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Les libertés civiles en procèsAnonyme, Vendredi, Novembre 29, 2002 - 22:10
OCAP
L’OCAP, la coalition ontarienne contre la pauvreté, sollicite votre appui alors que le droit des mouvements sociaux d’organiser des manifestations de nature politique sera mis à l’épreuve à compter de janvier prochain. Trois membres de l’OCAP, John Clarke, Gaétan Héroux et Stefan Pilipa, feront face à la justice à compter du 13 janvier 2003, accusés d’avoir « participé à une émeute », « d’incitation à l’émeute » et « d’incitation à attaquer les forces de l’ordre ». Ces accusations draconiennes surviennent suite à leur participation à la manifestation anti-pauvreté du 15 juin 2000 devant Queen’s Park, le parlement ontarien. Chacune des accusations impliquent une peine d’emprisonnement pouvant aller de deux à cinq de prison. Ces accusations, par leur sévérité, menacent nos droits civiques et politiques ainsi que notre liberté d’association. C’est pourquoi nous sollicitons votre appui. L’enjeu est de taille : la criminalisation éventuelle de l’OCAP et de ses membres créerait un dangereux précédent juridique, qui à long terme menace tous les acteurs sociaux qui osent confronter ouvertement les gouvernements et les entreprises qui ne se gênent plus pour bafouer nos droits et libertés les plus élémentaires. On ne peut rester indifférent devant un tel danger. On se doit de répondre par la solidarité, car ce sont tous les mouvements sociaux qui sont visés par la répression. C’est pourquoi nous nous joignons à la campagne de défense juridique de l’OCAP. Nous vous invitons à faire de même. Le 15 juin 2000, l’OCAP a été à la tête d’une manifestation réunissant plus de 1500 personnes qui ont marché sur Queen’s Park pour signifier leur opposition aux coupures dans les programmes sociaux, qui se sont intensifiées de façon drastique sous le Gouvernement conservateur de Mike Harris. Parmi les manifestantEs, une délégation de sans-abris demandait le droit de s’adresser directement aux membres de la législature ontarienne afin de dénoncer le manque criant de logements sociaux. Plutôt que d’essayer de trouver un terrain d’entente, le gouvernement a répondu de manière arrogante et intransigeante, préférant envoyer la police anti-émeute, qui attaqua la foule afin de la disperser. Par la suite, la police déposa des centaines d’accusations contre 45 personnes, pour leur implication dans la manifestation. Une campagne de répression dirigée contre l’OCAP allait suivre. Prendre la rue afin de dénoncer les politiques anti-sociales de ce même gouvernement allait être de plus en plus hasardeux pour les militantEs de l’OCAP. La déposition d’innombrables chefs d’accusation au niveau criminel est devenue l’une des principales stratégies des autorités et des services policiers afin d’écraser la dissidence. Nous avons pu observer cette tactique lors des manifestations de Seattle en 1999 à l’occasion de la rencontre ministérielle de l’OMC; plus près de chez nous, en 2001 à Québec, lors du Sommet des Amériques; contre les militantEs autonomes qui ont organisé des occupations d’édifices abandonnés pour protester contre le laisser-faire des autorités en ce qui concerne la crise du logement, tant à Montréal, à Toronto, à Vancouver qu’à Québec; ou plus récemment lors du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, qui fut également le théâtre d’arrestations de masse. En imposant des amendes et des peines d’emprisonnement aux mouvements progressistes, en obligeant les militantEs à s’engager dans une bataille juridique, très exigeante sur le plan personnel, les gouvernements et les services policiers imposent une « taxe à l’activisme », qui ne vise qu’à dénigrer les luttes pour la justice sociale. À ce jour, les trois-quarts des chefs d’accusations déposés après les événements du 15 juin 2000 ont été retirés ou simplement abandonnés, un bon exemple de ce qu’une campagne de défense juridique bien organisée peut faire afin d’exposer l’injustice. Toutefois, le procès à venir représente une autre étape dans la lutte contre la répression des mouvements sociaux. Et celle-ci, se doit d’être gagnée. On ne peut tolérer que les droits civiques de tous et de toutes soient ainsi menacés, pas plus qu’on puisse accepter que ceux et celles qui s’opposent à la pauvreté et à l’injustice ne soient criminalisés. Le procès de janvier des trois membres de l’OCAP sera un test crucial dans notre aptitude à développer