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Briser la spirale des arrestations de masse du 15 mars

alexandre popovic, Jeudi, Mars 24, 2011 - 21:22

Encore une fois, la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars s’est terminée par une arrestation de masse. Ayant moi-même été organisateur de plusieurs de ces manifestations par le passé, j’ai cru qu’il pourrait être utile de revenir sur cette époque, pas si lointaine, où les flics n’arrêtaient pas les manifestants opposés à la brutalité policière par centaines.

***

Confession #1 : j’ai participé à organiser plusieurs manifestations contre la brutalité policière avec le COBP.

Confession #2 : j’ai été l’un des organisateurs de la manifestation qui s’est terminée par la pire arrestations de masse de toute l’histoire des arrestations de masse de manifestants à Montréal, soit la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars 2002, qui s’est soldée par l’arrestation de 371 personnes.

Fin des confessions.

Les trois dernière éditions de cette manif que j’ai participé à organisé sont celles du 15 mars 2003, du 15 mars 2004 et du 15 mars 2005.

Aucune de ces manifestations se sont terminées en arrestations de masse.

Quel est l’intérêt de faire ce petit retour en arrière aujourd’hui ?

Hé bien, je me suis dit qu’il ne serait pas inutile d’essayer de rectifier une perception de plus en plus répandue, notamment au sein du milieu activiste, à l’effet que les manifestations contre la brutalité policière du COBP se terminent toujours par des arrestations de masse.

Car ce n’est pas à cause que ça été le cas ces dernières années qu’il en a toujours été ainsi.

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que j’ai écrit ce texte à titre personnel et que les opinions exprimées ici représentent uniquement les miennes.

Je tiens également à souligner que ce texte ne doit pas être interprété comme une critique de ce que le COBP aurait pu faire ou aurait dû faire cette année, l’année d’avant ou une autre année. En tant qu’ex-membre du COBP, je suis trop bien placé pour savoir à quel point le travail d’organisation de manifestation peut être ingrat. Il est bien évident que c’est trop facile de jouer aux « donneurs des leçons » quand on ne prend aucune responsabilité dans l’organisation d’un événement.

L’ambition de ce texte se résume donc simplement à faire état d’une approche particulière qui a fonctionné durant des événements spécifiques pour répondre à un problème précis, soit celui des arrestations de masse lors de manifestations contre la brutalité policière.

Le but recherché est de contrer une certaine pensée fataliste voulant que quoi qu’on fasse, la police va arrêter massivement des manifestants opposés à la brutalité policière à chaque 15 mars, indépendamment des circonstances et du contexte.

S’il est vrai que la police est délibérément répressive à l’égard de ceux qui la critiquent ouvertement, il reste qu’il est faux, selon moi, de dire qu’il n’y a absolument rien à faire pour réduire les risques d’arrestation de masse.

L’ampleur du problème

De quoi parle-t-on quand on parle d’arrestations de masse de manifestants ?

On parle de gens qui se font arrêter parce qu’ils se trouvaient dans une manifestation, et non pas parce qu’ils ont posé un geste précis, comme fracasser la vitrine d’un magasin ou peindre un graffiti sur une voiture de police.

Les accusations portées suite aux arrestations de masse témoignent de ce fait.

Quand une personne est accusée d’avoir été présente sur les lieux d’une manifestation que le SPVM a choisi de qualifier d’« attroupement illégal » ou d’« émeute », la conduite de la foule de manifestants devient l’enjeu principal du procès.

La dernière arrestation de masse que j’ai vécu, autant à titre d’organisateur que de manifestant – car j’ai été arrêté moi aussi cette fois-là – est celle de la manifestation du 15 mars 2002.

Je n’avais pas vécu celle de la manifestation du 15 mars 2000, qui a représenté la première arrestation de masse importante de l’histoire du COBP, avec 112 arrestations. Par contre, je me suis impliqué dans le soutien judiciaire aux arrêtés du 15 mars 2000.

Si la quarantaine de personnes mineures arrêtées le 15 mars 2000 avaient réussi à éviter les accusations criminelles, les quelques soixante-dix personnes qui étaient âgés de 18 ans et plus au moment des faits n’ont pas eu cette chance.

La couronne a décidé de mettre le paquet en accusant chacun d’eux de tous les méfaits survenus durant la manifestation, en plus de les inculper de participation à une émeute, de sorte qu’ils se sont retrouvés avec 8 ou 9 accusations chacun.

Le nombre d’accusations a éventuellement été drastiquement réduit, mais le ton était donné : on a vite compris que la bataille judiciaire allait être ardue.

À plus forte raison quand on sait que l’accusation de participation à une émeute prévoit une procédure judiciaire plus lourde, de sorte que chaque accusé devait se présenter à chaque date de cour – et il y en a eu beaucoup – sous peine de se voir imposer un mandat d’arrestation. Cette présence obligatoire à la cour a entrainée de nombreuses complications, notamment en raison du fait qu’un bon nombre des accusés du 15 mars 2000 habitaient à l’extérieur de Montréal.

Lors de la manifestation de l’année suivante, l’ombre de la répression du 15 mars 2000 planait encore au-dessus du COBP et de ses sympathisants. La manifestation du 15 mars 2001 a d’ailleurs été des plus tranquilles, en particulier si on la compare avec celles des deux années précédentes, et s’est terminée sans arrestation.

Je dois avouer que j’ai été de ceux qui ont été pris par surprise par la répression survenue au 15 mars 2002, qui fut d’une ampleur sans précédent à Montréal, avec 371 arrestations, dont environ 100 mineurs.

Suite au désastre du 15 mars 2002, il était plus clair que jamais qu’il fallait redoubler d’ardeur pour éviter toute nouvelle arrestation de masse.

J’irai même jusqu’à dire que c’était devenu un objectif impérieux. En tout cas, pour moi, à tout le moins, car j’attachais une importance prioritaire au soutien des personnes arrêtées lors des manifestations que j’avais moi-même participé à organiser.

Dans mon esprit, il était clair qu’un mouvement qui abandonne ceux qui doivent faire face à la machine judiciaire pour avoir prit la rue au nom de la cause n’a tout simplement pas sa raison d’être.

Or, l’arrestation de masse du 15 mars 2002 donnait une nouvelle ampleur au travail de soutien, dans la mesure où plusieurs centaines de personnes devaient désormais répondre d’accusations criminelles.

Ainsi, les quelques 270 personnes adultes qui devaient répondre d’accusations d’attroupement illégal découlant du 15 mars 2002 s’ajoutaient à la soixantaine d’accusés de la manif du 15 mars 2000 qui étaient encore en attente de procès.

