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La science de la bicyclettevieuxcmaq, Dimanche, Juin 10, 2001 - 11:00
Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)
Montréal est la ville d'Amérique du Nord où il fait le meilleur pédaler, selon la publication américaine Bicycling. Le "Tour de l'Ile" est l'événement qui réunit le plus de cyclistes au monde. Montréal est ainsi une bonne ville pour les cyclistes. Mais il suffit de sortir de la péninsule américaine et de traverser l'océan Atlantique jusqu'au nord de l'Europe pour se rendre compte que Montréal n'est certainement pas la meilleure ville au monde. Un exemple qui démontre cela, c'est celui de Copenhague, la capitale du Danemark. Lundi matin, huit heures. La pire heure de pointe pour les grandes villes. Mais la capitale du Danemark n'est pas congestionnée. Pourtant, il y circule certainement autant de gens que dans beaucoup de citadelles bondées à cette heure. La différence, c'est que les bicyclettes sont très nombreuses, presqu'autant que les voitures. Parmi cet étalage urbain, Andreas Nielson, vingt-deux ans, fils de médecin et étudiant en Italien, pédale confortablement. Assis sur sa selle, il va à ses cours. Il habite Fredericksberg, une ville dans la ville. Et pourquoi pas l'autobus pour s'y rendre? Parce que c'est deux fois plus long et que deux transferts sont nécessaires. « C'est tellement plus facile, affirme-t-il. Et agréable... enfin, la plupart du temps. » Il faut comprendre par là qu'au Danemark, le soleil n'est pas toujours présent a l'appel. «Mais quand j"arrive à mes cours, je suis complètement éveillé. Le vélo, c'est plus efficace qu"un café.» Tout comme la bière, la bicyclette au Danemark est un véritable phénomène de société. On n'en fait pas pour le loisir, même si on peut y prendre goût, non plus pour gagner des courses. On l'utilise pour se déplacer, d'un point A vers un point B : aller travailler, faire des achats, rencontrer des amis... Ils y ont pensé et ils l'ont fait. Résultat: en 1998, 30% des gens se déplaçaient en vélo pour aller travailler, 34% en voiture et 35% par les transports publics ou à pieds. Au Québec, le vélo est de plus en plus présent dans la société, notamment à Montréal. Mais ce n'est pas comparable à ce qui se passe au Danemark, en Hollande et dans une moins grande proportion en Allemagne. Car ces pays font de la bicyclette un véritable moyen de locomotion, respecté et efficace. Et ce qui est encore plus étonnant, c'est que leur politique sur la bicyclette diffère totalement de celle des autres pays membres de l'Union européenne. Par exemple, chez nos voisins les Français, pour obtenir trois places pour attacher quelques vélos dans une école primaire de la ville de Caen, il a fallu deux ans d'insistance de la part de parents. De toute façon, faire du vélo en France relève d'un véritable défi et demande autant de courage que de réflexes tant cela peut être dangereux. Dangereux car les voitures roulent vite et ne considèrent généralement pas les vélos comme un moyen de transport, et donc, ne les respectent pas. Dangereux aussi pour la santé, car en guise d'air, c'est du gaz d'échappement, notamment du diesel, qui se respire. De quoi décourager bien des gens! Au Danemark, même si vous n'aimez pas la bicyclette, vous avez avantage à la chevaucher pour vous déplacer, surtout à Copenhague. Car cette capitale incite fortement sa population à utiliser le « bi-cycle à propulsion musculaire ». 304 km de pistes cyclables à l'intérieur de la ville, dont la plupart sont de chaque côtés des rues. Priorité sur les automobilistes aux intersections. Sans oublier que la capitale du Danemark organise régulièrement des événements pour promouvoir la bicyclette. En 1995, la campagne sur la santé affirmait que trente minutes de vélo par jour améliore la santé physique et mentale. L'objectif de la ville est clair : promouvoir la bicyclette sous toutes ses formes. Et pour cela, les pouvoir publics n'hésitent pas à décourager quiconque de posséder ou d'utiliser une voiture. Au Danemark, la taxe de vente sur l'automobile est de 180%. Dans la ville royale, depuis trente ans, les pistes cyclables ont remplacé les places de stationnement le long des rues. Et, tout comme on prend un caddie au supermarché, 2000 « vélos de la ville » sont disponibles dans plusieurs points de distribution à travers la ville, et ce, gratuitement. Le résultat : 30% des gens utilisent le vélo pour aller