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Mondialisation pour les nuls

vieuxcmaq, Jeudi, Avril 19, 2001 - 11:00

Capriel anonymus (pointdevue2000@hotmail.com)

En simples citoyens que nous sommes, nous n'avons que le pouvoir que nous nous donnons ou que nous nous accordons à nous-mêmes. Les décisions ne passent que trop souvent au-dessus de nos têtes, dans le silence ou le secret des alcôves. Ils ne passent que trop souvent aussi au-dessus de la tête de nos propres gouvernants. Nous le savons. Ce n'est pas un mystère, ce n'est même pas un secret. C'est la réalité d'aujourd'hui.

La Mondialisation est un sujet aussi vaste que complexe, si complexe même que vous l'expliquer me dépasse. Je vois, j'entends mais je suis loin de tout comprendre. Ma participation s'arrête à l'écran de télévision. Ma compréhension à celle du commun des mortelles.

On élève des barricades, des murs surmontés de clôtures de barbelés dignent, on l'a répété plus d'une fois, du célèbre Mur de Berlin. Voilà une réputation dont la belle province de Québec ne s'enorgueillira pas. On parle de textes et de pourparlers tenus secrets par ceux qui se voient et se considèrent comme les grands de ce monde.

On se pose quantité de questions dont les réponses ( quand elles nous sont données), nous apparaissent le plus souvent obscures. Ceux qui savent nous disent que les textes des accords, de toute façon, sont tellement abscons et rédigés dans une langue si biscornue que les lire nous remplirait d'ennuis, sans parler de les déchiffrer.

On parle de concilier démocratie et mondialisation. On parle de mettre aux parfums ces têtes pleines de chiffres et de promesses de profits faramineux, pour qu'ils pensent un peu plus aux simples humains que nous sommes. On se battra dit-on. On leur fera entendre raison. On défiera même la loi, sans violence mais avec fermeté.

On dit beaucoup de choses finalement. Mais ceux qui nous gouvernent on le sait aussi, savent être particulièrement sourds quand ils le veulent. Encore que ? Sont-ils plus sourds qu'aveugles ? On nous dit pour nous rassurer et nous convaincre que les textes de ces pourparlers nous seront dévoilés... après. Après la tenue de ce sommet, quand tous sera terminée. Et pour nous flatter dans le sens du poil un peu plus, on nous dit que l'obtention de ces textes représente déjà une grande victoire. Que c'est nous qui avons fait pencher la balance du bon côté ! Chouette ! Dommage, mais je ne suis pas sûr de vraiment y croire.

Imaginez qu'on parle de vous, de votre avenir, quelque part, en vase clos pendant des jours et des jours. Imaginez qu'on vous dise ensuite que vous saurez de quoi il s'agit lorsque tout sera décidé. Vous sentirez vous rassurer par cette annonce ? Convaincu ? Pas sûr. Pas moi. Je serais inquiète, je suis inquiète, car c'est justement ce qui se passe en ce moment à Québec. On prend des décisions. Sans nous.

En fait, rectification, je ne suis pas inquiète. Pas vraiment. Je ne peux pas l'être, je n'en sais pas assez ! Je suis dans la brume. Ce que je sais tient dans un dé à coudre et ce que je ne sais pas, dans un océan. Je m'indigne en regardant le Mur de Québec. Mais ça, c'est purement et simplement un réflexe. Une indignation salutaire devant cette atteinte à nos droits et libertés, à notre sens de la justice et de l'équité.

Bien sûr, ils ont aussi de grands mots pour nous rassurer sur ce mur. Sur l'absolue nécessité de son existence en plein coeur du vieux Québec. De la nécessité de protéger les commerçants... entre autres. Je pourrais presque y croire. Surtout quand ils ajoutent des mots tels que terrorisme, troubles, activités subversives, etc. Je déteste la violence, alors comment ne pas les écouter ? Personne n'aime se faire agresser dans la rue ou ailleurs. Je suis presque convaincue. Presque.

N'était de ce qu'ils protègent réellement. N'était de ce déploiement de force gargantuesque. N'étaient de leurs manières d'intimider par la parole et le geste ; boucliers, matraques et poivres de cayenne à la rescousse. Je n'ai pas même besoin de faire preuve d'imagination, je n'ai, comme vous, qu'às ouvrir ma télévision. Au bruit de ces matraques martelant ces boucliers... je frémis. Comme actes d'intimidations, c'est on ne peut plus réussi !