Il va sans dire que le soutien judiciaire est un travail exigeant nécessitant beaucoup de ténacité, surtout que les procédures judiciaires ont été particulièrement longues pour les accusés du 15 mars 2000 et ceux du 15 mars 2002. Le méga-procès du 15 mars 2000 a duré à lui seul 17 ou 18 semaines tandis que les accusés du 15 mars 2002 ont été jugés dans le cadre de neuf procès séparés, de sorte que les procédures judiciaires pour se sont étirées sur une période allant jusqu’à six ans et demi pour les derniers accusés. (1)

Une consigne simple mais efficace

Il était donc devenu clair que le COBP était en train d’atteindre sa limite en termes de capacité à offrir du soutien judiciaire aux manifestants arrêtés.

Il fallait donc éviter que d’autres arrestations de masse ne viennent alourdir davantage une tâche qui s’avérait déjà colossale.

Nous y sommes arrivés en 2003, 2004 et 2005, et ce, sans jamais avoir recours à un service d’ordre à proprement parler.

Nous avons simplement demandé aux manifestants, avant de prendre la rue, de respecter une simple consigne durant la manifestation : ne pas donner à la police l’excuse dont elle a besoin pour réprimer la manifestation. Les participants se sont ainsi faits expliqué qu’il y avait environ 150 flics anti-émeute cachés à un ou deux coins de rue du lieu de rassemblement de la manifestation qui demandaient juste un prétexte pour rentrer dans le tas et nous entasser dans leurs paniers à salade.

Bref, s’il était pour y avoir du grabuge, il ne fallait pas que les manifestants en soient les initiateurs.

Après tout, c’est bien beau la diversité des tactiques, mais ce n’est pas une raison pour se jeter tête la première dans la gueule du loup.

Question de ne pas lancer des paroles en l’air, nous nous sommes également assuré que cette consigne soit non seulement comprise, mais également acceptée par les participants à la manifestation.

Nous voulions entendre les participants exprimé leur approbation à l’égard de cette consigne.

Ainsi, les organisateurs et les participants ont été liés par une sorte de « contrat verbal », avec les représentants des médias pour témoins.

Et comme de fait, la consigne a été respectée par les participants aux manifestations du 15 mars en 2003, 2004 et 2005.

Ceux qui souhaitaient participer à la manifestation en marchant pacifiquement dans les rues n’ont donc pas été exposés inutilement à la répression et ont pu rentrer tranquillement chez eux une fois la manifestation terminée.

Et ceux qui avaient envie de quelque chose d’autre, ou de quelque chose de plus, ont attendu après que les organisateurs eurent annoncé la fin de la manifestation pour faire ce qu’ils s’étaient retenus de faire durant le déroulement de la manifestation.

Certains vont sans doute être tentés soulever les limites de cette approche, en disant qu’il est impossible de garantir que 100% des participants à la manifestation vont respecter la consigne et qu’il suffit de un ou deux agités pour tout foutre en l’air, en posant des gestes qui fourniront le prétexte dont les policiers ont besoin pour procéder à une arrestation de masse.

D’autres diront que cette approche ne peut avoir aucun effet auprès d’agents provocateurs à la solde de l’État.

À cela je répondrai simplement que l’histoire des manifestations contre la brutalité policière à Montréal a enseigné que les manifestants sont capables de respecter les consignes lorsqu’elles sont énoncées clairement et lorsque leur but suscite l’adhésion de tous.

Trois années de suite sans arrestation de masse

La manifestation du 15 mars 2003 s’est déroulée dans un calme plat dans les rues du quartier Côte-des-neiges et s’est terminée sans arrestation. Et ce n’est sûrement pas parce que le SPVM ne s’était pas organisé pour être prêt à procéder à une arrestation de masse. De toute évidence, le SPVM n’avait pas mobilisé 260 policiers à cette occasion seulement pour bloquer des rues et rediriger le trafic automobile. (2)

Nul doute que l’absence d’arrestation à cette manifestation a dû être frustrante pour bon nombre de policiers anti-émeute qui ont dû se tourner les pouces pendant qu’ils demeuraient en stand-by durant toute la durée de cet événement à attendre un ordre d’intervenir qui n’est jamais venu tout en devant supportant le poids de leurs imposantes tenues de combat.

La manifestation du 15 mars 2004 s’est tenue dans le quartier centre-sud. Pour la première fois, le SPVM a décidé d’avoir recours à l’approche de la « visibilité policière », qui semble malheureusement être devenu la norme aujourd’hui. De nombreux policiers en uniforme se mêlaient aux manifestants sur les lieux du rendez-vous de la manifestation, au métro Papineau. Certains policiers poussaient même l’audace jusqu’à se promener parmi les manifestants avec des caméras vidéo pour filmer les gens qui s’apprêtaient à manifester.

Cette démonstration de force policière a fait monter la tension d’un cran bien inutilement. Heureusement, les manifestants ont su faire preuve de retenu face à cette provocation policière.

D’ailleurs, on avait eu l’idée d’offrir quelque chose à détruire aux manifestants qui avaient envie de décharger leur trop-plein de frustration durant la manifestation. Lorsque la marche s’est arrêtée devant un poste de police, une piñata en forme de flic a été mis à la disposition des manifestants. La piñata n’a d’ailleurs pas fait long feu : elle a été fracassée en miettes en l’espace de quelques secondes.

Quelques manifestants ont décidé de continuer à occuper la rue après que la fin de la manifestation eut été annoncée par les organisateurs. Des incidents opposants ces manifestants aux policiers ont donné lieu à 9 arrestations.

Chacune de ces arrestations étaient déplorables, tout comme les constats d’infraction émis par des policiers à cinq manifestants qui se déplaçaient en bicyclette en périphérie de la marche.

Mais l’objectif impérieux, qui était d’éviter de nouvelles arrestations de masse, avait été atteint pour une seconde année d’affilée.

Selon moi, la consigne énoncée avant le début de la manifestation n’est probablement pas le seul élément qui a réduit le risque d’arrestation de masse cette année-là.

Quelques semaines avant la tenue de cette manifestation, le premier procès du 15 mars 2002 s’était terminé par un acquittement.

L’un des éléments les plus importants du jugement est probablement l’énoncé à l’effet qu’une personne n’est pas coupable d’avoir participé à un attroupement illégal du simple fait qu’elle se trouvait dans une manifestation durant laquelle des actes isolés de vandalisme ont été commis. Encore faut-il que la poursuite fasse la preuve que la foule de manifestants a elle-même été complice des infractions criminelles, soit en les encourageant ou en protégeant leurs auteurs. Or, la poursuite n’a présenté aucune preuve à cet effet, d’où la décision du tribunal d’acquitter les accusés.

