La farce électorale est maintenant derrière nous, quelles leçons, quelles perspectives pouvons-nous en tirer? Premièrement, la crise de légitimité des institutions politiques s'est encore approfondie. Deuxièmement, les ballounes respectives de l'Action démocratique du Québec (ADQ) et de l'Union des forces progressistes (UFP) se sont lamentablement dégonflées. Troisièmement, si le nouveau gouvernement libéral applique les éléments centraux de son programme électoral, nous nous dirigeons tout droit dans une grave crise sociale avec les conflits de classes qui vont avec.
Montée de l'abstention
Malgré le pseudo " caractère historique " de cette élection, les soit-disants " enjeux cruciaux " en présence, les " différences fondamentales " entre les divers " projets de société " sur le marché électoral -bref malgré la présence d'un tiers parti plus clairement campé à droite que les autres, l'ADQ-, le véritable fait saillant de cette élection est la montée de l'abstention, qui passe de 22% à 30%. Autrement dit, il y a plus d'abstentions que de vote pour le Parti Québécois (l'opposition officielle récolte en effet 1 268 678 votes contre 1 620 119 abstentions)! Les appels au " vote utile et stratégique " des centrales syndicales et du mouvement communautaire n'ont donc pas été entendu par le bon peuple.
Presque tous les commentateurs, et une bonne partie de la gauche, s'échinent à dépolitiser ce refus du système électoral. Tellement qu'à Québec une cinquantaine de libertaires et de quidams, à l'appel du Collectif anticapitaliste La Rixe, ont tenus à " politiser " leur abstention en participant à un rassemblement près d'un bureau de vote pour ne pas être confondu avec les " je-m'en-foutistes ". Pourtant, on a beau retourner le phénomène dans tous les sens, on ne peut faire autrement qu'accorder un sens politique à l'abstention. Si les gens ne vont pas voter, cela signifie minimalement qu'ils trouvent que ça ne vaut pas la peine de se déplacer, qu'ils sont désabusés, qu'ils n'y croient tout simplement pas. Quand 30% des " citoyen-ne-s " ne se donnent même pas la peine de poser le geste officiellement le plus important du système politique, on ne peut que conclure à une crise de légitimité qui, en plus, va en s'aggravant. Tous les authentiques révolutionnaires ne peuvent qu'y voir un développement des plus positif...
Écrasement de l'ADQ, flop de l'UFP
L'un des dommages collatéraux les plus réjouissant de la farce électorale est sans aucun doute l'écrasement de l'ADQ qui s'était prise à rêver, depuis quelques mois, au pouvoir ou à tous le moins au statu d'opposition officielle. Non seulement cela ne s'est pas produit mais le parti de droite de Mario Dumont n'est même pas encore assuré d'être officiellement reconnu comme un parti à l'Assemblée nationale. En effet, pour que ce soit le cas, l'ADQ aurait dû faire élire 12 député-e-s (ils en ont 4) ou bien obtenir 20% des suffrages, or le site web du Directeur général des élections ne leur accorde que 18% des voix. L'ADQ est donc plus faible aujourd'hui qu'au déclenchement des élections... Qui s'en plaindra?
À l'autre extrémité de l'échiquier politique, le nouveau " parti fédéré de la gauche ", l'UFP, a fait un flop monumental. Bien sûr, la " nouvelle gauche " électorale a fait légèrement mieux que lors du dernier scrutin mais c'est tout relatif et globalement comparable. Avec un peu plus de 1% des voix, l'UFP sauve les meubles, mais, à moins de se mettre la tête dans le sable, il faut admettre que quelques milliers de votes de plus c'est ridicule comparé aux efforts investis en terme de visibilité. Surtout qu'il y a eu plus de bulletins rejetés -annulations- que de votes pour eux (49 969 contre 40 561)! Certains se gargarisent du score " honorable " de Kadir dans Mercier mais ils oublient que c'est loin d'être inhabituel, rappelons qu'en 1998 Michel Chartrand avait récolté à peine 200 voix de moins dans Jonquierre en se présentant contre Lucien Bouchard. D'autres vont se cacher derrière les " choix stratégiques " de l'UFP et diront qu'il faut mesurer la performance du parti dans les " circonscriptions prioritaires " (celles où il a réellement fait campagne, bref). Dans les faits, on parle d'une dizaine de circonscriptions et, sauf quelques exceptions (Outremont par exemple), le nouveau parti n'aura réussi à récolter que quelques centaines de voix de plus malgré des campagnes beaucoup plus ambitieuses que celles des années passées. Les gauchistes pourront toujours se rabattre sur le mode de scrutin qui les désavantage (c'est vrai) ou sur des facteurs conjoncturels comme les appels à ne pas " diviser le vote ". Ceci dit, ils devront également reconnaître que le contexte leur était beaucoup plus favorable qu'en 1998, il y a quand même eu un Sommet des Amériques, une Marche mondiale des femmes, une montée des luttes syndicales depuis... Faut croire que la radicalisation, relative mais réelle, de franges importantes de la population aura surtout profité à l'abstention.
