Beaucoup de concessions pour un accord à l'arraché. En attendant l'analyse de la déclaration finale, on peut déjà évoquer certains changements, certaines défaites, notamment du côté de l'Union Européenne (UE), qui n'a rien obtenu sur le volet social de la mondialisation.

Beaucoup de concessions pour un accord à l'arraché

En attendant l'analyse de la déclaration finale, on peut déjà évoquer certains changements, certaines défaites, notamment du côté de l'Union Européenne (UE), qui n'a rien obtenu sur le volet social de la mondialisation. Point mort. Les Quinze de l'UE tenaient à ce que la question des normes sociales fondamentales (liberté d'association, interdiction du travail des enfants et du travail forcé, non-discrimination) soit débattue au sein d'un forum permanent entre l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'OMC, mais ils se sont heurtés au refus catégorique des pays en développement.

Éco-étiquetage et examen du principe de précaution à la poubelle

Du côté de l'environnement, l'UE a réussi à obtenir le lancement de négociations sur ce sujet extrêmement controversé (!), malgré l'accusation de "protectionnisme vert" que portent les pays en développement à son attention. Mais l'UE a dû faire plusieurs concessions pour n'obtenir ce qui n’est en fait qu’une garantie de négociations futures et mettre à la poubelle l'éco-étiquetage ainsi que l’examen du principe de précaution (qui permet aux États de refuser l’importation de produits aux effets présumés nocifs). Les différends qui opposent l’environnement au commerce seront encore réglés au sein de l’OMC, dont la finalité est de favoriser le commerce. De plus, les membres de l’OMC qui ne sont pas signataires de traités environnementaux (comme les Etats-Unis pour Kyoto et la biosécurité) mettent leurs intérêts à l’abri. L’issue des futures négociations sur l’environnement ne les concernera pas.

Quelques points à retenir

Les objectifs de Doha étaient clairs : effacer l’échec de Seattle, renforcer le système multilatéral , rassurer les marchés et les opérateurs économiques.

Les dossiers prioritaires sont le textile pour les Etats-Unis, l’agriculture pour les Européens, les médicaments et l’ouverture des marchés du Nord pour les pays en développement. Le "succès" de la conférence, c’est un accord sur l’accès aux médicaments à bon marché pour les pays en développement.

Pour le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, "c’est une percée remarquable, et le président Bush se félicite de cet accord". Selon lui, cet accord permettrait "potentiellement d’accroître la prospérité à travers le monde".
Pour le premier ministre belge, Guy Verhofstadt, l’accord de Doha est un "agenda étendu, équilibré et global". Et pour Tony Blair, le premier ministre britanique, "les pays du monde, riches ou pauvres, ont aplani leurs différences pour lancer un cycle commercial qui nous rendra tous prospère".