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Qui est Marco CamenischAnonyme, Mercredi, Octobre 6, 2010 - 14:27 (Analyses | Droits / Rights / Derecho | Ecologie | Repression | Resistance & Activism | Solidarite internationale)
SRI
Marco Camenisch est né le 21 janvier 1952 en Suisse, à Schiers, un village dans les alpes rhétiques dans le canton des Grisons. Il a commencé son engagement politique en soutenant des prisonniers en lutte et dès 1978, il s'est joint à la lutte contre les centrales nucléaires. Début 1980, il est arrêté à cause de deux attentats à l'explosif: un contre un pylône à haute tension de la société électrique Nordostschweizerische Kraftwerke (NOK, une des compagnies entretenant des centrales nucléaires en Suisse à cette période-là) et contre des transformateurs et le pylône d'une centrale hydro-électrique aux Grisons. Le jugement relativement dur de 10 ans était d'un côté certainement, selon son point de vue, l'expression de ce qui était en jeu: la destruction écologique réalisée par l'industrie de l'énergie comme partie de la force destructrice du système de domination en général, faisant partie des cibles déclarées de sa lutte. Le "tarif normal" à cette époque en Suisse aurait été entre 4 et 6 ans et même la presse réactionnaire a été surprise par le quantum de la peine, correspondant alors environ à celui pour homicide. De l'autre côté, le jugement relativement dur est à voir aussi et surtout comme adaptation répressive au contexte européen et international avec des mouvements de guérilla forts (Italie, Allemagne, etc.) et au durcissement répressif correspondant opéré par la bourgeoisie. La politique nucléaire de la Suisse a été calquée sur la forme d'organisation du projet Manhattan étatsunien et déjà les premiers jours après Nagasaki et Hiroshima, l'énergie nucléaire est devenue un sujet amplement discuté. La propagande du dual use (militaire - civil) a été lancée et "un âge d'or, une période glorieuse du progrès et de la prospérité humains sous le signe de l'énergie nucléaire" proclamé. L'objectif principal était cependant avant tout la "création d'une bombe nucléaire suisse", pour laquelle la Confédération a voté un crédit-cadre de 18 mio. de francs, montant jamais accordé auparavant pour quoi que ce soit, avec les liens communs entre les industries privées et les institutions étatiques (Hautes écoles), fonctionnant, également comme d'habitude, clairement dans l'intérêt de l'économie. BBC, Sulzer et Escher-Wyss (industrie de construction de machines) ont fondé en 1946 la commission de recherche énergie nucléaire et le groupe de travail réacteur nucléaire, rejoint plus tard par Motorcolumbus et par Elektrowatt. En 1953, les plans pour un réacteur était prêts et en 1954, la Confédération a acheté 5 tonnes de plutonium des Etats-Unis, étant alors le seul pays disposant de réacteurs nucléaires. La même année, les plus grosse boîtes nucléaires en Suisse ont décidé la construction d'une centrale expérimentale. En 1963, la NOK (faisant aujourd'hui partie de l'Axpo) a planifié, avec BBC et Westinghouse, la construction de sa propre centrale avec un réacteur américain sur la presqu'île de Beznau du fleuve Aar, achevée en 1968. Ensuite ont été construit Beznau II (NOK), Mühleberg (BKW - Centrales bernoises) et d'autres centrales également nucléaires à Gösgen, Döniken et Leibstadt. Avec la participation de toutes les grosses boîtes de l'industrie de construction de machines, la construction d'une centrale nucléaire suisse a été planifiée à Lucens en 1960, construction pour laquelle l'Etat a contribué 50 mio. de francs, mais le rêve d'avoir son propre réacteur a explosé dans la centrale sous-terraine avec l'explosion d'un barreau combustible, accident comparable à celui de Harrisburg. Depuis le milieu des années 1960, comme en Allemagne, il y a eu une résistance large dans la population contre les centrales nucléaires (et contre des grands projets industriels en général) avec beacoup de mouvements citoyens et des actes de sabotage radicaux, comme par exemple des attentats ciblés contre 9 voitures et des maisons de vacances d'acteurs du lobby nucléaire. En 1973, la première grande manif contre les centrales nucléaires avec plus d'un millier de personnes a eu lieu à Olten et une pétition avec plus de 16 000 signatures a été déposée. La même année, l'Action pacifique Kaiseraugst (GAK) est fondée. En 1974, un incendie criminel a frappé le chantier provisoire de la centrale nucléaire de Verbois et une station de transformateurs à Verbier. En avril 1975 a eu lieu la première occupation du site de construction, durant 6 jours, afin d'empêcher le début des travaux à Kaiseraugst. Ensuite, une