Sommes-nous prêt-e-s?
S'il y a peu de différences fondamentales entre un gouvernement péquiste ou libéral, il y a quand même certains éléments du programme libéral qui ne laissent présager rien de bon pour les classes populaires. Depuis deux ans, les conflits de classes sont en hausse constante. L'an passé, les statistiques sur le nombre de grèves et de lock-out ont littéralement explosés, faisant de 2002 la pire année depuis 10 ans pour les relations de travail. Évidemment la grève/lock-out à Vidéotron y est pour quelque chose mais il y a aussi eu d'autres conflits majeurs plus courts mais tout aussi durs. Le propre de cette nouvelle vague de conflits est qu'ils sont surtout concentrés dans le secteur privé. Or, les secteurs publics et para-publics ont longtemps été la locomotive de la lutte de classe au Québec. Comme 2003 est une année de négociation des employé-e-s de l'État, le Parti Libéral pourrait être tenté de donner un coup de main au patronat en cassant tout de suite la vague montante des conflits sociaux. Il est clair que l'issue des négociations publiques influera sur le climat général du syndicalisme. Comme par hasard, le Parti libéral n'a pas prévu un sous dans son cadre financier pour les augmentations de salaires et l'équité salariale dans le secteur public. Autrement dit, il veut faire payer les baisses d'impôts à ses employé-e-s et espère sans doute nous monter contre eux et elles. L'échéance des conventions collectives étant pour ce printemps, les 100 premiers jours du gouvernement libéral seront effectivement déterminant et doneront le ton pour le reste du mandat. Et on n'a même pas commencé à parler des coupures dans tous les secteurs, sauf la santé et l'éducation...
Nous sommes prêt (pour la lutte de classe)
Restons forts (et mobilisés)
Il faut voir l'avenir autrement (hors du capitalisme)
Un autre Québec est possible (par nos luttes)
Bravo Nicolas, excellente analyse des faits. Tout les débats houleux sur la question de l'abstention nous auras, dans la réalité des choses, donnés raison en fin de compte.
Dans sa réaction du 16 avril face aux résultats des élections provinciales, M. Phébus nous sert une analyse comparable en bien des points à celles dont nous ont abreuvé les commentateurs de sondages de tout acabit au cours des semaines passées. En gros, Nicolas cesse d’y personnaliser ses attaques, ce qui est tout à sont honneur, pour plutôt adopter un ton triomphaliste et tirer trois conclusions fort douteuses : l’UFP s’est plantée, l’ADQ s’est planté et ce sont les abstentionnistes qui ont vraiment gagné ces élections. Trois affirmations profondément déconnectées de ce « ras des paquerettes » auquel on nous donne régulièrement rendez-vous…
Le flop de l’UFP ?
Ni l’UFP ni l’ADQ ne s’est vraiment planté au cours de ces élections et il est ici d’un fort mauvais goût de la part de M. Phébus d’avoir amalgamé ces deux partis. Tout d’abord, soyons clair, il est fort contradictoire qu’un abstentionniste nouvellement convaincu se limite aux scores des urnes pour départager gagnants et perdants. Par souci de cohérence, il devrait continuer à dire ce que je suis le premier à affirmer : TOUT LE MONDE a perdu ses élections. Peu de gens sont actuellement conscients que les dés étaient pipés, tout simplement.
Le vote du 14 avril fut, en apparence, confortable et traditionnel. Dans une bonne mesure, il s’est traduit par un retour à la logique de confrontation/alternance entre le parti Libéral et le parti Québécois. Cela ne signifie toutefois nullement que les idées de l’UFP et de l’ADQ n’ont pas fait leur chemin auprès de la population. Limiter son analyse aux seuls scores des urnes et d’une grande malhonnêteté dans les conditions actuelles.