Bien que ce jugement sera par la suite renversé en appel, il reste que cet acquittement du premier groupe d’accusés du 15 mars 2002 était encore tout frais au moment de la manifestation du 15 mars 2004.

C’est également au cours de l’année 2004 qu’on a assisté à un virage dans l’approche répressive du SPVM à l’égard des manifestants. Constatant que le coût des nombreux procès intentés contre les manifestants était en train de grimper en flèche, le SPVM a commencé à renoncer à son habitude de porter des accusations d’attroupement illégal en vertu du Code criminel canadien, pour privilégier les contraventions en vertu de règlements municipaux, qui représentent l’équivalent d’un ticket de parking.

La première démonstration de cette nouvelle approche est survenue lors de l’arrestation de masse du 19 novembre 2004. Ce soir-là, 194 personnes avaient été arrêtées au terme d’une manifestation contre la tenue du congrès du Parti libéral du Québec. Les manifestants ont été détenus sur place et ont reçu un constat d’infraction en vertu du Règlement sur la prévention des troubles de la paix, de la sécurité et l’ordre publics avant d’être remis en liberté.

Si cette même manifestation était survenue un an ou deux plus tôt, il y a fort à parier que les manifestants auraient passés une bonne partie de la nuit au poste de police et auraient écopés d’accusations d’attroupement illégal.

La manifestation du 15 mars 2005 a donc été organisée dans un contexte où l’heure ne semblait plus être à la surenchère répressive. Cependant, mieux ne vaut ne jamais prendre de chance avec la police.

Cette année-là, j’avais moi-même des raisons bien personnelles pour faire tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter que la manifestation se termine par une arrestation de masse. En effet, mon propre procès pour la manifestation du 15 mars 2002, où je me défendais moi-même, se poursuivait deux jours après la tenue de la manif du 15 mars 2005.

Le jour même de la manifestation du 15 mars 2005 le hasard a voulu que je passe devant le lieu de rendez-vous des manifestants, soit le métro St-Laurent, environ une heure avant le début du rassemblement. J’ai alors vu qu’une bonne dizaine de policiers en uniforme, sinon plus, se trouvaient déjà sur place. J’ai aussitôt réalisé que les flics voulaient nous faire le même coup que l’année précédente, en jouant avec les nerfs des manifestants avec leur « visibilité policière » envahissante.

Soucieux de minimiser les risques de débordements, j’ai donc prit l’initiative d’aller à la rencontre de ces policiers. J’ai alors eu une petite conversation avec un groupe de policiers.

En gros, je leur ai dit que je souhaitais que la manifestation se passe bien en ajoutant toutefois qu’eux autres, les policiers, ils ne nous aidaient vraiment pas en ce moment en occupant notre lieu de rassemblement avant même que la manifestation ne commence. Je leur ai donc demandé de communiquer avec leur commandant pour lui faire le message que la présence policière sur les lieux même du rassemblement n’était pas souhaitable, et pouvait même nuire au bon déroulement de la manifestation.

Le message semble s’être bien rendu puisque j’ai constaté que les policiers en uniforme se sont faits bien plus discrets lorsque les manifestants ont commencé à converger vers le lieu de rassemblement. Les policiers étaient bien présents, mais ils se trouvaient plutôt en périphérie du métro St-Laurent. Autrement dit, ils n’étaient plus carrément dans la face des manifestants, comme cela avait été le cas l’année précédente.

La manifestation en elle-même s’est déroulée sans histoire. Encore une fois, la consigne communiquée aux manifestants lors du rassemblement a été respectée à la lettre. Et encore une fois, certains sont restés sur place lorsque la fin de la manifestation a été annoncée.

Une dizaine de manifestants ont bloqué la rue Sainte-Catherine, à l’angle de la rue Berri, pendant environ une heure avant que la police ne décide de passer à l’action. L’intervention policière s’est soldée par 5 arrestations.

J’ai quitté le COBP peu après et ne suit plus retourné dans les manifestations contre la brutalité policière qui se tiennent à Montréal à chaque 15 mars.

En conclusion

Comme on le voit, le contexte des manifestations du 15 mars n’est jamais parfaitement identique d’une année à l’autre.

De plus, les accusations ne sont toujours les mêmes tandis que le SPVM lui-même apporte des ajustements à ses stratégies.

Cependant, il y a quelque chose qui ne change pas au fil des ans : le SPVM attends toujours que quelqu’un dans la foule de manifestants casse quelque chose avant de prendre la décision de mettre fin à la manifestation contre la brutalité policière en procédant à une arrestation de masse.

Le fait qu’il n’y ait pas eu pas eu d’arrestations de masse aux manifestations du 15 mars 2003, du 15 mars 2004 et du 15 mars 2005 n’est d’ailleurs certainement pas étranger au fait qu’il n’y a pas eu de casse durant ces trois manifestations.

C’est mon opinion.

sources :

(1) Pour lire un compte-rendu complet de la saga judiciaire du 15 mars 2002 : http://www.centpapiers.com/saga-judiciaire-du-15-mars-2002-9-a-0-pour-le...

(2) SPVM Bilan annuel 2003, p. 29. Voir : http://www.spvm.qc.ca/upload/documentations/Bilan_SPVM_2003_fr.pdf



Sujet: 
tes conclusions
Auteur-e: 
mesrine
Date: 
Dim, 2011-03-27 08:30

Tu soulève de bon points pis un débat a ce sujet fera pas de tord!

Je ne suis pas en désaccord avec la majorité de tes propos, mais tes conclusions me font sourciller. J'étais pas là en 2004 et 2005, mais en 2003 a CDN je sais qu'il y a eu quelques trucs de brisé ( au coin Q-Mary et CDN pis au métro Plamondon à la fin) j'irais même jusqu'à dire plus qu'en 2002... donc quand tu dis qu'il y a pas eu d'arrestation parce qu'il y a pas eu de grabuge je trouve pas ça honnête.

Je pense que c'est plutôt seulement une période de transition entre la période procès de masses après des arrestations pis la nouvelles phase "ticket" du SPVM.

Pis quand tu dis :"j’ai donc prit l’initiative d’aller à la rencontre de ces policiers" ça veut tu dire que tu crois qu'il faudrait qu'il y ait un dialogue comme les flics le réclame depuis longtemps?

Ce qui fait grandement défaut c'est un véritable rapport de force, ce que le COBP n'arrive plus a avoir a cause du coté "culturel" du 15 mars qui c'est développé avec les années. Malheureusement les activistes de tout acabit n'ont que très peu de recul pour réellement arriver à tirer des conclusion d'une analyse de leur activité.

