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Blocage du centre-ville de Toronto

vieuxcmaq, Mardi, Octobre 16, 2001 - 11:00

Roberto Nieto (nietor@magellan.umontreal.ca)

Le centre-ville de Toronto a été sévèrement perturbé par des manifestations qui se sont déroulées mardi.
OCAP, le groupe qui a chapeauté l'organisation de cette perturbation économique a ainsi lancé sa campagne contre le gouvernement ontarien.

Mardi matin, vers 5 h, près de 2500 manifestantEs (les approximations varient entre 2000 à 3500) se sont dirigés vers le centre financier de Toronto pour participer à la campagne de perturbation économique qui se déroulera au cours des prochaines semaines dans plusieurs villes de la province.

La Coalition ontarienne contre la pauvreté (OCAP, en anglais Ontario Coalition Against Poverty) a lancé cette initiative pour dénoncer la croissance du nombre de pauvres en Ontario depuis que le gouvernement conservateur de Mike Harris a pris le pouvoir, il y a six ans et demi. Les manifestantEs ont considérablement troublé le centre-ville de Toronto et ralenti la circulation sur ses voies d'accès. Alors que les manifestantEs marchaient dans les rues, le premier ministre Harris a annoncé qu'il renonçait à la vie politique. Selon les informations fournies par les medias des grandes corporations, cette decision aurait été prise pour des motifs purement "personnels".

Depuis plusieurs mois, le groupe OCAP préparait l'événement en annoncant sur des affiches "la fin de la retraite" de l'opposition aux politiques du gouvernement ontarien. Mike Harris a effectué des coupures sans précédent dans la plupart des services publics et sociaux de la province. OCAP fait pression depuis plusieurs années sur son gouvernement en utilisant des actions directes pour mettre en évidence les répercussions de ses politiques sur la population locale. OCAP est considérée par de nombreux militantEs de la province comme un groupe "radical" qui défend les droits des sans-abris, le droit au logement et les droits des groupes opprimés.

OCAP a créé un Front commun visant essentiellement à mettre de l'avant une campagne décentralisée de manifestations afin de perturber économiquement la province au cours des prochaines semaines. Récemment, des membres d'OCAP se sont rendus au Québec pour inviter des organisations québécoises à se joindre à eux.

Lundi après-midi, des membres de plusieurs organisations québécoises de Montréal et de Québec se sont donc mis en route pour prêter main forte à OCAP lors du lancement de la campagne. À leur arrivée à Toronto, ils ont été accueillis par une trentaine de policiers qui les ont gardés dans leurs autobus afin de les informer de l'importance de "manifester pacifiquement". C'est le sergent-détective Steve Earwin qui est monté le premier dans chaque autobus pour "informer" (en anglais seulement) les QuébécoisEs. La plupart des manifestantEs ont hésité avant d'ouvrir les portes des autobus trouvant pour le moins douteuse cette intrusion policière. Tout aussi douteux était l'usage d'une caméra video qui enregistrait les premiers pas du contigent québécois sur le sol ontarien. (C'est à croire que les QuébécoisEs sont perçuEs par la police de Toronto comme un groupe très "violent").

Mardi matin avant l'aube, alors qu'une fine pluie ruisselait sur Toronto, ces 200 QuebecoisEs se sont mis en marche pour se diriger vers le Nathan Phillips Square où un déjeuner était prevu avec les autres manifestantEs, en plein centre du quartier financier le plus important au pays. Escortés par un nombre de policiers en camionnettes qui équivalait le nombre des manifestantEs, le contigent québécois n'a pu se rendre au lieu convenu pour le repas matinal. Avant de traverser les derniers cent mètres, une "fouille" de sacs à dos leur a été imposée par la police. Pour des motifs nébuleux, ces derniers ont décidés de confisquer des bouteilles d'eau et des ciseaux de l'équipe de premiers soins des militantEs. Refusant les fouilles, certains membres de l'humide contingent québécois ont décidé de quitter les lieux.

Un milliers de manifestantEs ontarienNEs se trouvaient dans le square Nathan Phillips en attente de leurs camarades québécois. Après maintes tentavives frustrées, le contigent ontarien a fini par trouver une brèche pour rejoindre le contigent québécois, déjà gonflé par des centaines de manifestantEs ontarienNEs.

Les manifestantEs ont alors formé des escouades spéciales consacrées au renversement des boîtes de courrier. Ces dernières ont provoqué un ralentissement du traffic. Les majorettes radicales ont fait leur part d'animation et les tambours leur part de rythme.