Dans le cas de l’UFP, malgré l’effet combiné d’un boycott médiatique, des sarcasmes à saveur idéologique d’une certaine gauche libertaire et de l’impact de trois machines électorales millionnaires, on peut constater que le message commence à passer : une rupture avec le néolibéralisme est nécessaire. Plus que tout, peut-être, elle doit prendre la forme au Québec d’une rupture avec le PQ en raison de son image sociale-démocrate. Pour affirmer et défendre une telle conclusion, il faut toutefois ne pas avoir peur de se mouiller et, surtout, sortir des énoncés de principe confortables et oser proposer une alternative.
Puisque M. Phébus nous a souvent démontré à quel point le terrain électoral est miné, on se serait attendu à ce qu’il ait des critères « asymétriques » pour juger du combat entre David et trois Goliath. Malheureusement, les critères de succès proposés demeurent électoralistes et quantitatifs, à l’image des CROP/La Presse de ce monde, ce qui est sans l’ombre d’un doute le résultat d’un mélange de mauvaise foi et d’incohérence.
Le flop de l’ADQ ?
Utiliser un ton triomphaliste pour affirmer que l’ADQ s’est planté est d’un mauvais goût tout particulier. Presque 20 % de la population québécoise vote ADQ et on crie victoire ? Encore une fois, les critères de succès de M. Phébus demeurent ceux fixés par l’État bourgeois… Pour avoir « réussi » sa campagne, Dumont aurait dû être accompagné à l’Assemblée nationale d’une cour de 11 suiveux et suiveuses.
L’incapacité de traduire le vent de droite par des percées électoralistes est encore une fois un leurre dangereux et il est prématuré de détourner notre attention sur le seul parti Libéral en affirmant que la baloune s’est dégonflée. Le simple fait que l’ADQ ait reculé sur des questions fondamentales comme les bons d’études ou le taux unique d’imposition ne signifie nullement que les idées néolibérales de l’ADQ ne font pas leur chemin, bien au contraire.
Le décalage entre les attentes créées par les sondages, attentes qui ont même atteint M. Phébus, ne peut nous apprendre qu’une chose : plus l’ADQ reculait et se positionnait au centre-droite, plus l’électorat le délaissait au profit du parti Libéral. M. Phébus semble donc oublier que l’ADQ avait de meilleurs résultats dans les sondages lorsque son discours était vraiment à droite et ne faisait pas de compromis face aux syndicats et à certaines idées sociales-démocrates. Peut-on alors parler d’une baloune dégonflée pour l’ADQ ?
Une victoire abstentionniste ou un chèque en blanc pour nos éluEs ?
Sur un ton triomphaliste, M. Phébus dépeint l’abstention et l’annulation lors des élections du 14 avril comme le présage du « grand jour ». De son avis, la montée de l’abstention et l’annulation seraient les conséquences directes de la radicalisation des luttes sociales et politiques des dernières années. Il ne lui en faut pas plus pour affirmer que ce vote a été politisé…l'abstentionnisme n'aura toutefois jamais autant rimé avec fatalisme et il faut faire preuve d'une dangereuse ignorance des conditions subjectives du Québec d’aujourd’hui pour croire que les abstentionnistes peuvent influencer quoi que ce soit dans le contexte actuel... À preuve, les États-Unis ou, si on suit ce raisonnement, ils devraient déjà être "au pouvoir" depuis longtemps et où un régime proto-fasciste règne en maître.
Comme preuve du caractère politique de « votez bien, votez rien », on nous présente une manifestation de… 50 personnes. Si M. Phébus veut la jouer quantitative quand vient le temps d’évaluer les « flops », il faudrait le faire jusqu’à la fin et reconnaître qu’il n’y a pas de quoi se gargariser et conclure en une abstention politique. Il serait, à mon humble avis, déjà plus sérieux d’affirmer que Star Académie a eu un impact mille fois supérieur que les affiches posées de nuit, à la va-vite, par certains collectifs invitant à l’abstention…
Quand toute proposition rime avec dérision
Les dernières élections auront vu se dérouler un débat épistolaire entre les tenants de l’abstentionnisme et les partisans de la construction d’un parti de gauche de masse au Québec. Ce débat n’a jamais été d’une grande honnêteté : alors que dans le coin « rouge » on nous présente une alternative politique, le coin « noir » se cantonne dans une critique des institutions et limite sa proposition à la construction de « contre-pouvoirs » grâce à nos bonnes vieilles organisations de lutte.