Faut changer nos tactiques pour retrouver un rapport de force qui nous avantage et mettre de coté temporairement l'aspect confrontationel si cher a une certaine partie des activistes parce que dans l'état ou les choses sont les flics auront toujours le gros bout du bâton.


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Sujet: 
sur les manifs à CDN et le dialogue
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Dim, 2011-03-27 12:54

Premièrement, en ce qui concerne la manif du 15 mars 2003, j’ai le regret de te dire que tu te goures complètement.

Pour commencer, j’étais là pis j’ai vu aucune casse, aucun dommage. Rien. Nada.

Maintenant, c’est vrai que c’est possible de pas tout voir ce qui se passe dans une manif qui rassemble plusieurs centaines de personnes, notamment parce qu’il y a des gens qui s’arrangent pour être le plus discret possible quand ils font un truc illégal comme vandaliser la propriété.

Mais il y a d’autre chose qui m’amène à remettre en doute ton affirmation.

Habituellement, quand y a de la casse ou qu’un manifestant pose un geste le moindrement violent, le service des relations-publiques du SPVM communique l’info aux représentants des médias pour s’assurer que les manifestants n’obtiennent pas bonne presse.

Or, j’ai rien vu dans les médias, aucune sortie médiatique des flics suite à la manif du 15 mars 2003.

En fait, je crois que tu confonds carrément la manif du 15 mars 2003 avec celle du 15 mars 2007, qui s’est tenue elle aussi dans le quartier Côte-des-neiges.

Cette année-là, les flics ont rapporté qu’entre 8 et 10 commerces avaient subis des dommages. Et il y a eu 15 arrestations…

Aussi, l’inventaire des dommages du 15 mars 2007 semble effectivement plus élevé que les dommages répertoriés lors du 15 mars 2002.

Tu confirmes ta méprise en faisant allusion à la station de métro Plamondon dans ton commentaire : les manifestants ont embarqué dans cette station de métro pour quitter le quartier Côte-des-neiges le 15 mars 2007, alors que la manif du 15 mars 2003 a plutôt prit fin devant la station de métro Villa Maria.

Pour terminer sur ce point, il est également inexact de dire que le SPVM se trouvait en période de transition en 2003, entre les procès de masse et la phase « ticket », comme tu dis. En effet, l’arrestation de masse de 240 personnes à l’occasion du sommet de l’OMC est survenue cette année-là, plus précisément le 28 juillet 2003. Cette fois-là, les personnes arrêtées n’avaient pas reçues de contraventions, mais avaient plutôt été accusées au criminel d’attroupement illégal.

Deuxièmement, je tiens à préciser que je ne veux pas que ma petite anecdote concernant mon échange avec les flics avant la manif du 15 mars 2005 soit interprétée comme un appel à dialoguer avec le SPVM.

Si on regarde le résultat, je crois que je peux dire que mon intervention a été fructueuse.

Par contre, il ne faut jamais oublier que le dialogue avec la police n’est jamais sans risque.

J’entends par là le risque de se faire fourrer.


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Sujet: 
2003-2007
Auteur-e: 
mesrine
Date: 
Dim, 2011-03-27 14:12

En fait, je crois que tu confonds carrément la manif du 15 mars 2003 avec celle du 15 mars 2007, qui s’est tenue elle aussi dans le quartier Côte-des-neiges.

t'as raison, je me trompe... merci pour les mise au point


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Sujet: 
Commentaires sur le 15 mars et les arrestations de masse
Auteur-e: 
François Du Canal
Date: 
Ven, 2011-04-01 12:09

Salut,

je ne pense pas que le CMAQ soit le bon endroit pour avoir une discussion stratégique sur l'organisation du 15 mars, mais j'aimerais commenter certains trucs dits dans ce texte.

D'abord, je ne suis pas sûr que c'est juste de parler d'une "époque (...) où les flics n’arrêtaient pas les manifestants opposés à la brutalité policière par centaines", non seulement parce qu'il y a déjà eu 2 autres 15 mars ou il y a eu plus de 100 arrêtéEs (112 en 2000 et 371 en 2002), mais aussi parce que chaque 15 mars est différent, malgré ce qu'en disent les médias et la croyance populaire (présente aussi chez des activistes).

Plusieurs facteurs font que personne ne sait jamais vraiment comment la manif du 15 mars va se dérouler et surtout comment elle va finir: le plan initial des organisateurs-rices, le comportement des flics et celui des participantEs à la manif.

Pour ce qui est du mot d'ordre de ne pas péter des trucs durant la marche pour éviter de donner le prétexte que les flics attendent pour touTEs nous arrêter, tu oublies de mentionner Alex une chose que tu sais je crois (ou devrais savoir), soit que ce mot d'ordre a été répété à chaque 15 mars depuis 2003, incluant ces 3 dernières années. Le problème est que des participantEs à la marche ne l'ont pas respecté après 2005 et que les flics en ont bien-sûr profité pour nous arrêter en masse en 2006, 2008, 2009, 2010 et 2011 (2007 c'était des arrestations isolées).

Une autre précision est que le 15 mars 2007, bien que des projectiles aient été lancés aux flics dès le début de la marche, des pancartes électorales massacrées, de même que des vitres de cabine téléphonique et abris bus ont été pétées durant la marche, cela n'a pas donné lieu à une arrestation de masse: les gens ont pris le métro et certains (une quinzaine) se sont fait arrêter à Berri.

Autre exeption à la règle « casse = arrestation de masse »: le SPVM a déjà procédé à au moins une arrestation de masse préventive lors de la manif de la CLAC contre le G-8 le 26 avril 2002, avant même que la manif ne débute donc sans qu'il n'y ait aucune casse. Aussi, de mémoire, me semble que le 15 mars 2004 et/ou en 2005, des gens avaient commencé à péter des voitures stationnées avant la fin de la marche, mais que ça n'a pas donné lieu à une arrestation de masse.

Un autre facteur sur lequel les organisateurs-rices n'ont pas de contrôle est la provocation policière, en particulier leur tactique d'être massivement « dans ta face » dès avant le début de la manif, leurs fouilles illégales et arrestations préventives pour avoir des bâtons de pancartes ou des oranges dans ton sac (« projectiles »?!), leur sabotage en arrêtant des organisateurs-rices avant même le début de la manif, et le fait qu'ils nous empêchent de prendre certaines rues en se déployant en anti-émeute avant même qu'il n'y ait de casse.

