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QUAND MÊME LA CENSURE EST INACCESSIBLEAnonyme, Dimanche, Novembre 10, 2002 - 13:24
André Denis
Un recueil de nouvelles refusé par les maisons d'édition pour son contenu politique. « Monsieur, Ce sympathique message, non dépourvu de courtoisie, est ce que j’ai reçu d’une maison d’édition québécoise trois mois après y avoir soumis mon manuscrit. Peut–être est–ce de la mauvaise foi de ma part, mais j’ai tout de suite interprété ce message de la manière suivante : « Écrivez tant que vous voudrez, mais sachez bien que ni nous, ni aucune maison d’édition qui se respecte ne publiera jamais ce que vous écrivez ». J’avoue que j’aurais été surpris du contraire, mais je suis quand même déçu de ne même pas avoir accès à la censure officielle. Je rêvais déjà un peu de voir mes bouquins mis dans des grands sacs par des policiers fédéraux au visage scandalisé, mais je comprends très bien que cela n’était que fantaisie de ma part. Le Québec est trop sophistiqué et pas assez démocratique pour que la censure officielle existe, car celle–ci implique qu’il y ait d’abord publication « subversive », chose impensable. L’État n’a même pas à s’abaisser à de tels enfantillages, car la « société civile » se charge elle même de la censure. L’État est en nous, il est dans chaque maison d’édition, dans chaque grand journal, dans chaque écrivainE respectable, romancierE ou journaliste. Comme mon objectif n’était pas de devenir riche et célèbre, j’ai donc décidé de diffuser mes nouvelles sur Internet en utilisant, pour les annoncer, ce médias alternatif qui, jusqu’à maintenant, ne semble pas s’adonner à la censure, et qui mérite donc tout mon respect. La première nouvelle, intitulée « LE VOLONTAIRE », est inspirée de mon bref séjour dans la Réserve terrestre de l’Armée canadienne alors que l’autre, « LE CONDAMNÉ », est basée sur mes expériences de journalier dans les agences de personnel de Montréal. Je vous invite donc à lire le début de la première, et, si le cœur vous en dit et que vos yeux vous le permettent, de lire le tout à l’adresse URL suggérée (http://litteratureengagee.tripod.com/). Enfin, je vous invite à écrire vos commentaires en toute liberté dans la section interactive réservée à cette fin. LE VOLONTAIRE Les rois nous soûlaient de fumée, Eugène Pottier 1871 I Quatorze heures trente. C’était plus que le temps d’y aller. Alex Potvin prit son sac, jeta un dernier coup d’œil sur sa liste pour vérifier qu’il n’oubliait rien, prit ses clefs, ferma, puis dégringola les deux étages. En bas était le concierge feuilletant les circulaires. Il répondit à son signe de tête, puis sortit de l’édifice. Une fois dans la rue, il se demanda s’il n’aurait pas dû arroser les plantes avant de partir, mais il se dit qu’il n’avait pas le temps, que de toute manière il serait de retour dans deux jours, c’est–à–dire dimanche. C’était un bel après–midi de printemps. L’air frais contrastait avec les rayons ardents du soleil qui s’acharnaient contre les derniers îlots de neige, dissimulés ça et là sur les pelouses jaunâtres des petits propriétaires. L’un d’eux, un vieillard, s’affairait à balayer les feuilles mortes de l’an passé, probablement celles que le vent avait ramenées de chez les voisins, violant ainsi sa propriété. Un autre ramassait avec rage les excréments de chien qui souillaient son beau terrain, mais ceux–ci s’y dissolvaient à chaque mouvement de pelle, produisant, par réflexe, un léger relèvement de la lèvre supérieur du bon monsieur. Alex ne pu réprimer un sourire, puis il se dit que la vie de ces gens paraissait bien éprouvante. Arrivé au métro, il remarqua trois auto–patrouilles du SPCUM, et ses occupants dispersés devant la porte. Depuis quelques temps, ces braves avaient pris l’habitude de surveiller les accès des transports publics, probablement pour éviter que des fugitifs n’utilisent ce moyen subventionné pour se déplacer après avoir fait un mauvais coup. Alex, qui n’avait rien à se reprocher, passa entre eux, descendit les marches, acheta son billet puis se rendit sur le quai. Il n’eut pas le temps de déposer sa charge que le train arriva. Une fois assis, il compta le nombre de stations qu’il avait à parcourir, se mit le coude sur le rebord de la fenêtre puis accota sa tête dans sa main. Il pensa à ce qui l’attendait, et se dit qu’au moins, il avait enfin un travail. POUR LIRE LA SUITE :
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