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Le Portail du Développement Global : la Banque mondiale fait main basse sur l'internet

vieuxcmaq, Jeudi, Décembre 21, 2000 - 12:00

Traduction: JP Schermann & A Chailleu, traducteurs Alex Wilks, membre de The Bretton Woods Project (

N'allez surtout pas croire que la Banque mondiale est sur la défensive. En dépit des contestations récentes, des commissions officielles et des études officieuses qui ont mis en cause la légitimité et l'efficacité de la Banque, James Wolfensohn a de nouvelles stratégies pour étendre la zone d'influence de la banque. Une des tâches prioritaires sur son agenda est une tentative pour faire main basse sur l'internet, en cherchant à construire un portail de 70 millions de dollars, " le premier site web d'information sur la pauvreté et le développement durable ". L'objectif ambitieux du Portail du Développement Global (GDG) est de mieux contrôler quelles analyses et opinions seront jugées fondées et dignes d'intérêt, dans le domaine du développement.

Le site a pour but de proposer une vue d'ensemble de questions-clés politiques, et des liens vers d'autres sites présentant de " bonnes " informations sur ces sujets. Beaucoup de sites issus de la base et des campagnes militantes seront écartés, sur le principe qu'ils contiennent des opinions non étayées et des recherches non validées. La promotion du site sera très forte auprès des officiels, journalistes, étudiants, ONG et autres. Bien qu'il soit jusqu'à présent strictement contrôlé par la Banque, le Portail du Développement Global sera lancé l'an prochain sous la forme d'une fondation indépendante, donnant ainsi une impression de neutralité aux surfeurs non avertis, qui ne savent pas qui se trouve derrière ce site en apparence utile.

La Banque essaie d'impressionner les gouvernements du G8 et d'autres avec un projet high-tech, à la pointe du progrès, aux implications multiples, qui fournira connaissance et expertise à des communautés sur l'ensemble de la planète. Les mots chocs utilisés à son propos seront " transparence ", " interactivité " etc. Néanmoins, la Banque s'y prend si maladroitement pour rassembler autour de cette initiative qu'elle s'est mis à dos plusieurs partenaires potentiels, révélant une fois de plus son dirigisme dans la gestion des projets et son incapacité à reconnaître que les opinions sur le développement sont diverses et contradictoires. Ce projet illustre également l'impossibilité pour la Banque de comprendre que l'internet développe les échanges horizontaux, les opinions et les liens multiples, plutôt que la planification et le centralisme.

Wolfensohn a affirmé que l'internet pouvait être une source de confusion, quoique également un outil puissant, pour ceux qui travaillent sur les problèmes internationaux. Des groupes militant tels que Indymedia et Peoples' Global Action l'ont bien montré, au point que des officiels de l'OMC ont déclaré que Seattle n'avait pas été perdu dans les salles de négociation, ni dans les rues, mais bien sur l'internet. Le GDG risque de représenter une sérieuse menace pour les sites à connotation politique ou issus de campagnes militantes, qui proposent des informations en provenance d'autres sources. Plusieurs sites, qui ont besoin pour vivre d'un certain nombre de visiteurs, pourraient à terme disparaître.

Une des principales critiques adressées au portail est que la Banque surestime largement ce qui peut être réalisé dans un seul site, et essaie de "tuer 5 oiseaux avec une seule pierre". Le GDG a pour but de procurer : des données faciles d'accès sur les projets de soutien, une base de données sur les organisations travaillant sur le développement, une librairie d'achat en ligne, des sites nationaux reliés et une sélection de liens pour l'analyse de plus de 100 sujets politiques. Les liens d'analyse sont probablement ceux qui posent le plus problème. La Banque recrute des rédacteurs ou chefs de rubrique qui auront la mission irréaliste de scruter les différents sites web du monde entier pour collecter ce qui existe sur leur sujet, puis d'afficher des liens sur tout ce qu'ils estiment répondre à leurs standards de " qualité ". Roberto Bissio, directeur de l'Institut du Tiers Monde en Uruguay, a comparé le GDG au fait que la Banque mondiale publie des journaux dans des pays où de telles sources d'information seraient absentes. "Cela soulèverait l'indignation publique si quelqu'un proposait cela, car la presse est censée être libre".

