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La construction de chambres communautaires : une solution à l’itinérance ?Anonyme, Mardi, Octobre 18, 2011 - 10:59 (Reportage ind. / Ind. news report | Montréal / Laval | Alternatives constructives | Economy | Logement / Housing / Vivienda) Les pertes d’emploi causées par la crise économique ont précarisé une partie de la population devenue incapable de défrayer les coûts d’un logement. Dans ce contexte, des organismes sans but lucratif se portent acquéreurs d’édifices locatifs du centre de la métropole afin d’offrir des chambres abordables aux moins nantis. Devenu propriétaire en décembre dernier d’un immeuble de chambres locatives, l’organisme de lutte contre l’itinérance Le Sac-à-dos hébergera dès le printemps des ex-itinérants du Centre-ville dans ses quinze nouveaux logements de la rue Sainte-Catherine. Une bonne nouvelle pour toute une clientèle socialement défavorisée qui se retrouve dans la rue de plus en plus souvent pour des raisons économiques, comme l’observe quotidiennement le coordonnateur de l’organisme, Richard Chrétien. « Cette année on a vu arriver dans les organismes de la rue des gens qui ont perdu leur travail et qui sont devenus incapables de payer un logement régulier », relate-t-il. Parmi les solutions qui s’offrent aux personnes à très petits revenus, la chambre ou le studio loué au mois est le type de logement le plus facile à obtenir et le moins coûteux. Or, le parc de maisons de chambres est en baisse à Montréal, conséquence de la spéculation foncière et de la conversion de ces bâtiments, souvent situés dans les quartiers centraux, en condos ou en gîtes. La Ville de Montréal estime qu’entre 2002 et 2005, 1000 chambres locatives privées auraient changé de vocation. Aujourd’hui, le nombre de chambres en location privée serait d’environ 3000, alors que dans les années 1970 on en comptait 30 000. Dans ce contexte, de plus en plus d’organismes communautaires et sans but lucratif unissent leurs efforts pour acheter des immeubles locatifs des quartiers centraux au moment de leur mise en vente. L’objectif : soustraire un maximum de chambres à la spéculation foncière. Ces organismes arrivent ainsi à offrir une chambre en location à des personnes à risque d’itinérance ou en transition, pour un loyer allant de 300$ à 400$ par mois toutes charges incluses. Un prix en dessous de celui du marché, mais surtout mieux adapté au revenu accordé par le bien-être social. Car le revenu minimal accordé par l’État est d’environ 600$, alors que le loyer moyen à Montréal s’élève à 637$ charges et dépenses non incluses. Notons que celui-ci a connu une hausse de 30% depuis 2000, selon l’Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS). En plus de fournir un toit aux plus démunis, les maisons de chambres communautaires et en OSBL permettent d’offrir un soutien social et communautaire à une clientèle peu diplômée, célibataire et parfois aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Grâce à cette aide, des personnes qui ont connu l’itinérance parviennent plus facilement à se recréer un réseau social et à se retrouver un emploi. C’est le cas de Jean-Baptiste A. qui habite depuis six mois dans une chambre de l’organisme sans but lucratif Chambreclerc situé en plein Centre-ville de Montréal. C’est ce logement, explique-t-il, qui lui a permis de quitter la rue et de réintégrer le marché du travail. « Avant, j’avais un trois et demi qui me coûtait 550$ par mois. Le chèque de bien-être social ne me permettait pas de défrayer ce montant-là en plus de mes dépenses personnelles. Je me suis donc retrouvé dans la rue », explique-t-il. À Chambreclerc, les places ne restent pas vacantes longtemps, comme en témoigne la vice-présidente du conseil d’administration de l’OSBL, Isabelle Leduc. « Il nous arrive de recevoir quatre candidatures pour une seule place vacante. Ceci indique qu’il manque des logements sociaux ou abordables à Montréal. D’autant plus que l’on constate que certaines chambres privées sont en très mauvais état, voire insalubres. » Des projets dépendants des subventions de Québec Selon François Simard, chargé de communication pour la Société d’habitation du Québec (SHQ), l’organisme responsable du programme, « il y a une forte demande de logement au Québec. Près de 40 000 ménages sont en attente d’un logement en HLM dans la Province. Bon an mal an, on ajoute 2 000 à 3 000 unités par année. Est-ce qu’on répond à toute la demande ? Non, mais on est sur la bonne voie ». Cependant, la part du budget accordé aux logements les plus abordables est mince. Seulement 11% du budget annuel d’Accès logis est destiné à l’achat-rénovation des maisons de chambres. Autre lacune, les coûts d’achat dans le secteur de l’immobilier ont explosé ces dernières années et le programme n’a pas augmenté ses subventions, comme le rapporte Isabelle Leduc. « En tant qu’organisme à but non lucratif, c’est un défi d’entrer en compétition sur le marché de l’immobilier avec les promoteurs privés qui ont des moyens que nous n’avons pas. Si les subventions de Québec n’augmentent pas, ce sera de plus en plus difficile de racheter et de rénover des chambres au Centre-ville ». Désinvestissement du fédéral en 2011 Avec le retrait du Plan d’action économique du Canada en juillet dernier, d’importantes sommes ont été retranchées des budgets provinciaux dédiés au logement social. Ce retrait pourrait bien avoir un impact sur la capacité de financement du projet Accès logis au cours des prochaines années, car les budgets provinciaux gérés par la SHQ dépendent en bonne partie du financement d’Ottawa. En plus des subventions provinciale et fédérale, reste l’apport financier de Ville de Montréal, qui s’est engagée dans son Plan d’action ciblé en itinérance à produire de 300 à 400 chambres entre 2010 et 2013. Si cette initiative est encourageante, à ce jour la moitié seulement des logements auraient été produits, selon Robert Manningham. « Non seulement les budgets actuels ne permettent pas de produire suffisamment de logements sociaux, mais le nombre de chambres en location tend à diminuer tous les ans », rappelle-t-il. « C’est pourquoi nous nous battons pour acheter les deux ou trois maisons de chambres qui apparaissent sur le marché de l’immobilier à tous les ans. Ces projets ont leur utilité, car on observe une augmentation de l’itinérance chez une population de plus en plus nombreuse et de plus en plus jeune à Montréal. À notre avis, la qualité de vie dans les quartiers de Montréal dépend d’abord et avant tout du bien être de tous ses citoyens, et de notre capacité collective à être solidaire aux plus démunis. »
Le logement social, communautaire et abordable à Montréal Les délais d’attente à Montréal |
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