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La construction d'une centrale thermique au Québec est une aberration

vieuxcmaq, Vendredi, Octobre 19, 2001 - 11:00

Xavier Daxhelet (xdaxhelet@opt-fibres.phys.polymtl.ca)

En dépit de tout bon sens et pour des raisons purement logistiques, Hydro-Québec annonce la construction d'une centrale thermique au gaz naturel. Après l'annonce de près d'une quarantaine de projets de mini-centrales hydrauliques privées sur des rivières, en détruisant ainsi définitivement une partie du patrimoine québécois, voila qu'Hydro-Québec veut construire une centrale thermique non-rentable que les américains peuvent construire par ailleurs chez eux de façon tout-à-fait rentable. Où est la logique dans cette décision ?

03/10/201

En dépit de tout bon sens et pour des raisons purement logistiques, Hydro-Québec annonce la construction d'une centrale thermique au gaz naturel. Après l'annonce de près d'une quarantaine de projets de mini-centrales hydrauliques privées sur des rivières, en détruisant ainsi définitivement une partie du patrimoine québécois, voila qu'Hydro-Québec veut construire une centrale thermique non-rentable que les américains peuvent construire par ailleurs chez eux de façon tout-à-fait rentable. Où est la logique dans cette décision ? D'ailleurs quelle est la logique de faire chauffer de l'eau en brûlant du gaz pour faire de l'électricité qui servira à chauffer nos maisons. Autant chauffer nos maisons au gaz. C'est une question de bon sens qui ne semble pas effleurer pas avoir nos gouvernants.

Depuis le développement des centrales hydroélectriques jusqu'au début des années 90, les émissions des gaz à effet de serre du Québec ont diminué. Mais depuis, ils ont augmenté à nouveau de 8% dépassant le niveau de 1990. Et même si les émissions de CO2 par habitant au Québec sont déjà inférieures à celles des autres provinces canadiennes, nous avons encore du chemin à parcourir pour rattraper les Européens.

Cette décision va à l'encontre de l'esprit de l'entente de Kyoto et cela même si le Québec arrêtait de couper ses arbres. Elle va à l'encontre du discours de développement durable du gouvernement. Elle va même à l'encontre de ce que prêche la société d'état. Ainsi selon les données d'études environnementales d'Hydro-Québec, une centrale thermique au gaz naturel émet 34 fois plus de gaz à effet de serre qu'une centrale hydraulique avec réservoir et plus de 57 fois plus qu'une centrale éolienne de même capacité. Bien qu'une centrale thermique au gaz naturel émette beaucoup moins de SO2 et de NO2 qu'une centrale thermique au charbon, cette première émet quant même 55 fois plus de SO2 qu'un centre hydraulique et près de 6 fois plus qu'une centrale éolienne.

D'un point de vue économique, encore selon les données d'Hydro-Québec, une centrale éolienne rapporterait près de trois fois plus qu'une centrale thermique au gaz naturel. Si on prend l'exemple du parc éolien de Le Nordais à Cap-Chat et à Matane, les 133 éoliennes produisent ensemble 100 MW et le coût de construction a été de 160 millions de dollars créant 250 emplois. En 1998, la Régie de l'Énergie recommandait en 1998 de construire un parc éolien de 450 MW à 1500 MW sur 9 ans, ce qui aurait entraîné des investissements de 500 millions à 1 milliard de dollars et aurait créé de 500 à 1500 emplois. Malgré cela, le gouvernement s'est contenté d'un seul projet de 100 MW.

Par cette annonce, le Parti Vert du Québec accuse non seulement Hydro-Québec et le gouvernement de ne penser qu'à court terme et de n'avoir aucune vision d'avenir mais également de mentir à la population sur la pertinence de cette politique énergétique et sur les impacts environnementaux à long terme. Il est indéniable que le marché des énergies dites vertes prendra de plus en plus d'importance dans l'avenir. Et pour être concurrentiel dans ce marché, il faut investir dés maintenant. Non seulement le gouvernement manque le coche en négligeant cette filière d'avenir qu'est celle de l'énergie éolienne, mais il ne considère aucunement le fait que la société québécoise est grande consommatrice d'énergie par rapport à son PIB. En effet, le Québec consomme 23% de plus d'énergie par habitant que la Norvège et 46% de plus que la Suède. En terme de production, c'est encore pire : chaque millier de dollars produit au Québec consomme 2,6 fois plus d'énergie qu'en Suède en en Norvège pourtant des pays ayant des climats comparables au notre. Serons-nous encore longtemps des champions de l'inefficacité énergétique? Et est-ce que Mr Landry croit que notre consommation d'énergie va croire infiniment comme sa vision de la croissance économique ?

L'argument souvent donné par les intervenants politiques contre l'éolien est sa dépendance aux vents et ne peut donc pas être utilisé comme source stable d'énergie. Mais le Québec ne produit que 0,3% de sont énergie de façon éolienne et pourrait facilement multiplier par dix sa production énergétique éolienne sans aucunement augmenter l'instabilité de l'offre. Des techniques de stockage mécanique d'énergie existent dont celle de laisser remplir les réservoirs hydrauliques lorsque l'énergie éolienne est produite en surplus (la nuit par exemple). Les deux raisons récemment invoquées par le ministère des ressources naturelles pour ne pas investir dans l'énergie éolienne sont : " Il n'y a pas beaucoup de pressions pour développer l'éolien au Québec, contrairement à la petite hydraulique " et " qu'il y a plein de gens prêts à investir dans des centrales hydroélectriques privées et qui disent qu'il faut ouvrir certaines rivières". Avec de tels arguments, la capacité de ce gouvernement à définir un projet de société peut être sérieusement mise en doute. Les politiques de ce gouvernement qui se dit pourtant souverainiste semblent s'ajuster de plus en plus à celles de nos voisins du sud pour qui les changements climatiques ne sont pas une préoccupation réelle.

Xavier Daxhelet
Conseiller
Parti Vert du Québec
www.partivertquebec.org

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