On devine aisément à qui revient le rôle ingrat dans ce débat : ceux qui avancent des propositions se font critiquer et l’on souhaite ouvertement leur échec. La critique libertaire est certes recevable et même nécessaire. Elle ne peut toutefois se limiter à la proposition d’un statu quo dans un contexte où les luttes sociales piétinent et s’essoufflent. Il faudra un jour en revenir avec la fausse dichotomie entre, d’une part, la construction de contre-pouvoirs et, de l’autre, celle d’un parti politique de masse. L’UFP l’a démontré en affirmant être le parti des urnes et de la rue et être prête à faire face à la musique à ce niveau.
J’invite donc tout le monde à un débat constructif… Pour qu’il soit constructif, toutefois, deux conditions sont nécessaires. Il faudra tout d’abord que les deux camps reconnaissent et respectent l’autre, ce qui n’a certes pas été le cas depuis le début si l’on se fie au caractère personnel de plusieurs accusations portées. Cela signifie que le coin noir cesse d’avoir recours à des accusations incendiaires du type « l’UFP emprunte la voie de la trahison ».
Deuxième condition pour un débat qui ne soit pas stérile : le coin noir devra cesser de récupérer les slogans et mots d’ordre des autres options politiques et, surtout, faire le pénible exercice de la proposition. Non pas une proposition idéologique et désincarnée, mais plutôt un projet compréhensible par l’ensemble de la population, communicable et, surtout, qui soit basé sur la réalité du Québec d’aujourd’hui plutôt que sur une vision mécanique et linéaire de l’histoire.
Je ne suis malheureusement pas le premier à inviter à un tel débat… tout le monde peut constater où nous nous situons en lisant les textes de M. Phébus parus lors des dernières semaines.
Richard Fecteau
Candidat de l’UFP dans Beauce-Nord
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il est membre de l’UFP
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Sujet:
Réponse à Benoît et Richard
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Jeu, 2003-04-17 14:24
Deux militants se sont donné la peine de répondre à un court texte d’analyse post-électoral de mon cru. Qui eut cru que la « mouche du coche » allait provoquer autant? Ils ont vu rouge, c’est le moins que l’on puisse dire. En fait, c’est à se demander s’ils savent lire tellement ce qu’ils me font dire est loin de ma pensé et de ce que j’ai effectivement écris. S’il faut mettre les points sur les « i » et bien allons-y.
Triomphalisme abstentionniste?
Tant Richard que Benoît m’accuse de triomphalisme abstentionniste. Richard me fait dire que « ce sont les abstentionnistes qui ont vraiment gagné ces élections » tandis que Benoît me fait dire par la bande que je considère l’abstention comme un « un critère pour évaluer le potentiel révolutionnaire des classes exploitées ». L’un et l’autre tordent en fait ce que j’ai effectivement écris pour me faire passer comme un illuminé idéomaniaque. Qu’ai-je dit dans les faits? Rien de plus que « la crise de légitimité des institutions politiques s'est encore approfondie » et que « quand 30% des "citoyen-ne-s" ne se donnent même pas la peine de poser le geste officiellement le plus important du système politique, on ne peut que conclure à une crise de légitimité qui, en plus, va en s'aggravant ». Où est le triomphalisme? Est-ce si éloigné de la réaction que Benoît jugerait saine (« constater que le taux d'abstention au Québec a rattrapé celui du reste du Canada et constitue un signe de désaffection envers le système parlementaire »). Peut-être est-ce que ce que les deux ne me pardonnent pas c’est de dire que « tous les authentiques révolutionnaires ne peuvent qu'y voir un développement des plus positif » et qu’il s’agit là du « véritable fait saillant de cette élection ». En fait, la montée de l’abstention signifie simplement que nous aurons une illusion de moins à combattre dans les classes populaires, c’est tout.
