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Communiqué: New-York- Kaboul- Durban - Kyoto

vieuxcmaq, Vendredi, Octobre 19, 2001 - 11:00

Daniel Breton (daniel.breton@sympatico.ca)

11 septembre 2001, jour de l'attaque terroriste aux États-Unis.
12 septembre 2001, jour de la naissance du peuple afghan dans l'imaginaire collectif occidental via les médias, peuple qui, la veille, n'existait pas pour la très grande majorité des Occidentaux.

15/10/2001

New-york
11 septembre 2001, jour de l'attaque terroriste aux États-Unis.
12 septembre 2001, jour de la naissance du peuple afghan dans l'imaginaire collectif occidental via les médias, peuple qui, la veille, n'existait pas pour la très grande majorité des Occidentaux.

Pourtant, depuis quelques années, nombres d'organismes humanitaires essaient de mobiliser l'opinion mondiale face à cette catastrophe : des milliers des gens meurent de faim, les femmes sont ostracisées de manière presque incroyable, toute dissidence est passible de peine de mort. Tout cela est accueilli avec un silence coupable. C'est loin, who cares? De toute façon, ces gens là... Cela vous dit-il quelque chose ?

La réalité est que n'eut été ces attentats, on en serait toujours là. Est-ce à dire qu'à quelque chose, malheur est bon? D'un côté, des milliers de morts, une angoisse croissante, une insécurité économique et stratégique de plus en plus grande. De l'autre, un rapprochement, un sentiment de proximité que seuls les événements terribles nous apportent. De nos jours, l'impression (nous avons bien dit : impression) d'autonomie et d'indépendance face aux problèmes de l'autre moitié de la planète, nous fait oublier notre interdépendance et notre fragilité. Une chose est sûre : nous avons maintenant une opportunité en or d'en tirer des leçons valables. Sinon tout ceci ne constituera qu’un absurde bain de sang de plus.

Le terrorisme a atteint un niveau sans précédent. Depuis quarante ans, des attaques ont été perpétrées partout à travers le monde. Qui ne se souvient des jeux olympiques de Munich en 1972? Des nombreux détournements d'avions des années 60 et 70? Des bombes à Paris dans les années 80 et 90? La liste est longue. Mais aujourd'hui nous franchissons une nouvelle étape, d'une violence sans précédent.

Au cours des mois et des années à venir, nous devrons collectivement faire des choix. Nous parlons ici de choix politiques, économiques et même philosophiques

Choix politique, nous aurons la responsabilité de faire comprendre à ceux qui nous représentent ce que nous considérerons comme acceptable de leur part. Les autorités
américaines ont été claires, ce sera une longue campagne. Nous qui sommes habitués à voir nos soldats partir pour une quelconque mission de paix, changerons-nous notre fusil d'épaule le jour où nous les verrons revenir les pieds devant? Car c'est désormais une éventualité à laquelel nous devons songer.

Choix économique; le gouvernement canadien affirme que nous sommes prêts à faire des concessions afin de préserver notre sécurité. Est-ce vraiment le cas ? Et si oui, de quelles concessions parle-t-il? Des concessions sur nos libertés individuelles? Des concessions sur notre confort à certains endroit sensibles? De concessions financières jusifiées par des mesures militaires? Mais sont-ce là les bonnes concessions?

Choix philosophique; nous croyons qu'il est maintenant plus que temps de réfléchir aux implications profondes de tous ces gestes, autant quotidiens que symboliques que nous allons poser prochainement afin de nous assurer de leur pertinence

Dernièrement, il est un argument que les terroristes islamistes ont martelé à répétition. Selon eux, le peuple musulman est menacé par les Occidentaux en général et les États-Uniens en particulier car nous les haïrions et voudrions leur destruction. Et c'est pourquoi, toujours selon eux, il faut débarrasser la région de tous ces infidèles qui souillent la terre sacrée de l'Islam.

Kaboul
Quiconque vit en Amérique du Nord sait pertinemment que la très grande majorité des Occidentaux n'a rien contre les Musulmans. En fait, la réalité est plutôt qu'il y a un mois encore, les populations en général les ignoraient complétement! Ils nous étaient indifférents! Alors, pourquoi cette haine? Est-ce que les peuple américain mérite vraiment d'être la victime d'une telle rancoeur?

La réponse est non. Car bien avant que les États-Uniens débarquent en sol musulman, les Anglais, les Français, entre autres et nombres d'Arabes de la région se sont disputés les richesses, laissant les peuples dans une situation périlleuse. Le racisme et le sexisme sont partie prenante, autant de la vie du Moyen-Orient que des des politiques coloniales depuis des lustres. Racisme et sexisme dans des traditions locales, le plus souvent en contradiction avec les enseignements coraniques; racisme et sexisme de la part des Occidentaux à leur égard.

