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Bilan presse 2001vieuxcmaq, Jeudi, Janvier 3, 2002 - 12:00
(submitted by Omar) Secrétariat international (rsf@rsf.org)
Nette dégradation de la liberté de la presse dans le monde en 2001. De plus en plus de journalistes interpellés, la liberté de la presse recule dans plusieurs pays. Nette dégradation de la liberté de la presse dans le monde en 2001. De plus en plus de journalistes interpellés, la liberté de la presse recule dans plusieurs pays. En 2001 : - 31 journalistes tués; - 489 interpellés; - 716 agressés ou menacés; - 378 médias censurés; - Au 1er janvier 2002, 110 journalistes emprisonnés dans le monde. À titre de comparaison, en 2000 : - 32 journalistes tués; - 329 interpellés; - 510 agressés ou menacés; - 295 médias censurés; SOMMAIRE · Tendances et priorités Page 2 8 Tendances et priorités A l'exception du nombre de journalistes tués qui reste stable, tous les indicateurs (journalistes interpellés, agressés, menacés, médias censurés) sont en forte hausse par rapport à 2000. Le nombre de journalistes interpellés (489 en 2001) a augmenté de près de 50 %, et celui des journalistes agressés ou menacés (716) de plus de 40 %. De plus en plus de journalistes sont emprisonnés dans le monde. Ils sont actuellement 110 derrière des barreaux. Alors que ce nombre n'avait fait que baisser depuis 1995, il a brusquement remonté en 2001. Chaque jour, un nouveau média est censuré dans le monde et près du tiers de la population mondiale vit dans un pays où il n'existe aucune liberté de la presse. Dans de nombreux États (le Bangladesh, l'Érythrée, Haïti, le Népal, le Zimbabwe, etc.), la situation s'est considérablement détériorée, alors que très peu de régimes ont fait des progrès en matière de liberté de la presse. L'impunité qui caractérise la quasi-totalité de ces affaires est inacceptable. Les États et les organisations intergouvernementales doivent concentrer leurs efforts dans ce domaine. Dans le cas contraire, il y a fort à parier que les assassinats et les agressions de journalistes continueront de se multiplier dans les prochaines années. 831 journalistes tués en 2001 Cette année encore, une trentaine de journalistes ont été tués dans le monde pour leurs opinions ou dans l'exercice de leurs fonctions. Quinze d'entre eux ont été assassinés par des groupes armés ou des milices. Dans au moins trois cas, les autorités ont une part de responsabilité. Neuf professionnels de la presse sont morts lors de conflits armés (dont huit en Afghanistan). Par ailleurs, en plus de ces trente et un journalistes, dix collaborateurs des médias (techniciens, personnel administratif, etc.) ont également été tués dans l'année. L'Asie a été le continent le plus meurtrier pour les journalistes en 2001 (14 cas). En Afghanistan, la guerre engagée par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre a été particulièrement néfaste pour la presse. Huit envoyés spéciaux ont été tués alors qu'ils couvraient le conflit. En Chine, Feng Zhaoxia, un journaliste du quotidien Gejie Daobao, a été retrouvé mort, le 15 janvier dans la province du Shaanxi (sud-ouest de Pékin), la gorge tranchée. La police a rapidement conclu à un suicide, malgré les protestations de sa famille, de ses collègues et d'associations de journalistes locaux. Selon eux, il s'agit d'un assassinat lié aux articles publiés par le journaliste. Celui-ci avait récemment dénoncé les connivences entre des groupes mafieux et certains responsables politiques locaux. Sur le continent américain, dix journalistes et dix collaborateurs des médias ont été tués. En Haïti, cette année encore, un journaliste a été assassiné. Le 3 décembre, Brignol Lindor, responsable de l'information de Radio Echo 2000, a été tué à coups de pierres et de machette. Après avoir invité des personnalités de l'opposition à intervenir à l'antenne, il avait été menacé de mort par des responsables locaux du parti au pouvoir. Cet assassinat a sonné comme un véritable coup de semonce pour l'ensemble de la profession, qui se sent menacée. Aux États-Unis, un journaliste et huit techniciens sont morts dans les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center à New York. Un reporter américain a également été victime de la maladie du charbon