D’autre part, ni un ni l’autre n’a compris le sens de ma référence à l’action du Collectif anticapitaliste La Rixe. Benoît pense que je fais un « lien entre la "campagne" anarchiste pour l'annulation ou l'abstention et les résultats de lundi » et Richard écris que j’y voit une « preuve du caractère politique de «votez bien, votez rien» ». Si mes deux critiques s’étaient donnés la peine de lire attentivement mon texte, ils auraient vu qu’il n’en est rien et que je présente plutôt les participant-e-s à l’action comme des victimes de la rhétorique mainstream qui dépolitise l’abstention. Relisez attentivement : « Presque tous les commentateurs, et une bonne partie de la gauche, s'échinent à dépolitiser ce refus du système électoral. Tellement qu'à Québec une cinquantaine de libertaires et de quidams, à l'appel du Collectif anticapitaliste La Rixe, ont tenus à "politiser" leur abstention en participant à un rassemblement près d'un bureau de vote pour ne pas être confondu avec les "je-m'en-foutistes". Pourtant, on a beau retourner le phénomène dans tous les sens, on ne peut faire autrement qu'accorder un sens politique à l'abstention. » À moins de mauvaise foi, on ne peut voir là une récupération de l’abstention (via un lien entre l’abstention et les campagnes anarchistes).
Autres commentaires en vrac...
N’en déplaise à Richard, l’UFP n’a pas inventé l’idée de rupture avec le néolibéralisme et le P.Q.. Cette idée est dans l’air depuis que je milite (et elle y étais depuis bien avant moi) et elle a toujours été portée par une pluralité de courant de gauche, incluant des tendances très critiques du projet ufpiste comme les anars et les maos. Son articulation concrète n’est pas la même pour les uns et les autres mais, ne t’en déplaise, je continue de penser que les coups portés par les mouvements sociaux sont les plus forts (et le seront toujours plus). Qui, en dehors des pétitions de principes de la gauche, a imposé concrètement la construction de logements sociaux, le gel des frais de scolarité, l’équité salariale et j’en passe? Qui, sinon les mouvements sociaux? Et d’ailleurs, avec vos dettes et vos quelques militants dispersés, qui sinon les mouvements sociaux pourront s’opposer efficacement au Parti Libéral (qui est aujourd’hui l’ennemi principal, contrairement à l’ADQ)? N’en déplaise à Benoît, j’ai comme l’impression que les « méchants bureaucrates » et les bases plurielles du FRAPRU, du RCLALQ, de la FFQ et même de la CSN et des autres centrales sont aujourd’hui mieux placés pour opposer une résistance réelle au PLQ et aux patrons que ton cher « réseau de militantes et de militants qui refusent de se faire écraser en ordre dispersé et qui vont mettre en pratique les principes de la solidarité » (i.e. l’UFP). Au fait, j’ai aussi mes critiques des bureaucrates et pour être franc je préfère un Comité des sans-emploi, une CLAC ou une ADDS à tous les partis politiques du monde (incluant l’UFP). À date, toutes leurs « erreurs gauchistes » me sont apparues plus porteuses de sens que toutes vos « propositions crédibles »...
À propos des propositions concrètes, on peut s’entendre pour dire qu’on est pas d’accord, mais c’est ridicule de dire, comme le fait Richard, que « le coin «noir» se cantonne dans une critique des institutions et limite sa proposition à la construction de «contre-pouvoirs» grâce à nos bonnes vieilles organisations de lutte ». Les camarades de La Nuit et des autres collectifs libertaires passent leurs temps à faire des propositions concrètes dans les luttes terre-à-terre que toi et tes semblables désertent (sauf Alain, faut lui donner ça!) au profit de grands combats très « connectés » comme la solidarité internationale, la mondialisation, la guerre et la réforme des institutions démocratiques. D’ailleurs question salissage et attaques personnelles, je t’invite à lire la dernière tartine de Sébastien ou l’avant dernière de Benoît. Dans l’une les libertaires sont accusés à mots couverts de faire du noyautage et dans l’autre je suis assimilé à un bureaucrate faisant le jeu du P.Q.. Camarades, si le noyautage vous inquiète réellement, je vous invite à laisser les anars tranquille et à plutôt jeter un œil à ce qui se passe à Radio Basse-Ville...
Finalement, à propos des « luttes sociales [qui] piétinent et s’essoufflent », je me demande parfois si nous vivons sur la même planète. Je vous concèdes que tout n’est pas rose au Québec mais quand même. ÇA, ça me semble déconnecté en simonac... Pour ce qui est de « la remontée de la confiance en soi de la classe ouvrière », comme dit Benoît, de toute évidence la classe ouvrière n’a attendue ni les anars, ni l’UFP pour reprendre confiance dans sa capacité de lutte. Vidéotron, Bombardier, les concessionnaires automobiles, les entrepôts de Jean-Coutu et de Provigo, ça vous dit quelque chose? Pour votre information, il s’agit là de quelque uns des conflits ouvriers majeurs de la dernière année au Québec (certains sont d’ailleurs encore en cour). M’enfin.
