Allo,

Il est parfois utile ou intéressant de partir d'un postulat différent qui est : supposons que les gens ont leurs raisons, qu'il y a un sens légitime malgré tout, et qu'ils/elles ont des besoins à combler, etc.

Même si je suis le premier à dire que les êtres humains « nous sommes des idiots » -- comme moyen d'autocritiquer notre perception étroite de la réalité, chercher l'intelligence ou les raisons fondées des gens apporte souvent des réponses vraiment intéressantes et plus utiles. On peut poser des questions comme : pour quelles raisons censées les gens ne participent pas activement à la démocratie au sens large, n'appuient pas la gauche (sous aucune forme, encore moins par leur vote), etc.

À partir de là, on peut essayer de comprendre ce que les gens pensaient vouloir dire en répondant à des questions peut-être tordues d'un sondage payé par des capitalistes.

Ici, les gens voulaient probablement dire « Je souhaite que moi, mes ami.es et mes enfants aient des emplois ». Par emploi, on comprend que les gens veulent combler leurs besoins vitaux et pouvoir aussi se divertir.

On peut critiquer le manque de vision, le manque d'espoir politique dans l'esprit des gens ou l'absence d'indépendance au moins d'esprit face à l'économie capitaliste actuelle. Par contre, gardons à l'esprit que tout le monde veut un toit, se nourrir, etc. Personne ne veut être dans la pauvreté et, être sans emploi payant, c'est la pauvreté (étant moi-même sur l'aide sociale actuellement, je confirme que je suis pauvre au sens « difficulté à combler les besoins vitaux » :P).

En bref, si on se pose la question « Pour quelles raisons censées les gens...», au lieu de « Quelles sont l'ignorance ou les lacunes des gens...», on arrive à des positions de responsabilisation plus concrètes. Par exemple, je suggère la conclusion suivante : les mouvements sociaux et de gauche, dont je fais partie, n'offrons presque jamais le moindre moyen de combler les besoins et très très peu d'emplois ou de moyens de vivre hors du système capitaliste. Les coop sont encore peu nombreuses, les espaces d'économie solidaire alternative très invisibles et les emplois dans les organismes progressistes (écologie, communautaire, etc.) sont rares par rapport aux centaines de milliers de jeunes qui voudraient bien y travailler.

Les mouvements de gauche, tant révolutionnaires qu'électoraux, n'offrent pas de projets ni de moyens concrets qui peuvent convaincre actuellement les gens, les rassurer que leurs besoins seraient comblés. Les besoins incluent des désirs de s'accomplir, d'avoir du pouvoir (au sens positif), d'une liberté individuelle et collective, donc d'une société juste. Cette critique m'inclut totalement.

D'autres sondages récents de l'Agence QMI, publiés étrangement sur le réseau Canoe (Peu d'espoir pour la droite), conclut : Ne vous faites pas d’illusions : le Québec est toujours une terre centriste, fertile pour la gauche et plutôt inculte pour la droite.

Pourtant, les gens votent massivement à droite et semble intéressés par les nouveaux partis et mouvements néolibéraux. J'estime, selon mon analyse actuelle en tout cas, qu'il y a des raisons et que les mouvements de gauche doivent les saisir et agir en conséquence. Je ne dis pas que c'est simple : créer une économie démocratique et solidaire, à contre-sens, prendra l'initiative de bien du monde et plusieurs décennies d'acharnement, mais ça me semble la véritable solution.

Michaël Lessard [me contacter]

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