L'ignorance et la tyrannie font un travail dévastateur dans une partie du monde musulman et font en sorte que, plutôt que de se responsabiliser collectivement et d'avoir le courage de se regarder en face, les extrémistes blâment les Occidentaux pour tous leur malheurs. La réflexion individuelle et critique que demande une remise en question est découragée, ostracisée même. Un exemple criant est la façon dont les femmes qui ont le courage ( si on veut parler de héros ! ) de s'exprimer pour faire valoir leurs droits sont traitées dans des pays comme le Pakistan, l'Afghanistan, l'Arabie Saoudite, l'Algérie, etc. La tradition sexiste de nombres de ces pays, ajoutée à la rhétorique extrémiste de certains religieux rend leur lutte excessivement difficile car ces femmes mettent r.ellement leur vie en danger. Un réel paradoxe se présente à elles dans le fait de trouver de l'espoir dans la foi et tant de répression dans la pratique zélée de cette même foi.

Mais il y a aussi une tyrannie de la majorité, moindre mais néanmoins réel, du côté occidental. À caractèere maétrialiste plutôt que religieux, spécialement aux États-Unis. Comme les islamistes extrémistes qui n'ont pas le courage de se regarder en face, les États-Uniens ne remettent même pas en question leur rôle colonialiste dans la situation présente. Le gouvernement des États-Unis, qui prétend défendre la démocratie et les droits de l'homme, soutient des tyrans depuis des générations, et a délogé des chefs élus démocratiquement, mais JAMAIS dans des pays blancs, les Latinos n'étant pas blancs pour eux.

Ce même gouvernement qui prétend défendre la liberté d'expression, musèle sa presse, quand elle ne se musèle pas elle-même. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur le réseau de relations publiques du gouvernement, mieux connu sous le nom de C.N.N, pour réaliser à quel point une réflexion critique individuelle n'a pas non plus sa place chez l'oncle Sam. Bien sûr, on laisse les gens exprimer leur dissidence, mais on le fait à condition que le message reste marginalisé. Parlez-en à Bill Maher, de Pollitically Incorrect.

Oui, nous croyons qu'il est préférable de vivre dans une Amérique du Nord moderne qu'en Afghanistan. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien à signaler. Lorsque les gouvernements des États-Unis et du Canada parlent du geste patriotique de dépenser, afin de préserver « our way of life », ils admettent que nos grands principes ne sont en fait que des diversions idéologiques pour camoufler le fait que ces patries sont devenus des marchés, et que c'est en fait le matérialisme, bien plus que la démocratie que nous devons préserver. Par qui est vraiment menacée la démocratie ?

Durban
Pourquoi y-a-t-il une telle implication de pays comme la France, la Grande Bretagne, les États-Unis dans des conflits au Moyen-Orient? Quel est le lien entre le Congo de Lumumba, la guerre au Liban, la guerre du Koweit, l'Afghanistan, l'Iran du Shah, le Pacte du Quincy, etc? Toutes ces interventions politiques, économiques et militaire à saveur colonialiste ont un lien. Ce lien est celui d'une certaine économie, celle du PÉTROLE. Oui, nous sommes accros au pétrole!

Sinon, comment expliquer que nous soyons prêts à vendre notre âme, à trahir nos principes, à créer et à faire affaire avec des tyrans, des meurtriers et des terroristes si ce n'est qu'afin de pouvoir garder la main-mise sur le pétrole. Sans cette dépendance au pétrole que des corporations et des gouvernements encouragent; sans ces symboles sociaux que sont devenus nos autos, nos bateaux et autres bébelles diverses, nous ne serions probablement pas coincés dans cette impasse.

Mentionnons seulement la mode ridicule des S.U.V. dont la raison d'être n'a rien à voir avec des besoins spécifiques de déplacement et tout à voir avec notre dépendance au statut social qu'ils représentent, au besoin de reconnaissance qui passe maintenant directement par nos possessions.

Ainsi, à un extrême, on va juger de la valeur d'un individu par son zèle obéissant, sa soumission à la religion, et à l'autre, par son zèle consumériste tout aussi obéissant et soumis à la publicité, mais très rarement par son intégrité personnelle, réfléchie et indépendante.

Plusieurs amorces de soIution s'imposent. Il y a effectivement nécessité d'amener devant la justice les coupables des attentats. Il y a nécessité d'aider l'Afghanistan à se reconstruire. Mais il y a aussi un besoin urgent de nous regarder en face. Une fois admis notre dépendance à l'automobile, donc au pétrole, comme statut social, et que l'on se rend compte de l'impact que cette dépendance a eu sur la politique au Moyen-Orient, il est effectivement temps, comme l'a dit que le gouvernement canadien, de faire des concessions, mais pas celles qu'il a mentionné.

