La bataille pour la démocratie qui s'exprime par la demande de renouveau démocratique fait rage au Canada et partout dans le monde

Publication: LML QUOTIDIEN VOL. 31 NO. 218
DATE: 12/7/2001

Titre: La bataille pour la démocratie

Cela fait quelque temps déjà que la bataille pour la démocratie,
qui s'exprime par la demande de renouveau démocratique, fait rage
au Canada et partout dans le monde. Aujourd'hui nous assistons à
la dégénérescence rapide et dans tous les sens de la crise du
système capitaliste- impérialiste et de sa forme anachronique de
pouvoir démocratique. Avec la «guerre au terrorisme» des
États-Unis, la classe dominante met en place de nouveaux
arrangements pour s'assurer que la crise ne se dénoue pas en
faveur de la classe ouvrière. Le gouvernement du Canada prétend
que les nouvelles lois qu'il adopte sont pour combattre le
terrorisme, mais elles lui donnent, en tant que gouvernement de
la classe dominante, des pouvoirs encore plus despotiques et
accordent l'impunité à ses ministres et à ses forces de l'ordre,
ce qui constitue une forme de terreur d'État. Le premier ministre
Jean Chrétien et la ministre de la Justice Anne McLellan ne
cessent de répéter que ce ne sont pas des mesures d'urgence mais
des pouvoirs permanents à l'abri de la Charte des droits et
libertés. Ils prétendent en effet que ces nouvelles lois ne
foulent pas aux pieds les droits des Canadiens et des
Canadiennes. Ils disent qu'avant le 11 septembre, la conception
des droits au Canada penchait trop du côté de l'individu et pas
assez du côté du collectif. Maintenant ils donnent préséance à la
«sécurité collective» afin de réaliser «le juste milieu».
La classe ouvrière et toutes les personnes éprises de
justice se voient ainsi offrir une importante occasion de prendre
position à propos des nouveaux arrangements. Il faut tirer les
conclusions qui s'imposent pour armer la classe ouvrière et le
peuple, les jeunes et tous ceux et celles qui s'avancent pour
mener la bataille pour la démocratie d'une vision qui les serve.
Les arrangements qui sont présentement mis en place changent
radicalement la conception des droits qui a existé au Canada
depuis la Deuxième Guerre mondiale, codifiée dans la Charte
canadienne des droits et libertés. C'est une conception qui dit
que les droits ne sont pas des droits mais des privilèges qui
sont accordés moyennant des «limites raisonnables». Maintenant ce
sont des privilèges qui sont retirés moyennant des «limites
raisonnables». Le principe de base demeure que les droits au
Canada ne sont pas garantis, ce sont des privilèges que le
Cabinet accorde ou enlève.

Ce qu'il faut voir c'est que, à l'heure où le monde est en
train de se redéfinir et qu'il exige le renouveau de la
conception des droits, passant par une modernisation de la
constitution et du processus électoral, le gouvernement choisit
plutôt d'instituer des réformes à caractère extrêmement
régressif, s'accordant des pouvoirs encore plus despotiques et
établissant un processus qui est un retour à l'époque de la
Chambre étoilée. Il remet en cause la notion même de l'État de
droit.

Répondant à une question qui lui avait été posée concernant
la nature de la lutte de la classe ouvrière aujourd'hui pour le
renouveau démocratique, le camarade Hardial Bains avait expliqué
«La définition du contenu et de la forme de la démocratie
est un des problèmes les plus importants de notre époque. La
démocratie est un trait caractéristique de la société divisée en
classes. Les deux grandes classes de notre époque, la bourgeoisie
et la classe ouvrière, affirment chacune offrir la meilleure
démocratie. La lutte pour la démocratie n'a jamais cessé. Une des
raisons en est qu'à mesure que la crise qui accompagne le système
capitaliste s'étend à d'autres domaines, la bourgeoisie se voit
forcée de recourir au fascisme pour s'assurer qu'elle ne se
résolue pas en faveur de la classe ouvrière. Elle voit sa perte
dans la résolution révolutionnaire de la crise. C'est pourquoi
elle recule et cherche à imposer aux peuples du monde un pouvoir
régressif, réactionnaire et médiéval. Dans les années trente,
cela a poussé la classe ouvrière à unir le monde entier dans la
lutte contre le fascisme. S'ouvrit l'époque de la lutte
antifasciste contre l'impérialisme. Durant cette période de
guerre antifasciste la démocratie a progressé partout dans le
monde et les efforts pour instaurer le fascisme furent contrés,
bien qu'après la Seconde Guerre mondiale les États-Unis
continuèrent de maintenir le fascisme pour contrer la
«catastrophe» de la révolution.

«L'Union soviétique, qui s'était fait championne de la cause
de la démocratie, devint par la suite une rivale des États-Unis
dans la lutte pour la domination mondiale. Cela eut pour effet
d'exercer une énorme pression pour dissuader la classe ouvrière
et les forces progressistes de chercher à résoudre la crise en
leur faveur. L'Union soviétique se joignit aux États-Unis pour
monopoliser les affaires du monde entier. Les dépenses massives
pour l'armement et l'appareil militaire, la militarisation de
l'économie et les interventions à l'étranger la conduisirent
finalement à la faillite idéologique. Il est apparu en Union
soviétique une demande de renouveau démocratique et Mikhaïl
Gorbatchev l'exploita pour transformer son pays en un État
carrément capitaliste et impérialiste. Le fait que Gorbatchev ait
réussi à exploiter le mécontentement des masses pour le retourner
contre elles-mêmes ne signifie pas que la demande de renouveau
démocratique en Union soviétique était erronée ou contraire au
socialisme. Entre-temps la crise économique a fait son apparition
dans tous les pays capitalistes de même dans les nouveaux États
indépendants et la demande de renouveau démocratique a pris une
dimension universelle, mettant fin à la période qui avait
commencé par les victoires sur le fascisme. Une période de
renouveau démocratique, de combat et de lutte acharnée sur la
question de la démocratie et du bien-être des masses, s'est
ouverte.