Et l'autre facteur sur lequel on n'a pas le contrôle est le comportement des gens qui participent à la manif. Sans compter que cette année, des gens ont même annoncé à l'avance qu'ils allaient manifester « contre la police » et non pas contre la brutalité policière et qu'ils voulaient « casser le contrôle des flics ». Comme de fait, une vitre a été cassée sur St-Denis, ce qui déclencha l'intervention de l'anti-émeute et l'arrestation de masse.

Si ces gens veulent contribuer au mouvement contre la brutalité policière, ils et elles devraient être conscientEs des conséquences de leurs actions et réévaluer leur stratégie en conséquence. Vu que les flics sont toujours présents massivement à cette manif et n'attendent qu'une vitre pétée pour y mettre fin et touTEs nous embarquer, ce n'est peut-être pas la meilleur idée de casser une vitrine durant la marche.

Tout ce que je veux dire, c'est que la diversité des tactiques devrait être complémentaire au mouvement et stratégique. La manif du 15 mars est composée majoritairement de gens qui veulent manifester pacifiquement et surtout qui ne veulent pas touTEs se faire arrêter. Ou peut-être que bien des gens aimeraient ça tabasser des flics, mais le rapport de force étant ce qu'il est, ils ne le font pas car c'est encore eux qui ont le gros bout du bâton et qui nous arrêtent (et pas le contraire). Je ne crois pas qu'on a « cassé le contrôle des flics » avec la façon dont la marche de cette année s'est terminée. Il y a moyen de confronter le pouvoir des flics d'une manière symbolique en prenant la rue pacifiquement avec notre message radical contre leurs abus et l'impunité, sans que ça se termine mal pour nous dans la rue. De peur de me répéter, je n'ai rien moralement contre les actions directes, mais c'est une question de stratégie, du bon endroit au bon moment.

Pour finir, une dernière précision: la manif du 15 mars 2003 s'est bel et bien terminée au métro Plamondon, sortie Barclay, et non pas au métro Villa-Maria qui est pas mal plus loin. Celle du 15 mars 2007 s'était terminée au métro Plamondon, sortie Van Horne.

Désolé pour la longueur de mon commentaire, mais je trouvais ça important de clarifier ces quelques points. En espérant que les gens vont continuer à participer aux manifs du 15 mars pour encore au moins 15 autres années, mais que nous ne finiront pas à chaque année dans le même panier à salade...

solidairement,

François Du Canal


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Sujet: 
réponse en 5 points
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Ven, 2011-04-01 22:48

Premièrement, je ne suis pas d’accord pour parler d’une « règle » dite « casse = arrestation de masse ». Mon propos se résume à souligner une évidence, à savoir que la casse lors de manifs déjà ciblées par le SPVM augmente les risques d’arrestation de masse, de la même façon que les appels au calme ou à ne rien casser sont susceptibles de réduire le niveau de risque d’arrestation de masse. Naturellement, on aura tous compris qu’il ne s’agit pas là d’une loi universelle, et que l’analyse des facteurs de répression policière ne constitue pas une science exacte.

Deuxièmement, pour ce qui est de l’événement du 26 avril 2002, tout ce que je peux dire c’est que si des graffitis annonçant une émeute lors d’une manifestation précise sont peints sur des murs à différents endroits dans la ville plusieurs jours ou semaines avant la tenue de ladite manifestation, alors il est clair que le niveau de risque de répression vient d’augmenter d’un cran dans la mesure où le SPVM vient de se trouver une jolie excuse pour procéder à une arrestation de masse préventive.

Troisièmement, je n’ai pas « oublié » de parler de ce qui s’est passé durant les manifs du 15 mars qui ont lieu après mon départ du COBP, en 2005. J’ai tout simplement fait le choix de ne pas traiter de l’approche qui a été prise lors de ces manifestations-là pour la simple et bonne raison que je trouve que je suis pas particulièrement bien placé pour le faire vu que je n’étais pas présent moi-même sur les lieux pour constater si les consignes ont bel et bien été communiquées de façon audibles pour l’ensemble des participants à la manifestation, pas plus que je ne suis en mesure de témoigner sur la façon que lesdites consignes ont été accueillies par les manifestants qui les ont entendus.

Quatrièmement, concernant ton affirmation à l’effet que des voitures auraient été « pétées » en 2004 ou 2005, je ne sais pas de quoi tu parles. Et tu n’as pas l’air de le savoir trop bien toi non plus puisque tu sembles pas capable de dire si c’était à la manif de 2004 ou celle de 2005. Tout ce que je peut dire, c’est que moi j’ai jamais vu de char se faire « péter » avant l’annonce de la fin de la manif, et ce, tant en 2004 qu’en 2005. Si quelqu’un a tordu une antenne de char ou égratigné un peu de peinture sur une portière durant la marche sans que je m’en rende compte, ça c’est une autre histoire. Mais si tu me parles de char « pété », non, moi ça me dit rien pantoute. J’en ai aucun souvenir, et je crois pas que c’est pas le genre de chose qui s’oublie.

Cinquièmement, j’ai probablement fait une erreur dans mon commentaire en réponse à Mesrine concernant la station de métro. Vu mon manque de familiarité avec ce secteur, j’avoue que je ne saurai faire la différence entre les stations de métro Villa Maria et Plamondon. En fait, je n’y suis pas allé de mémoire, j’ai plutôt consulté un compte-rendu de cette manif que j’ai trouvé sur le web. Si cette information inexacte, alors ça veut dire que le compte-rendu est lui-même erroné.


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Sujet: 
Le 15 mars 2005,
Auteur-e: 
PL
Date: 
Sam, 2011-04-02 16:48

Le 15 mars 2005, précisément au coin des rues Ontario et Sanguinet, juste en avant du cégep du Vieux-Montréal, une voiture stationnée a effectivement été prise d'assaut par deux ou trois jeunes punks, qui sont montés sur sur le capot et qui ont sautés dessus. Ils n'ont pas touchés aux fenêtres, mais ils commençaient à frapper plus intensément avec leurs Doc avant qu'un speech se fasse pour dénoncer la répression dont avait été victime les étudiant-es du cégep lors de la grève générale illimitée. On ne peut assurément pas parler d'une ''voiture pétée'', et on ne peut pas dire qu'est-ce qu'il se serait passé si un speech n'avait pas eu lieu à ce moment là. Disons qu'il s'agit d'un très court moment et de quelques bosses et égratignures en dommages. J'étais à moins de deux mètres de toute la scène.


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Sujet: 
On s'entend sur ces points, maintenant continuons la réflexion!
Auteur-e: 
François Du Canal
Date: 
Dim, 2011-04-03 09:50

1-Donc on est d'accord qu'il n'y a pas de règle mathématique « casse = arrestation de masse », bien que souvent l'une sert de prétexte à l'autre. Bon.