après avoir reçu une lettre anonyme contaminée. En Colombie, trois journalistes ont été assassinés. Parmi eux, Flavio Bedoya, de l'hebdomadaire Voz, a été tué de quatre balles le 27 avril. Il avait reçu des menaces de mort après avoir publié un article sur des exactions commises par les paramilitaires. Il critiquait "l'incapacité de l'armée et de la police à capturer les criminels". En Europe, le nombre de professionnels de la presse tués pour leurs opinions a également augmenté (7). En Irlande du Nord, un journaliste a été tué pour la première fois depuis le début des années 1960. Martin O'Hagan, reporter de l'hebdomadaire Sunday World, a été assassiné dans la soirée du 28 septembre devant son domicile, près de Belfast. "Les défenseurs de la main rouge", un groupe militaire loyaliste, lui ont reproché d'avoir commis des "crimes contre le peuple loyaliste". Par ailleurs, on recense encore un cas de journaliste assassiné en Ukraine, un au Kosovo et un autre au Pays basque en Espagne. Les deux bonnes nouvelles viennent de l'Afrique et du Moyen-Orient où aucun professionnel des médias n'a trouvé la mort dans le cadre de ses fonctions. Vingt-sept autres cas d'assassinats de journalistes en 2001 dans le monde sont toujours en investigation, mais, au 1er janvier 2002, rien ne permet d'affirmer qu'il existe un lien avec leurs activités professionnelles. 8 L'impunité reste la règle La quasi-totalité des affaires de meurtres et d'assassinats de journalistes n'ont jamais été résolues. Leurs commanditaires sont toujours en liberté et n'ont jamais été inquiétés par la justice de leur pays. Au Burkina Faso, par exemple, plus de trois ans après l'assassinat de Norbert Zongo, directeur de L'Indépendant, le 13 décembre 1998, l'enquête piétine. Le frère du président de la République, François Compaoré, largement impliqué dans cette affaire, a été entendu pour la première fois par un juge d'instruction en janvier 2001, soit plus de deux ans après les faits. En Haïti, la situation n'est guère meilleure. L'enquête concernant l'assassinat de Jean Dominique, directeur de la Radio Haïti Inter, en avril 2000, a failli être étouffée à plusieurs reprises. Le Sénat, contrôlé par Fanmi Lavalas, le parti du président Jean-Bertrand Aristide, multiplie les arguties pour ne pas se prononcer sur la levée de l'immunité parlementaire de Dany Toussaint, principal suspect dans cette affaire. Par ailleurs, malgré leurs aveux, les assassins de Brignol Lindor, proches du parti au pouvoir, n'ont pas encore été arrêtés. Au Sri Lanka, l'assassinat, en octobre 2000, du collaborateur de la BBC, Mylvaganam Nimalarajan, n'a toujours pas été résolu. Personne n'a été arrêté et la police est loin d'avoir engagé les moyens nécessaires pour découvrir la vérité. En Ukraine, l'appareil d'État fait puissamment obstacle à la recherche de la vérité concernant l'assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze, en septembre 2000. Le parquet général et le ministère de l'Intérieur s'opposent à toute enquête sérieuse. En septembre 2001, le Conseil de l'Europe a voté une recommandation appelant "les autorités ukrainiennes à lancer une nouvelle enquête sur la disparition et la mort de Géorgiy Gongadze, et à créer à cette fin une commission d'enquête indépendante", composée notamment d'experts internationaux. 8 Près de cinq cents journalistes arrêtés dans l'année Au 1er janvier 2002, 110 journalistes étaient toujours emprisonnés dans le monde pour leurs opinions ou en raison de leurs activités professionnelles. Un an plus tôt, ils n'étaient "que" 74. Il faut remonter au 1er janvier 1995 pour trouver un chiffre plus important. Près de la moitié (50) sont détenus dans un pays du continent asiatique. Les plus grandes prisons du monde pour les journalistes sont l'Iran (18 détenus), la Birmanie (18), la Chine (12), l'Érythrée (8) et le Népal (7). En Iran, la plupart des journalistes purgent de longues peines de prison. En janvier, quatre d'entre eux ont été condamnés à des peines de trois à huit ans pour avoir "porté atteinte à la sûreté nationale". En revanche, Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel suspendu Iran-é-farda, et lauréat du Prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2001, a été libéré en décembre, après neuf