Par Anne Marie Pons
Mail personnel paru sur l'une des listes de discussion d'ATTAC ;
publié sans modification avec l'accord de l'auteur.
A ceux qui croient encore qu'ils iraient défendre un bonhomme et qui
se permettraient de ne pas aller à Villeneuve alors qu'ils en auraient
la possibilité parce que ce bonhomme les insupporte.
Nous avons tous notre période "anti-vedette" qui dure plus ou moins
longtemps. Alors quand la vedette est derrière les barreaux, certains
ont l'outrecuidance de penser que c'est bien fait pour sa gueule et
qu'il la ramènera un peu moins devant les caméras. Allez c'est de
bonne guerre : on a droit à sa jalousie, à savourer son anonymat, à
ruminer sa fonction de porte-faix à répétition quand il faut monter
des estrades pour que le bonhomme y cause dessus...
Sauf que le bonhomme en question il n'y est pas que pour lui tout seul
en prison. Sauf que, même s'il a fait des stages de non-violence et de
maîtrise de soi, c'est quand même pas marrant de se retrouver derrière
des barreaux : le changement de monde est plutôt rude. Tu dois quand
même prendre un sacré coup au moral en te disant que tu es là d'autant
plus injustement que, à la source, il était question de ne pas laisser
entrer du boeuf aux hormones dans l'espace européen.
Alors oui, le bonhomme a un nom plus connu que les autres, que le
tien, que le mien. On se dit que si on s'appelait Lucien Martin ou
Marie Dupont, il n'y aurait pas grand monde devant sa prison si on y
était pour les mêmes raisons que le bonhomme. Sauf que si Lucien et
Marie ne se bougent pas dimanche prochain alors qu'ils pourraient le
faire, il n'y aura pas plus de José que de Marcel, de Valérie, de
Kevin, de Soraya, de Mehdi ou autre lorsque sa pomme anonyme se
retrouvera derrière des barreaux pour des motifs tout aussi
injustifiés.
Dimanche 14 juillet, j'irai d'abord défendre ma propre liberté à venir
et celle de mes enfants.
Dimanche 14 juillet, j'irai dire qu'une action syndicale est une
action pour la liberté et pour la liberté d'expression en premier
lieu, celle-là même qui est garantie dans la Constitution.
Dimanche 14 juillet, je n'irai pas défendre une idole mais une idée :
je suis dans mon bon droit lorsque je demande que des producteurs ne
soient pas pris en otage par le commerce mondial.
Dimanche 14 juillet, nous mettrons notre fierté dans la poche si elle
prend un peu trop de place quand on voit le José à la télé. Nous
aurons l'humilité de ceux qui ne sont jamais sous les projecteurs pour
avoir encore longtemps la fierté de vivre en êtres humains.
L'Histoire ne se répétant pas, nous avons peu de chance d'ouvrir la
porte à une révolution, mais si on met nos pieds dans
l'entrebâillement, ça sera toujours ça de pris ! Alors plus il y aura
de pieds...
A dimanche.
Anne Marie Pons
Nouvelle Bastille 14 juillet 2002
Maison d'arrêt - Avenue du Moulin de la Jasse - F-34750 Villeneuve les
Maguelonne
Plus d'informations : voir Courriel n°343 « Droits syndicaux »
Aux Comités locaux et adhérents d'ATTAC
José Bové est en prison depuis le 19 juin, le savions-nous ?
Embastiller José Bové aura été le premier acte du gouvernement Raffarin, douze heures après la fermeture des bureaux de vote pour les législatives.
Mettre en prison, en commençant la mandature, un des leaders du mouvement de contestation internationale de l'OMC libérale et c'est tout le mouvement construit ces dernières années qui commence à prendre l'eau.
Pourquoi ? José et les copains de Millau sont allés au bout de la logique qui consistait à dénoncer le boeuf aux hormones et l'incapacité des outils de l'OMC à préserver la santé publique, les modes de vie, les diversités dans leur ensemble. Et lorsque les Etats-Unis ont surtaxé cent produits européens dont le roquefort, c'est un grave préjudice économique qu'ont subi des pans entiers en Europe. Non seulement les gouvernements de l'Union européenne, dont celui de la France, ont été incapables de prendre le problème à bras le corps, mais ils ont décidé de donner tous les pouvoirs aux multinationales afin de faire passer en force cette OMC libérale et destructrice.
Le démontage du Mac Do était la bonne cible et sans cet acte, jamais la prise de conscience planétaire n'aurait permis autant de constructions de résistances à l'OMC. Jamais l'ampleur du mouvement n'aurait connu une telle envolée pour la paysannerie planétaire, utile aux sociétés. N'est-ce pas aussi tout cela qui a permis de freiner l'ardeur des multinationales, maîtresses du monde, à vouloir imposer l'ordre marchand partout où elles le souhaitaient ?
José Bové est derrière les barreaux ! Il a toujours revendiqué ses actes, programmés et commis en réunion. Les copains de l'Aveyron avaient prévenu tous les échelons politiques qu'après un dialogue peu fructueux pour la diplomatie, il n'y avait plus qu'à transgresser la loi. Il est à rappeler que la condamnation de José pour ce démontage a été pour l'Etat une manière de faire taire le porte-parole du syndicat paysan, puisque c'est le Ministère public qui a poursuivi en appel, et non Mac Do.
Fallait-il descendre en prison tête basse, menottes aux poignets et faire le martyr ? Ceux qui connaissent José savent, comme ils aimaient à le rappeler dans les centaines de meetings ces mois derniers, que lorsqu'une action est légitime et reconnue, il faut l'assumer pleinement ! José est tout le contraire d'un malhonnête ou d'un hypocrite mais il dérange car il bouscule l'ordre établi.