travailler. Les raisons qui ont poussé la ville de Copenhague à faire de la bicyclette un moyen de transport pratique et agréable à partir des années soixante-dix sont simples et nombreuses : éviter la congestion automobile, diminuer la pollution de l'air, dépenser moins d'argent dans la construction de routes, et ne pas être surexposé aux crises pétrolières, comme ce fut le cas en 1973. Ainsi, au Danemark, l'industrie de l'automobile est peu développée et ses lobbies n'ont pas beaucoup d'influence. À cette même époque, d'énormes manifestations avaient lieu lorsque des portions d'autoroutes étaient ouvertes. À l'origine de ce mouvement, la fédération des cyclistes, qui, forte de son succès, a aujourd'hui beaucoup d'influence sur la politique du trafic routier. Dans certaines cultures, la bicyclette est considérée, lorsqu'elle est utilisée comme moyen de déplacement, comme la voiture du pauvre. Dans la culture danoise, le vélo est le compagnon de l'instruit comme de l'ignorant, du riche comme du pauvre, du jeune comme du vieux. La plupart des Danois associent la bicyclette à quelque chose de positif, comme la santé ou l'environnement. Leur priorité est de vivre agréablement et ensemble dans un milieu confortable et relax. Pour beaucoup de ces gens, ce style de vie n'est pas compatible avec les aspects négatifs du transport motorisé, comme le bruit et la pollution de l'air, les autoroutes et les embouteillages. La rapidité de déplacement, l'aspect pratique et la santé sont d'autres raisons qui poussent les Danois à faire du vélo. Et celles qui les découragent sont la distance et le temps. Dans les années soixante-dix, il pouvait être dangereux de faire du vélo. Mais, parce que le nombre de cyclistes a doublé au début des années quatre-vingts par apport à son niveau le plus bas dans les années soixante, la ville ainsi que l'État ont investi dans la construction de pistes cyclables et la sécurité de leurs usagers. Ainsi, depuis 1981, tout budget public inclut de l'argent pour améliorer les conditions des cyclistes. Maintenant, de grands bureaux publics et privés offrent à leur personnel des bicyclettes pour se déplacer à l'extérieur de leur bureau. Le respect est une des notions importantes qui fait de la bicyclette un moyen de déplacement sécuritaire et apprécié au Danemark. Elle est reconnue comme un moyen de déplacement à part entière, tout comme une voiture. De plus, la façon de conduire des Danois est tranquille et respectueuse; autre culture, autres moeurs. Ainsi, dès l'école primaire, les écoliers apprennent certaines bases du code de la route, en particulier celles de la bicyclette. À partir de six ans, l'enfant a le droit de se déplacer en vélo. Et c'est, la plupart du temps, de cette façon que les jeunes acquièrent leur indépendance et le sens des responsabilités. Et pour prendre le train? Avec sa bicyclette, pas de problème, car les autortés le permettent depuis 1983, même si beaucoup le faisaient illégalement avant. Même règles pour le métro actuellement en construction. Et tous les taxis de Copenhague peuvent transporter des vélos, puisqu'ils sont tous équipés pour. À Montréal, il est très difficile de trouver un taxi qui accepte de transporter une bicyclette, sauf si on le plie en deux. Vélo Québec a demandé le 4 novembre dernier à la Commission parlementaire des transports et de l'environnement que la loi actuelle permette la complémentarité en le vélo et le taxi. C'est à l'étude. La STCUM permet le transport de la bicyclette dans le wagon de tête du métro, de 10h à 15h et après 19h la semaine et en tout temps la fin de semaine. Depuis 1995, la ville de Copenhague fait un bilan annuel de la bicyclette; une première dans le gene. Ce bilan montre qu'en 1998, 30% des gens se déplaçaient en vélo pour aller travailler, 34% en voiture et 35% par les transports publics ou à pieds. On y apprend aussi que les cyclistes sont au nombre de 196 430 en 1998 dans la ville, ou bien qu'il y a 15 km des rues où l'indice de pollution est trop élevé, comparativement à 28,6 km en 1995 ou alors que 82% des cyclistes se sentent en sécurité sur la route. Grâce à ce bilan, les élus municipaux peuvent agir selon les besoins réels des cycistes. Les Danois ont trouvé un mode de vie qui combine respect (de l'environnement et de l'individu) et qualité de vie. Mais à ce titre, le Danemark semble faire figure d'exception sur le globe. Encadré |
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