mois de détention. En Birmanie, les autorités ont une attitude criminelle vis-à-vis des journalistes emprisonnés en les privant des soins médicaux que nécessite leur état de santé. Lourdement condamnés pour avoir "diffusé des informations hostiles à l'État" ou pour avoir informé des journalistes étrangers, ils sont détenus dans des conditions inhumaines qui ont des conséquences dramatiques sur leur santé physique et mentale. Myo Myint Nyein, emprisonné depuis septembre 1990, est très affaibli et souffre de troubles psychiques. Le journaliste a été détenu pendant huit mois dans l'une des cages du chenil de la prison d'Insein à Rangoon. En Chine, aux douze journalistes emprisonnés, s'ajoutent vingt-deux cyber dissidents arrêtés pour avoir diffusé des informations jugées "subversives" sur Internet. L'un d'entre eux a été condamné à quatre ans de prison. En tout, 489 professionnels de la presse ont été, à un moment ou à un autre, privés de leur liberté en 2001, souvent sans explication. Au Népal, où l'état d'urgence a été décrété à la fin du mois de novembre, plus d'une cinquantaine de journalistes et de professionnels des médias ont été interpellés par les forces de l'ordre. À Cuba, au Pakistan, en République démocratique du Congo et au Zimbabwe, plus d'une vingtaine de journalistes ont été arrêtés. Souvent, aucune explication n'est fournie et il n'y pas de mandat officiel. La majorité d'entre eux sont libérés rapidement, mais certains passent plusieurs semaines, voire plusieurs mois derrière les barreaux. Dans l'ensemble, leurs conditions de détention sont très mauvaises. Les interrogatoires musclés et les passages à tabac sont fréquents. En Iran, des journalistes ont été soumis à des mauvais traitements dans le but de leur extirper de faux aveux ou de leur faire écrire des lettres de repentir. En République démocratique du Congo, cette année encore, un journaliste a été fouetté par ses geôliers. 8 Plus de sept cents journalistes agressés ou menacés Les agressions contre des professionnels de la presse sont de plus en plus nombreuses. Qu'elles soient le fait des forces de l'ordre, de militants de partis politiques, de groupes armés ou de délinquants, elles ne font quasiment jamais l'objet d'enquêtes sérieuses et poussées. Le sentiment d'impunité des auteurs en sort ainsi grandement renforcé. Dans de nombreux pays, des responsables politiques sont à l'origine de ces actes de violence. Ils s'en prennent directement aux journalistes qui les ont critiqués plutôt que d'engager des procédures judiciaires à leur encontre. Au Bangladesh, plus de 130 journalistes ont été agressés par des militants ou des sympathisants de partis politiques. La plupart du temps, ces attaques ont été le fait de militants du Bangladesh Nationalist Party et du Jamaat-e Islami (deux partis membres de la coalition au pouvoir) ou de la Ligue Awami (au pouvoir jusqu'en juillet). Les journalistes qui dénoncent des affaires de corruption, la violence politique ou l'intolérance religieuse, sont des cibles privilégiées. En Colombie, près d'une trentaine de journalistes ont été agressés ou menacés par les différents groupes armés qui s'affrontent dans le pays. Au Zimbabwe, ce sont les anciens combattants de la guerre de libération qui sont à l'origine de nombreuses attaques contre des reporters de la presse privée. En Ukraine, en Russie et dans les anciennes Républiques soviétiques d'Asie centrale, la violence est toujours présente, et de nombreuses agressions sont recensées. Dans les territoires occupés par Israël, huit journalistes ont été blessés par balles. Après investigation, Reporters sans frontières a mis en cause la responsabilité de l'armée israélienne dans la plupart des cas. Au terme d'enquêtes superficielles, les autorités ont affirmé qu'elle n'avaient aucune responsabilité dans ces tirs. Contraindre les journalistes à l'exil est une autre forme de menace employée par certains gouvernements. Ainsi, à Cuba, en Haïti et en Éthiopie, de nombreux journalistes ont fui leur pays par peur des représailles. En Colombie et en Somalie, les journalistes fuient la violence des groupes armés. 