Russie. Créé en 1975 pour discuter de façon informelle des questions financières et économiques internationales, il rassemble les représentants des plus riches gouvernements, ainsi que ceux des institutions internationales. Le G8 agit dans le secret et en dehors de tout cadre démocratique. Le G8 est pourtant très puissant. Ce club propose des «solutions » aux «problèmes » internationaux, qui sont mises en oeuvre par les institutions internationales comme le Fond monétaire internationale (FMI), la Banque mondiale, l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans les faits, le G8 est devenu un des principaux lieux de gouvernement du monde. Ce club des dominants impose depuis trente ans les orientations d'une mondialisation du profit et des intérêts des multinationales. Il impulse des politiques qui accélèrent la concentration des richesses, s'attaquent aux droits du travail, renforcent la destruction de l'environnement, précarisent l'emploi et les conditions de vie de la grande majorité de la population. Il impose un modèle culturel occidental au reste du monde (du cinéma à l'agriculture, en passant par l'alimentation). Au nom de la soi-disant «lutte contre le terrorisme », il légitime la guerre, le militarisme et l'introduction de mesures portant atteinte aux libertés. De plus, il restreint le droit à l'asile. Que ce soit par le biais du G20, ou du «nouveau » partenariat avec l'Afrique (NEPAD), le G8 prétend essayer de résoudre les problèmes des pays du Sud -dont il est pourtant à l'origine & C'est un pyromane déguisé en pompier! Les propositions faites sont ridicules: le programme de réduction de la dette des pays pauvres est soumis à des conditions inacceptables; la libéralisation commerciale est dans les faits complètement défavorable aux pays du Sud; aucune mesure sérieuse de protection de l'environnement n'a été prise, les sommes allouées à la lutte contre le Sida sont insignifiantes, etc. Au même moment, les pays membres du G8 refusent de lutter réellement contre les fraudes financières, le blanchiment d'argent, etc. Depuis une quinzaine d'années les signes de mécontentement se sont multipliés et renforcés, partout dans le monde. Il y a eu des manifestations: en 1989 à Paris, en 1996 à Lyon, en 1998 à Birmingham, en 1999 à Cologne, etc. En juillet 2001, des centaines de milliers de personnes manifestaient à Gènes, malgré la répression sauvage des forces de police qui assassinèrent un jeune manifestant. Le G8 ne veut rien voir ni rien entendre de la misère qu'il produit. Il se terre derrière des murailles de béton et s'enferme dans des cages d'acier, protégé par un arsenal policier et militaire impressionnant. Les régions d'accueil sont transformées en véritables zones de guerres. Pour le sommet d'Evian: 5600 soldats et 4800 policiers du côté suisse ainsi que les 750 policiers allemands en location, 18000 policiers du côté français & Evian sera inaccessible et déclaré «zone d'interdiction totale ». Une immense «zone d'interdiction » sera imposée à Lausanne, , accessible aux seuls chefs d'Etats et à leurs délégations, afin qu'ils puissent dormir dans de luxueux palaces. Les abris anti-atomiques seront investis par les forces de l'ordres, la protection civile et l'armée. L espace aérien au dessus du lac sera restreint. Des FA18 armés -comme à Davos lors du Forum économique -du côté suisse, et des Mirages 2005, des hélicoptères Alouette III, un avion radar du côté français sont prévus pour protéger les saigneurs du G8 dans leurs basses manoeuvres. On ne peut que dénoncer cette surenchère sécuritaire qui habitue les populations à la présence massive de la police. En Suisse, les mesures de sécurité dûes au G8 représentent une dépense de plus de 40 millions de francs. Le canton de Vaud dépensera à lui seul près de 12 millions de francs, Genève 2 millions et le Valais 1 million. La Confédération se fera dédommager de 12 millions d'euros (18 millions de francs suisses)par la France. Ces chiffres, donnés par les autorités sont, on le sait, largement sous-évalués et on peut supposer qu'il faudra débourser davantage. En France comme en Suisse, au niveau municipal, cantonal comme au niveau fédéral, ce sont les habitant-es qui paieront. Les mêmes contribuables qui ont déjà financé la faillite du Crédit lyonnais, de Swissair et les mesures de sauvetage de la Banque cantonale vaudoise, devront sponsoriser les personnes les mieux loties de la planète -et dont beaucoup ont par ailleurs les mains tachées de sang. La retraite, ça sera pas le luxe! 3000 francs pour vivre à deux, voilà ce qu'auront Lise et Jean (59 et 61 ans). Paul, du syndicat, leur a expliqué cette histoire de taux d'intérêts minimaux sur le 2 ème pilier, que le conseil fédéral veut «réexaminer » régulièrement, autant dire baisser régulièrement, comme au début 2003 & Il leur a aussi montré des communiqués du G8. A