COMMUNIQUÉ - (Québec, 8 avril 2001) L'Opération Québec Printemps 2001 (OQP 2001) rend publiques ses réactions face à la libération des textes de négociation de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) et à l'annonce selon laquelle le processus de création de la ZLÉA sera plus « transparent ».

COMMUNIQUÉ - SOMMET DES AMÉRIQUES
« La libération des textes dans le cadre des négociations de la Zone de libre-échange des Amériques : une première brèche dans le mur du libre-échange ! dit l'Opération Québec printemps 2001 »

(Québec, 8 avril 2001) L'Opération Québec Printemps 2001 (OQP 2001) rend publiques ses réactions face à la libération des textes de négociation de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) et à l'annonce selon laquelle le processus de création de la ZLÉA sera plus « transparent ».

Cédant sous la pression des nombreux groupes d'opposition à la ZLÉA et de ceux dénonçant le caractère antidémocratique du processus de négociation, les ministres des affaires étrangères et du commerce international, réunis les 6 et 7 avril à Buenos Aires (Argentine), ont enfin résolu de rendre publics les textes de négociation. «Que l'on ne se trompe pas ! Il ne s'agit pas là d'un geste d¹ouverture que l'on doit à l'initiative des chefs d'Etat, des ministres du commerce ou encore des gens d'affaires qui, réunis au sein de l'Americas Business Forum (ABF), disposent d'un statut consultatif officiel dans le cadre des négociations », d'affirmer Stéphane Paquet, l'un des membres de la coalition Opération Québec Printemps 2001. À cet effet, il est fondamental de dénoncer la récupération politique, d'une bassesse abyssale, à laquelle se livre le Ministre du commerce international, Pierre Pettigrew, lorsqu'il présente la libération des textes comme une victoire du Canada alors qu'en réalité, les 34 pays des Amériques n'ont fait que céder aux pressions populaires. « Je peux vous assurer qu'il y a 6 mois à peine, la libération des textes était loin d'être à l'ordre du jour des priorités canadiennes en matière de libre-échange. Doit-on considérer monsieur Pettigrew comme le porte-parole des groupes d'opposition ?», a ironisé Stéphane Paquet. «La libération des textes qui, selon les affirmations du ministre Pettigrew, ne se fera qu¹aux lendemains du Sommet de Québec, est bel et bien la résultante des pressions et des revendications des nombreux groupes d'opposition qui, depuis plus d¹un an, se battent sur tous les fronts pour faire entendre leurs voix et ce, dans un contexte où une confusion malheureuse tend à assimiler les militants et militantes à des casseurs, voire même à des terroristes !», de compléter Lisa Goodyer, également membre d'OQP 2001, qui ajoute qu'il faut aussi questionner le fait que la libération de textes, qui ne contiennent assurément pas de "bonnes nouvelles", ne précède pas le Sommet de Québec.

La libération des textes illustre donc l'importance et la pertinence politique des groupes d'opposition dont le mandat premier en est un de sensibilisation et de mobilisation des citoyens et citoyennes sur les enjeux et impacts du libre-échange et de la future ZLÉA. L'une des grandes victoires de ces groupes est d'avoir initié un débat public sur les négociations de la ZLÉA, et sur la question du libre-échange et de ses conséquences. « La démocratie est un combat de tous les jours ; lorsqu'on la tient pour acquise, elle nous glisse entre les doigts », de clamer monsieur Paquet. « C'est pourquoi il faut éviter à tout prix de se laisser endormir et de se fier uniquement à la «bonne foi » des politicienNEs et des gens d'affaires pour dresser l'ordre du jour de la vie économique et sociale des Amériques », de poursuivre monsieur Paquet.

Par ailleurs, la libération des textes vient contredire le fatalisme et le défaitisme qui condamnent les citoyens et citoyennes à l'inaction. « La mondialisation néolibérale des marchés n'est pas un phénomène désincarné sur lequel nous n'avons aucune prise. Il relève de choix politiques, économiques et sociaux et il est hors de question que l'on décide pour nous », de compléter madame Goodyer au nom de l¹Opération Québec Printemps 2001. Cette dernière en profite pour saluer le courage et la détermination des militants et militantes formés par l'Opération SalAMI qui, le 2 avril dernier, se sont lancés dans une opération non-violente visant, dans un geste symbolique, à libérer les textes conservés au Ministère des affaires étrangères et du commerce international. Les 87 arrestations reliées à cet acte de désobéissance civile n'auront pas été vaines.

Doit-on se féliciter de cette libération des textes? Pour les membres de l'Opération Québec Printemps 2001, une chose demeure claire : il est absolument aberrant et irresponsable de s'engager dans la création d¹une immense zone de libre-échange à l'échelle des Amériques, et ce aussi longtemps qu'un réel débat démocratique sur la base d'un bilan des dix dernières années de libre-échange ne sera pas tenu. « L'on peut certes saluer la libération des textes, mais cela ne change rien au fond du problème d'une mondialisation qui, plutôt que de chercher à niveler par le haut, c'est-à-dire de tracer la ligne de compatibilité des économies selon la perspective d'un minimum de justice sociale pour l'ensemble des citoyenNEs et de respect de l'environnement, choisit la voie des profits corporatifs mirobolants et rapides pour l'infime minorité que constituent les plus nantis, et ceci en instaurant une dynamique de concurrence entre les pays, une course dans laquelle le gagnant sera le pays ayant créé les conditions les plus propices à l'investissement étranger : faibles coûts de la main-d'oeuvre, règles environnementales permissives et programmes de subvention pour les entreprises», de dire monsieur Paquet.

« Si l'argumentaire des groupes d'opposition au libre-échange à tout prix et à la création de la ZLÉA se fondait principalement sur le bilan désastreux des dix dernières années de libre-échange, ils pourront désormais l'appuyer aussi sur des dispositions précises relevant de la future ZLÉA. En cela, la libération des textes est saluée, avec un enthousiasme fortement nuancé, par l'Opération Québec Printemps 2001 », de conclure Lisa Goodyer.

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