8 Chaque jour, un nouveau média censuré En 2001, 378 médias ont été censurés dans le monde. En Turquie, plus d'une centaine de chaînes de télévision, de stations de radio et d'organes de presse écrite ont été suspendus provisoirement par le RTÜK, l'organe gouvernemental de surveillance de l'audiovisuel, ou par les différentes cours de sûreté de l'État. La plupart du temps, ces médias sont accusés "d'inciter à la violence" ou "d'atteinte à la sûreté de l'État" après avoir critiqué le régime ou fait état des préoccupations de certains mouvements d'extrême gauche. En Érythrée, au mois de septembre, le gouvernement a ordonné la suspension de tous les médias privés, faisant ainsi de son pays l'un des rares endroits du monde sans presse privée. Le même jour, au moins huit journalistes ont été interpellés et conduits dans un commissariat de la capitale. D'autres ont disparu ou fui le pays. Le directeur de la télévision publique a expliqué à l'antenne que "les médias privés mettaient en péril l'unité du pays". Au Maroc, pas moins de neuf journaux - dont sept étrangers - ont été censurés pour avoir traité de sujets comme le Sahara occidental et la corruption, ou pour avoir critiqué le roi. Les médias espagnols et français sont particulièrement surveillés par les autorités marocaines. En Tunisie, il n'existe pas de censure à proprement parler pour la simple raison qu'il n'y a pas de presse indépendante. En revanche, les rares journalistes qui essaient de diffuser des informations sur Internet ou de travailler pour des médias internationaux sont harcelés. Leurs lignes de téléphone sont régulièrement bloquées et leurs conversations écoutées et parfois même coupées. L'accès à Internet est également étroitement contrôlé. 8 La presse étrangère sous haute surveillance Les correspondants de la presse étrangère sont dans le collimateur de nombreux chefs d'État ou de gouvernement à travers le monde. Au Zimbabwe, trois d'entre eux ont été expulsés du pays. Le gouvernement tente, par tous les moyens, de faire adopter un projet de loi obligeant les médias internationaux à employer uniquement des journalistes de nationalité zimbabwéenne. A Cuba, le correspondant de l'agence Reuters a été contraint de quitter l'île à la suite d'attaques dans la presse locale. Au Liberia, le gouvernement se plaint sans cesse de la "propagande massive négative" véhiculée, selon lui, par certains médias étrangers à l'encontre du président Charles Taylor. En Chine, les correspondants étrangers basés dans le pays doivent obtenir une autorisation du ministère des Affaires étrangères chaque fois qu'ils désirent réaliser un reportage. Par ailleurs, les journalistes ne peuvent toujours pas se rendre dans certains pays sans une surveillance constante. C'est notamment le cas en Arabie Saoudite, en Birmanie, en Corée du Nord ou au Viêt-nam. Ils rencontrent également d'énormes difficultés pour obtenir des visas afin de travailler en Algérie, en Libye ou en Irak. Au Pakistan, les autorités ont refusé des visas aux journalistes indiens ou d'origine indienne qui souhaitaient couvrir le conflit afghan. Deux envoyés spéciaux de quotidiens américains ont été expulsés du pays pour cette raison. 8 Les conséquences du "11 septembre" pour la liberté de la presse En plus du lourd tribut payé par les envoyés spéciaux morts sur le terrain, les attentats de New York et Washington du 11 septembre 2001 et l'opération militaire engagée en Afghanistan ont eu des conséquences importantes pour la liberté de la presse dans le monde. Plusieurs textes de loi adoptés pour lutter contre le terrorisme sont particulièrement inquiétants et fragilisent le principe fondamental de la libre circulation de l'information. Au Canada et aux États-Unis, certaines mesures remettent en cause le secret des sources et renforcent la surveillance d'Internet. Les gouvernements américain et britannique ont rappelé à l'ordre les médias de leur pays. Ce contrôle a parfois pris une tournure plus répressive. Au Kazakhstan, par exemple, des troupes armées du ministère de l'Intérieur ont investi, en novembre, le bâtiment de la chaîne de télévision privée KTK, interrompant temporairement ses retransmissions. Les autorités ont expliqué que dans le cadre du conflit en Afghanistan "toutes les installations stratégiques de la République doivent être surveillées par le ministère de l'Intérieur".
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