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Ça se corse en Bolivie

vieuxcmaq, Lundi, Juillet 9, 2001 - 11:00

Nicolas Phébus (nicolasphebus@yahoo.com)

Les « petits endettés » dans la rue

Les prolos bolivienNEs continuent leur combat sans répit contre le gouvernement. Le régime tente désespérément de diluer le conflit en accédant aux demandes de divers groupes une par une. Il espère conserver intactes ses politiques essentielles. Les exploitéEs n'ont aucune confiance dans les promesses gouvernementales ou dans les appels à la paix sociale de l'église à la population laborieuse. L'action directe est à l'ordre du jour en Bolivie, mais les médias demeurent ignorants et silencieux à propos des événements. Ceci contraste avec la solidarité démontrée par d'autres dans la lutte. Le 11 juillet, la CNT protestera à Madrid devant l'ambassade bolivienne, tout comme la Fédération anarchiste française et Alternative Libertaire, à Paris.

[Bolivie : la chasse aux militantEs est commencée]

[Bolivie : des anarchistes occupent des édifices gouvernementaux]

[Pour des photos, allez faire un tour du côté du Mid-Atlantic Infoshop à http://www.infoshop.org/inews/stories.php?story=01/07/07/7430612]

Des tanks et la troupe attaquent les travailleurs et les travailleuses bolivienNEs (7 juillet 2001)

Juventudes Libertarias (jeunesses libertaires), Bolivie

Les prolos bolivienNEs continuent leur combat sans répit contre le gouvernement. Le régime tente désespérément de diluer le conflit en accédant aux demandes de divers groupes une par une. Il espère conserver intactes ses politiques essentielles. Les exploitéEs n'ont aucune confiance dans les promesses gouvernementales ou dans les appels à la paix sociale de l'église à la population laborieuse.

L'expérience et la conscience acquise ont préparé les travailleurs et les travailleuses à être de plus en plus déterminés à combattre chaque aspect de la politique bourgeoise capitaliste et impérialiste et prêtEs à chercher une solution révolutionnaire à leurs problèmes.

L'action directe est à l'ordre du jour en Bolivie, mais les médias demeurent ignorants et silencieux à propos des événements. Ceci contraste avec la solidarité démontrée par d'autres dans la lutte. Le 11 juillet, la CNT à Madrid protestera à l'ambassade bolivienne, tout comme la Fédération anarchiste française et Alternative Libertaire, à Paris. [Ndlt : les adresses des ambassades boliviennes des pays francophones (occidentaux) sont disponibles à http://www.ainfos.ca/fr/ainfos01914.html]

Blocage des autoroutes : la troupe et les tanks se positionnent sur l'autoroute de La Paz à la région de Altiplano

Des tanks de l'armée bolivienne se sont positionnés le long de l'autoroute liant La Paz à l'Altiplano. Hier, ils sont entrés dans le village de Achacachi. Quand les paysanNEs Aymara sont allés au quartier général de l'armée, ils ont trouvé des troupes en état d'alerte et attendant l'ordre d'attaquer. En septembre 2000, l'armée a massacré des villageoisES au même endroit.

Dans ces régions arides, il y a une atmosphère de guerre ouverte depuis deux semaines, avec les paysanNEs Aymara qui bloquent les routes et demande carrément la terre et l'abandon du néolibéralisme. Il y a une semaine, l'armée a occupée la région et assassiné deux paysans.

Une assemblée d'urgence de tous les paysanNEs bolivienNEs a été appelé pour le 9 juillet. Lors de cette assemblée, une analyse de l'efficacité des blocages partiels de route sera faites et des décisions sur la suite à donner au mouvement seront prises.

À Huarina, une paysanne explique qu'il y a un climat de tension dans la zone parce que les soldats surveillent constamment les routes, font des contrôles d'identités et demandent aux gens qui utilisent la route, ou la traversent simplement, d'où ils viennent et où ils vont. À Achacachi, les paysanNEs ont indiqué qu'ils étaient prêtEs à continuer le blocage pendant 90 jours. À date, il n'y a pas eu de pénurie de nourriture puisqu'on avait fait des réserves avant que les blocages ne débutent.

Le gouvernement prétend vouloir le dialogue, mais les paysanNEs dénoncent cela comme une farce. Ils pointent les arrestations nombreuses, la présence massive de véhicules d'assauts, de tanks et de troupes équipées d'armes de combats.

"Nous allons développer une nouvelle stratégie qui empêchera une réaction militaire. Nous allons créer de nouvelles façons de lutter et être entendus" a dit Filipe Quispe, le secrétaire général de la Confédération paysanne. "Nous surveillons simplement ce qui se passe. Les soldats ont pointé leurs mitraillettes sur des paysanNEs. Ils ont occupé l'école à Huarina et Guaqui et arrêté les leaders" a-t-il ajouté. L'armée attend des ordres pour arrêter tous les leaders syndicaux.

Des mineurs armées occupent les mines

Plus d'une centaine de mineurs de souffre furieux, armés de dynamite, sont entrés dans la mine "TH-1", localisée près de la ville bolivienne de "Abaroa", à cinq kilomètres de la frontière chilienne. Un des manifestants, Misael Mamani Choque, 25 ans, a perdu le bras droit en déplaçant de la dynamite.

Il y a eu plusieurs blessés et la police a appelé des renforts. Nous n'avons pas plus d'information là-dessus, mais la police essaie de faire croire qu'il s'agit de conflits entre individus.