À la prochaine chicane
Nicolas Phébus
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Sujet:
Nos saints martyrs
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Mer, 2003-04-23 11:53
Ce qui me tarabuste lorsque je lis les analyses des abstentionnistes, c'est que ces derniers n'arrêtent pas d'arguer que le jeu ne vaut pas la chandelle, que les institutions sont pourries, que d'y pénétrer feront en sorte de nous corrompre... qu'ils veulent rester dans leur coin et lutter à leur manière. La lutte est toujours fructueuse, mais pourquoi ne pas tenter de la faire au sein des institutions.
Réponse des saints martyrs abstentionnistes: Parce que les institutions sont pourries. Peut-être est-ce fondé, mais le fait de se cantonner et d'éviter de confronter les points de vue de nos opposants au sein des institutions peut être tenu pour l'être tout autant. Alors que faire, chiâler comme le font actuellement nos saints martyrs plutôt que de s'unir. Yahoo!, crient avec enthousiasme nos amis de la droite pour notre formidable perte de temps. Continuons, continuons à nous diviser et nous ne serons plus qu'un, autonome, seul, perdu, mais authentique. Merci à nos saints martyrs de l'abstentionnisme de nous montrer la voie de l'inutilité et de l'inefficacité face aux problématiques que l'on pourrait régler si on avait vraiment notre mot à dire dans la gestion des affaires de notre collectivité.
[ ]
Sujet:
Comment de fois le Bloc Pot e
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Jeu, 2003-04-17 16:28
Comment de fois le Bloc Pot et Parti vert ont eu plus de votes dans des circonscriptions?
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Sujet:
Avoir raison
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Sam, 2003-04-19 13:18
À trop vouloir avoir raison on oublie souvent l'essentiel de la lutte. Toute cette énergie passée à avoir raison dans le milieu militant est vraiement hallucinant et contre productif.
Avoir raison n'est pas important dans un débat - trouver des solutions c'est ce qui compte, faire avancer notre connaissance.
Chriss que ça pue la testostérone adolescente ce débat!
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Sujet:
Avoir raison ou réfléchir sur le sens des luttes ?
Je comprends ton point de vue puisque je l'ai longtemps partagé. Depuis quelques années seulement je prends part à ces débats, de façon maladroite quelquefois, bien entendu, mais surtout pour tenter de réfléchir collectivement (j'insiste là-dessus) au sens de nos luttes.
On peut se faire croire que de travailler plus au changement social va faire une différence. Je me situe un peu dans l'optique de Nicolas Phébus à cet effet : j'ai la chienne de perdre mon temps, de travailler à un monde plus humain mais en fait de ne rien construire et de sombrer dans un activisme stérile.
Les gauches au Québec manquent un peu trop de réflexion, à ce que je vois. Bien des gens courent les manifestations et les conférences sans se poser la question fondamentale de l'organisation politique. La réflexion et l'action ne doivent plus être séparées mais se construire mutuellement. Le CMAQ peut être un outil important à cette fin si l'on sait se parler et s'écouter, développer une culture d'auto-critique et voir à long terme ou l'on s'en va !
Malheureusement, bien des gens ont une attitude trop répandue au Québec : on est individualiste, on a peur de toute discussion qui pourrait être un peu théorique et qui dépasserait les discours incantatoires.
L'abstentionisme a peut-être atteint des records, mais regarde ce que ça donné. On est pogné avec le parti libéral pour au moins 4 ans. Pis pas de véritable opposition de gauche à l'assemblé national. Avec ça, on est très loin de la révolution, croit-moi.
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Sujet:
La révolution...
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Mer, 2003-04-16 19:27
Est-ce qu'on serait vraiment plus près de la révolution avec le P.Q. au pouvoir, Kadir à l'assemblée nationale et le PLQ dans l'oppposition????? J'en doute.
Par contre, le rejet du système électoral me semble porteur d'autres ruptures encore plus significatives. Tsé, en 1985 et en 1989, la gauche électorale était beaucoup plus forte qu'aujourd'hui --en pourcentage et en nombre absolu de voix-- et je pense quand même qu'on est aujourd'hui globalement plus fort pour affronter un gouvernement de droite qu'à l'époque.