grande manifestation de 15000 personnes a eu lieu. Plusieurs actions contre d'autres projets de centrales nucléaires ont été fondées et d'autres grandes manifs et marches de Pentecôte ont eu lieu. Le 25 juin 1977 suit la première tentative d'occupation à Gösgen, terminée par une intervention policière violente, suscitant des rassemblements dans plusieurs villes. S'ensuivent plusieurs attentats anti-nucléaires par l'aile anticapitaliste radicale (également en lien avec la révolte juvénile et estudiantine des années 1960), mais aussi l'institutionnalisation du mouvement (campagnes électorales, démarcation des "terroristes"). Néanmoins, les actions radicales ont toujours encouragé, accompagné ou anticipé sur des actions de masse. Ainsi, des attentats contre les CFF (Chemins de fer fédéraux) ont été suivis par des actions de blocage. Et l'attentat contre le transformateur de Leibstadt à Genève a été le signal pour le blocage du transfo de réserve un an plus tard. Les attentats contre le pavillon d'information à Kaiseraugst et contre Gösgen un jour après l'octroi de l'autorisation de fonctionnement ont également pu compter sur la sympathie de la colère populaire. Parmi les derniers attentats, il y a eu ceux contre les pylônes de météo de Gösgen et de Graben abattus en une semaine. Le 17 décembre 1981, Marco Camenisch s'est évadé avec quelques co-prisonniers italiens de la prison de Regensdorf, évasion durant laquelle un gardien a été tué et un autre blessé. Pendant 10 ans, Marco Camenisch vit dans la clandestinité, continue son activité anti-nucléaire et écrit des articles pour la presse anarchiste. En décembre 1989, un douanier a été tué à la frontière italo-suisse et les médias et les autorités présentent immédiatement Marco Camenisch comme l'auteur. Marco Camenisch a toujours nié cette accusation. La longue fuite de 10 ans a été interrompue par un contrôle de papiers ordinaire dans la province toscane de Massa. La réaction stupide d'un carabiniere à une arme tirée de Marco provoque un échange de coups de feu, dans lequel un carabiniere est blessé et Marco touché de balles aux deux jambes, empêchant ainsi sa fuite et aboutissant à son arrestation. Il refuse toute collaboration avec la justice et est condamné à 12 ans de prison en mai 1992 pour la fusillade avec les carabinieri et pour un attentat à l'explosif contre le pylône à haute tension La Spezia-Acciaiolo, important du courant nucléaire de France. 12 ans était une peine relativement légère pour le "tarif de terrorisme" italien. Cette prudence relative des autorités locales tenait à l'enracinement historique et à l'époque profonde de la résistance radicale dans une région remplie de bases militaires de l'OTAN et d'industrie de guerre. Ainsi, peu après l'arrestation et à l'endroit-même, un hôtel de luxe s'est fait exploser, action par laquelle a été demandée la garantie de son intégrité physique. D'un point de vue historique, la région est connue pour son fort mouvement ouvrier (industrie du marbre) et son mouvement de partisans ainsi que Carrara comme "bastion de l'anarchisme". Dans la région, une forte cellule des Brigate Rosse a également été présente, une des seules dont la répression n'a pu demanteler et arrêter que peu de membres. Durant la période de son arrestation, le radicalisme écologique et le soi-disant "éco-terrorisme" ont aussi fait partie de la résistance populaire locale. Ainsi, les grandes mobilisations contre l'usine de la multinationale de la chimie Montedison à Marina di Carrara, ayant massivement pollué la région au début des années 1990 avec de la dioxine et d'autres substances toxiques. Ou la résistance contre les différents incinérateurs de déchets construits ou planifiés dans la région et contre la contamination électro-magnétique de la ligne à haute tension mentionnée ci-dessus. Celle-ci a été construite à La Spezia, traversant Massa-Carrara, la Versilia voisine jusqu'à Pise et passant souvent très proche des maisons, des villages et des fermes. Un tribunal administratif a beau avoir décrété son "interruption", évidemment avec les "autorisations exceptionnelles" communes pour pouvoir pleinement la mettre en marche, ce qui a mené à de nombreuses "interruptions" par des attentats à explosif sur les pylônes. Il y a eu de la résistance dans les rues et des actions radicales contre l'évacuation spéculative du siège historique des anarchistes au centre-ville de Carrara, pendant laquelle, deux fourgons de transport de fonds de l'entreprise de sécurité surveillant le siège, stationnés au parking devant le commissariat de police de Carrara, se sont par exemple fait exploser. Puis, il y a eu une longue série de villas de vacances de luxe