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Contre la diversité des tactiques, en support de l’action directe

Anonyme, Dimanche, Septembre 5, 2010 - 15:50

Denis Rancourt

en français sur kkkanada.anarkhia.org
(traduit en français en collaboration avec l’«auteur»)

disponible en version originale anglaise sur http://activistteacher.blogspot.com/

Ici, je soutiens que la «diversité des tactiques» dans l’activisme pour la justice sociale est un effort mal orienté pour unifier des camps incompatibles et que la position pour la «diversité des tactiques» fait du tort à l’action directe anarchiste et aide les pacifistes; alors que les pacifistes nécessairement supportent la hiérarchie oppressive[1][2]. La «diversité des tactiques», distincte de la stratégie habituelle et des considérations risques-bénéfices, est une position de compromis entre activistes qui n’ont pas seulement des tactiques différentes (action directe versus non-violence), mais aussi des vues opposées à propos de la société (anarchisme versus socialisme, dans le sens large). Ce compromis sert le système hiérarchique qui cause les injustices sociales qui est dénoncé par les deux camps.

DIVERSITÉ DES TACTIQUES

Notez qu’à l’intérieur de groupes qui ont identifié unE même ennemiE ou une même cible ainsi qu’une même insupportable injustice, les déterminations des variétés et des combinaisons de tactiques et ce que les individuEs vont faire sont les considérations stratégiques et risques-bénéfices les plus habituelles, ce qui diffère de la «diversité des tactiques» telle que définie et discutée dans le présent essai.

La «diversité des tactiques» est la position de principe par laquelle les groupes activistes préférant différentes tactiques de résistance contre l’injustice systémique s’accordent pour ne pas se mettre dans les jambes des autres, s’accordent pour ne pas interférer ou saboter les tactiques choisies par l’un ou par l’autre.

Il pourrait être statué carrément : «ne m’attaque pas pour faire ce qui est nécessaire que tu n’oses pas faire», adressé à ceux qui ne sont pas d’accord que c’est nécessaire.

Rabble.ca l’a diplomatiquement formulé de cette façon[3] : «Généralement, ceux/celles qui critiquent la diversité des tactiques croient que cette philosophie ne permet pas d’analyse critique des stratégies de manifestations qui peuvent nuire à la cause générale. Inversement, celles/ceux qui supportent la diversité des tactiques généralement croient que la critique des autres manières de manifester fait du tort à l’unité du mouvement en mettant en péril la solidarité au bénéfice des politiques et des actions de ceux/celles contre lesquels le mouvement résiste» (Dans le présent essai, je soutiens que ceux/celles qui la supportent devraient arrêter de la supporter).

La diversité des tactiques est un concept opérationnel qui a été développé dans le but de résoudre la tension entre les activistes ou les manifestantEs qui emploient les méthodes non-violentes (les marches, les slogans, le théâtre, les sit-ins, etc.) et les activistes qui emploient la soi-disant action directe (attaquent de manière ciblée la propriété, mettent à terre des barricades, désarrestent des co-activistes, résistent physiquement aux attaques de la police, etc.).

Suivant «la diversité des tactiques», les activistes aux événements anti-globalisation (ou autres manifestations) acceptent même des tactiques fondamentalement différentes qui proviennent de visions opposées de la société [1][2][4] et rationalisent leur acceptation en avançant que le niveau de risque qu’unE activiste prend est une décision personnelle basée sur une évaluation personnelle. Elles/ils ne tentent pas de forcer les autres à prendre des risques plus élévés. Ils/elles tentent de ne pas avoir de comportements qui vont exposer d’autres activistes à des risques plus élevés.

