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Depuis le 15 février, les médias, c'est nous...sonia, Dimanche, Février 23, 2003 - 15:28
Wu Ming - Bologne
Quelques serviteurs zélés du véritable « Axe du mal » (Bush, Blair, Aznar et l'autre, là, comment il s'appelle, déjà ?) essaient encore de nier l'évidence, de sous-estimer, de soupeser, de faire des distinguos auxquels personnes ne prête plus attention, mais, pour le dire avec trivialité, y'a pas à chier : Samedi (15 février), nous avons vraiment fait l'Histoire!... ET NOUS SOMMES AUSSI L'ESPACE PUBLIC, L'EUROPE, LE MONDE... Quelques serviteurs zélés du véritable « Axe du mal » (Bush, Blair, Aznar et l'autre, là, comment il s'appelle, déjà ?) essaient encore de nier l'évidence, de sous-estimer, de soupeser, de faire des distinguos auxquels personnes ne prête plus attention, mais, pour le dire avec trivialité, y'a pas à chier : Samedi, nous avons vraiment fait l'Histoire. Ce qui s'est passé n'a pas de précédent, la sempiternelle « Internationale » de 68 devient peu de chose par rapport à la première manifestation planétaire en simultané de l'histoire de l'humanité. Manifestation lancée par le Forum social européen et relancée par le Forum social mondial : est-ce qu'il y a encore quelqu'un qui a le courage de les définir (ou de se définir, hélas !) comme « no global » ? ! Si les choses vont dans le bon sens (et il faut lutter pour cela se fasse), les historiens du futur verront la totalité du cycle des luttes sociales que nous appellons « Soixante-huit » comme le prodrome, le prélude, la « promesse » des luttes bien plus significatives du XXIe siècle. Bien loin d'être « dernier renvoi des idéologies du XIXe siècle et autres idéologies de ce genre », c'est l'anticiaption des mouvements globaux actuels, écharde de futur plantée dans l'époque des Etats-nations. Nous qui étions à Rome, avons fait l'histoire deux fois, par ce que ces Messieurs peuvent dire ce qu'ils veuleent, mais la manifestation de samedi a été la plus grande de tous les temps au niveau mondial. Le Parti communiste chinois, peut-être, a rassemblé des foules plus nombreuses, mais il s'agissait d'événements peu spontanés, d'une rigide chorégraphie gouvernementale, qui, donc, ne comptent pas. Depuis la journée de samedi, c'est un sens nouveau, aveuglant, qu'a acquis le slogan des « médiactivistes » du monde entier : « Don't hate the media, become the media ». Oui, parce qu'à partir d'aujourd'hui, c'est officiel, les médias, c'est nous, et je veux dire « nous tous » : qu'est-ce qu'y peut la mescquine, la malveillante disinfomazja d'un régime contre le bouche à oreille de ceux qui ont particité à un des plus grands événements de toujours ? Le bouche à oreille joyeux de trois millions et demi de personnes à Rome et de dizaines de millions de personnes dans le reste du monde ? Durant ces trois dernières années de luttes, la chose est apparue toujours plus évidente, mais aujourd'hui, elle saute aux yeux et aux oreilles : notre communication peut tranquillement se passer de l'information officielle, télévisive, pyramidale. Dans le cours des décennies, en travaillant parfois dans l'invisibilité, les mouvements se sont dotés de réseaux et d'instruments de langage qui permettent de communiquer « au-dessous, autour et au-delà » des médias officiels, en longeant les bords de ce trou noir du sens dans lequel se noient les « majorités silencieuses », qui ne sont plus des majorités. Surtout, les mouvements se sont dotés d'un imaginaire qui ne paye plus son écot au défaitisme, qui construit une communauté et sait représenter le point de vue de la planète. Les fameuses « cent fleurs » dont on souhaitait l'écolosion sont déjà là, sur la prairie du monde du Net, des radios, des télés de rue, des canaux satellitaires, des fanzines, de la presse indépendante, mais surtout, les récits, la mitopoièse, le bouche-à-oreille. La grand narration qu'ils nous apportent est celle-là : les mouvements des mouvements sont la vraie globalisation. Ce message destabilise complètement ceux qui, à gauche aussi, pensent encore en terme de « petites patries » (littérales et/ou métaphoriques) ou pensent que les mouvements sont es alliances couper-coller entre tendances politiques. Le nouveau sens du slogan « Ne haïssez pas les médias, devenez les médias », est aussi : ne nous vouons pas trop aux jérémiades sur l'information officielle, au conflit d'intérêts, à l'envahissement du berl...isme, etc. Cessons de nous couvrir la tête de cendres. Nous nous en sommes aperçus, oui ou non, que les mouvements européens et mondiaux regardent l'Italie comme la position la plus avancée dans l'affrontement entre les nouvelles communautés agissantes et un pouvoir qui se débat dans une cellule capitonée en attendant son injection de thorazine ? Depuis que ce gouvernement s'est installé, nous avons projeté une image schizophrénique, résumée dans la question qui m'a été posée plusieurs fois durant les voyages à l'étranger : « Comment se fait-il qu'en Italie il y ait les mouvements les plus forts, les plus créatifs et les plus influents si j'ai entendu dire que toute l'information est entre les mains de Berl…i ? Je me suis toujours efforcé d'expliquer que Berl…i a seulement planté un petit drapeau sur la pointe de l'iceberg de l'information, il n'a aucun contrôle sur ce qu'il y a sous l'eau, c'est-à-dire ce qui va entrer en collision avec sa domination (vous ne voyez pas que les rats abandonnent le navire avant le choc ?) C'est le gouvernement de Berl…i qui est encerclé, isolé, désorienté, sûrement pas nous. Cette situation est évidente depuis au moins un an, mais les mouvements eux-mêmes ont eu du mal à s'en apercevoir, parce que souvent - tout en étant plus avancés dans les pratiques de la communication et majoritairement en mesure de « deviner » comment se présentaient les choses - ont intégré la vision défaitiste et rétrogra de leurs tendances politiques (Démocrates de Gauche, Refondation, Désobéissants, ça ne fait pas de différences). Après le débat à l'ONU de vendredi dernier et la manifestation mondiale du lendemain, le même isolement est infligé à George W. Bush, à son administration psychopathe et à ses laquais de par le monde, même si leurs projets de guerre sont loin d'être bloqués. Trois ans et plus de renaissance des mouvements ont influencé les opinions publiques d'Europe, ont décrété que le libéralisme et la guerre ne sont plus à la mode, on commencé à construire un nouvel « espace public européen » qui n'est plus l'Europe libérale et vassale de Maastricht et des guerres humanitaires. Voilà ce que j'ai vu samedi, témoin et protagoniste d'une véritable et festive invasion : la construction d'un nouvel espace public, d'une sphère publique non-étatique, de la part de la multitude. Il faut continuer à bouger, communiquer, alimenter le bouche à oreille, pour que toujours plus de monde s'en aperçoive. No Copyright (c) |
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