2-On s'entend aussi que d'annoncer une émeute ou qu'on va s'attaquer aux flics n'est sans doute pas la meilleure façon de s'assurer qu'il y ait effectivement une émeute, vu que les flics vont être encore plus sur les dents et qu'on perd tout effet de surprise. Un facteur à ne pas négliger quand le rapport de force avec les flics est plus qu'inégal. Ça rejoint la critique que je fais de l'approche « émeute annoncée » adoptée par des gens cette année face au 15 mars, et le fait qu'il y a eu finalement beaucoup plus de manifestantEs « casséEs » que de vitres ou de flics...

3-Pour ce qui est des autres 15 mars, avant et après la soi-disant « époque » (en fait les 3 années de suite dont tu parles Alex) où il n'y a pas eu d'arrestations de masse, je crois que ça vaudrait la peine de s'y pencher pour pousser l'analyse plus loin. Cette analyse est en effet importante pour notre but commun, éviter que le prochain 15 mars se termine par une arrestation de masse. Peut-être tu aurais pu t'informer auprès de gens que tu connais et qui étaient présents à ces manifs post-15 mars 2005? En tout cas il serait aussi fort intéressant aussi d'y inclure les premières années du 15 mars (1997 à 1999) afin de compléter le portrait de quinze 15 mars... En constatant que la situation du 15 mars a fort changé depuis 2005, on pourrait alors proposer d'autres moyens de tenter d'éviter des arrestations de masse que celui (le mot d'ordre) qui visiblement n'est plus aussi « simple et efficace » qu'il l'a peut-être déjà été, vu que des gens annoncent publiquement qu'ils ne s'y plieront pas et que donc, clairement, il ne suscite plus « l'adhésion de tous ».

4-Merci PL pour ton témoignage qui confirme qu'il y a quand-même eu au moins un petit peu de casse à au moins un des trois 15 mars desquels Alex disait qu'il n'y en avait pas eu pantoute. On peut argumenter si le char en question était un peu, presque pas ou beaucoup « pété », mais ça ne fait pas beaucoup avancer le débat... On sait que les flics auraient pu profiter de ce « méfait » pour arrêter tout le monde, or, pour une raison qui leur appartient, ils ne l'ont pas fait. Heureusement pour les manifestantEs, et pour la théorie d'Alex sur le mot d'ordre efficace...

5-Je ne sais pas quel compte-rendu de la manif du 15 mars 2007 tu as lu Alex, mais celui du COBP, disponible sur le CMAQ, indique bien que la manif s'est terminée au métro Plamondon (http://www.cmaq.net/node/27020). Pas que ça change vraiment grand chose au présent débat!


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Sujet: 
Tolérance et bonne foi
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Dim, 2011-04-03 17:08

Ma « théorie » – si on peut l’appeler ainsi – est fondée sur la prémisse que les gens qui prennent la rue pour manifester contre la brutalité policière le 15 mars sont de bonne foi au sens où je présume qu’ils ne veulent pas faire le jeu des flics en posant des gestes qui risquent de mettre en péril la sécurité de l’ensemble des manifestants.

Si on rejette cette présomption de bonne foi en adoptant la prémisse contraire, à savoir que les gens s’en crissent des consignes des organisateurs, s’en crissent de poser des gestes qui auraient pour effet d’offrir sur un plateau d’argent l’excuse dont le SPVM a besoin pour prendre en sandwich la foule et s’en crissent de plonger ainsi tous les manifestants dans la merde, ou encore qu’ils sont trop saouls, gelés ou stupides pour comprendre c’est quoi la game des flics, alors les manifs du 15 mars ne sont-elles pas condamnées à alimenter les paniers à salade et les bases de données politiques des forces constabullaires, année après année ?

On me traitera peut-être de naïf, mais pour ma part, mon expérience m’a amené à présumer que les manifestants qui prennent la rue à leur risque et péril pour manifester contre les abus policiers sont sincères dans leur désir de faire avancer la cause.

Maintenant, on va venir me dire : voyons don’, alex, tu vois ben que les gens écoutent pas kessé que les organisateurs y disent, k’in r’garde par exemple les 2 ou 3 punks qui ont fessé sur un char, au coin de telle rue pis telle rue.

Si on pourrait toujours reprocher à ces 2 ou 3 jeunes de ne pas avoir respecté à la lettre la consigne des organisateurs, moi je suis prêt à leur donner le bénéfice du doute qu’ils ont compris l’esprit de la consigne elle-même, en leur reconnaissant qu’ils ont au moins eu l’intelligence de ne pas « péter » le char, justement, bref, en sachant où s’arrêter avant d’aller trop loin dans le déconnage.

D’ailleurs, peut-on vraiment parler de casse quand un manifestant fait deux ou trois bosses sur la carrosserie d’une voiture ? À ce compte, on pourrait aussi parler de casse quand un punk saoul lance sa bouteille de bière dans les airs et que la bouteille se brise en mille morceaux en tombant au sol, puisque la bouteille de bière elle est toute cassée...

Sérieusement, les flics du SPVM ont-ils déjà procédé à une arrestation de masse sous le prétexte qu’un manifestant eut donné quelques coups de pied sur une bagnole ou encore peint un graffiti sur un mur ? En autant que je sache, c’est jamais arrivé à Montréal. Pourtant, il s’agit de dommages à la propriété au sens de la loi. Or, les unités anti-émeute ne sont pas déployées quand quelqu’un sort sa cacane de spray pour barbouiller un mur, de la même façon que le SPVM n’a pas mit fin à la manif du 15 mars 2005 après que 2 ou 3 jeunes eurent commis des dommages superficiels, d’après ce que j’ai compris, sur un char qui était apparemment parké au mauvais endroit au mauvais moment.

Personnellement, j’interprète la non-intervention des flics face à ce type de méfais mineurs comme étant une preuve que le SPVM est prêt à tolérer un certain degré de désordre dans la rue à l’occasion des manifs, incluant celles contre la brutalité policière, avant de prendre la décision d’encercler tout le monde.

alex

PS : Je suis profondément désolé de ne pas avoir décortiqué chacune des 15 manifs du 15 mars.

PPS : Le compte-rendu trouvé sur le web auquel j’ai fait allusion portait évidemment sur la manif du 15 mars 2003, et non sur celle du 15 mars 2007.


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Sujet: 
précision
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Lun, 2011-04-04 21:41

Euh, ouais, après réflexion, y a un cas d’arrestation de masse, à Montréal, qui me vient à l’esprit où les dommages causés à la propriété s’élevaient à quelques chars graffignés et un ou deux graffitis… et c’est l’arrestation de masse du 19 novembre 2004 auquel j’ai fait allusion dans mon texte ci-haut. Je pense que j’ai peut-être écrit ça un peu trop vite dans mon commentaire, alors désolé si j’ai pu induire quiconque en erreur.


