Alors que les chefs d'État continuent de surfer sur la vague de la mondialisation, la résistance contre le Sommet des Amériques s'organise à Québec.

Le monde journalistique, obnubilé par les scènes de violence et de répression brutale des manifestations antimondialisation à Seattle l'année dernière, semble fantasmer une suite similaire pour Québec. Cet "espoir" s'est traduit dans les derniers mois par une publicité sans précédent pour le mouvement de résistance à la mondialisation dans les médias de la capitale nationale.

Profitant de cette "popula-rité", la coalition Opération Québec printemps 2001 (OQP 2001) a fait son lancement début octobre lors d'une conférence de presse très courue. Les journa-listes avides de sang sont sans nul doute restés sur leur faim à la suite de cette présentation où ils ont appris que les membres d'OQP 2001 adhèrent au "principe général de non-violence et pri-vilégient la réflexion, la discussion et la manifestation pacifique comme moyens de faire avancer les débats dans une perspective démocratique".

Dans le communiqué émis alors, "il apparaît important [pour OQP 2001] de souligner que la lutte contre le projet de ZLÉA, et contre une mondialisation des marchés inéquitable, n'est pas une lutte de minoritaires ou de nostalgiques, tel qu'on aime bien la présenter, mais bien un combat pour un autre projet de société plus égalitaire et démo-cratique".

De plus, toujours par voie de communiqué, "l'Opération Québec Printemps 2001 consi-dère le Sommet qui réunira à Québec 34 chefs d'État des Amériques comme un tremplin important pour rassembler le plus de gens possibles, et de partout, autour d'un grand objectif commun et qui s'insère dans le plus long terme : dénoncer le libre-échange mondial tel qu'il est mené présentement, de même que le caractère anti-démocratique de tels accords, et ce dans la mesure où la population n'est pas consultée, ni même informée convenablement des négociations en cours ".

La nature de la coalition

OQP 2001 n'a pas la prétention de réunir l'ensemble des luttes opposées à la tenue du Sommet des Amériques. Elle se présente comme une coalition régionale visant à regrouper les forces vives de la lutte antimondialisation présentes dans la région. L'action qu'elle mènera en avril prochain s'insérera donc parmi une multitude d'autres.

Composée de cinq comités (action, formation, appui, communication, artistique) chapeautés par un comité de coordination, la structure d'OQP vise à la fois l'efficacité et le respect de la démocratie. Étant davantage un regroupement d'organisations que d'individus, la coalition ne possède pas d'assemblée générale décisionnelle (ce qui a incité certains camarades plus avides de démocratie directe à claquer la porte dès le départ). Les individus ont cependant tout le loisir de s'impliquer au sein des différents comités de la coalition.

Au nombre de la trentaine d'organisations membres, on note Alternatives, ATTAC-Québec, le Syndicat de la fonction publique du Québec, le Parti de la démocratie socialiste, le Mouvement pour une alternative politique, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste et bien d'autres encore. Pour le moment, en-dehors de l'idée d'organiser une grande manifestation pacifiste, les actions qu'entreprendra OQP ne sont pas encore déterminées, pas plus que ses revendications précises. À moins de s'y impliquer directement, il faudra donc patienter avant de voir ce qui émanera des instances décisionnelles de la coalition. À suivre…

*L'auteur de ce texte est impliqué dans le comité communication d'OQP 2001 où il travaille avec des camarades à la publication du bulletin de la coalition. Pour cet article, il ne fait pas semblant d'être objectif. Néanmoins, son texte n'engage que lui et ne représente pas la position d'OQP 2001. Par ailleurs, il remercie son estimée collègue Shano Everett de lui avoir permis de plagier (un peu) un des ses articles pour écrire le sien.