Aujourd'hui, il en est à son 21ème jour de prison et de jeûne qu'il assume pleinement pour poursuivre son combat de sa cellule. Ayant perdu 9 kg à ce jour, il lui reste encore plusieurs jours de prison à faire.
De nombreuses voix s'élèvent pour exprimer les points de vue sur son emprisonnement . Des hommes politiques se frottent les mains : " Enfin il ne parle plus et nous le tenons ! ",
" Enfin les médias l'ont lâché et c'est terminé ", " Enfin son embastillement va voir s'éteindre toute cette contestation qui freine l'économie et qui réduit la place de la France dans cette mondialisation tant attendue ", etc.
D'autres échéances attendent José autour des condamnations sur les OGM, de même que de nombreux militants associatifs, ATTAC ou autres, sont lourdement condamnés : la prison les attend.
La loi d'amnistie débattue dans les deux assemblées ces jours-ci est restrictive car la récidive légale empêche son application dans de nombreux domaines autour des actions commises en réunion.
Pour le gouvernement qui a récemment " bidouillé " une extinction des actions contre d'autres syndicats agricoles, tout semble mis en place afin de laisser croupir José en taule pour plusieurs mois et à partir de là, réduire au strict minimum la voix de la Confédération paysanne.
Dans l'affaire des OGM, sans les actions de Nérac, du Cirad ou des champs d'essais, des centaines de milliers d'hectares d'OGM seraient plantés en Europe. Ces actions ont obligé l'Etat et l'Union européenne à bâtir " aux forceps " une législation sur tous les dossiers : semence, recherche, essais, traçabilité, étiquetage, etc.- bref, une application du principe de précaution qui a mieux amené les grands groupes industriels (firmes d'aliments) à développer des filières non OGM et agroalimentaires à refuser les produits OGM dans les rayons. Sans cette période, certes agitée mais ô combien justifiée, nous serions gavés aux OGM.
Alors oui, José est en prison et chacun d'entre nous trouve cela bien triste mais trop nombreux sont celles et ceux qui ont utilisé José comme une marchandise pour construire un mouvement, remplir une salle, faire venir la presse et, avec un petit côté provocateur, je dirais "afin de faire adhérer" et qui ne réagissent pas.
José est en prison, bien seul, oh pardon ! avec 730 autres prisonniers pour 350 places, ce qui n'arrange rien pour personne.
L'Etat français met en avant des arguments de choc : " Tolérance zéro, application stricte de la justice ". Il va en profiter pour faire passer en force sa politique sécuritaire et terrorisante en faisant peur partout où il le pourra.
Nous, militants, ne sommes pas des terroristes et n'avons pas le droit de laisser faire l'amalgame.
Le mouvement social ne peut se permettre de prendre des vacances : la rotation entre nous est indispensable. Un piquet de veille tournant est organisé devant la prison de Villeneuve-lès-Maguelonne. Tous les jours, une nouvelle région arrive sur place et le besoin de grossir les rangs se fait fortement sentir. Si vous êtes intéressés, appelez le: 04 67 47 50 13
et faites un déplacement collectif. Si chaque militant, adhérent de nos réseaux fait un petit quelque chose, la mobilisation peut redémarrer.
Rentrez en contact les uns avec les autres et faites-le voir au plan local : visite chez le député ou le sénateur sur la loi d'amnistie, rassemblement devant les Palais de justice en y baptisant quelques rues ou places " Libertés syndicales ".
Je lance un vibrant appel à vous tous, si vous croyez en notre mouvement ATTAC : celui-ci est très fragile et une forte démobilisation peut nous faire craindre le pire. Resaisissons-nous et prenons nos responsabilités.
Ecrivez nombreux à José, faites-lui suivre vos initiatives, ça aide à garder le cap !
François DUFOUR,
Paysan.
José Bové
Maison d'arrêt
N° d'écrou : 206714
Avenue du Moulin de la Jasse
34750 VILLENEUVE LES MAGUELONNE (france)
Chers Amis,
Nous vous communiquons le numéro de fax de la prison de Villeneuve-les-Maguelonne où est emprisonné José Bové: 04.67.07.80.01, afin d'envoyer de très nombreux fax à la prison, dès maintenant.
Ses amis proches nous ont dit qu'il était très important pour lui, pour son moral, qu'il puisse sentir le soutien de tous les militants et amis qui luttent pour défendre les valeurs partagées, de justice, de solidarité, par notre mouvement.
Adressez des fax, mais aussi des lettres à la prison (en précisant qu'ils lui soient transmis) pour demander:
- sa libération et s'insurger contre cette incarcération injuste.
- ou un droit de visite
-ou qu'on lui transmette le fax exprimant un message de soutien, de sympathie.
Cette action a un double but:
-soutenir José Bové durant cette période douloureuse d'incarcération pour l'aider à garder le moral en recevant de très nombreux témoignages de sympathie, d'attention
- et, exprimer, aux autorités, notre refus d'accepter une incarcération injuste qui frappe l'un d'entre nous. Cette répression est bien l'expression d'une tentative d'intimidation en direction des syndicalistes et militants du mouvement associatif pour une autre mondialisation. Plus les envois de fax et de courriers seront nombreux, plus ils exprimeront la force de notre détermination, de notre mouvement et incarneront les idées que nous défendons.
Bien amicalement,
Régine Tassi (membre du Bureau d'Attac)
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