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Sujet: 
Intolérance et 10 arrestations de masse sans "casse"...
Auteur-e: 
François Du Canal
Date: 
Jeu, 2011-04-07 05:39

Le problème avec ta théorie Alex, c'est qu'elle est basée sur des fausses prémisses. Personne ici ne remet en cause la sincérité des gens qui osent encore défier le pouvoir des flics en prenant la rue à chaque 15 mars, ni leur intelligence. Mais dans la réalité, y a eu une vitre pétée le 15 mars 2011 malgré le mot d'ordre lancé au début de la manif et une arrestation de masse ensuite, d'ou la présente discussion virtuelle.

Sérieusement, ça fait drôle de te lire parler de la "tolérance" du SPVM envers le désordre dans les manifs, alors que Mtl est malheureusement reconnue pour être la capitale des arrestations de masse. C'est quand-même pas pour rien que même l'ONU a chicané le Canada pour cette raison en 2005!

Question de ne pas induire personne en erreur et que tout le monde sache que l'intolérance du SPVM envers la contestation n'est limitée que par des questions d'image publique (et encore!), je vais énumérer brièvement quelques arrestations de masse qui ont eu lieu ces dernières années pour pas mal rien pantoute sauf cette intolérance :

-29 juillet 1996 : 76 arrêtéEs lors du pique-nique de minuit au Carré Berri.
-25 mai 1998 : 99 arrêtéEs lors de l’Opération Salami.
-22-23 octobre 1999 : 324 arrestations lors de manifestations d’élèves du secondaire.
-25 novembre 1999 : 66 arrêtés lors d’une manifestation contre Coke à l’UQAM.
-1er mai 2000 : 157 arrestations lors de la manifestation anarchiste à Westmount. (dis-moi pas que tu t'en rappelles pas de celle-là! à part quelques grafs, y a pas eu gros de "casse" là avoue...)
-15 juin 2001 : 67 personnes qui passaient une soirée tranquille au Carré St-Louis.
-29 septembre 2001 : 82 arrestations suite à une manifestation en solidarité avec Prague.
-26 avril 2002 : Environ 400 arrestations préventives lors d’une manif contre l’OMC.
-19 novembre 2004 : 191 personnes encerclées et ticketées (une première!) à la manif contre le PLQ.
-8 avril 2005: 70 étudiantEs sont encerclées suite au blocage d'un Wall-Marde durant la Grande Grève repliée stratégiquement...

Bref, il y a au moins 2767 personnes (dont toi-même mon cher!) qui pourraient témoigner (ou se confesser si tu préfères) pour dire que c'est arrivé pas mal plus qu'une fois que les flics arrêtent tout le monde dans une manif pour moins qu'un coup de pied dans un char ou un dessein sur un mur. Sans parler du fait que dernièrement l'anti-émeute est souvent déployée avant même le début des manifs, alors bonne chance pour sortir une cacane avant de voir un robocop dans rue!

Tu peux dire qu'un peu de casse c'est pas de la casse si tu veux, pour expliquer que les gens qui sautaient sur une auto respectaient l'esprit du mot d'ordre le 15 mars 2005. De toutes façons j'aime pas utiliser ce mot (il me casse les oreilles si tu vois ce que je veux dire!). Mais vraiment, on est-tu en train d'avoir une discussion de bonne foi là ou bin c'est juste que tu écris vraiment trop vite?

En tout cas, comme j'ai dit au tout début, je sais même pas pourquoi on parle de tout ça ici. Je pense qu'on est mieux de s'en parler en personne... ou pas pantoute.

sincèrement,

François

p.s. Peu importe de quel communiqué t'as lu, y a aucun 15 mars qui est passé au métro Villa-Maria à date. Mais maintenant qu'on en parle, c'est pas une mauvaise idée, vu qu'il y a plein d'abus policiers qui se passent là et à NDG (entre autres le cas de Winston Roberts qui avait été battu par six flics de métro en 2002). à suivre!...

*Source: "Plus de 3 600 arrestations politiques au Québec en 10 ans (1996-2005)" (dont environ 2600 juste à Montréal), L'Agent Provocateur, journal du COBP, 2006. Il serait intéressant d'ajouter à ce nombre les arrestations politiques au Québec pour les années 2006-2011. Et j'aurait pu inclure ici les environ 250 arrêtéEs de la "zone verte" le 28 juin 2003 à la manif contre l'OMC, vu qu'il y avait eu de la "vraie" casse dans une manif avant qui s'était dispersée avant que les flics se vengent sur des manifestantEs pacifiques. Mais je veux pas poursuivre cette discussion sur qu'est-ce qui est de la "casse" ou pas. Les bourgeois ont inventé des lois pour ça.


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Sujet: 
mini correction
Auteur-e: 
patc
Date: 
Jeu, 2011-04-07 12:57

- 26 avril 2002 = mini sommet ministériel du G8 à Montréal = environ 300 arrestations "préventives" par encerclement, aucune casse ni aucun autre délit signalé AVANT L'ENCERCLEMENT. Affrontements et grabuge après l'encerclement.

J'ai retrouvé cet article qui fait un pas pire topo sur le 26 avril 2002 http://quebec.indymedia.org/fr/node/8222 (les liens internes sont pétés, il faut arranger les url à la mitaine)

- 28 juillet 2003 = mini-sommet de l'OMC à Montréal = arrestation massive d'environ 250 personnes


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Sujet: 
Une chance que tu veux pas discuter ici...
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Jeu, 2011-04-07 23:22

Pour commencer, le point que je tiens à faire, c’est que si j’avais été moi-même témoin de cette brève scéance de défoulage sur un char lors de la manif du 15 mars 2005, telle qu’elle a été décrite par PL ci-haut, alors j’aurai pas eue la crainte que les flics procèdent à une arrestation de masse, ce qui n’aurait pas été le cas si j’avais vu une vitrine voler en éclats, par exemple.

Quand j’ai parlé de la « tolérance » de la police envers un certain niveau de désordre lors de manifestations, c’était pour illustrer une pratique courante à l’effet que le SPVM ne va pas faire une arrestation de masse dès qu’une première infraction est constatée parmi la foule de manifestants. En général, les flics vont en laisser passer plusieurs. Bref, la police va tolérer des infractions durant les manifestations. Tolérer que des manifestants prennent la rue à contre-sens. Tolérer que quelqu’un fasse un petit graffiti par ici. Tolérer que quelqu’un donne un coup de pied sur une voiture par là.

