La Ville de Québec, version "plateau d'argent" pour les prédateurs et leurs proies, a présenté comme prévu le spectacle des matraques pendant la grande valse des capitalistes avec leur 34 marionnettes. Question de provoquer pour créer une parfaite distortion de la réalité chez le grand public. Rideau.

Avez-vous remarqué que dans le langage antimondialisation, le nom "multinationale" s'utilise toujours au pluriel ? Il faut comprendre que la mondialisation est plus qu'une quête de nouvelles parts de nouveaux marchés. C'est la course vers la conquête du Marché avec un grand M. Effectivement, on se croit protégé de la domination suprême par des lois antimonopoles encore solidement appliquées, comme dans le cas de Microsoft. Là repose l'enjeu. Imaginez-vous une immense finale de la Coupe Stanley inter-multinationales. En dernier, il ne reste que la corporation X et la corporation Y. Chacune contrôle la moitié de tout ce qui est monnayable, des céréales Froot Loops transgéniques aux boucliers antimissiles usinés. Ces lois antimonopoles plieront aisément sous le poids des deux Godzilla. Ces multinationales ont déjà franchi la clôture des juridictions. La même multinationale (Philip Morris) vous vend à la fois du fromage Cheez Whiz, du café Maxwell House, de la bière Coors et des cigarettes Benson & Hedges (source http://www.adbusters.org). Les négligeances en ce qui a trait au franken-blé Starlink nous montre que plus une entreprise prend de l'expansion, plus elle devient dangereuse pour les consommateurs-producteurs et pour l'environnement. Retour au capitalisme sauvage, après une pause de deux guerres mondiales et d'une guerre froide équilibrée. And the winner is...

La ZLÉA ne sera donc pas à perpétuité un territoire brouté par LES multinationales. La décennie 2000 sera sans doute vu un jour comme un labo, terrain de préparation pour une nouvelle forme montante d'État-Corporation mondial à saveur américaine - à bien y penser, il ne reste que l'Europe et l'Asie à engloutir. Coordonnez ça avec les fusions et boom...

Mais comme dans le cas d'Achille, il y a toujours une faille. Les populations transitionnent vers Internet, graduellement. Les capitalistes tentent de centraliser le réseau des réseaux pour en faire un immense centre d'achat, histoire d'avoir tout le monde à portée de la main pour étudier leurs comportements pour mieux les "servir". Mais, comme dans le cas de l'échange de fichiers musicaux via le logiciel Napster et tout ses clones, on voit que monsieur-tout-le-monde (40 millions d'utilisateurs) a des élans de "cyber-pétage de vitrine". La Recording Industry Association of America s'effrite en morceaux, c'est le cas de le dire ! Des adolescents (les militants antimondialisation de demain?) sont capable de pirater des serveurs essentiels pour le bon fonctionnement du cyber-capitalisme... Et un jour, l'État-Corporation, épuisé par les actions de boycottage et de désobéissance civile soutenues et organisées, laissera graduellement place à la démocratie directe avec des référendums mondiaux en ligne. Car, comme le docteur Frankenstein a été tué par son monstre, Internet se présente comme l'arme du peuple. Pendant la Révolution Française, les bourgeois avaient l'appui de la population civile. Cette fois-ci, les populations sont seules (quel paradoxe) et doivent rapidement s'organiser pour calmer les ardeurs capitalistes par des boycotts et des manifestations stratégiques.

Les mouvements antimondialisations s'organisent sur Internet et influence lentement mais efficacement l'opinion publique malgré la diversité des revendications et des moyens utilisés pour mettre des bâtons dans les roues de la machine devenue folle comme une vache. La cible prend forme, elle adopte un visage reconnaissable (de clown?) au gré des éliminatoires de la Coupe Stanley des multinationales. D'ici une ou deux décennies, viendra la Zone de Libre-Échange Mondiale (sauf Cuba?). C'est aujourd'hui le début de la domination qui carbure directement à la source. Et ne vous mettez jamais dans son chemin, où vous goûterez à sa médecine. Les prisonniers d'Orsainville vous en parleront. Et pauvres médias officiels, quel dur métier hypocrite...

Comme le sont les fôrets du Québec, la démocratie est saccagée dans les pays riches en érigeant un Mur de la Honte et en gazant les manifestants et surtout les téléspectateurs, en commentant les manifestations des zones rouge de la même façon qu'on décrit une partie de hockey. Bravo à Pierre Bruneau de TVA en passant, excellent commentateur sportif, malgré un léger parti pris pour les troupes policières. Mais on comprend, vous ne faites que votre boulot, ce que votre patron vous demande, et ce que son patron lui demande, etc.

L'État-Nation a perdu tout son sens, la population et leurs élus étaient tous rassemblés et les vautours volent en cercles au-dessus à Québec. Guerre ouverte entre le futur État-Corporation et les Anarchistes, avec coincé entre les deux la population civile pacifique désireuse d'une vraie démocratie à l'image des besoins réels des populations - militants et non-militants confondus. Un gros show pour cacher que le cancer capitaliste se propage et atteindra bientôt les organes vitaux. Et, selon la tendance, je dirais "jusqu'à l'agonie". Fais dodo, on te vendra du lolo.