Pour sa première intervention au Sommet des Peuples, José Bové à de nouveau fait l'apologie de l'action directe non-violente, refusant de se placer dans la psychose sécuritaire entretenue par certains médias.

"Le fait de s'opposer au marché est déjà presque considéré comme de la violence" dénonce José Bové, interrogé sur les risques de débordements des manifestations lors sa première intervention au Sommet des Peuples mercredi 18 avril.
"Alors qu'à partir de là un certain nombre de gens face un mur aient envie de passer par dessus ce mur, c'est ceux qui ont mis le mur qui devront assumer cette responsabilité."

Se montrant solidaires de tous ceux qui se réuniront à Québec pour dénoncer la mondialisation libérale, Bové insiste sur le fait que ce ne sont pas les manifestants qui sont violents, mais le processus de libéralisation de marchés qui créerait des zones de pauvreté encore plus grandes, et le secret entourant le Sommet des Amériques. "Il est scandaleux que même les parlementaires canadiens ne connaissent pas la teneur des négociations."

"Face aux États, la violence n'avancerait pas à grand chose car il y a disparité dans les moyens. Aujourd'hui le choix de la violence n'est pas une arme pour les pauvres et les démunis. Aujourd'hui, ce que je prône c'est la force des faibles, c'est l'action directe non-violente et le désobéissance civile" affirme le leader paysan.

"Quand les lois sont injustes, il est criminel d'accepter ces lois" ajoute celui qui sera amener à plaider le droit à la légitime révolte devant la Cour Européenne des droits de l'Homme à propos du désormais mythique démontage d’un McDo durant l’été 1999 en France.

Répétant comme à son habitude les méfaits du néo-libéralisme, Bové a pour autant rappelé qu'il ne fallait pas se tromper sur le sens de l'action des militants anti-mondialisation: "le combat contre les multinationales n'est pas seulement contre celles qui viendraient du continent nord américain, c'est un combat aussi contre les multinationales européennes et notamment française". "C'est l'Europe qui milite pour l’intégration des services dans les négociations internationales" ajoute-t'il. Il ne s'agit donc pas de l'affrontement du modèle européen face à celui américain mais du combat des "citoyens contre les multinationales".

Et devant la perplexité de certains journalistes ne voyant en lui qu’un vulgaire vandale, Bové se fait prophète. "Dans les temps bibliques, il y a déjà eu une manifestation qui s'est faite autours d'une ville où il y avait un grand mur. Les gens se sont rendus compte que le mur était impossible à détruire, donc ils ont pris des instrument de musique, ils ont pris des trompettes et ils ont fait tomber ce mur. Alors peut-être qu'il faudrait qu'on réinvente les trompettes de Jéricho ici à Québec."