Le dernier point n’est pas blanc ou noir dans le discours. Par exemple, certainEs vont argumenter qu’aller à une manifestation expose tous/toutes les manifestantEs à des risques plus élevés en accroissant la taille de la manifestation pouvant provoquer ainsi une riposte policière alors que d’autres vont argumenter qu’aller à la manifestion va plutôt aider à sécuriser la manifestation par le nombre de gens présents. En dernier lieu, c’est plus souvent la police et ses dirigeantEs qui vont décider si les mainfestantEs sont en sécurité ou pas, si les manifestantEs vont être attaquéEs ou pas et le degré de force employée. [5]

La «diversité des tactiques» survient comme une réponse à la tension entre les pacificistes et les anarchistes de l’action directe. La majorité des pacifistes voient surtout les anarchistes comme une force négative qui provoque une non-nécessaire violence policière et qui détourne l’attention médiatique d’une opinion publique favorable à la majorité des manifestantEs et de leur cause. La «diversité des tactiques» est utilisée comme un appel de ralliement pour convaincre les activistes libérales/libéraux de se joindre tout en acceptant les méthodes plus radicales de manifestation et de résistance comme une partie d’une stratégie globale.[6]

PAS SEULEMENT UNE DIFFÉRENCE DE TACTIQUES

C’est une mécompréhension parmi les activistes qui avancent la notion de «diversité des tactiques» de défendre que toutes les tactiques contribuent à lutter contre l’injustice et qu’elles se différencient uniquement par le niveau de risque. En fait, l’action directe et les tactiques pacifistes sont fondamentalement différentes à la fois dans leurs pésuppositions à propos de comment la société peut changer ainsi que dans leurs présuppositions des croyances à propos des structures sociales et de comment la société devrait être structurée. [1][2][4][7][8][9][10]

Les anarchistes croient que la hiérarchie est un problème et que la hiérarchie permet la concentration du pouvoir et le maintien des injustices sociales incluant la guerre, l’occupation, la colonisation, l’économie de prédation, l’exploitation généralisée et l’ingénierie sociale. Le but des anarchistes est d’aplatir la pyramide sociale hiérarchique au tant que possible pour procurer de l’espace à l’agent individuel (la démocratie participative, l’auto-organisation, la décentralisation et la distribution du contrôle sur les ressources et l’économie, etc.). [11][12]

Les pacifistes ou socialistes (dans le sens large) ou les «progressistes» ou les libéraux/libérales croient que la justice peut être réalisée et maintenue par le présent système d’organisation sociale qui ne nécessite que d’être réparé et amélioré, mais non pas en aplatissant la pyramide hiérarchique.

Elles/ils croient que le système est susceptible d’être ajusté et amélioré par l’influence de l’opinion des citoyenNEs. Ils/elles croient que les gouvernements du premier monde peuvent être dirigés par «des masses critiques» d’opinions citoyennes. Ils vont préférer orienter leurs actions autour de l’«éducation» (lire la propagande progessiste), la formation de l’opinion, l’expression de masse par les médias corporatistes, les pétitions, les manifestations de rue et ainsi de suite. Ils/elles ont des intérêts dans les syndicats ouvriers, les organismes non-gouvernementaux, et ainsi de suite, qui sont vraiment intégrés au système. La plupart des «améliorations» qu’elles/ils recherchent impliquent renforcir le contrôle hiérarchique du système et accroître sa légitimité (par exemple la législation progressiste avec plus de contrôle).

QUI EST LE CRIMINEL ?

En fait, notre premier monde, système «libre et démocratique», pratique des crimes épouvantables en complète complicité avec les populations du premier monde. Les crimes du Canada incluent un génocide continu contre les populations autochtones[13], une guerre géopolitique contre l’Afghanistan, un support à l’Empire américain, un support à des politiques d’apartheid et de génocide de l’État d’Israël, le renversement d’un gouvernement populaire démocratique en Haïti, la prédation corporatiste et financière à travers le monde, un système immoral de prison qui sert à maintenir les inéquités sociales[14], une structure sociale d’inégalités avec des conséquences massives sur la santé publique, des violations massives de droits civils perpétuées volontairement et sans conséquences pour les décideurs (par exemple G20-Toronto), l’endoctrinement et la pacification des jeunes, l’ingénierie continue de la manipulation sociale, un établissement pharmaceutique et médical universel de prédation…[15]

