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La gauche confiantejplarche, Mercredi, Mars 12, 2003 - 10:53
J-P
« On peut déjà parler de réussite de la gauche, dit le co-porte-parole et vice-président de l'UFP Pierre Dostie. Notre travail conjoint avec les verts et d'autres candidats demande beaucoup de coordination mais nous en sommes très fiers. » Une gauche parvenue à pleine maturité. Capable, sinon de prendre le pouvoir dans les prochaines semaines, de prendre ses responsabilités envers elle-même et envers le peuple québécois, constate celui qui sera candidat de l'UFP dans Chicoutimi. Rencontre avec le porte-parole de l'Union des forces progressistes, Pierre Dostie L'Union des forces progressistes (UFP) entend bien profiter de la période électorale pour prouver sa valeur. Le jeune parti est bien motivé. L'engoûment est réel. On en parle bien peu dans les médias de masse, mais les rangs grossissent de jour en jour. Avec les verts et quelques candidatures indépendantes, la gauche québécoise sera présente dans plus d'une centaine de circonscriptions sur les 125 que compte le Québec. Les Verts et l'UFP seront présents sur le même bulletin de vote dans une poignée de comtés, s'étant entendu pour ne pas être en rivalité dans la plupart des circonscriptions. « On peut déjà parler de réussite de la gauche, dit le co-porte-parole et vice-président de l'UFP Pierre Dostie. Notre travail conjoint avec les verts et d'autres candidats demande beaucoup de coordination mais nous en sommes très fiers. » Une gauche parvenue à pleine maturité. Capable, sinon de prendre le pouvoir dans les prochaines semaines, de prendre ses responsabilités envers elle-même et envers le peuples québécois, constate celui qui sera candidat de l'UFP dans Chicoutimi. L'UFP est encore toute jeune. Le parti se lance dans la campagne alors qu'il est en pleine phase d'implantation partout au Québec. Néanmoins, on connaît déjà plusieurs candidats d'envergure qui défendront les couleurs du parti, tels Amir Khadir dans Mercier, Omar Aktouf dans Rosemont et Gaétan Breton dans Sainte-Marie–Saint-Jacques. Pour Pierre Dostie, l'UFP se présente comme une alternative aux grands partis qui ambitionne d'offrir une voix à ceux qui, désillusionnés par le bipartisme québécois, ne vont pas voter et même de tabler sur le ras-le-bol dont témoigne l'ascension rapide de l'ADQ. Autrement dit : « vous êtes fatigués du PQ et du PLQ, pourquoi ne pas voter UFP ? » Attaquée de toutes parts parce qu'on lui reproche de diviser le vote, ce qui favoriserait les partis plus à droite, l'UFP croit à sa place sur l'échiquier. D'abord, les 1300 membres qui l'ont investie jusqu'à maintenant, auxquels s'ajoutent de nouveaux chaque jour, s'y retrouvent bel et bien. Les plus vieux voient naître un nouvel espoir de pouvoir changer les choses par la voie de la politique. Quant aux plus jeunes, et ils sont nombreux, ils ne croient probablement pas aux façons de faire de la politique que mettent en oeuvre les autres formations. Voter autrement ? En outre, Pierre Dostie pense que, pour la gauche, voter véritablement « utile » serait voter pour sa formation au lieu de se rabattre sur le PQ. La gauche, pour une fois, devrait voter pour ses convictions, pour une véritable alternative à long terme. Les thèmes que privilégiera l'UFP lors de la campagne seront déterminés au cours du Conseil de l'union du 15-16 mars mais Pierre Dostie dévoile déjà plusieurs axes importants pour le parti tant en fonction de sa plate-forme que de la conjoncture. L'UFP profitera d'une campagne probablement fortement marquée par le déclenchement d'une guerre contre l'Iraq pour exposer les liens qui unissent la guerre et la militarisation des relations internationales à la globalisation. L'UFP est le seul parti à s'opposer à la mondialisation néolibérale et à promouvoir l'instauration d'une taxation des transactions financières spéculatives (taxe Tobin). Un autre thème cher à la nouvelle formation politique sera la lutte contre le déficit démocratique et plus précisément en faveur de l'instauration d'un nouveau mode de scrutin qui permettrait une meilleure représentation des tendances politiques à l'Assemblée nationale. L'UFP veut que les Québécois arrêtent de voter pour le moins pire, d'une élection à l'autre. Cette