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Le Brésil et l'impérialisme technologique des États-Unisvieuxcmaq, Lundi, Mars 5, 2001 - 12:00
Nicolas Levesque (nicolaslevesque@hotmail.com)
Les motifs réels pour l’établissement de la ZLÉA laissent de moins en moins de doutes. Pour les Etats-Unis du moins, il s’agit de la création d’un bloc commercial où la superpuissance pourra étendre sans frein son influence économique. Le Brésil doit déjà faire face à la tentative étatsunienne d’imposer à l’ensemble de l’Amérique ses normes en matière de technologie, question pour la métropole impérialiste de s’assurer un marché sûr. Alors que le Brésil choisira en avril prochain ses normes pour l’établissement de la télévision numérique sur son territoire, les États-Unis tentent d’inclure le sujet dans les négociations de la ZLÉA, avec pour prétexte, la nécessité de standardiser à l’échelle de l’Amérique les normes en matière de technologie. L’Agence nationale des télécommunications brésilienne optera le mois prochain pour la technologie qui sera implantée au pays pour la transmission de la télévision numérique. Trois choix s’offrent toujours au Brésil : les technologies japonaise, européenne et nord-américaine. On évalue le marché brésilien de la télévision numérique à 10 MM$ sur dix ans, un marché que les entreprises étatsuniennes comptent bien s’accaparer. Alarmés par la possibilité de ne pouvoir étendre leur monopole à l’ensemble des Amériques, l’industrie et le gouvernement des EUA ont d’ailleurs élaboré une stratégie pour que le sujet soit inclu dans les négociations de la ZLÉA. C’est que l’industrie brésilienne des télécommunications a démontré publiquement sa préférence pour le modèle japonais. Les Etats-Unis ont donc répondu en élaborant une stratégie offensive de relation publique jusqu’au Sommet des chefs d’État de Québec pour convaicre le Brésil à réviser ses intentions. La préférence de l’industrie brésilienne pour le modèle japonais est basée sur des résultats de recherches réalisées l’année dernière et qui sélectionnaient le modèle japonais comme le plus efficace alors que le modèle étatsunien se positionnait troisième en terme d’efficacité, derrière le modèle européen. La méthodologie des résultats fut évidemment contestée par le fabricant d’appareils de télévision Zénith, propiétaire des brevets de l’une des technologies utilisées dans le modèle américain de transmission de la télévision par mode numérique. Pourtant, même les télédiffuseurs nord-américains, qui diffusent en mode numérique depuis quelques années, ont formulé des critiques par rapport au modèle qu’ils utilisent. Par crainte de perdre leur influence de par le monde en ce qui a trait à l’innovation technologique, les décideurs des EUA ont réussi à unir il y a quelques semaines, dans le cadre de leur campagne de relation publique, les fabricants et les télédiffuseurs étatsuniens derrière le modèle nord-américain. Les Etats-Unis sortent l’argument de l’uniformité à la grandeur des Amériques pour inciter le Brésil à opter pour son modèle, prétextant que celui-ci sera inévitablement adopter par le reste de l’Amérique. De fait, le Brésil se retrouve de plus en plus dans un cul-de-sac depuis que l’Argentine a opté, en 1998, pour le modèle étatsunien, sans consulter ses partenaires du Mercosul, alors que le Brésil était favorable à un modèle commun pour la région. Brésil et ZLÉA : signera, signera pas ? Le gouvernement brésilien montre de plus en plus d’ouverture face à la ZLÉA. Le ministre des Affaires extérieures, Celso Lafer, est par contre demeuré prudent sur la question de la télévision numérique prétextant qu’avec des sujets aussi complexes il serait prémédité de conclure les négociations avant 2005. Pour le Brésil, le plus important avant d’apposer sa signature, consiste simplement à s’assurer que, dans une future ZLÉA, le marché nord-américain sera ouvert aux entreprises brésiliennes. |
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