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Mort d'un sans-abri le jour du 3e anniversaire du tabassage de Jean-Pierre Lizotte

Carl Desjardins, Dimanche, Septembre 8, 2002 - 23:14

COBP

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière a été consterné d'apprendre qu'un homme sans-abri âgé dans la quarantaine était mort à la suite d'une intervention policière au début de la soirée du mercredi 4 septembre 2002.

MONTRÉAL, le 6 septembre 2002. Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière a été consterné d'apprendre qu'un homme sans-abri âgé dans la quarantaine était mort à la suite d'une intervention policière au début de la soirée du mercredi 4 septembre 2002.

À l'heure actuelle, nous ignorons toujours l'identité de l'homme décédé, sinon que son prénom serait Michel, de même que celle des deux constables du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui ont été impliqués dans cette intervention.

L'essentiel de ce que nous savons sur cette affaire est basé sur les informations qui ont été diffusés dans les médias par la Sûreté du Québec (SQ), à qui l'enquête a été confié comme le veut une politique ministérielle dans des cas d'intervention policière ayant causée une mort d'homme.

Ainsi, selon la version officielle diffusée dans les médias, un homme sans-abri aurait fait irruption vers 19h à l'intérieur d'un commerce connu sous le nom de Presse Café, à l'angle des rues Saint-Denis et Ontario.

L'homme semblait être intoxiqué et aurait fait du " saccage " à l'intérieur de l'établissement en poussant des tables et des chaises. Des employéEs lui aurait alors dit de se calmer et de s'asseoir. L'homme se serait assis, et serait même sorti du commerce pour y revenir presque aussitôt et aurait recommencé à pousser le mobilier du Presse Café.

La suite des événements fait toutefois l'objet de versions contradictoires. Selon un employé cité dans le quotidien anglophone the Gazette du 6 septembre 2002, des clients aurait plaqué cet homme au sol et l'aurait immobilisé ainsi jusqu'à l'arrivée de la police.

Dans ce même article, l'agent relationniste de la SQ, Gilles Mitchell, rapporte une version dans laquelle l'homme se serait effondré de lui-même au sol, avant d'être maintenu au sol par les clients en question.

Deux constables du SPVM sont ensuite apparut et auraient procédé à l'arrestation de l'homme à qui ils auraient passés les menottes. Ce serait en relevant cet homme que les policiers se seraient aperçut que son visage était devenu bleu.

L'homme est par la suite acheminé à l'hôpital Saint-Luc, où son décès aurait été constaté dans les minutes qui suivent.

Soulignons que cette mort suspecte survient un mois après le scandaleux acquittement du policier Giovanni Stante, qui avait infligé de graves blessures à J-P Lizotte qui avaient entraînée sa mort, à l'automne 1999.

Rappelons que le COBP avait réagit à ce verdict en exprimant sa crainte que cela puisse avoir pour effet de renforcir le sentiment d'impunité des flics, et ainsi, exposer davantage les gens de la rue aux abus des forces l'ordre. Toutefois, jamais nous n'aurions oser croire que cette crainte puisse se matérialiser en un si court laps de temps.

Spécifions tout de même qu'aucune accusation de brutalité n'a été adressé relativement à la conduite policière dans cette affaire. Ainsi, la version véhiculée par la SQ et celle du témoin cité se rejoignent sur ce point: l'intervention policière au Presse Café n'aurait pas, ou très peu, impliquée l'usage de la force.

Bien qu'à ce moment-ci il nous manque toujours de nombreux détails, le COBP ne peut faire autrement que de remarquer les nombreuses et étonnantes similitudes entre les circonstances entourant le tabassage de J-P Lizotte et la présente affaire.

Constatez par vous-même:

le sans-abri J-P Lizotte a été sauvagement agressé par la police dans la nuit du 4 au 5 septembre 1999;

l'homme sans-abri a perdu la vie le 4 septembre 2002, soit trois ans jour pour jour après l'agression policière contre J-P Lizotte;

il avait été reproché à J-P Lizotte d'avoir dérangé la clientèle d'un commerce huppé appelé le Shed Café, situé au 3515 Saint-Laurent;

il a été reproché à l'homme sans-abri qui vient de mourir d'avoir dérangé la clientèle d'un commerce non moins huppé appelé le Presse Café, situé au 1750 St-Denis;

le procès de Stante a pu confirmé que le Shed Café a pour politique de ne pas tolérer la présence des personnes sans-abri;

le Presse Café a pour politique de ne pas tolérer la présence des personnes sans-abri (ce qui a été confirmé par un employé et par un client de ce commerce);

J-P Lizotte avait été maîtrisé par deux civils avant l'arrivée de la police;

l'homme sans-abri qui vient de mourir avait été maîtrisé par deux civils avant l'arrivée de la police;

Finalement, cette affaire suscite certaines interrogations, qui, espérons-le ne resterons pas sans réponses trop longtemps. En effet, il y a lieu de se demander si cet homme serait encore en vie aujourd'hui si la police ne serait pas intervenu.

Il y a aussi lieu de douter que le visage de cet homme puisse avoir changé de couleur par pur enchantement, sans que personne n'y soit pour rien. Connaissant les techniques d'intervention policières, nous sommes en droit de nous demander si les policiers impliqués ont fait pression de tout leur poids sur cet homme lorsque ce dernier était couché au sol, face contre terre.

Si tel était le cas, il s'agirait d'une forme d'usage de la force policière d'autant plus susceptible de causer un arrêt respiratoire lorsque l'on prend en considération à la fois l'état d'intoxication dans lequel aurait été cet homme de même que la corpulence qu'affichent de nombreux flics du SPVM.

La population est en droit de savoir avec exactitude chacun des gestes qui ont été posés par les deux agents du SPVM dépêchés au Presse Café. À cet effet, les bandes des caméras vidéo pourraient être révélatrices de la véritable teneur des faits et gestes des deux constables impliqués.

De plus, les résultats de l'autopsie pratiquée sur la dépouille du défunt sans-abri le lendemain de son décès pourraient aussi apporter un éclairage nouveau sur cette affaire lorsqu'ils seront connus dans les prochaines semaines.

D'ici là, vous pouvez être assurés que le COBP suivra cette affaire de près et n'hésitera pas à faire pression sur les autorités s'il s'avère que la conduite des deux agents sont en cause dans la mort de cet homme.

COBP
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