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Mobilisation européenne contre la précarité globaleCarl Desjardins, Mercredi, Avril 24, 2002 - 16:37
Luciano Muhlbauer
La mobilisation contre l'Europe du capital et de la guerre qui a eu lieu à Barcelone le 16 mars et la manifestation de Rome le 26 mars, malgré leur évidente diversité, soulèvent une série de questions communes concernant le parcours, la visibilité et les contenus de l'initiative du « mouvement des mouvements ». Contributions à la discussion traitant du mouvement après Barcelone et Rome La mobilisation contre l'Europe du capital et de la guerre qui a eu lieu à Barcelone le 16 mars et la manifestation de Rome le 26 mars, malgré leur évidente diversité, soulèvent une série de questions communes concernant le parcours, la visibilité et les contenus de l'initiative du « mouvement des mouvements ». Avant toute chose leur ampleur et leur force. A Barcelone, au moins 300 mille personnes ont envahi la ville, personnes qui provenaient en grande partie de la Catalogne même, tandis qu'à Rome il y avait peut-être deux millions de manifestants. Dans les deux cas nous avons des chiffres qui indiquent une tendance à l'extension et à l'élargissement de la résistance antilibérale, qui confirment le fait que le cycle de luttes sociales amorcé à Seattle, à Porto Alègre et à Gênes est loin de se clore et fait plutôt entrevoir les symptômes d'une inversion potentielle de la tendance générale. Sur le plan des contenus et des catégories sociales représentées, les deux mobilisations apparaissent comme des moments et des lieux de croisement et de jonction entre les conditions traditionnelles dans lesquelles s'effectue le travail salarié et les nouvelles conditions qui ont émergées ; autrement dit entre l'ancien et le nouveau mouvement ouvrier. A Rome, les 200 mille et plus qui formaient le cortège du mouvement des forums sociaux en étaient la preuve vivante, tout comme l'étaient à Barcelone les innombrables slogans contre la précarisation. La conscience semble donc se faire jour qu'il faut repartir de la condition sociale qui apparaît comme typique de la modernité capitaliste, à savoir la précarité du travail, du revenu, de la vie : en un mot de l'avenir. Le troisième élément à souligner est l'impétueuse et salutaire irruption d'un mouvement transnational européen. Reviennent à la mémoire les premières euromanifestations d'Amsterdam, Vilvorde et Cologne. A Nice, il y a un peu plus d'un an, les mouvements sociaux avaient jeté sur le pavé 10 mille personnes contre l'Europe libérale, à Bruxelles/Laeken il y a quatre mois, environ 40 mille et on a aujourd'hui cette manifestation extraordinaire de Barcelone. Une réalité torrentueuse, où s'imposent en même temps la nécessité et la possibilité de construire à la dimension européenne la lutte sociale et politique. Un excellent augure pour le forum social européen de novembre et une occasion à saisir à pleines mains. Nous sommes face à un mouvement international qui confirme sa capacité d'expansion dans le cadre d'un dégel social plus général, ainsi qu'à l'émergence d'un dialogue entre l'ancien et le nouveau mouvement ouvrier et à la possibilité concrète d'un élargissement de la lutte à toute l'Europe. C'est pourquoi nous considérerions comme une erreur de réagir aux signes de reprise de l'initiative de la gauche libérale - politique ou syndicale - par un recul ou une limitation de nos positions : nous pensons au contraire qu'il est nécessaire de poursuivre notre route sans être à la remorque de personne, et de souligner les éléments de rupture véritable avec la crise historique que traverse la gauche modérée par une critique radicale à la logique de la globalisation néolibérale et de la guerre permanente. Dans l'immédiat, cela signifie qu'une application à tous les niveaux de la grève générale du 16 avril devient fondamentale. À cette occasion le mouvement devra avoir ses mots d'ordre, qui mettront en valeur les revendications particulières et les modalités de lutte, du consommateur à l'étudiant, du citadin au paysan, afin de bloquer toute activité, y compris là où les formes traditionnelles de la lutte syndicale ne sauraient arriver et où le désert juridique exige une intervention extérieure. Le mouvement devra contribuer à l'unification des revendications en mettant au centre de sa propre mobilisation la question de l'extension des droits, égaux pour tous et pour toutes, natifs ou migrants, celle de la lutte contre la précarité comprise dans sa dimension globale et celle d'un revenu social pour les chômeurs et les précaires. Sans parler évidemment de la lutte contre la guerre et pour la non-application de la loi raciste Bossi-Fini. De même, on ne saurait négliger l'avènement réel et définitif de l'espace européen comme lieu immédiat de la construction de réseaux de mouvements sociaux, d'actions et de parcours en commun. En ce qui concerne la mobilisation européenne de Séville au mois de juin, le mouvement italien devra prendre garde à ne pas en sous-estimer la portée, comme à Barcelone, afin de saisir cette occasion de pratiquer la dimension européenne et de faire un pas en avant vers un forum social européen qui parvienne à définir les signes distinctifs de l'autre Europe possible. Milan, le 28 mars 2002 -Publié dans le courriel d'ATTAC |
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