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La loi C-36 : le retour de l’idéologie de la sécurité nationale

vieuxcmaq, Mardi, Décembre 11, 2001 - 12:00

Richard Fecteau (rfecto@hotmail.com)

La doctrine de la sécurité nationale qui justifie et même intitule la loi C-36 n'a rien de nouveau : c'est celle qui a servi de prétexte pour l'installation de la plupart des dictatures par Washington lors des cinquantes derrières années.

L'ennemi change, mais le discours demeure...

Depuis peu, le Canada s’est doté de toute une législation qui vise, semble-t-il a lutter contre le terrorisme. Les réactions de dénonciations furent nombreuses contre la loi C-36; la plupart d’entre elles adoptent toutefois une perspective erronée, car elles oublient les racines historiques de cette « loi sur la sécurité nationale ». Très clairement, cette loi confirme le retour d’une idéologie, celle de la sécurité nationale, qui a connu de beaux jours lors de la guerre froide.

D’où vient l’expression sécurité nationale ? Rappelons que cette doctrine a des origines américaines, comme si l’on pouvait encore se permettre d’en être surpris. Suite à la Deuxième guerre mondiale, Washington a mis en œuvre une stratégie mondiale pour lutter contre le communisme, cette plaie qui menaçait le maintient de l’ordre établi à l’intérieur des frontières états-uniennes, mais aussi à travers tous les pays où les investissements américains étaient en danger.

Depuis lors, la série de dictatures installées par Washington ont toutes repris ce discours. Que ce soit au Guatemala (1954), au Brésil (1964), en République Dominicaine (1965), au Chili (1973) ou à Grenade (1983), la rhétorique est partout la même : les ennemis se trouvent à l’intérieur des frontières. La création de toute pièces de ces têtes de turcs a partout justifié le même recours à un appareil répressif et la suspension des libertés civiles.

Plus récemment, la vague de manifestations monstres contre des sommets monstrueux a donné un prétexte en or à presque tous les gouvernements d’Occident pour y aller de la méthode du gros bâton. Le contenu de la loi C-36 vient ainsi légaliser toute une série de pratiques largement répandues, les pseudo bavures policières : arrestations massives, périmètres de sécurité, écoute électronique, blocage des frontières sont désormais justifiées par la doctrine de la sécurité nationale.

Le nouvel ennemi : les anti-mondialisation et/ou les terroristes. Ici, dans une réplique du monde décrit par George Orwell dans 1984, les termes sont interchangeables, la guerre des mots est l’ingrédient premier de la propagande officielle relayée par des médias collaborateurs en manque de cotes d’écoutes.

La lutte contre la loi C-36 sera dure et longue ; la ministre de la justice l’a d’ailleurs déclaré fièrement, cette loi est pour rester. Les militants de la base devront faire un travail de fourmis pour gruger les bases de cette législation répressive et enlever toute légitimité à cette loi purement américaine. Ne soyons pas dupes, même tous les Pinochet du monde n’ont pas écrit de loi plus dure que cela, mais j’imagine que Jean Chrétien n’en exige pas moins pour le plus beau pays du monde…



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