Le 3 mai dernier se tenait à l’hôtel Reine Élizabeth le dîner bénéfice annuel du Parti Libéral du Canada où étaient invités les supercitoyens qui, pour la modique somme de 500$, s’étaient empiffrés des mets les plus sublimes offerts par l’endroit. Le souper était probablement le moment où tous se donnent compliments(à la pelletée S.V.P.) et tapes sur l’épaule (à volonté S.V.P.) et où la ZLÉA est bonifiée (à souhait S.V.P.).

La CLAC organisait une manifestation en face du Reine Élizabeth...

Le 3 mai dernier se tenait à l’hôtel Reine Élizabeth le dîner bénéfice annuel du Parti Libéral du Canada où étaient invités les supercitoyens qui, pour la modique somme de 500$, s’étaient empiffrés des mets les plus sublimes offerts par l’endroit. Le souper était probablement le moment où tous se donnent compliments (à la pelletée S.V.P.) et tapes sur l’épaule (à volonté S.V.P.) et où la ZLÉA est bonifiée (à souhait S.V.P.).

Une des raisons pour laquelle plus de 500 personnes sont venues manifester leur indignation est que le prix de la caution des prisonniers politiques du dernier Sommet est du même 500 $ qui sevira à garnir l’estomac des libéraux. Une autre cause était celle de la libération de ceux qui sont encore en ce moment à la prison d’Orsainville (notamment Jaggi Singh et le groupe Germinal). Quand une place à un Banquet signifie le prix de la liberté de ceux et celles qui s’opposent à cette gamique, pas surprenant qu’un 5 à 7 dans la rue a été organisé pour leur montrer qu’à moins de deux dollars (le prix du billet de métro) on peut se rencontrer en grand nombre et même s’amuser!

Le rendez-vous s’est fait au Square Dominion Sud où des discours anti-mondialisation et anti-libéraux ont été prononcés. Lorsque le préambule fut terminé, une foule d’environ 500 personnes se dirigea vers le Reine Élizabeth pour aller saluer l’élite libérale.

La police avait l’air surprise de voir les manifestants arriver aussi tôt. Voyons, comme s’ils allaient arriver en retard pour un si grand « happening »! Ils s’empressèrent donc de mettre en place la barrière censée de les séparer. On vit alors une quarantaine de personnes tirer cette barricade métallique et l’apporter loin des forces de l'ordre. Dénudée de métal, les forces de l’ordre ont reculé jusqu’à l’entrée de l’hôtel. Alors que l’anti-émeute arrivait, les politiciens regardaient le spectacle par la baie vitrée du 3e étage et décidèrent de narguer les activistes en levant leur verre et en distribuant des sourires pathétiques dignes d’un temps d’élection.

Puis, la police fut menacée par une quarantaine de personnes qui leur lançaient des morceaux de barricades longues de 2 mètres et hautes d’un seul. Une vingtaine de ces projectiles ont été largués avant que l’escouade tactique, qui eut soudainement un « éclair de génie », décida de les confisquer. Des ravitaillements arrivèrent et nombreux étaient les policiers qui trébuchaient au même moment où des manifestants s’écriaient « c’est un abat! » La partie de quille cessa, mais ce fut le tour des poubelles et des cônes. Un environnement de fête régnait, mais la tension montait de plus en plus vu les altercations avec la police. On pouvait dénombrer une centaine de policiers littéralement en guerre avec 500 personnes qui ne demandaient que de se faire entendre. Une guerre à sens unique qui n’avait l’air de plaire à personne, sauf à Monseigneur Chrétien!

Une manifestante se présente à moins d’un pied de la ligne de policier pour faire une action qualifiable de kamikaze vue les circonstances : elle leur présente un plat de craquelins garnis de beurre d’arachides. Personne de la lignée de gens déguisée en martien n’en a accepté, mais un d’eux en a eu assez et a donné un coup de matraque dans le plat pour tout faire tomber et lui a ordonné de circuler. Pourtant c’est ce qu’elle faisait!

À 18h20, les politiciens sont retournés festoyer, tandis que les activistes se faisaient bousculer. Certains des policiers ont commencé à charger sur la foule au même moment où une manifestante leur faisait la demande de montrer leurs numéros de badge. Motus et bouche cousue, les escouades présentes étaient sans réaction, puisqu’il faut le dire : sous ces uniformes, personne n’est humain, ils se doivent d’être des numéros. Elle prit alors le porte-voix pour dire à tout le monde que s’ils « refusent de donner leur numéro de matricule, toutes les arrestations sont illégales. » C’est alors qu’un autre s’écria : « Allez cherchez vos numéros de fabrication! » Puis son voisin répondit : « Ils sont made in USA, tabar***! »

Puis, à 18h50, ce fut le retour au Square Dominion. L’anti-émeute décida de contourner la masse ouvrière en débarquant à l’intersection Sainte-Catherine et Metcalfe pour ensuite descendre cette dernière jusqu’à René-Lévesque. Les manifestants en ont eu assez et sont partis peu à peu. Il y en restait moins de 100 et 30 policiers étaient encore là pour « assurer l’ordre public ». La tension est descendu et un spectacle hyper touchant s’est déroulé : une policière a accepté l’ourson en peluche d’un manifestant et avait un superbe sourire accroché aux lèvres et puis vint la contagion! En effet, son voisin aussi trouvait l’histoire touchante et rigolote.

Puis, le summum en terme de ridicule se produisit : des joueurs de soccer virent leur ballon bondir à une vitesse minime vers la police qui s’empressa de le confisquer. On entendit alors quarante personnes crier « on veut not’ballon! » Puis, les martiens retournèrent parader vers le Reine Élizabeth et relancèrent le ballon tel on a vu des « cacanes » de gaz lancées durant le Sommet. La différence, c’est que personne ne pleurait!