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Les portables, mouchards très prisés de la justiceCarl Desjardins, Samedi, Juin 1, 2002 - 12:30
Kengred
Les téléphones portables sont de redoutables "indics", très précieux pour les juges d'instruction et les policiers qui ont désormais systématiquement recours aux opérateurs de téléphonie mobile dans leurs enquêtes PARIS (AFP) - Les téléphones portables sont de redoutables "indics", très précieux pour les juges d'instruction et les policiers qui ont désormais systématiquement recours aux opérateurs de téléphonie mobile dans leurs enquêtes. Dernier exemple en date, l'enquête sur la tentative d'attentat contre le maire de Bastia Emile Zuccarelli, le 24 mars. C'est notamment un portable resté allumé qui a permis aux policiers de progresser: l'un des suspects avait oublié d'éteindre le mouchard en se rendant dans l'immeuble du maire. "Ce moyen d'enquête s'est développé à partir de la vague d'attentats en France de 1995", témoigne le juge d'instruction parisien Jean-Baptiste Parlos. "On s'en sert dans presque toutes les affaires, précise-t-il, qu'il s'agisse d'affaires de stupéfiants, de braquages, d'enlèvements, de séquestrations, puisqu'ils permettent notamment d'établir qu'une personne se trouve dans une zone géographique restreinte à un instant précis". Alors que six Français sur dix possèdent un portable, cet instrument d'investigation est devenu presque incontournable: "L'année dernière, nous avons reçu 130.000 demandes de la police", explique l'opérateur Orange, où un service composé d'une dizaine de personnes doté d'un numéro vert spécial répond aux questions des enquêteurs. Certains magistrats estiment cependant que les opérateurs ne sont pas toujours assez coopératifs, déplorant leurs tarifs et surtout leurs délais. "Le problème, lorsque les opérateurs tardent à répondre, c'est que cela peut allonger très notablement la durée de l'instruction et par conséquent celle de la détention provisoire de certains suspects", explique le juge Parlos. "C'est très loin d'être satisfaisant", s'insurge le juge d'instruction antiterroriste Gilbert Thiel. Il a récemment envoyé un courrier à SFR pour se plaindre des lenteurs prises par une demande, dans le cadre de son instruction sur l'attentat contre un restaurant McDonald's de Quévert (Côtes d'Armor), qui avait fait un mort en avril 2000. Pour sa défense, SFR souligne que certaines demandes sont "particulièrement complexes", notamment lorsqu'il s'agit de données remontant à plusieurs années. Reste que ces précieux mouchards ne peuvent constituer, à eux seuls, l'ossature d'une enquête judiciaire. "Cet instrument, souligne le juge Thiel, ne dispense pas les juges des fondamentaux de l'enquête". En outre, les informations fournies par les opérateurs "peuvent être autant en défaveur qu'en faveur des personnes", souligne une juge d'instruction, puisqu'elles peuvent tendre à prouver que le suspect se trouvait loin du lieu de l'infraction. Certains criminels savent également manier intelligemment les avancées technologiques: bien au fait des méthodes de la police, "ils utilisent leurs portables à rebours, pour se créer un alibi", note le juge Thiel. D'autres, ajoute-t-il, communiquent désormais à l'aide de talkies-walkies, utilisant des fréquences beaucoup plus discrètes. |
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