«Le tournant historique de 1985-1991 est du passé et le
monde s'affaire maintenant à renouveler la société dans cette
période nouvelle. Le renouveau favorisera-t-il la classe ouvrière
ou la bourgeoisie? Voilà où se mène la bataille, encore une fois.
Le renouveau démocratique commence nécessairement par le
processus politique et comprend aussi le renouveau des rapports
entre les nations. En plus du domaine politique, il touche aux
problèmes économiques et sociaux ainsi qu'aux problèmes de
l'environnement. Il exige le progrès et la mise à contribution de
tout ce qu'il y a de plus démocratique dans une forme qui
corresponde aux conditions actuelles, débarrassée des entraves du
passé, et suivant le principe que le peuple doit se gouverner
lui-même. Un renouveau démocratique qui chercherait à conserver
les vieux préjugés politiques du passé mènerait à une aggravation
des contradictions plutôt qu'à leur résolution. Le conservatisme,
à l'est comme à l'ouest, qui se manifeste par la nostalgie du
passé, la glorification de l'Union soviétique qui a sombré dans
le déshonneur, ou du capitalisme qui n'avance qu'en répandant la
destruction et la mort, est devenu le partenaire du radicalisme.
Les radicaux détestent le présent tout autant que les
conservateurs parce qu'il a rejeté leur contenu et rejette
également leur forme, les phrases qui dans les conditions
d'aujourd'hui sont pitoyables et totalement dépassées. Le
renouveau démocratique fait apparaître de nouvelles formes et la
nouvelle période commence à s'implanter.»

La tâche cruciale de la classe ouvrière canadienne et de son
parti d'avant-garde, le PCC(M-L), est de mener cette bataille
pour la démocratie de manière pratique, en tenant compte du
contexte actuel, pour s'assurer que la crise se dénoue en faveur
de la classe ouvrière. Pour aider les lecteurs à tirer les
conclusions qui s'imposent des développements actuels, Le
Marxiste-Léniniste a rapporté les événements en les accompagnant
de matériel de référence qui donne un aperçu des discussions qui
ont lieu et d'opinions qui aident à comprendre leur
signification. Nous avons décidé de consacrer les prochaines
semaines à des articles tirés de différentes sources qui
contribuent à la revue des événements. Le Bureau national du
PCC(M-L) nous informe également que le 29 décembre à Montréal la
première secrétaire du Comité central et dirigeante nationale du
Parti, la camarade Sandra L. Smith, présentera un bilan général
des développements et discutera du programme du Parti durant la
nouvelle année en réponse à ces développements. Tous ceux et
celles qui désirent assister à cette conférence sont priés de
communiquer avec le Bureau national pour recevoir une invitation.
Lundi, Le Marxiste-Léniniste affichera un important texte du
juge Ajit Singh Bains intitulé Le terrorisme d'État et les droits
de l'homme. Le juge Bains l'a rédigé en prison où il avait été
jeté aux termes de loi «anti-terroriste» du gouvernement de
l'Inde, la Terrorism and Disruptive Activities (Prevention) Act(TADA). Ils prétendent une défense honorable de la primauté du droit
dans laquelle il clarifie plusieurs questions relatives à la
définition de l'acte de terreur individuel et de terreur d'État,
du crime et du châtiment, du rôle du procureur, du juge et du
jury et du rôle de l'État et du gouvernement. Il montre les
dangers auxquels s'expose la société lorsque les gouvernements et
les forces de l'ordre s'accordent l'impunité. Le fait qu'un juge
à la retraite de la Cour supérieure du Pendjab et de l'Haryana
puisse être enlevé au nom de la «prévention du terrorisme» montre
le danger que représentent ces lois qu'on est en train d'adopter
au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans différents
pays d'Europe.

La semaine suivante nous afficherons une série de
définitions du terrorisme, de la violence, de la force et
d'autres mots pour bien montrer que les mots ont un sens. Les
lecteurs pourront voir comment les élites dominantes manipulent
le sens des mots pour justifier la criminalisation de la
dissidence, du comportement, de l'intention et de la conscience.

Mardi nous affichons l'essai du camarade Hardial Bains
L'État des droits de l'homme dans l'après-guerre froide: un
examen théorique et politique. Il aide à comprendre la
signification du droit de conscience et la nécessité de son
affirmation. Ensuite nous afficherons le discours de Lénine à
l'Université Sverdlov en juillet 1919 intitulé De l'État. Nous
considérons que ce texte de Lénine ainsi que son livre L'État et
la révolution, qui a pour sous-titre «La doctrine marxiste de
l'État et les tâches du prolétariat dans la révolution», sont
deux textes importants à revoir en ce moment, en particulier pour
les jeunes qui s'avancent pour faire leur contribution à la
bataille pour la démocratie.

D'autres textes seront affichés durant la semaine, comme les
recommandations du directeur général des élections, Jean-Pierre
Kingsley, concernant des modifications à la Loi électorale du
Canada et la décision de l'arbitre en matière de radiodiffusion,
Peter S. Grant, sur la répartition du temps d'émission devant
être mis à la disposition des partis politiques enregistrés lors
de la prochaine élection fédérale.

Puis le 17 décembre nous poursuivrons avec des rapports et
commentaires sur le budget fédéral et les derniers développements
concernant les lois anti-terroristes débattues au parlement.