Le discours que doit prononcer le Pape au parlement allemand (le Bundestag), le 22 septembre prochain, fait en Allemagne l’objet de critiques toujours plus vives. « Comment peut-on laisser un homme qui se recueille sur la tombe d’un ami des fascistes, prononcer un discours devant le parlement allemand ? », c’est la question posée par les « Freie Bürger für demokratische Werte » (Des citoyens libres pour des valeurs démocratiques).

La raison de cette protestation est la prochaine visite du pape Joseph Ratzinger en Croatie le 4 et 5 Juin. Dimanche après-midi, à 17 heures, Ratzinger veut prier à Zagreb sur la tombe du cardinal Aloysius Stepinac (1898-1960) béatifié en 1998. « Stepinac a été profondément impliqué dans les atrocités des milices oustachis, des catholiques fascistes », s’indignent les « citoyens libres ».

Au sujet des faits : En tant qu’archevêque de Zagreb, Stepinac n’a pas seulement été de 1941 à 1943 à la tête d’un régime catholique fasciste ayant toute la faveur d’Hitler. A partir de janvier 1942, il a été le vicaire militaire officiel des milices oustachis qui, déjà à cette époque, avaient converti de force ou assassiné des centaines de milliers de Serbes orthodoxes. Dans de nombreux cas les gens étaient tout d’abord convertis de force puis assassinés. Les Serbes ont été abattus, poignardés, décapités, écartelés, noyés, étranglés, enterrés vivants, brûlés vifs, crucifiés ou torturés à mort. La cruauté bestiale qui se manifesta ici effraya même les militaires fascistes italiens et les nazis allemands stationnés dans le pays. Cela n’empêcha cependant pas le Primat croate Stepinac de collaborer ouvertement pendant tout ce temps avec le régime fasciste et de célébrer dans toutes les églises du pays, à grand renfort de messes et de Te Deum, les anniversaires d’Ante Pavelic, dirigeant fasciste responsable de massacres collectifs. Stepinac n’a pas émis une seule protestation publique contre ces massacres, en fait un génocide, et aucun des assassins n'a été excommunié. De nombreux moines franciscains en faisaient partie, comme par exemple Miroslav Filipovic-Majstorovic qui dirigea un temps le notoire camp de concentration de Jasenovac, où environ 100 000 Serbes et Juifs furent assassinés. En 1943 encore, Stepinac remercia expressément les Franciscains pour leurs « mérites » dans la « conversion » des orthodoxes. Eglises et monastères catholiques furent utilisés comme dépôts d’armes et centres de commandement ; Stepinac et dix autres ecclésiastiques se firent nommer au parlement fasciste. Le pape Pie XII non seulement se tut également au sujet des crimes de guerre, mais reçut régulièrement Pavelic et ses généraux en audience, et cela avec la plus grande bienveillance. Il qualifiait le dirigeant fasciste de « catholique pratiquant » et prenait congé de lui en lui souhaitant ses « meilleurs vœux pour la poursuite de ses travaux ». Pavelic prit la fuite après la guerre en utilisant la « rat line » mise en place par le Vatican et mourut à Madrid en 1959, avec la bénédiction du Pape.

Ce chapitre sombre du 20ème siècle serait presque tombé dans l’oubli, si l'historien yougoslave Vladimir Dedijer (« Vatican i Jasenovac », Belgrade 1987, « L’Auschwitz yougoslave et le Vatican ») et l'écrivain allemand Karl Heinz Deschner (« Die Politik der Päpste im 20. Jahrhundert», 1982, Partie 2, S. 210 ss. « La politique des papes du 20ème siècle ») n’en avaient pas fait le récit pour la postérité.

« Comme son prédécesseur, le pape Joseph Ratzinger lors de sa visite en Croatie n'a apparemment pas l’intention de travailler sur ce terrible passé et de le régler, au contraire, il prie sur la tombe de l'un de ses auteurs », font remarquer les « citoyens libres ». Le parlement allemand qui, malgré tout, veut l’inviter à faire un discours, est par conséquent allié à un système qui approuve les atrocités de guerre commises par des fascistes et qui sous la direction de Ratzinger couvre aussi, jusqu’à ce jour, des crimes sexuels commis contre des enfants. L'Allemagne devrait avoir honte de compromettre inconsidérément la bonne réputation qu’elle a su acquérir après la guerre en tant que nation démocratique dotée d’une constitution exemplaire. »

Plus d'informations sous : www.freie-buerger.org