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Le plus gros dispositif de sécurité au Canada - Québec sous les barricadesvieuxcmaq, Mercredi, Novembre 29, 2000 - 12:00
Sébastien Gilbert-Corlay (alternatives@alternatives.ca)
C’est l’histoire d’une forteresse où 34 chefs d’État et de gouvernement des Amériques viendront discuter de l’avenir économique du continent. Lors du Sommet des Amériques, du 20 au 22 avril 2001, la ville de Québec se transformera en zone de conflits pour ceux et celles qui n’appartiennent pas à l’élite accréditée et qui voudront faire part de leur mécontentement. La Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Sûreté du Québec (SQ), les services municipaux de Québec et la police de Sainte-foy travaillent actuellement à organiser la " sécurité " lors du Sommet des Amériques. Soit un périmètre de sécurité de plusieurs kilomètres carrés, constitué de blocs de béton, de policiers de l’escouade tactique et de structures déjà en place, comme les remparts de Québec. Le bagne d’Orsainville, 600 places, sera aussi à la disposition de la garde royale. La SQ et la GRC s’entendent pour dire que ce sera le plus gros dispositif de sécurité jamais établi au Canada. Impossible d’en savoir plus, la tactique policière restera secrète. Pourquoi les opposants à un principe politico-économique sont-ils exclus de tout débat ? Pourquoi ceux qui veulent exprimer leur désaccord en manifestant pacifiquement risque-t-ils d’être assaisonnés de poivre ou chargés par la cavalerie et ultimement de se faire arrêter ? Le droit de manifester relève de deux principes, la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique, précise André Paradis de la Ligue des droits et libertés : " Comme toutes les libertés fondamentales, ce ne sont pas des droits absolus. Ces droits peuvent être limités pour des raisons de sécurité publique, de moralité publique ou de santé. Le gouvernement peut donc limiter le droit de manifester. C’est l’ampleur des mesures qui est discutable. Est-ce que ce sera véritablement pour des raisons de sécurité ou, comme on peut le penser à propos du sommet de l’APEC, pour tenir à l’écart les manifestants afin qu’ils ne soient vus par les chefs d’État, pour garder l’illusion que tout le monde leur souhaite la bienvenue ? " L’annonce médiatique, début novembre, du ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, a suscité de vives réactions chez les organisations de droits humains. Pour André Paradis, " lancer cette annonce publiquement avec une telle force, c’est préjuger de ce qu’il se passera à Québec, c’est envoyer un message aux manifestants qu’il y a de bonnes chances qu’ils se fassent arrêter, et sans considération du fait que la majorité seront pacifiques. Ce qui pourrait les dissuader de manifester, et ça, c’est critiquable ". L’important dispositif de sécurité lors du sommet du G8 à Okinawa au Japon, en juillet dernier, a ainsi découragé beaucoup de manifestants de marcher dans les rues, selon un rapport sur l’ " antimondialisation " du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). À la Sûreté du Québec, Richard Bourdon explique que les policiers doivent se préparer à toute éventualité, donc au pire. À l’aide de films, les techniques de manifestations utilisées à Prague, Windsor, Seattle et Washington sont étudiées. Selon Richard Bourdon, " la police est là pour que les manifestations ne dégénèrent pas, mais pas pour les empêcher. On est dans un pays où les gens ont le droit de manifester. Mais il faut que tout se déroule dans l’ordre ". Mesures excessives Cependant, pour le SCRS, les policiers doivent faire attention aux mesures excessives utilisées qui peuvent avoir l’effet contraire de ce qui est recherché. Selon André Paradis, de la Ligue des droits et libertés, " la violence a souvent été provoquée par l’intervention démesurée de la police, comme à Seattle et un peu comme lors de la manifestation contre le G20 à Montréal, dernièrement ". La répression policière augmente-t-elle ? " Selon le nombre d’arrestations, de tickets donnés, et de judiciarisations, la répression est en augmentation à Montréal comme partout au Québec ", d’après Mathieu Francœur, travailleur de rue et militant lors du forum Jeunes-espace public-répression. " Les coupures dans les programmes sociaux ont appauvri la population, qui se révolte davantage. De plus, il y a une élite financière qui veut de plus en plus contrôler les espaces publics et privés du centre-ville, ce qui fait que les intérêts des riches et ceux des pauvres s’opposent de plus en plus. On utilise la répression pour faire de la place ", explique Mathieu Francœur. Ainsi, pour beaucoup de militants, la lutte contre le néolibéralisme, c’est aussi une lutte contre la répression politique et l’augmentation de la pauvreté. Au fur et à mesure que les gens prennent conscience des impacts de la mondialisation, la contestation se durcit en même temps que la confrontation avec les forces de l’ordre. _ |
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