Kyoto
Oui, politiquement et économiquement, nous pouvons aider à la lutte contre le terrorisme. En forçant la main de ceux qui peuvent nous débarrasser du pétrole, en rendant le pétrole le plus désuet possible, en demandant à notre gouvernement de supporter la recherche, de favoriser l'achat de véhicules à propulsion alternative, et en montrant le lien incestueux qu'un gouvernement comme celui de George W. Bush entretient avec le milieu pétrolier, nous poserons un geste concret vers un nouvel équilibre. Il est bien tard, mais pas trop tard.

À ceux qui objectent que la technologie n'est pas encore au point, nous répondons qu'il s'agit de volonté politique et économique. Depuis 1994, le montant alloué à la recherche de solutions de propulsions alternatives au Québec a été amputé de 60% ( quelqu'un dans la salle doute-t-il de l'importance de cette recherche ? ).

À ceux qui s’inquiètent des délais, sachez qu'au Chili du début des années 70, lorsque le gouvernement a nationalisé I.T.T. et ses mines de cuivre, des solutions de rechange ont été trouvées très rapidement dans le but de faire plier le Chili. Les industriels occidentaux ne voulaient pas laisser ce précédent être un succès.

Encore cet été, des compagnies des États-Unis et de la France étaient en Afghanistan, négociant des accords pétroliers et gaziers avec les Talibans alors que les gouvernements refusaient d'entretenir des relations officielles avec eux.

Avez-vous remarqué que depuis trois semaines, personne à Washington ne parle plus de pétrole? Pourtant, en 1991, le sujet revenait sans cesse. Il est en effet devenu problématique pour le président Bush de mentionner le mot « pétrole », sans susciter le doute. Donc, il parle du Bien et du Mal, de Démocratie et de Liberté, ça passe mieux.

À notre humble avis, il est plus que temps pour nous de forcer la main de nos élites politiques et économiques. Il y a des solutions de rechange au pétrole. Des compagnies comme Daimler-Chrysler, Honda et autres ont commencé à proposer des solutions alternatives. Hydro-Québec, de triste mémoire, avait une solution appelée le moteur-roue. Bernard Landry, qui ne cesse de se péter les bretelles avec son apport à la nouvelle économie aura ici une occasion magnifique d’œuvre pour la véritable nouvelle économie, l'économie écologique. Déjà, du côté de l'habitation, nous avons appris à nous passer de la consommation du pétrole.

Une fois cette dépendance réduite, les blâmes extrémistes concernant la destruction de leur civilisation ne trouveront plus d’écho. Nous ne pourrons plus servir de fourre-tout pour nombre de problèmes strictement locaux.

Assez joué les autruches! Nous avons le choix, exerçons-le. Si nous n'agissons pas en ce sens, si nous continuons à faire comme si de rien n'était, nous n'aurons plus d'excuse quand viendra le temps de payer le prix de notre aveuglement.

Nous sommes bien conscients que ce n'est là qu'une partie de la solution au problème du terrorisme, mais une partie fondamentale, qui DOIT être entrprise. Le jeu du pétrole n'en vaut pas la chandelle. Nous avons mis trop de pression sur cette région du monde pour assouvir notre soif. Au Moyen-Orient comme en Colombie, qui offre bien des points communs, c'est notre dépendance qui déstabilise.

Récemment deux accords ont été remis en question par des gouvernements divers : celui de Kyoto et celui de Durban. Là encore, le pétrole est lié, qu'on le veuille ou non, à ces débats. D'une part, il représente la cause principale du réchauffement de la planète; d'autre part, la façon dont l’Occident a développé son commerce au Moyen-Orient est en grande partie la cause profonde des problèmes géopolitiques.

Dans le quotidien, cela signifie, pour un temps du moins, plus de transport en commun, des véhicules plus petits, moins de puissance, moins d'autonomie, donc moins de pollution et de bruit. Si c'est pour la patrie et la liberté, ça ne devrait pas être un problème, n'est-ce pas? Ou sommes-nous à ce point accros à bien paraitre dans de grosses bagnoles gloutonnes?

Sommes-nous prêts à faire ces concessions et cette réflexion ? La réponse se trouve en partie dans les symboles que sont devenus New-york, Kaboul, Durban et Kyoto.

Parti Vert du Québec
www.partivertquebec.org

Parti Vert du Québec
www.partivertquebec.org


Dossier G20
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Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
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