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La face cachée de l'ADQAnonyme, Samedi, Juillet 6, 2002 - 08:46
Daphnée Dion-Viens
La victoire de l’ADQ aux élections partielles de la mi-juin révèle le mécontentement des Québécois par rapport à la scène politique provinciale et un profond désir de changement. Profitant de ce contexte, l’organisation de Mario Dumont se présente comme le parti des « nouvelles idées » et des « solutions avant-gardistes ». Mais qu’en est-il exactement? Selon un sondage Léger Marketing-Le Devoir publié le 1er juin dernier, « 83 % des Québécois sont incapables de nommer un seul élément du programme de l’ADQ ». En jetant un coup d’œil à la plate-forme adéquiste, plutôt méconnue du grand public, on apprend que voter pour le parti de Mario Dumont ne signifie pas seulement encourager la notion de changement, mais aussi toute une série de mesures néolibérales, encore plus à droite que les politiques proposées par les deux partis « traditionnels » jusqu’à maintenant. Au programme Appuyé par les jeunes ? À cette notion de changement s’ajoute l’idée que l’ADQ représente la génération des 18-35 ans, plutôt laissée de côté par le PQ et le PLQ. Mais Guy Lachapelle remet aussi en question l’appui politique des jeunes envers l’ADQ : « Malgré les apparences, il n’y a pas une majorité de jeunes derrière Dumont. » Jacques Jourdain, politologue à l’UQAM, ajoute : « Les jeunes qui l’appuient sont plutôt corporatistes, avec des valeurs précises qui sont souvent bien différentes des valeurs partagées par une partie de la génération 18-35 ans, pilier du mouvement antimondialisation ». Ève Gauthier, du Comité chômage de Montréal, fait partie de cette génération : « Je ne m’identifie pas à l’ADQ. Mario Dumont joue sur le fait qu’il a 32 ans pour imposer une image de jeunesse à son parti, mais il ne faut pas se laisser berner. Les idées proposées par l’ADQ ne sont pas du tout nouvelles ou innovatrices. » Frédéric Dubois, militant dans la vingtaine au Regroupement des comités logements et des associations de locataires du Québec, abonde dans le même sens : « Je ne me sens pas du tout interpellé par les idées de l’ADQ. Ce sont des vieilles idées défendues depuis longtemps par le Reform Party au Canada anglais. L’ADQ n’est qu’une extension de l’Alliance canadienne au Québec. » Jacques Jourdain affirme que le discours populiste de Mario Dumont s’adresse avant tout à la classe moyenne : « La population en a marre d’entendre parler de la constitution, alors l’ADQ fait tout pour éviter le sujet. Mais est-ce qu’on est au pouvoir pour conforter les gens dans ce qu’ils sont ou pour proposer des pistes de solutions ? La réduction d’impôts, c’est peut-être ce qui préoccupe la classe moyenne, mais ce n’est pas un projet de société et ça ne même nulle part. » Retour en arrière Guy Lachapelle va plus loin en affirmant que les changements radicaux proposés par l’ADQ menacent d’ébranler les fondements même de la société québécoise, ce qui représenterait un véritable recul par rapport à la situation actuelle. « Le programme de Mario Dumont attaque directement l’héritage de la Révolution tranquille en remettant en question le modèle social-démocrate. » Il craint que la mise à l’écart du modèle québécois ne menace la paix sociale et accentuent les inégalités sociales. Reste à voir si l’électorat québécois le suivra jusqu’au bout. Dans l’état actuel, il semble que l’on puisse craindre le pire.
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