tendance malheureuse est favorisée par notre mode de scrutin uninominal à un tour qui fait en sorte que seules les voix exprimées en faveur du candidat gagnant comptent vraiment. Cela explique en bonne partie le peu de représentation de la gauche dans nos instances politiques. Lutter contre le déficit démocratique, c'est également renouveler la politique et les façons d'en faire. L'UFP veut être le relais électoral et politique des luttes sociales qui ne trouvent que la rue pour se faire entendre. Pour le porte-parole du parti, ce rôle prend différentes formes. Il mentionne par exemple les revendications de la Marche mondiale des femmes, les travaux du comité ministériel de la culture sur la concentration de la presse et les modifications au Code du travail réclamées par les organisations syndicales qui ont tous comme point commun d'avoir été ignorés par le gouvernement du Parti québécois. L'UFP surfe aussi sur la vague de l'altermondialisme et s'insère dans la mouvance des Forums sociaux mondiaux. Le parti veut faire de la politique autrement et une des manières préconisées est d'y insuffler une bonne dose de démocratie participative. Le parti se méfie des solutions toute faites et croit qu'il faut mousser la participation populaire et celle des mouvements sociaux pour que s'élaborent des alternatives au néolibéralisme. Dans un tel régime de gouvernance, l'État et les partis politiques s'assureraient de livrer toutes l'information et l'éducation nécessaires à la population pour qu'elle prenne elle-même les décisions qui lui tiennent à coeur. Le projet de la gauche va donc beaucoup plus loin que les seuls référendums d'initiative populaire, une des propositions de réformes étudiées par les récents États généraux sur la réforme des institutions. Il s'agit de permettre à un nombre déterminé de citoyens de réclamer un référendum sur une question d'intérêt public. L'UFP se défend de proposer cela de façon naïve. La formation tient à ce que la démocratie participative soit encadrée par une constitution progressiste du Québec et certaines institutions telle que la Commission des droits de la personne afin de prévenir de possibles dérapages. Pour Pierre Dostie, en donnant à la population l'heure juste sur les possibilités et les contraintes budgétaires, celle-ci sera à même de faire les meilleurs choix et de les respecter par la suite. Cette formule s'inspire fortement de l'expérience de la ville de Porto Alegre au Brésil et de plusieurs autres endroits dans le monde. La loi contre la pauvreté, adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale mais dont la mise en oeuvre incombera au prochain gouvernement, une réforme en profondeur du Code du travail pour mieux protéger les travailleuses et travailleurs, la construction de logements sociaux, l'universalisation et la gratuité du régime public d'assurance-médicaments ainsi qu'un réinvestissement massif de 10 milliards en santé seront parmi les priorités gouvernementales qu'entend défendre l'UFP durant la campagne. What about the independance of Quebec ? Beau dilemme à l'UFP. L'avenir de la gauche au Québec dépend sans conteste de la capacité d'unir les voix progressistes francophones, anglophones et allophones. Mais l'UFP est également en faveur de l'indépendance du Québec, un projet social et politique auquel nous ne sommes pas habitués de voir adhérer les minorités. L'UFP réunit en effet des QuébécoisEs d'origines diverses ce qui, au dire de Pierre Dostie, différencie déjà l'UFP du PQ. Pour la formation de gauche, l'indépendance du Québec représente bien plus un moyen qu'une fin en soi ce qui apparaît véritablement différent du projet promu par le PQ. Pierre Dostie ne ménage pas le PQ qu'il voit comme un parti assez rétrograde sur la question de qui est Québécois. « La façon dont le PQ a mené le débat sur la réforme des institutions en cherchant à conserver le déséquilibre en faveur des circonscriptions francophones révèle cette tendance. Ce qui est sorti de la bouche de Parizeau après le référendum de 95 (controverse sur le vote ethnique) a montré l'incapacité du PQ à faire de la souveraineté un projet véritablement inclusif », croit Pierre Dostie. Au PQ qui dit « la souveraineté d'abord », l'UFP oppose le paradigme contraire : définissons d'abord un projet de société