explosées à la côte comme partie de la lutte populaire contre la restructuration urbaine touristico-spéculative, accompagnée d'une perte massive d'espace d'habitation et de menaces d'évacuation massives à l'égard de la population travailleuse. Après avoir purgé la peine, Marco Camenisch est extradé en avril 2002 à la Suisse pour les 8 ans restants de sa première peine, ainsi que pour le procès pour l'évasion et la fusillade à la douane. De mai 2002 jusqu'en 2004 dure son procès, accompagné d'une vaste campagne de solidarité. Il a été conclu par un acquittement dans l'affaire du gardien mort et par une condamnation à 17 ans pour la mort du douanier. Cette condamnation s'explique par l'absence de "regrets" et par son positionnement pour un renversement révolutionnaire de l'ordre global capitaliste-impérialiste, devenu en l'occurence de plus en plus urgent. Ces 17 ans de "peine supplémentaire" constituent (dans ce cas spécifique) une violation de leur propre code pénal. En mars 2007, la peine a dû être réduite au quantum de peine maximal de 8 ans dans ce cas spécifique, signifiant en tout 30 ans de taule avec libération prévue en 2018. En prison, Marco participe quand même aux luttes des prisonniers sociaux et politiques et continue à souligner la nécessité de la résistance solidaire contre ce système de domination. Il joue un rôle actif dans l'alliance de différentes situations de lutte (cercles anarchistes, collectifs d'écologistes et des groupes oeuvrant à la création du Secours Rouge international) et dans la création de rapports forts, de solidarité et de proximité. C'est aussi pour ça que se sont approchés et réunis autour de Marco dans différents intitiatives et moments solidaires de nombreux situations et milieux différents, pas seulement en Italie, mais à l'échelle internationale. Parmi ces gens, il y a aussi beaucoup de camarades qui ne l'ont pas connu que grâce à affinité dans la pensée, mais aussi en tant qu'amiEs, frères et soeurs et partenaires, ayant partagé avec lui des temps heureux autant que des temps difficiles. Pendant cette période, Marco a toujours été de notre côté, car, malgré la séparation physique, il est présent dans les luttes. Sa voix, sa pensée, son travail important de traduction continu, ses nombreux articles et ses grèves de la faim solidaires expriment une solidarité liée aux prisonniers révolutionnaires quasiment dans le monde entier par la communication et par la solidarité pratique et libre de tout isolement idéologique ou dogmatisme. Ses nombreux textes ont contribué et contribuent toujours à la croissance et au renforcement de la lutte contre toute forme d'oppression et d'exploitation et pour la défense de l'être humain, de la terre et de tous les êtres vivants. Il est un de ces camarades qui n'ont jamais capitulés face à leur incarcération et au développement de ce système de domination et qui ne se sont jamais résignés. Il n'a jamais nié son parcours révolutionnaire, il n'a jamais sacrifié sa cohérence et sa clarté, même à une époque de rapports humains médiocre, à un aléa opportuniste. Et tout ça, le pouvoir voudrait le briser, à savoir son identité d'anarchiste vert toujours intègre, les affinités et tout le réseau global de contacts et de relations internationaux avec de nombreuses situations de lutte différentes, qui se sont formés autour de lui. Le prix très dur que Marco a payé pendant toutes ces années et continue à payer est le prix que payent tous les prisonniers révolutionnaires emprisonnés dans le monde entier qui continuent à lutter de plein coeur contre toute domination et exploitation. Depuis quelques années, il aurait droit à certains assouplissements légaux, des jours de vacances par exemple. Ceux-ci lui sont refusés de manière constante. Le fait qu'il n'abjure pas est ouvertement mentionné pour justifier ce refus. Marco s'appelerait toujours anarchiste et défendrait l'avis que la société se trouverait toujours en guerre, ainsi une justification officielle des autorités. Il est urgent et nécessaire qu'on serre les rangs une fois de plus et qu'on mobilise des forces, tout en étant conscients que seulement des mobilisations internationales larges à toutes les échelles de la lutte peuvent apporter le succès et inverser la politique d'anéantissement de nos camarades incarcérés par le code pénal ennemi, politique pas seulement suisse, mais internationale. Marco et tous les autres doivent être libérés! Et exiger que Marco et tous les autres soient libres parmi nous signifie après 30 ans la continuation toujours plus forte de notre lutte commune contre la domination et l'exploitation.
Indymedia suisse romand
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