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Aristide: Entre discours et réalitéCarl Desjardins, Vendredi, Septembre 6, 2002 - 14:22
AlterPresse
Le Président haïtien Jean Bertrand Aristide a dénoncé, lors de son discours ce 3 septembre au Sommet de la Terre, à Johannesburg, les sanctions économiques internationales contre le pays. Ces sanctions "appliquées injustement contre Haïti", ont forcé les Haïtiens à fuir le pays, a déclaré le Chef de l'État. Aristide a mis sur le même plan "le drame des boat-people" et "la tragédie du 11 septembre 2001", qui a fait des milliers de morts à New-York, lorsque, dans le cadre d'un attentat, 2 avions ont percuté les tours jumelles. "Partout et toujours, devrons-nous donc lutter contre le terrorisme et les injustices infligées à la première république nègre du monde", a lancé Aristide. Construction d'un État de droit, bonne gouvernance, respect des droits de la personne, partenariat entre secteurs public et privé, lutte contre la pandémie du SIDA et la détérioration écologique, lutte contre la corruption, le trafic de la drogue et l'impunité, sont les lignes mises en avant par le Président haïtien pour ouvrir la voie à "un monde socialement juste et économiquement libre". Aristide a reconnu cependant, dans son discours, que "le défi majeur consiste à promouvoir une économie solidaire et un développement durable pour la prospérité de tous les habitants de la planète". Le Chef de l'État haïtien n'a pas raté l'occasion d'évoquer le bicentenaire de l'indépendance d'Haïti en 2004. "Nous célèbrerons le bicentenaire de notre indépendance non à genou, mais debout", a-t-il dit. Ce discours intervient à un moment où, à travers les mouvements sociaux, il y a de plus en plus une remise en question de la gestion du pays par le gouvernement lavalas en place. Alors que le Président s'apprêtait à se rendre à Johannesburg, la Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) et le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) s'interrogeaient sur le choix de développement adopté par le gouvernement. Depuis avril 2002, les dirigeants haïtiens ont opté pour "un processus de désertification de la plaine agricole de Maribahoux", à la frontière du Nord-Est, en ouvrant la voie au bétonnage de cet espace vert pour l'implantation d'une zone franche textile, sur près d'une centaine de carreaux de terre, ont fait valoir le GARR et la PAPDA. Le GARR et la PAPDA se déclaraient très inquiets, car, selon eux, "le projet de bétonnage de la plaine de Maribahoux n'est que le premier d'un long chapelet de zones franches envisagées à la frontière (350 kms), avec en perspective, un déboisement systématique" en vue de l'établissement de ces unités industrielles. Sur le plan de la justice, les mouvements sociaux n'ont noté aucun effort pour répondre à des revendications martelées sans arrêt depuis des années. Pas plus tard que ce 28 août, la Fondation Jean Marie Vincent et des organisations paysannes réclamaient la mise en branle d'un processus judiciaire autour de l'assassinat en 1994 du Père Jean Marie Vincent, un proche du Chef de l'État. Il existe plusieurs autres cas emblématiques, dont celui du Père Jean Pierre-Louis, tué en août 1998, le journaliste Jean Dominique, assassiné en avril 2000 et le journaliste Brignol Lindor, mutilé en décembre de la même année. Les organismes de défense de droits humains ne cessent de dénoncer des menaces constantes contre les libertés et récemment, la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme a souligné, suite a une tournée en Haïti, la dégradation de la situation des droits humains dans le pays.
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