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Le pouvoir se mobilise pour plébisciter Saddam HusseinCarl Desjardins, Mardi, Octobre 8, 2002 - 20:19
Le Monde
Le régime irakien a commencé à mobiliser la population pour transformer le référendum présidentiel du 15 octobre en un défi aux Etats-Unis, qui appellent au renversement du président Saddam Hussein, au pouvoir depuis 23 ans. Un millier d'enfants, présentés comme atteints de maladies cardiaques, ont défilé vendredi à Bagdad, à l'occasion de la journée mondiale du coeur, célébrée le 29 septembre, brandissant des pancartes sur lesquels étaient dessinés des coeurs portant le nom de Saddam Hussein. Accompagnés de la fanfare municipale et de cavaliers, ils ont scandés: "Nous donnerons nos coeurs pour Saddam". Des banderoles ont été affichées près du ministère de l'Information, appelant la population à participer au référendum et à renouveler sa "foi" au "dirigeant bien aimé". La télévision passe chaque soir des spots montrant des urnes où sont introduits des coeurs frappés d'un "oui" ou d'un portrait du président irakien. Depuis jeudi, les réunions se multiplient dans les branches du parti Baas au pouvoir pour mobiliser la population. Le chef de la branche de la capitale, Samir Abdel Aziz, a appelé les cadres à se mobiliser "pour faire du 15 octobre une journée de défi aux menaces américaines qui veulent porter atteinte à l'unité et à la souveraineté de l'Irak". Abdel Aziz, dont les propos ont été rapportés par les médias officiels, a prédit que "la journée du référendum se transformera en un plébiscite qui prouvera que le peuple soutient comme un seul homme le dirigeant et combattant Saddam Hussein et le régime démocratique irakien". La mobilisation est encore plus accentuée dans les régions kurdes de Kirkouk et de Mossoul, la partie pétrolifère du nord du pays qui reste sous le contrôle du gouvernement central. Le responsable du parti dans cette zone Mohammad Zammam Abdel Razzak a affirmé que "le jour du référendum tous les Irakiens diront oui à Saddam Hussein et répondront aux perfides (l'opposition kurde pro-américaine) qui fomentent des complots contre l'unité de l'Irak". Dans un geste symbolique, le commandement de la révolution a publié mercredi un décret autorisant les kurdes qui vivent depuis 1991 sous un régime d'autonomie, protégé par la coalition américano-britannique, à participer au référendum. Mais il devront, s'ils désirent voter, le faire dans les zones sous contrôle du gouvernement central. Selon des analystes à Bagdad, il s'agit d'une mesure symbolique du pouvoir central qui veut montrer qu'il n'a pas cessé de considérer tous les kurdes, y compris ceux qui vivent dans les régions autonomes, comme des citoyens irakiens à part entière. La région autonome kurde est gouvernée par deux dirigeants rivaux, Massoud Barzani et Jalal Talabani, qui se sont récemment réconciliés avec l'encouragement des Etats-Unis. Selon la Constitution irakienne, le désignation du président se fait tous les sept ans sous la forme d'un plébiscite. Le Conseil du commandement de la révolution, instance dirigeante, avance une candidature unique qui doit être entérinée par le Parlement avant d'être soumise à l'approbation du peuple. Cette procédure puise sa source dans l'idéologie pyramidale du parti Baas qui monopolise le pouvoir en Syrie et en Irak. C'est la même procédure qui a été suivie en Syrie, dirigée par la branche rivale du Baas, lorsque le président Bachar Al-Assad a succédé en 2000 à son père Hafez Al-Assad, décédé après 30 ans de pouvoir. Au dernier référendum en 1995, le président irakien avait obtenu 99,96% des voix, selon les chiffres officiels. Pour succéder à son père le président syrien, Bachar Al-Assad, avait obtenu un score sensiblement identique.
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