Donc, quand j’ai parlé de « tolérance », je voulais dire que les flics tolèrent des infractions qu’ils ne toléraient pas en temps normal. Si quelqu’un avait fessé sur un char ou lancé une baloune de peinture sur une vitrine sous les yeux des flics dans un contexte autre que celui d’une manif, je pense pas que les flics se seraient abstenus de sévir.

Bien sûr, les flics vont essayer, dans la mesure du possible, de prendre bonne note de l’identité ou la description d’un manifestant qui commet un méfait quelconque, dans l’espoir de procéder éventuellement à son arrestation une fois la manif terminée. Mais, règle générale, je ne crois pas me tromper en disant que les flics préfèrent laisser courir l’auteur d’un méfait mineur plutôt que de risquer leur propre sécurité en entrant dans une foule de plusieurs centaines de manifestants potentiellement hostiles pour tenter de procéder à la capture de celui-ci.

Maintenant, veux-tu vraiment soutenir le contraire ? Prétendre que le SPVM ne tolère aucune infraction dans les manifs et procède à une arrestation de masse dès l’instant où le premier manifestant va tagger un mur, égratigner une portière de char ou renverser une boite à malle ?

Faut-il dresser une liste de toutes les manifs où il y a eu des méfaits mineurs sans que la police ne décide de procéder à une arrestation de masse ?

Pour ce qui est de ma prémisse, que tu qualifies de fausse, je réitère qu’elle consiste simplement à dire que l’absence de casse dans une manif réduit le risque d’arrestation de masse. Est-ce que qu’il y a quelque chose avec lequel tu n’es pas d’accord là-dedans ?

Par ailleurs, je vois que tu tiens à nous partager les chiffres sur les arrestations de masse de « ces dernières années », mais je note que tu n’arrives pas à me citer un événement plus récent que celui d’avril 2005… qui est tout de même vieux de six ans. (Les arrestations de masse de « ces dernières années », ce sont celles qui sont survenues lors des récents 15 mars car seules les manifs contre la brutalité policière du COBP font encore l’objet d’arrestation de masse à Montréal).

Pour tout te dire, je trouve ça un peu facile de garocher une série de chiffres sur le nombre de manifestants arrêtées en faisant totalement abstraction du contexte particulier qui entoure chacun de ces événements.

Par exemple, s’il est vrai que les manifestants qui ont été arrêtés le 25 mai 1998 dans le cadre de l’opération SalAMI n’ont rien cassé, il reste qu’ils ont bloqué les portes d’un hôtel jusqu’à temps qu’ils subissent l’arrestation pour laquelle ils avaient été formés. Ces manifestants-là avaient accepté de ne pas chercher à éviter l’arrestation pour avoir brisé la loi en toute connaissance de cause dans le cadre de cette action de désobéissance civile.

Pour ce qui est du mouvement des étudiants du secondaire qui protestait contre l’abolition des activités parascolaires en septembre 1999 (et non en octobre, comme tu l’as écrit), le SPVM avait toléré pendant une ou deux semaines ces écoliers qui manifestaient spontanément, et sans encadrement, en perturbant le trafic automobile et en prenant d’assaut des écoles secondaires pour vider les classes. Les flics les ont laissé foutre un joyeux bordel jusqu’au jour où il y a eu de la casse, lors de la manif du 22 septembre 1999. Là, il y a eu une première arrestation de masse d’une trentaine de jeunes, si ma mémoire est bonne. Et le lendemain, ils en ont arrêtés 278 autres dans une cour d’école. Encore une fois, la casse a servi de prétexte à la répression, qui s’est avérée efficace dans la mesure où elle tué ce mouvement.

Je ne sais pas si je dois croire les médias quand ils disent qu’une vitre a été pétée lors de la manif du 29 septembre 2001 (qui s’inscrivait dans le cadre d’une journée d’action mondiale contre la tenue d’une rencontre du FMI et de la Banque Mondiale à Washington, DC, et non pas à Prague, comme tu l’as écrit) ou encore que des bouteilles de bière ont été lancées sur les flics lors de cette « soirée tranquille » au carré St-Louis qui s’est soldée par une arrestation de masse le 15 juin 2001.

Si je n’étais pas là à aucun de ces deux événements, je peux cependant dire que j’étais là au snack de minuit, qui s’est terminée par une arrestation de masse au matin du 29 juillet 1996 au carré Berri. Je peux dire que les flics ont toléré que les gens occupent le carré Berri pendant plusieurs heures même si ça contrevenait à un règlement municipal, tolérer que les gens boivent de la bière et fassent pas mal de bruit en pleine nuit. Leur excuse pour intervenir et vider la place a été un feu au milieu du carré Berri, mais encore là ils ont pas procédé à une arrestation de masse à ce moment-là. Ils nous ont encerclés seulement après qu’on soit retourné au carré Berri aux petites heures du matin, après en avoir été expulsé environ 2 heures plus tôt.

Par ailleurs, au risque de me répéter, je n’ai jamais soutenu que la casse est le seul et unique critère que les flics prennent en considération lorsqu’ils décident de procéder à une arrestation de masse.

Le 1er mai 2000, on était à Westmount et d’après ce que je comprends, le niveau de tolérance du SPVM est sensiblement plus bas quand une manif se tient à Westmount, de la même façon qu’on est certainement en droit de présumer que leur niveau de tolérance aux méfaits est moins élevé quand c’est une voiture de riche qui est vandalisée – comme ce fut le cas le 19 novembre 2004, selon ce que j’ai retenu des articles de journaux que j’ai lu.

alex

PS : En passant, il n’y a que toi qui parle de « mot d’ordre ». À aucun endroit dans mon texte, ou mes commentaires, je n’emploie cette expression, car moi je préfère parler de consigne.

PPS : Si tu crois vraiment que ce n’est pas le bon endroit pour faire cette discussion, alors je ne vois pas ce qui t’empêche d’être conséquent avec toi-même et d’en rester loin. Or, non seulement tu alimentes la discussion mais en plus tu m’as envoyé un courriel plus tôt aujourd’hui pour être sûr que je sois informé que tu as publié un nouveau commentaire. Y a rien que tu fais pas pour garder cette discussion en vie, ma parole !

PPPS : Je ne suis pas tout à fait d’accord que l’ONU a « chicané » le Canada en 2005 au sujet des arrestations de masse de manifestants. Le comité des droits de l’homme de l’ONU a simplement consacré deux paragraphes dans un rapport pour dire qu’il « s’inquiète » des arrestations de masse de manifestants.


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Dossier G20
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