La foule en colère s’était réunie autour de la gare (probablement à Marseille), distribuant des tracts et criant des slogans contre les injustices d’une Société. Des autocollants étaient collés sur les panneaux d’affichage, indiquant aux passants l’adresse d’un site internet féroce. Cette Société était la cible fréquente des activistes de terrain : Nike.

Le groupe qui avait monté cette campagne contre-publicitaire à l’allure de guérilla ? Nike soi-même.

La récente campagne publicitaire de Nike aux championnats de soccer en Australie s’est appropriée les techniques aussi bien que le style utilisé contre elle. A l’image de ses opposants, la campagne avait soi-disant maculé d’autocollants ses panneaux sur lesquels étaient écrits : « Mr. Technologie n’est pas honnête ». Elle avait créé un faux groupe de contestation appelé Supporters Luttant pour un Football plus Propre (SLFP) . Mais ces « acteurists » clamaient que les chaussures Nike donnaient un avantage injuste. Selon le directeur de campagne « sans que Nike ait eu changer ses pratiques sociales, elle a une chance de se moquer des critiques ».

C’est la vieille histoire des sociétés de marketing intégrant le mouvement culturel. Il y a cependant une modification en ce que Nike essaie de capitaliser sur le mouvement contre le capitalisme.

Les 200 et quelques formes, aux seyant capuchon noir des Black Bloc, aux info, télé de nuit, c’est quand même mieux que MTV et les reality shows réunis ! Les manifestations à Seattle, Québec, ou Gènes ont fait un malheur chez les 18-35 ans ; le public sur lequel la police tirait est précisément celui que vise les publicitaires.

Les vrais activistes n’ont pas perdu de temps pour réagir. Ils ont barbouillé ses panneaux de slogans tels que « 1,25 $ de salaire par jour « Pas honnête, Mr Nike » et « 100 % esclave au travail ». Le site des Supporters ne résista que deux jours.

Bien que les tentatives de s’approprier les méthodes de leurs opposants soient de plus en plus désespérées, il ne faut pas s’attendre à la fin de ces tentatives. Ceci pour la raison que ce mouvement fait peser une vraie menace sur leur image de marque omnipotente. (A. Rebensdorf, extrait d’Alternet 7/08/2001)