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Sujet:
La mouche du coche
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Jeu, 2003-04-17 11:05
par Benoit Renaud
En réponse à
"Nous sommes prêt-e-s... pour la lutte de
classes!" Nicolas Phébus, Mercredi, 04/16/2003 -
10:22 (CMAQ)
Nicolas nous dit qu'on devrait se réjouir de la
montée de l'abstention de 20% (en 1998) à 30%
lors des récentes élections québécoises. Si cette
statistique constitue un critère pour évaluer le
potentiel révolutionnaire des classes exploitées,
alors les États-Unis sont certainement au bord de
la révolution...
Il semble aussi se réjouir du fait que l'UFP
n'ait fait que 1% des votes. Même si on y ajoute
le 0.5% du parti Vert, ça donne quand même 98.5%
des suffrages à la droite. Encore un signe
annonciateur de grands soulèvement sociaux?
En fait, tout le raisonnement auto-congratulateur
du camarade Phébus se résume à celui de la
proverbiale mouche du coche, qui, en
tourbillonnant autour du derrière du cheval,
s'imagine qu'elle fait avancer la voiture. Le
lien entre la "camapagne" anarchiste pour
l'annulation ou l'abstention et les résultats de
lundi me rappelle le vol yogique du
mystérieusement disparu parti de la Loi
Naturelle.
Une saine réaction aux résultats électoraux pour
la gauche québécoise devrait, selon moi, prendre
la forme suivante:
1- constater que le taux d'abstention au Québec a
rattrapé celui du reste du Canada et constitue un
signe de désafection envers le système
parlementaire
2- ne pas prendre pour acquis que cette
désafection va profiter à la gauche ou aux luttes
sociales (Au Canada anglais, c'est le Reform puis
l'Alliance qui se sont construits sur une
critique populiste de droite de ce système.)
3- se réjouir du fait qu'un parti agé de 10 mois
et riche de 1200 membres a réussi à arracher plus
de 40 000 voix
4- travailler à construire l'UFP comme un parti
de la rue, un parti de la résistance à ce que
prépare le gouvernement Charest, un réseau de
militantes et de militants qui refusent de se
faire écraser en ordre dispersé et qui vont
mettre en pratique les principes de la solidarité
au-delà des barrières entre les organisations,
les secteurs de lutte, les régions, etc.
5- ne pas s'emporter dans un
triomphalisme-catastrophiste révolutionnaire et
comprendre que la victoire finale n'arrivera pas
au bout d'une longue série de défaites.
Reconnaître au contraire que chaque petite
victoire compte dans la remontée de la confiance
en soi de la classe ouvrière.
Un Québec différent est nécessaire et devriendra
possible par nos luttes si nous les menons
intelligemment en faisant de chaque moment de
résistance une occasion de développer un
mouvement d'opposition de plus en plus politisé
et déterminé.
[ ]
Sujet:
La mouche est morte
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Jeu, 2003-04-17 18:52
Je pense bien que l'obstination dans lequel se campent les tenants de l'UFP à attaquer les positions des abstentionnistes démontre très bien que ces derniers font peur, dérangent. Il n'y a eu qu'un gagnant des élections: Jean Charest (et la classe qui le supporte). Nous ne serons victorieux qu'au moment où le système électoral lui-même sera balayé. Pas avant. Mais avouez, parasites des partis politiques, que vous auriez aimé pouvoir sucer le sang des 30% qui ne se sont pas prévalu de leur "droit" de vote! Bravo, UFP et consorts, continuez votre travail de récupération des luttes. Peut-être qu'un jour vous tiendrez à votre botte les syndicats et les groupes communautaires, et que ce jour-là, ce sera vous qui ferez les coupures.
Visiblement tu as manqué le début de ce débat : il fut amorcé par Nicolas Phébus qui a affirmé sans grande démonstration que l'UFP s'était planté et que le camp abstentionniste avait marqué des points.
Ce à quoi j'ai répliqué qu'il n'y a pas grand-chose se réjouir d'une abstention fondamentalement apathique et très peu politique dans l'ensemble...
L'UFP n'a jamais attaquéles abstentionnistes. Le contraire est loin d'être vrai puisque les énergies de ces groupes ont été concentrées à discréditer l'UFP et à lui acoler une étiquette de "récupératrice" des luttes.