Essayer de filtrer les informations relatives au développement pour créer un portail destiné à une audience aussi large est complètement irréaliste. Il n'est clairement ni possible ni souhaitable qu'une seule personne ou une petite équipe prétende recenser par des liens et des synthèses les points de vue de tous les acteurs (société civile, gouvernements, agences officielles, entreprises, etc.) sur tout sujet touchant au développement. C'est une évidence pour beaucoup, mais cela a été particulièrement bien exprimé par Anriette Esterhuysen, directrice exécutive de L'Association pour le Progrès des Communications :

"Le Portail du Développement Global (GDG) aura pour conséquences:
-de sortir de son contexte le contenu qu'il dissémine
-de neutraliser et dépolitiser l'information
-de créer une atmosphère illusoire de consensus et d'universalité, tout en proclamant la "diversité"
-de retirer des fonds aux initiatives locales d'information sur le développement.

De façon très significative, les initiatives telles que le GDG, quelle que soit leur prétention à être globale, sont pilotées par le Nord. S'il est très difficile de tracer les contours de ce qui constitue " une opinion raisonnable " au sein d'une organisation individuelle, d'un village ou d'une famille, ça l'est plus encore lorsque l'on se place au niveau national ou international. La signification même du mot développement et de plusieurs sujets du Portail du Développement Global est elle-même fortement contestée. Le développement inclut tout ce qui a à voir avec le Sud. Sur un tel " mégasite ", on peut s'attendre à ce que les informations en provenance d'un groupe de réflexion africain ou d'une ONG soient noyées sous les publications de la Banque mondiale sur le même sujet.

L'approche planifiée de la Banque a suscité des critiques précises, mais la Banque n'a pratiquement rien fait pour y répondre. Bien au contraire, Wolfensohn a personnellement écrit le 7 novembre sur le site de consultation qu'il trouvait satisfaisant l'accueil réservé à son projet de portail, que son organisation allait le mener à bien et travailler avec " ces ONG importantes et ces organisations communautaires qui désirent tenter l'expérience avec nous ". Ce qui revient à admettre franchement que l'exercice de consultation entrepris n'était qu'une mascarade et que Wolfensohn va utiliser son bras musclé diplomatique pour marginaliser les opposants et passer au rouleau compresseur les groupes afin qu'ils collaborent sans poser de questions sur les fondements des stratégies de la Banque.

La Banque mondiale recense déjà 4 millions de pages consultées sur son site principal chaque mois. Elle a récemment investi énormément de moyens dans une série de projets internet ou d'enseignement à distance. Combiné au GDG, tout ceci doit être compris comme une manœuvre stratégique dont le but est de s'approprier les commandes de la technologie de l'information relative au développement. Étant entendu que le web devrait s'imposer en tant qu'outil de publication et d'organisation, les militants auraient intérêt à empêcher la Banque mondiale de devenir plus puissante dans ce domaine.

Pour plus d'informations et de mises-à-jour, visitez le site www.realworldbank.org rejoignez la liste de diffusion 50 Years Is Enough list-serve ou manifestez votre intérêt en vous enregistrant sur: gdg@brettonwoodsproject.org

L'article est paru dans le numéro de décembre des "Nouvelles de la Justice Économique", courrier d'information de l'association "50 ans, ça suffit". Tous les articles de ce numéro ont été mis récemment en ligne, sur le site web http://www.50years.org/ejn/v3n4/index.html.

Pour commander l'édition papier des Economic Justice News, adressez 25$ à : 50 Years Is Enough Network; 1247 E Street, S.E.; Washington DC 20003 USA

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