Mais heureusement, il y en a de plus brave que moi. Ou de plus motivé. Pas plus que Gandhi, ils n'ont besoin de matraques, de boucliers ou de poivres de cayenne. Ce n'est pas leurs poings, mais leurs voix qu'ils veulent faire entendre. Ils ne brandissent ni briques, ni pavés, ni pierres, ni cocktails Molotov. Leur but n'est pas de fracasser des visages ou des vitrines, mais de nous faire comprendre que la démocratie, ce n'est pas de baisser les bras face à l'injustice mais de résister.

Écouter des voix qui protestent contre l'arbitraire, c'est agaçant. Ça peut même devenir dérangeant pour un pays si « démocratique ». À l'extrême, s'en est même gênant. Je souhaiterais que nos gouvernements défendent de meilleurs causes que celles qui servent les intérêts commerciaux de grandes compagnies internationales. Comme on a pu le constater lors des accords de l'Alena, ceux-ci ont favorisé et continuent à favoriser certaines multinationales aux dépens de notre environnement et de notre santé. Je leur souhaite à eux et à nous, de se réveiller avant de répéter de semblables erreurs.

Je n'ai pas envie de me réveiller, un jour, dans un monde où seul l'argent aura une valeur. Je trouve qu'elle n'a déjà que trop de valeur ! Qu'elle ne prend déjà que trop de place dans nos vies, dans nos choix et nos décisions ! Plus que l'entraide, plus que le bonheur, plus que nos vies parfois.

En simples citoyens que nous sommes, nous n'avons que le pouvoir que nous nous donnons ou que nous nous accordons à nous-mêmes. Les décisions ne passent que trop souvent au-dessus de nos têtes, dans le silence ou le secret des alcôves. Ils ne passent que trop souvent aussi au-dessus de la tête de nos propres gouvernants. Nous le savons. Ce n'est pas un mystère, ce n'est même pas un secret. C'est la réalité d'aujourd'hui.

Mais il y a une chose que nous pourrons toujours faire. Vaincre notre ignorance et notre tendance à faire l'autruche. Briser les murs de l'ignorance, c'est déjà défier la loi des plus grands. Un peuple est d'autant plus soumis et assujetti à ceux qui possèdent, qu'il est ignorant et ne sait rien.

Informez-vous ! Sur tout. Pas seulement sur la Mondialisation. Pensez aux OGM. Pensez à l'environnement. Pensez à la souffrance de toutes ces femmes et ces enfants qu'on opprime à travers le monde. Pensez à ces travailleurs qui n'ont que le choix de travailler à de bas salaires et sans conditions de travail acceptables.

Ce sont des voleurs de job, vous écriez-vous ! Peut-être. Mais à leurs places, que feriez-vous ? Vous laisseriez vous mourir de faim ? Ils n'ont même pas ce que nous avons.. ces miettes gouvernementales accordées « généreusement » par ce qu'on nommait jadis le Bien-Être Social et qu'on a renommé depuis pompeusement, Centre local d'Emploi (CLE). Pensez aux petites gens. Les gens pauvres n'ont pas d'histoires, pour paraphraser un mot célèbre. Non, ils n'ont pas d'histoires, pas plus qu'ils n'ont de vrai choix.

Que feriez-vous avec 500 $ par mois ? Pas 500 $ US ! Juste un bon vieux 500 $ « canayen ». Pourriez-vous vivre ? Subsister ? Dans le grand Montréal peut-être. En province ? C'est moins sûr. Une simple chambre ( sans vue sur la baie! ) et avec un appétit d'oiseau ? Possible. Pour ma part, je ne tiens pas à l'apprendre plus que de raison... mais comme bien d'autres : Ça me pend au nez ! comme on dit le vulgairement. Un destin qui n'est ni très confortable, ni très invitant.

En attendant je patine de mon mieux sur une glace qui s'amincit. Et parfois, tout ce qui concerne le monde, vous savez... pff ! Les grands enjeux, les grandes catastrophes... tout ça quoi. Je m'en balance. On a tous des jours comme ça. Mais les jours passent et ne se ressemblent pas. Pas toujours. Alors, le temps de reprendre mon respire, et de regarder autour de moi, je vois le monde bouger, je vois le monde trembler sur ses bases et je me dis.. qu'est-ce que tu attends pour en parler ? Pour donner ton avis ? Personne ne te le demande ? Bah ! Vas-y quand même !

Et qui sait ? On t'en rendra peut-être même grâce !
Et vous ? Qu'attendez-vous ?

Chronique Point de Vue, sur le site web de La Place des Gais et Lesbiennes sur le net.
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