En gros, on tente de nous présenter sous le jour de politicailleux qui vont rentrer chez-eux après les élections... Visiblement, ces accusations sont portées par des gens qui ne font que s'informer sur cyberpresse puisque l'UFP est composé presque essentiellement de militantEs qui ont décidé de porter leurs luttes sur le plan politique.
Aucune récupération là-dedans, aucune volonté de faire comme le PQ qui faisait son chantage et son tordage de bras pour que tous les mouvements sociaux l'appuient face à l'ADQ.
Il y a trop de mauvaise volonté dans tout ce débat, malheureusement.
Richard Fecteau
[ ]
Sujet:
Proto-fascisme
Auteur-e:
Anonyme
Date:
Sam, 2003-04-19 13:13
Les nazis parlaient de leurs adversaires comme de parasites, comme un défi à l'hygiène de la nation. Des commentaire comme ça, même si ça vient de l'extrême gauche, c'est du proto-fascisme.
Quand tui commence à déshumaniser les gens qui ne pense pas comme toi - t'es rendu dans la HAINE.
Une petite scène de mon expérience avec le candidat indépendant Jean-Yves Desgagnés dans le comté de Jean-Lesage:
Le candidat (s'adressant à un homme sur une galerie): Bonjour monsieur. Vous savez qu'une élection s'en vient...
L'homme ne dit rien.
Sa blonde (à l'intérieur): Ça nous intéresse pas!
L'homme: Ça nous intéresse pas ces affaires là.
Le candidat: Mais c'est dangeureux ça, se laisser gouverner sans donner son opinion. Regarder aux États-Unis. La moitié du monde ne votent pas, le pauvres ne votent pas. Et ils sont pris avec Bush - pis les pauvres aux État-Unis. Ils se font avoir d'aplomb.
L'homme, qui est pauvre: Moi ça ne me concerne pas ces affaires là. Moi je veux pas qu'on me dérange.
Ce gars là, comme plusieurs personnes rencontrées en porte à porte, ne fermente pas la rupture avec le capitalisme - il n'a même pas de rage. Il a abandonné un point c'est tout.
L'abstention dans notre contexte est beaucoup plus le fait de l'inertie et de l'abandon, qu'un non-geste de protestation. Et je crois qu'en matière d'astention le côté de la protestation n'aura pas mieux fait que la gauche électorale comme score.
Des révolutionnaires - qui sont aussi "authentiques" que Nicolas Phébus - pourraient y voir un développement des plus négatifs. La progression de l'apathie ne fait pas une mobilisation très forte.
Je ne nierai pas que cette apathie est nourrie par la perte de légitimité de l'institution parlementaire. Mais en l'absence de lieux de pouvoir parallèles convaincants et fonctionnels, cette institution remportera encore la légimitisation de la majorité pendant un bon bout de temps. Et tant mieux si des personnes veulent travailler à la rapprocher du monde (UFP - D'abord solidaire - Mouvement pour une démocratie nouvelle).
Le parlementarisme ne menera pas à la révolution, à la rupture tant souhaitée avec l'ordre capitaliste. Mais il pourrait au moins être pour un temps un lieux de négociation ou même de résistance face au grand (et moyen) Capital plutôt qu'une courroie de transmission comme ça va être avec le PLQ (ou une chambre de concertation avec le PQ). Je ne sais pas comment on peut amener cette rupture avec le capitalisme mais je suis certain que je préfère une Assemblée nationale pas trop pressé de lâcher sa police contre nous.
Les attaques contre les résultats de la gauche à la présente élection me semblent plutôt faibles. C'est vrai que le ratio $ mis par vote gagné par l'UFP est moins que celui des autres machines électorales. Mais à moins de tout calculer en ces termes, qualifier de flop la campagne de l'UFP c'est bête. Est-ce que l'on peut qualifier de flop l'action abtentionniste à Québec parce que "seulement" 50 personnes s'y sont pointées?
De plus, qualifier la campagne de l'ADQ de flop c'est faire la même mauvaise analyse que Mario Dumont, qui est abattu parce qu'il n'a pas rasé plusieurs comtés. Mais ses 18% devraient le réjouir, c'est une très nette progression pour son parti et une assise solide pour la suite. Avant de prendre le pouvoir en 1976, le PQ n'avait lui aussi qu'une poignée de députés. La droite va chercher presque une personne sur 5 au Québec. Brrr!
Bon,c'étaient en vrac mes réactions.
Christian D.
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