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La maison brule et nous regardons ailleurs...tartosuc, Jeudi, Septembre 5, 2002 - 13:15
Agnès Sinaï et François Dufour
"La maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal développement, au nord comme au sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables." Non ce n'est ni un discours de Vandana Shiva, ni de Jean Marie Pelt, mais ce sont les propos de Chirac qui, ce matin, a donné une vibrante leçon de morale à la planète tout entière. Mais les questions qui fâchent restent sans réponse : quid des subventions agricoles européennes facteur de dumping sur le marché mondial ? Tout le monde en parle ici sauf lui. Et le nucléaire ? Une énergie "durable" ? Au-delà du séduisant lyrisme des propos (digne d'une campagne électorale), Jacques Chirac a sans doute voulu montrer l'urgence de lancer les multinationales à l'assaut de la planète pour éradiquer la pauvreté, préserver l'environnement et nourrir le monde. Les chantiers qu'il ouvre sont confiés a une "alliance mondiale pour le développement durable". Quelle est-elle ? Ex nihilo, voici qu'un effort de solidarité est lancé en direction des pays pauvres, mais hormis le NEPAD, prolongement de l'application de l'OMC en Afrique, la logique du discours reste toujours la même : approche statistique, quantitative, d'une pauvreté sans visage (réduction de 50% d'ici a 2015, d'ici la les 50 autres pour cent attendront la cuisine), discours charitable : la logique de l'aide consiste a fortiori à amorcer la pompe de la privation des biens communs de l'humanité en y plaçant les multinationales en pointe - Vivendi, Suez, Lyonnaise, EDF ... . Cela consiste à vendre de la technologie dans les zones le plus pauvres du monde tout en assurant vouloir responsabiliser ces populations. Mais l'hypocrisie ne s'arrête pas là. On rappelle sans cesse que le Plan d'action de Johannesburg doit s'inscrire dans la logique de Doha qui a lancé en novembre dernier le calendrier de libéralisation des services, mais qu'en est-il ici, sur le terrain, de cette logique-la ?La charité consiste de fait en l'appropriation des ressources naturelles, bien commun de l'humanité, en l'occurrence l'eau, par le biais d'un service prive, mais néanmoins subventionne. Des expériences sont menées dans les quartiers pauvres de la région de Johannesburg : un projet pilote vise à poser des circuits d'assainissement dans les townships, a y installer les chasses d'eau et enfin d y construire la station de traitement des eaux usées. Il en ressort que c'est le bidonville lui-même qui risque d'être durable. Agnès Sinaï - Le Monde diplomatique - Avec Francois Dufour - Johannesburg, le 2 septembre 2002 |
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