|
Le ministère des Ressources naturelles laisse la forêt québécoise se faire détruire-Le projet de loi 136 modifiant la Loi svieuxcmaq, Jeudi, Mai 24, 2001 - 11:00
Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)
Que reste-t-il de la forêt québécoise? Le Ministère n'a pas les moyens de le savoir, et il n'a même pas les moyens d'appliquer ses lois. Les mesures qu'il propose sont insuffisantes aux yeux du Syndicat qui représente ses travailleurs. Les droits des Cris sont violés, encore. La nature aussi est violée, les lois sont bafouées, et le gouvernement renouvelle malgré tout les permis d'exploitation aux multinationales. Corruption? Dimanche dernier, SOS Gaia, un groupe écologique humanitaire qui se donne la mission de concrétiser les cris de détresse des écosystèmes en perdition a organisé une marche pour demander que tous les députés de l'assemblée parlementaire rejettent le projet de loi 136 en mettant plutôt de l'avant une commission d'enquête indépendante sur l'état de la forêt afin de savoir ce qu'il reste de la forêt publique. Le projet de loi 136 vient d'être adopté, en date du 22 mai 2001. Que reste-t-il de la forêt québécoise? Le Syndicat de la Fonction publique de Québec (SFPQ), pour qui le but premier est de maintenir ses syndiqués au travail et pas forcément de s'assurer que la forêt soit respectée, s'inquiète malgré cela de l'inexistance de ressources humaines et techniques au ministère des Ressources naturelles pour pouvoir vérifier que les lois déjà en vigueur sont respectées. Il recommande au Ministère de se munir d'outils qui lui "permettront d'obtenir une connaissance de la forêt qu'il n'a pas à l'heure actuelle et qui est pourtant essentielle, ne serait-ce que pour établir les calculs de la possibilité forestière". La loi 136 pévoie un investissement de 15,5 millions de dollars sur trois ans pour améliorer le contrôle et le suivi des activités forestières, mais est-ce bien suffisant? Le syndicat explique, "pour ne citer que quelques exemples, [qu']il a été porté à notre connaissance que nos membres ne disposent ni des ressources matérielles, ni des ressources humaines pour ne serait-ce qu'octroyer les permis d'exploitation en respectant à la lettre la loi. Plusieurs facteurs sont en cause : personnel trop peu nombreux, équipement désuet, données incomplètes ou absentes ou modèles théoriques n'étant pas vérifiés sur le terrain." Le ministère n'a pas les moyens d'appliquer ses lois Dans un mémoire(lien) sur le projet de loi 136, loi modifiant la loi sur les forêts et d'autres dispositions législatives, le SFPQ insiste sur le fait que "le ministère des Ressources naturelles ne dispose actuellement pas des ressources humaines et matérielles nécessaires à l'application de l'actuelle loi. Si des effectifs ne sont pas ajoutés, le projet de loi ne constituera qu'une intention, n'ayant que peu d'application sur le terrain." Pour le syndicat, "les mesures par lesquelles les utilisateurs [c'est à dire les multinationales] s'autocontrôleraient, non seulement ne permettront pas d'éliminer cette difficulté, mais amplifieront le problème. Cette situation constitue un risque de perte de revenus ainsi que de gaspillage de la ressource pour l'État." Des mesures insuffisantes L'on peut lire en haut de page dans un communiqué(lien) émis par le ministère des Ressources naturelles que "le Projet de loi 136 contient des mesures concrètes dont l’obligation pour les industriels forestiers de faire participer les personnes et les organismes intéressés à la préparation des plans généraux d’aménagement forestier (PGAF). Les PGAF déterminent la possibilité forestière et la teneur des travaux forestiers sur un territoire donné et sont soumis au gouvernement pour approbation." Dans le projet de loi 136, le gouvernement veut continuer à faire confiance aux investisseurs privés. "(...) [le SFPQ est] particulièrement inquiet que les activités de l'industrie forestière soient évaluées par cette dernière. Les exploitants seraient alors juge et partie, ce qui irait à l'encontre de l'intérêt public. La vérification est une responsabilité qui incombe au gouvernement." La nature est violée, les lois bafouées, et le gouvernement renouvelle les permis "Le renouvellement du permis, avec les conditions inhérentes rattachées à son émission, est un des éléments qui, normalement, devrait attester de la conformité de l'exploitation et offrir une assurance raisonnable quant à un mode d'exploitation garantissant la pérennité de la ressource. Malheureusement, le Ministère ne peut même pas garantir que, dans tous les cas, ce simple geste administratif est réalisé selon les règles de l'art, en conformité avec la loi et la réglementation en vigueur. Il ne s'agit pas ici de cas d'exception. (...) À titre d'illustration, un exploitant ayant à son dossier de multiples infractions, et qui a détruit un écosystème en ne respectant ni la loi, ni la réglementation, ni les directives, a pu quand même voir son permis d'exploitation reconduit pendant une dizaine d'années, soit jusqu'au moment où il a fait faillite." Absence de volonté du Ministère "En raison d'une absence de volonté du ministère, ce sont non seulement les générations futures qui se sont littéralement fait voler leur héritage, mais c'est aussi le trésor québécois qui n'a pas été en mesure de percevoir l'ensemble de ses droits de coupe ainsi que les amendes qui auraient pu aider à réparer les dégâts causés par l'irresponsabilité de cet exploitant, explique le SFPQ." Corruption "Plusieurs gestionnaires du ministère, pourtant responsables de l'application de la loi, adoptent aussi cette attitude [comme quoi la coupe est un droit et non un privilège], parfois sous la pression de représentants de comté ou de petites communautés qui eux-mêmes subissent les pressions de l'industrie. Des « directives » sont alors données afin de tolérer certaines conduites douteuses, pour limiter les opérations de surveillance ou pour octroyer des certificats de conformité en dépit des vérifications. D'énormes pressions sont exercées pour satisfaire un besoin immédiat, mettant ainsi en péril un secteur d'activité permettant à quelque 80 000 personnes d'y travailler et d'en vivre." Un Ministère ou une société d'exploitation irresponsable? Après ces constats, après que le documentaire de Richard Desjardins ait mis en lumière cette situation, après que les médias de masses se soient intéressés et puis désintéressés à la chose, après de belles publicités de l'industrie forestière affirmant que malgré quelques erreurs ils sont sur la bonne voie, après une multitude de mensonges du ministre des Ressources naturelles Jacques Brassard, dont il apparait que l'objectif premier est d'accroître la quantité de bois qui sort des forêts québécoises, après la violation systématique des droits des Cris inclus dans la Convention de la Baie James et du Nord québécois, le gouvernement vient de passer une loi dont l'objectif caché et principal est d'accroître le rendement de la forêt, je me permet de me poser une question: Liens pertinents: Communiqué émis par le Grand Chef des Cris Dr. Ted Moses WEMINDJI, PQ, le 8 juin /CNW/ - Les Cris dénoncent le projet de loi 136 modifiant la Loi sur les forêts lequel constitue une fois de plus ``une violation ouverte, déterminée et systématique'' de leurs droits incluant ceux prévus à la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Entre autres, le projet de loi démontre le refus du gouvernement d'assujettir les opérations forestières dans le nord du Québec à une évaluation environnementale et sociale malgré les dispositions claires de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|