Je me rends compte que mon attention est attirée de manière irrépressible par la "vie" à l’intérieur de la prison. L’intérêt pour ce qui se passe en dehors de ces murs est vif et attentif mais ma tension me pousse vers l’observation participante de ce qui bouge dans ce monde pervers dans lequel j’ai été jetée. Les analyses, les propos sur l’opération répressive qui nous a ciblé émergent de ce que je vous écris (à condition que ça vous arrive) mais je laisse une définition plus articulée à vous qui êtes dehors et à mes co-inculpés en prison. Martino et Robert, avec leurs horizons différents, l’ont déjà fait superbement. Qu’ajouter à cela ? Qu’ils répriment, répriment, répriment et ils ne savent faire rien d’autre ?

Nous vivons dans une époque où ceux qui déterminent les règles du jeu se sont tout appropriés, sans laisser aucune marge à leurs propres serfs en échange de leur soumission. Ils arrachent, avec une voracité anxieuse, ce qui reste d’une planète dépouillée et ils essayent avec tous les moyens d’étouffer, dans le sang et dans les galères, l’effroyable menace de voir leurs coffres pillés par des "hordes barbares". L’ennemi intérieur est à briser et balayer dans la déchèterie de l’histoire. Peut être jamais autant qu’aujourd’hui - je parle de Bologne suivie de Florence - s’est manifestée l’intention de frapper pour éliminer une pensée et une pratique qui inquiète les tenants du système capitaliste. Un lieu a été fermé et scellé. Cette démarche s’est ajoutée aux arrestations et aux mesures restrictives. C’est un fait grave, tellement grave qu’il devrait produire au moins un sursaut alarmé et généralisé. Mais, de ce que j’ai vu dans vos lettres, cela n’est pas vraiment arrivé. La solidarité est forte mais elle arrive de compagnons et compagnonnes proches depuis longtemps. Et ce n’est même pas de solidarité dont il faudrait parler, mais plutôt d’implication directe dans une attaque qui enlève des espaces à Fuoriluogo aujourd’hui mais qui montre un signal menaçant pour n’importe qui a encore l’intention de livrer bataille, d’une manière plus ou mois adéquate, à l’ordre constitué.

A l’intérieur de la prison on voit appliqué, dans des formes spécifiques et extrêmes, les mêmes mesures prises pour plier et soumettre ceux qui, en dehors, doivent obéir et travailler sans" prétentions" ou mourir de privations dans un silence déférent.

Ici est appliqué un règlement carcéral, dehors un régime (qui se dilate et qui change tous les jours selon les vents) qui norme les comportements socialement consentis.

Ici il y a le sadisme humiliant des gardiens, dehors l’impitoyabilité des patrons et des serfs qui protègent le marché profitable.

Ici tu es menacé par des expéditions punitives, dehors les villes militarisées étouffent ceux qui les habitent.

Ici la liberté est incarcérée avec des barreaux matériels, dehors elle st incarcérée en plein air.

Ici les riches ne rentrent pas, dehors c’est eux qui commandent.

Ici les "coupables" prolétaires, déshérités sont séquestrés par l’état, dehors les états bombardent, occupent, colonialisent les territoires à piller et à conformer.

Solidarité aux camarades frappés par la repression à Florence

Nous rappellons que Stefi, Anna, Nicu e Martino ont été transférés par la Dozza dans des autres prisons. Ceci sont les adresses pour leurs écrire :

Stefania Carolei via Gravellona 240 27029 Vigevano (PV)

Anna Maria Pistolesi via Carlo Poma 3 46100 Mantova

Martino Trevisan via del Rollone 19 13100 Vercelli

Nicusor Roman via Bassone 11 22100 Como

Pour soutenir économiquement les camarades frappées par la répression à Bologne verser une contribution sur le compte Postepay suivant :

Anna Morena 4023 6006 0259 8221