priori, bien sûr, ça a l'air de rien, la langue de bois habituelle, mais quand Lise voit «vieillissement actif »: «nous déploierons de nouveaux efforts pour supprimer les facteurs qui dissuadent certains de rester sur le marché du travail jusqu'à l'âge de le retraite » elle comprend entre le lignes qu'on veut nous faire bosser toujours plus longtemps. Là où il est écrit: «aider à la prise en charge des soins au sein de la famille », Jean comprend faire casquer les familles pour les soins de leurs aînés!Quand ces messieurs du G8 disent vouloir «abandonner les stéréotypes du passé qui veulent que vieillesse soit synonyme de dépendance », ils se disent qu'il faut être foutrement culotté et cynique pour dire qu'avec moins de sous et plus de frais de santé, on sera moins dépendant! Ce qu'on appelait il y a peu les PTT constituait l'un des piliers de ce qu'on désignait alors comme le «service public ». Transformé et rebaptisé «Swisscom » et «La Poste », ce service de base à la population (écrire, payer, communiquer)est désormais soumis aux lois du marché. Etre rentable et compétitif devient le leitmotiv de dirigeants qui affirment assurer non plus un service public, mais des services payants -au public. L usager-ère, devient client-e. A côté du relookage de quelques bureaux de poste qui deviennent des épiceries multimedia, d'autres sont tout simplement supprimés. Conséquences: le stress, les files d'attente et les tarifs augmentent, les emplois et le service aux usagers diminuent. Les soucis de rentabilité priment. Pour qui?Pour quoi?En privatisant partiellement ce service public, le Conseil fédéral anticipe le grand marchandage qui s'annonce au niveau international. L'OMC, relayée par le G8, est en train de mettre en place un Accord général sur le commerce des services (AGCS) qui prévoit à moyen terme tout simplement de libéraliser «tous les services présents et futurs », divisés en 12 secteurs et 160 sous-secteurs. En plus de la poste et des télécommunications, la santé, l'éducation, les services sociaux, les ressources naturelles (en particulier l'eau), deviennent objets de spéculation et d'investissement pour les grandes multinationales privées et au détriment des populations. Radama habite au Madagascar. Il vend de la vanille, comme son père et son grand-père. Pour produire de la vanille, sa femme Rasoherina travaille des mois: grâce à la vanille, ils peuvent nourrir leur famille. Un mauvais jour on dit à Radama de ne plus revenir au marché. Désormais, les produits agricoles se fabriquent dans des usines, avec les biotechnologies agricoles. Comme eux, 40000 malgaches perdent tout revenu ce même jour. En rentrant à la maison, les mains vides pour la première fois depuis trois générations, Radama réfléchit. Il a déjà entendu ces mots-là, «biotechnologies ». En effet, un ministre du G8 en parlait à la télé, et disait: «la pauvreté des pays africains sera réduite grâce à l'utilisation des biotechnologies, qui leur permettront de produire davantage, et d'être plus compétitifs ». «Quelque chose m échappe », se dit Radama. «Que se passe-t-il?» lui demande Rasoherina en le voyant revenir. Il réfléchit un peu, et répond: «On doit changer de télé ». Sundarlal est une femme d'Inde habitant la forêt himalayienne. C'est elle qui est obligée d'aller chercher l'eau pour les besoins du ménage. Elle doit marcher cinq kilomètres jusqu'au premier point d'eau et ramener, exténuée, les seaux à la maison. Hier encore, l'eau coulait à flot à deux pas du village, où se dressaient de vieux chênes. Mais les chênes ont été rasés et, à la place, ont été plantés des pommiers. Des pommiers?«Ce sont des messieurs bizarres, à l'allure de cow boys, avec des plans et des crayons qui ont décidé cela. On dit ici que ce sont des messieurs de la banque du monde. Quand les cow boys disent qu'il faut récolter des pommes, il faut le faire, parce que sinon nous ne recevons pas d'argent. Parce qu'ils ont beaucoup d'argent, eux, et nous, nous n'avons rien ». Quand la Banque mondiale dit «plantez des pommes », il faut planter des pommes, tout en sachant que demain, ce sera peut-être du blé. Alors, pressés par les messieurs de la banque du monde entier, les petits chefs locaux, trop heureux d'être les commis des cow boys, imposent les pommiers à toutes les Sundarlal de la contrée. Et comme le pommier a besoin d'eau, il étrangle le ruisseau et finit par l'assécher. Aujourd hui, Sundarlal doit marcher cinq kilomètres jusqu'au premier point d'eau. Exténuée, elle poursuit son labeur, lorsque passe le marchand qui lui propose épices, denrées et eau potable. Mais l'eau est hors de prix. Ce n'est pas celle de l'ancien ruisseau, qui s'en va maintenant dans les pommes (qui s'en vont ellesmêmes au loin). C'est une marque étrange, une bouteille décorée de montagnes pointues. L eau est à portée de main mais pas de portemonnaie. Evian qu'elle