La stratégie de manifestation utilisée par OCAP a été baptisée "Snake March" (marche en serpent). Inspirée des mouvements ouvriers des années 30, cette stratégie permet le déplacement rapide de la foule et sa division en petits groupes, si nécessaire. À un certain moment, 3 "serpents" oeuvraient sur des fronts séparés dans le centre-ville. Les escouades de police, qui étaient 1500 selon les dires des organisateurs, ont eu maille à retordre pour confiner les marcheurs.

Alors qu'ils faisaient à tout moment face à des automobilstes fâchés de ne pouvoir se rendre au travail, la foule a maintenu le calme. En plus de ralentir toute l'activité matinale du centre des affaires, les manifestantEs ont poussé la ville de Toronto à fermer certaines stations de metro.

Au même moment, sur la 401, une des principales voies d'accès au centre-ville, 7 automobilistes roulaient à un rythme de 70 km/h, ralentissant considérablement toute la circulation. Les commentateurs de circulation pour les stations de radios locales ont annoncé une heure matinale particulièrement difficile avant d'identifier l'origine du problème.

Au centre-ville, alors que tous les grands édifices plaçaient des avis spéciaux dans leurs entrées, signalant une fermeture temporaire "pour cause de manifestation", les marcheurs poursuivaient inlassablement leur blocage. Devant un des hôtels, un des manifestantEs a décidé d'escalader la toiture de l'entrée pour y arracher le drapeau des États-unis. Son poids ne suffisant pas à la tâche, il a plutôt décidé d'inscrire "murderers" (meurtriers) à la bombonne de peinture. Il a reçu en appui les applaudissements et les cris enthousiastes de la foule scandant: "Stop the racist war!".

Quelques minutes plus tard, des manifestantEs se sont momentanément séparés lorsqu'un groupe s'est engouffré dans une ruelle où ils se sont trouvés confrontés aux anti-émeutes. Selon des manifestantEs, certaines arrestations ont eu lieu à cet endroit.

Vers 10 h 30, des discours de victoire ont été prononcés. Considérant que le "blocage" avait été un succès, les organisateurs ont félicité et remercié les manifestantEs. Alors que plusieurs d'entre eux se dispersaient dasn le calme, des policiers en civil ont effectué quelques arrestations. Au cours d'une d'entre elles, un policier a violemment battu un des manifestantEs qui avait le visage ensanglanté au moment d'entrer dans le fourgon de police. Selon les sources policières, un total de 40 personnes ont été arrêtées au cours de la journée.

Le maire de Toronto, Mel Lastman, bien connu pour son exhubérance et ses politiques de droite, a sévérement critiqué les manifestantEs, les qualifiant d'"animaux", dénonçant le "comportement dégoûtant" et le caractère "disgracieux" de leurs tactiques. Le maire Lastman a affirmé qu'il ferait payer OCAP pour le coût des mesures policières ainsi que pour les dommages causés au centre-ville. La Ville estime à 200 000 $ les coûts de l'opération d'aujourd'hui. Le maire a aussi déploré le fait que les manifestantEs aient bloqué l'entrée d'un hôpital torontois, un fait mis en doute par les témoignages de certainEs manifestantEs.

À la fin du jour, la police a commenté la journée et s'est dite débordée par le nombre de manifestantEs. Bien que le nombre de manifestantEs circulant dans le centre-ville de Toronto en milieu d'après-midi était presque nul, les escouades anti-émeutes pleinement équipées tenaient encore la garde du centre d'affaires. C'est seulement vers 2 h de l'après-midi que les escouades ont plié bagages. En fin de soirée, une marche syndicale devait se dérouler au centre-ville. La campagne de perturbation économique d'OCAP se poursuivra aux cours des prochaines semaines dans d'autres villes ontariennes.

Finalement, il convient de souligner un autre événement significatif qui est survenu lundi alors que tout se préparait. La publication clandestine de résultats de tests d'examens d'écoles secondaires sur internet aurait couté à peu près 7,5 millions de dollars aux payeurs de taxes de la province. Le dévoilement des résultats a obligé le gouvernement à remettre à plus tard une série d'examens qui avaient été standardisés à la suite des réformes entreprises sous le gouvernement Harris. La remise à plus tard des examens a provoqué une série de manifestations parmi les 150 000 étudiants d'écoles secondaires affectées. Ces derniers se sont mis à denoncer, eux aussi, les réformes de Harris.

www.ocap.ca


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