Nous aimerions faire part, aux " anti-ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques) " de toutes allégeances, d’un incident peut-être pas unique, mais à tout le moins très rare, dans la mobilisation contre le Sommet des Amériques. Le 1er mars dernier, deux membres de la CLAC (Convergence de luttes anti-capitalistes) et une membre du CRAC (Collectif de Recherche Autonome et Critique), en visite au Cégep de Sorel-Tracy pour animer un atelier sur le capitalisme, la mondialisation et la ZLÉA, se sont vu interdire la tenue de leur activité par la direction du Cégep.

Qui a peur de l’anti-capitalisme? Récit d’une chasse aux sorcières… à Sorel

Par Philippe de Grosbois, Marie Mazalto et Benoît Tellier

Nous aimerions faire part aux " anti-ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques) " de toutes allégeances, d’un incident peut-être pas unique, mais à tout le moins très rare, dans la mobilisation contre le Sommet des Amériques.

Le 1er mars dernier, deux membres de la CLAC (Convergence de luttes anti-capitalistes) et une membre du CRAC (Collectif de Recherche Autonome et Critique), en visite au Cégep de Sorel-Tracy pour animer un atelier sur le capitalisme, la mondialisation et la ZLÉA, se sont vu interdire la tenue de leur activité par la direction du Cégep.

L’atelier devait pourtant se tenir à l’auditorium du Cégep, suite à l’invitation du comité de mobilisation de l'établissement, récemment formé en vue du Sommet des Amériques. Tracts et affiches étaient prêts, nous étions bien préparé-e-s, fort-e-s d’un superbe atelier de 3 heures tenu devant 70 étudiant-e-s du Cégep de Drummondville, le soir précédent.

Mais la direction du Cégep de Sorel-Tracy ne l’entendait pas ainsi puisque, moins de 24 heures avant la tenue de l’atelier, elle informe le comité de l’annulation de la rencontre, en raison de "l’attitude de confrontation" qu’adopte la CLAC face à la ZLÉA (voir ses 6 principes). L’arbitraire qui se manifeste dans une telle mesure de censure, en dépit de son caractère indignant, n’est pas pour autant dénué de toute explication.

En effet, des discussions avec quelques étudiant-e-s du Cégep ainsi qu’un entretien avec la directrice du Cégep ont confirmé nos craintes. Une enseignante du Cégep participant activement à la Table de Convergence, apprenant notre visite imminente, s’est empressée d’aller voir la Direction des Études pour nous interdire la prise de parole, sur la base de l'affirmation non fondée que nous " prônions la violence ". La direction, de son côté, refuse de vérifier ces accusations diffamatoires et cautionne un pouvoir discrétionnaire traversé d’un conflit d’intérêts éhonté, en dépit du fait, comme le faisaient remarquer deux étudiantes du Cégep à la directrice, que ce refus les privait de la possibilité de connaître les différentes manières dont les groupes analysent actuellement l'installation de la Zone de libre-échange des Amériques.

" Ce que les armes ont gagné, le travail et l’intelligence le conserveront. " Triste ironie du sort que de voir, après avoir été censuré-e-s et remercié-e-s, cette maxime commémorant la fondation de la ville de Sorel en 1642. " Travail et intelligence " semblent avoir été oubliés, dans leur long parcours jusqu’en l’an 2001, telles plusieurs luttes ouvrières locales qui ne furent pas de tout repos, dont celles des années 1930 et plus récemment, celles contre l’industrie des Simard.

Deux points à retenir de cette petite chasse aux sorcières. D’abord, le mouvement d’opposition à la ZLÉA (ainsi que sa branche anti-capitaliste) fait peur et sait éveiller pensées et mesures réactionnaires, même là où on ne s’y attend pas. Ensuite, une certaine " tyrannie du pacifisme " semble être de plus en plus myope de sa propre violence, nourrie par la censure, le mensonge et l’abus de pouvoir. Le plus grave, c’est que 50 jours avant le Sommet des Amériques, l’opposition à la ZLÉA peut difficilement se permettre de tels enfantillages.

Philippe de Grosbois et
Benoît Tellier, membres de la CLAC;
Marie Mazalto, membre du CRAC.