s'appelle. C'est à ce point d'eau que se rassembleront ceux qui ont décidé que Sundarlal devrait souffrir pour avoir de l'eau. Asphyxié par l'endettement, son pays (membre du G20)a été obligé d'appliquer un plan imposé par la Banque mondiale et appuyé par les messieurs d'Evian. Ce plan, qui s'appelle «ajustement structurel », a complètement transformé son pays. Ce plan, s'est traduit par l'imposition des pommes et des pommiers, par la fermeture de l'école du coin, par la disparition des terres communes, etc. Sundarlal n'aura pas de voix lorsque les représentants de son pays iront négocier la plantation de champs de millets à la place des pommiers. Elle sera en chemin, en train de porter l'eau. Inès est mexicaine. Enseignante dans une école publique, elle ne gagnait pas suffisamment pour subvenir aux besoins de ses deux enfants et du reste de sa famille. Au Mexique, 70%de la population vit dans la pauvreté. Entre 1982 et 2000, la dette extérieure du pays a triplé, et pour rembourser, le gouvernement a mis en place ce qu'on appelle un plan d'ajustement structurel, imposé par le FMI et la Banque mondiale. Ce plan a été mis en place au détriment des dépenses sociales en matière de santé, d'éducation de logement, et a rendu la vie encore plus difficile. À la recherche d'un avenir plus digne pour elle et pour ses enfants, Inès a décidé de partir pour la Suisse rejoindre sa soeur. N ayant pas la possibilité d'obtenir un permis de travail puisqu'elle est extra-européenne, elle est condamnée à vivre dans la clandestinité en Suisse. Inès travaille comme femme de ménage et gagne 1300 frs. par mois. Avec cela, elle doit payer l'appartement de 1 pièce, qu'elle partage avec sa sSur et ses enfants, (800. -par mois. ), les frais médicaux, car la plupart des caisses maladies refusent d'affilier les personnes sans-papier, ses déplacements (un contrôle dans les bus peut mener à une arrestation et à un renvoi dans son pays d'origine). Chaque mois, Inès envoie une partie de son salaire à sa famille restée au Mexique. Altina est une femme malienne comme beaucoup d'autres. Un matin, alors qu'elle s'était assoupie juste pour reprendre des forces, après avoir veillé sur ses enfants atteints de paludisme, elle se réveille et trouve deux de ses quatre enfants sans vie. Fatalité?Destin tragique de l'Afrique?Altina aurait pu soigner ses enfants si le FMI et la Banque mondiale n'avaient pas dessaisi les Etats de leur responsabilité dans l'assainissement des marais (et leurs moustiques)et dans les soins de santé primaires, entre autre chose. Le sommet du G7 à Lyon en 1996 a lancé l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Au nom de la «lutte contre la pauvreté », il s'agit d'un mécanisme qui consiste à rééchelonner la dette pour les pays ayant réalisé de façon durable de «bonnes performances » selon les critères de l'Institution financière internationale, c'est à dire une conversion rapide à l'économie de marché. Le résultat a été catastrophique pour le Mali: les soins de base et l'école sont devenus inaccessibles à la grande majorité des enfants des couches sociales moyennes, rurales ou défavorisées. L école ne produit plus que des semi-lettrés condamnés aux bas salaires, au sous-emploi et à l'exil. Le NEPAD qui sera discuté à Evian dans le cadre du G8/G21 va donc poursuivre dans cette mascarade de politiques qui tuent et appauvrissent les peuples au nom de la lutte contre la pauvreté. L'urgence d'un autre monde Nous nous mobilisons et invitons la population à faire de même pour proposer un projet politique qui implique toutes et tous dans la définition et la réalisation collective de buts communs. Nous voulons supprimer l'oppression des hommes sur les femmes et le gaspillage des ressources naturelles. Nous voulons un monde pluraliste qui rejette les frontières et permette à chacune et chacun de décider de son destin, ici comme ailleurs. Nous ne voulons plus d'un monde, dans lequel le profit et l'accumulation des richesses constituent l'unique horizon de pensée et d'action, et où le pouvoir assoit sa domination par la guerre. L'exhibition de la puissance du G8 vise à la paralysie et à la résignation. Mais elle provoque aussi colères et résistances. Porteuses d'idées nouvelles, les luttes sont aussi un lieu de création permanente. Il est possible de conquérir des lieux d'autonomie, de s'organiser et de vivre autrement. Manifester dans la rue, ouvrir des espaces de discussion, d'échanges, inventer des modes de fonctionnement qui placent le respect, l'écoute, la solidarité et la créativité au centre des relations humaines, c'est proposer de nouvelles formes de vie collective. Le G8 a des conséquences sur nos existences. Tout le monde est concerné. Jeudi 29 mai Samedi 31 mai Dimanche 1 Juin Pour plus d'informations:
«Contre attaque» : site anti-g8
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