qui rejoigne le plus de gens, notamment les non francophones. « Proposons une société où s'opère une véritable redistribution des richesses, où l'environnement est protégé, une société pacifique, dit Pierre Dostie, et si la souveraineté apparaît comme un moyen nécessaire d'y parvenir, nous disons pourquoi pas ? » « Le Parti québécois est habitué d'avoir le monopole. D'abord, celui du nom de notre peuple mais aussi le monopole de la souveraineté et celui de la social-démocratie. Pourquoi s'en prendrait-il à nous alors que dans les faits, c'est au profit de l'ADQ qu'il perd le plus de gens ? » Le porte-parole de l'UFP considère en outre que le virage néolibéral opéré par le PQ et le fait qu'il fasse de la langue l'enjeu principal nuisent autant au socialisme démocratique qu'à l'indépendance. Élue, l'UFP établirait une assemblée constituante, laquelle serait chargée de rédiger une constitution pour le Québec. Toute la population québécoise serait ensuite consultée par référendum afin de savoir si le peuple québécois veut prendre en ses mains tous les pouvoirs nécessaires à la réalisation de ce projet social. L'UFP reprend là à son compte une idée lancée par la Commission Bélanger-Campeau. L'UFP fait le pari que dans des conditions semblables, plusieurs non-francophones adhéreront au projet. En tout cas, les militants anglophones et allophones de l'UFP, eux, y adhèrent. Où sont les femmes ? L'UFP ne fera pas mieux que les autres partis quant au nombre de candidatures féminines lors des prochains élections. Fort malheureusement et cela, bien qu'on retrouve autant sinon davantage de femmes que d'hommes sur le plancher des instances du parti. Pierre Dostie relate plusieurs causes de cette faible représentation que la commission femmes du parti a identifiées. • Première explication, le peu d'avancée réalisée au chapitre de l'équité sur tous les plans et particulièrement au niveau des fonctions de pouvoir. Même l'équité salariale est loin d'être réalisée ; • Deuxièmement, les mesures facilitantes et contraignantes qui viseraient spécialement les partis politiques sont insuffisantes. L'UFP appuierait par exemple des mesures contraignant les partis à présenter un certain nombre de femmes (proposition rejetée la fin de semaine dernière par le Parti québécois en congrès pré-électoral) ; • Troisièmement, au sein même des partis politiques, il faut mettre en place des incitatifs à la participation féminine. La gauche n'échappe pas au machisme, précise Pierre Dostie pour qui une attention particulière et permanente doit être accordée aux façons de faire les débats et les discussions ainsi qu'au choix des lieux et des moments de réunion, etc ; • Quatrièmement, il faut reconnaître que l'engagement politique représente une charge énorme difficile à assumer compte tenu de la division des rôles qu'on retrouve le plus souvent dans les ménages. Il faut favoriser la coopération et la flexibilité. Par exemple, le siège réservé aux femmes sur le conseil exécutif de l'UFP est assumé par une femme nommée chaque fois par ses pairs contrairement aux autres sièges toujours occupés par les mêmes personnes élues. • Cinquièmement, le leadership doit être assumé par les femmes sur cette question. Il y a sans conteste des fonctions, à l'interne des partis, avec lesquelles les femmes ont davantage d'affinité ; • Enfin, il faut des encouragements matériels, financiers et organisationnels de nature à favoriser l'engagement de nos concitoyennes pour qui briguer l'investiture du parti dans un comté compte plus d'inconvénients que pour les hommes. Par ailleurs, cette préoccupation doit en être une de tous les instants. L'expérience de l'UFP qui insiste pour avoir deux vice-présidents porte-paroles, un homme et une femme est d'ailleurs révélatrice. Cette pratique confond certains commentateurs de la scène politique habitués à avoir affaire à un chef porte-parole mais assure une présence féminine visible du parti en toutes circonstances. Cette bicéphalité demande à Pierre Dostie de faire preuve d'une sensibilité particulière, d'autant plus que Molly Alexander (l'autre moitié du cerveau) est jeune mais cette collaboration apporte beaucoup de richesse, constate-t-il.
site de l'Union des forces progressistes
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