une campagne d’autodéfense juridique efficace. Qui plus est, les accusés espèrent prouver au jury que c’est la police qui a provoqué l’émeute, préférant la provocation à la conciliation. Le procès de ces trois personnes sera une occasion unique d’infliger une défaite aux gouvernements de droite. Nous appelons tous ceux et celles qui ont à cœur la justice sociale et le respect intégral de nos droits politiques, à se joindre à la campagne de défense des arrêtéEs de Queen’s Park, à signer la pétition, à participer à des marches, à des conférences de presse. Il importe d’être solidaires de tous ceux et celles qui font face à des peines d’emprisonnement pour avoir osé défier les politiques anti-sociales des différents paliers de gouvernements, ici comme ailleurs. En mettant de la pression sur les autorités concernées, on peut parvenir à les faire acquitter, ce qui sera une victoire pour la justice sociale. Pour gagner, il faut résister! Vous pouvez envoyer votre appui à l’OCAP via leur site web ou par courriel aux adresses suivantes : Où bien vos dons peuvent être envoyés à l’adresse suivante : Une brève histoire de l’OCAP Qu’est-ce que l’OCAP? L’OCAP est une coalition anti-pauvreté qui a pris racine à Toronto à la fin des années 1980, alors que s’amorçait la réforme de l’État-providence, en Ontario comme ailleurs. Dès la création de l’organisation, les militantEs se sont engagés dans la lutte contre l’exclusion sociale, cherchant à mobiliser et à réunir les pauvres, les sans-abris, les chômeurs, les immigrantEs et toute autre personne ciblée par les nombreuses formes de discrimination qui caractérisent la société capitaliste. Afin de redonner une certaine forme de pouvoir aux laissés pour compte de la société, l’OCAP a développé au fil des années le « direct action Casework », une méthode consistant à confronter directement les responsables de ces injustices, et ce à différentes échelles. La coalition offre ainsi un appui direct à ceux et celles qui sont évincées de leur logement; à ceux et celles qui font face à la déportation dans leur pays d’origine, ce qui dans bien des cas conduit ces personnes tout droit à la prison, les soumettent à la torture, et pour certaines, les mènent à la mort; ou encore à ceux et celles à qui l’on coupe les prestations d’aide sociale et qui sont soumises au « workfare ». La coalition a réussi à réunir nombre de ces personnes et à entrepris de rendre visite aux différents ministères, départements, entreprises, hôtels de ville, etc., bref, là où sont décidées et planifiées les politiques qui visent à supprimer nos droits et libertés. Au fil des ans, l’OCAP a participé activement à la création d’un mouvement social qui a été en mesure de remporter des victoires en menant des actions collectives qui ont provoqué des crises politiques pour ceux et celles qui sont au pouvoir, les obligeant à réviser bon nombre de décisions. L’OCAP a également mené des actions plus larges, notamment lors de la marche du 15 juin 2000, et participa activement à la mobilisation populaire en vue du Sommet des Amériques, qui s’est tenu ici, à Québec en avril 2001. Malgré les tentatives répétées des politiciens de discréditer l’organisation, et ce avec l’aide des médias corporatistes, l’OCAP bénéficia de l’appui et de la sympathie d’un nombre grandissant. Si la ville de Toronto est aujourd’hui synonyme de richesse et de dynamisme au niveau économique, elle est également le lieu d’une pauvreté grandissante. C’est dans ce contexte que l’OCAP appela les différents mouvements sociaux et syndicaux de l’Ontario à se joindre à une campagne de perturbation économique, visant à exposer les riches et les gouvernants aux problèmes sociaux et urbains. Le front commun d’Ontario fut alors créé. Le 16 octobre 2001, syndicats, membres des Premières nations, associations étudiantes et organisations militantes participèrent à une marche réunissant plusieurs milliers de personnes dans le quartier financier de Toronto, perturbant ainsi le cœur économique du pays. Le lendemain, le Premier ministre de l’Ontario, Mike Harris, annonçait publiquement sa démission. Après plus de dix années d’intenses luttes, l’OCAP a démontré qu’un mouvement organisé peut secouer ceux et celles qui sont au pouvoir, contribuant ainsi au changement social. L’OCAP se bat pour gagner et fait partie d’une force grandissante dans la société qui s’organise à cette fin.
Site web de l'OCAP
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