Des prisonniers sont libérés tandis qu'on prépare la répression

Lundi le 2 juillet, des centaines de "petits endettés" ont occupés un édifice bancaire, armés de dynamite, de gazoline et de molotovs et ont pris une soixantaine de bureaucrates en otages. Ils revendiquaient l'annulation de leurs dettes et accusaient les banques de pratiques usurières. La participation de féministes libertaires fut essentielle au développement de ces événements. Des négociations ont menées à la libération des otages et les protestataires ont quitté l'édifice. Cela a rendu caduc des arrangements que le gouvernement avait pris et lui a permis d'arrêter environ 70 militantEs. Apparemment que ce sont les manifestations de rues qui ont menés à ça. Mais le gouvernement prépare un tour de passe-passe légal pour emprisonner plus de militantEs.

L'entente conclue inclue des sanctions contre les institutions qui commettent des abus contre les "petits endettés", des conciliations bancaires, des enquêtes sur les cas d'usure, la reconnaissance des libertaires comme négociateurs, le paiement par le gouvernement des frais pour la suspension des procédures légales des banques, etc.

Six milles "endettés" protestent depuis trois mois à La Paz, revendiquant l'annulation de leurs dettes, qui oscillent entre cent et cinq mille dollars chacune. La sécheresse, l'énorme crise financière, et les pratiques usurières évidentes se sont combinées pour rendre ces dettes impayables.

Les gens qui appartiennent au mouvement des "petits endettés" sont surtout des paysanNEs pauvres et des petits salariés. Ils représentent plus de 12 000 familles, les victimes des pratiques usurières des banques. Ils ont payés leurs dettes principales mais maintenant on veut leur faire payer les intérêts et des intérêts sur leur intérêts...

Près de cinquante chefFEs de familles, et certaines familles entières, se sont suicidés parce qu'ils ne pouvaient trouver aucune autre façon de régler leurs problèmes avec les banques.

Les banques prévoient revenir sur l'entente quand la pression sera réduite et que le gouvernement en aura mis quelques centaines en prison. Les "endettés" appellent à la résistance, et des centaines ont trouvé refuge dans l'Université de La Paz. Ils refusent de quitter les lieux parce qu'ils craignent la répression.

Des prisonniers s'embarrent et refuse de manger et boire

Environ quatre mille prisonniers sont en grève de la faim depuis 6 jours. Un groupe de femmes, dont trois avec leurs enfants, se sont crucifiées sur un toit et d'autres refusent eau et bouffe.

L'État poursuit des citoyenNEs, la plupart pauvres, les enfermant pendant des années sur une présomption de culpabilité. Il a permis que la corruption règne dans le système judiciaire, transformant les prisons du pays en place désastreuses où les droits humains et constitutionnels sont piétinés quotidiennement. Les lois anti-drogue draconiennes ont jeté des milliers de gens en prison qui étaient forcés, à cause du désespoir causé par la crise économique, de se faire transporteurs de drogues. Le gouvernement les enferme alors qu'il honore les chefs de la mafia.

Les hommes et les femmes en prison demandent l'amnistie, de meilleures conditions de vie et la fin de la séparation des familles. Dans la prison de Palmasola de Santa Cruz, plus de trois milles prisonniers sont en grève de la faim depuis six jours. Ils refusent de boire.

Dans la section féminine du pénitencier San Sebastián de Cochabamba, un groupe de prisonnières est montée sur le toit et s'est crucifié. Certaines ont leurs enfants avec elles, d'autres sont enceintes. Il y a plus de trois cents grévistes. À partir d'aujourd'hui, elles se bouchent la bouche.

Des conflits similaires ont également lieu dans la ville de Tarija, où huit cent prisonniers sont en grève.

Des nazis organisent un meeting "privé" à La Paz

La seconde Conférence idéologique internationale sur la nationalité et le socialisme a eu lieu "en privé du 1er au 5 juillet à La Paz", d'après un document de 5 points qui fut rendu public le 5 juillet. D'après le communiqué de presse, le meeting incluait des représentantEs de mouvements nazis boliviens, ecuadoriens, colombien, chilien et péruvien. Ils se sont entendus pour former une organisation non-gouvernementale qui "défendra les intérêts des mouvements qui sont explicitement basés sur la nationalité et le socialisme en Amérique du sud et dans le monde".

Dans la loi bolivienne, il n'y a pas de référence au nazisme, mais le pays a souffert grandement sous la dictature militaire brutale qui avait des conseillers connus incluant des mercenaires fascistes italiens et des criminels de guerre nazi comme Klaus Barbie.

L'actuel gouvernement de droite est présidé par le sanguinaire général Banzer, qui dirigeait le régime de terreur des années 1970. Aujourd'hui, grâce à une alliance électorale, il dirige le régime de terreur sanguinaire qui a répandu les corps de gens impliqués dans les luttes sociales aux quatre coins du pays.

Le président bolivien est aux portes de la mort

Le sanguinaire général Banzer est hospitalisé à Washington, D.C., aux États Uni. D'après des rapports officieux, il aurait été diagnostiqué d'un cancer systématique, mais le gouvernement tente de le nier. Il est près de la mort. Aucun doute que sa mort débilitera l'État et énergisera le mouvement.

Juventudes Libertarias, Bolivia
Email: jjll_bolivia@hotmail.com
Web: http:www.come.to/jlb

[Traduction par Nicolas Phébus, Groupe Emile-Henry (NEFAC-Québec) de "(en) Tanks And Troops Attack Bolivian Workers (ca)" posté sur A-Infos par "Robby Barnes" robby_barnes@hotmail.com (Translation from the Spanish by Robby Barnes and Sylvie Kashdan)]

Agence de presse A-Infos
www.ainfos.ca


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