Puisque le système fait cela, le système devrait être arrêté ou au moins être entravé. Puisque nous appuyons le système par notre conformité à l’école, au travail et dans les rues à tous les jours, nous sommes responsables au moins de nos propres oppressions (l’esclavage salarié, l’extorsion de la dette financière, l’endoctrinement professionnel, le contrôle de l’environnement mental, les modes de vie et comportements criminalisés, etc. ). À chaque fois que nous collaborons avec l’économie non-démocratique et les structures de contrôle illégitimes dans nos vies, nous renforcissons le système et facilitons sa criminalité.

Ceux/celles qui ne résistent pas et n’entravent pas collaborent.

La lutte entre l’action directe et le pacifisme est une lutte entre des ennemiEs, entre les résistantEs et les collaborateurs/collaboratrices. Cela doit être clair.[16]

CONCLUSION

La «diversité des tactiques» est une accomodation qui préserve les pacifistes d’être exposéEs et perturbéEs dans leur collaboration et support à un système violent d’oppression. Les anarchistes utilisant la «diversité des tactiques» recherchent la protection des pacifistes majoritaires ou recherchent au moins à ne pas être attaquéEs par les «pacifistes». Mais les anarchistes regardent à la mauvaise place pour le support. L’ennemiE ne peut pas procurer de support. L’ennemiE ne peut procurer que coercition, co-optation et élimination.

Les collaboratrices/collaborateurs vont briser les rangs avec l’ennemiE seulement si la chaleur augmente. Tu ne peux pas influencer avec des mots seulement – les mots nécessaires n’acquièrent de sens qu’à travers la confrontation. Tu ne peux pas amener de changements révolutionnaires en collaborant et en t’accomodant.

Nous, individuellement, avons besoin d’agir partout où nous le pouvons, spécialement là où ça compte, incluant sur les collaborateurEs pacifistes, et non seulement aux événements de propagande globaliste. Il n’y a pas de solidarité sans individuEs qui résistent et la solidarité existe qu’à la condition qu’il y ait des individuEs qui résistent.

Notes de fin de document

Cet essai a été publié pour la première fois sur l’Activist Teacher blog.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/08/against-diversity-of-tactics…

(La plupart de ces articles sont disponibles uniquement en anglais à l’exception des traductions des textes de Bakounine et de Malatesta alors je n’ai pas cru bon traduire cette partie.)

[1] “Pacifism as Pathology” by Ward Churchill, 1986.
http://en.wikipedia.org/wiki/Pacifism_as_Pathology:_Notes_on_an_American…

[2] “How non-violence protects the state” by Peter Gelderloos, 2007.
http://www.akpress.org/2005/items/hownonviolenceprotectsthestate

[3] “Panel Discussion: A Diversity of Tactics – A Diversity of Opinions”, rabble.ca, 2010.
http://www.rabble.ca/whatsup/panel-discussion-diversity-tactics-diversit…

[4] “The Activist Wars” by Denis G. Rancourt, 2009.
http://activistteacher.blogspot.com/2009/08/activist-wars.html

[5] “They’re not just pigs” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/07/theyre-not-just-pigs.html

[6] « In defence of the diversity of tactics » by Alex Hundert, 2010.
http://www.rabble.ca/news/2010/03/defence-diversity-tactics

[7] “Against Chomsky” by Denis G. Rancourt, 2008.
http://activistteacher.blogspot.com/2008/07/against-chomsky.html

[8] “G20-Toronto property damage is a good thing” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/07/g20-toronto-property-damage-…

[9] “On the racism and pathology of left progressive First-World activism” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/08/on-racism-and-pathology-of-l…

[10] “G20-Toronto and lost sovereignty – A critical examination of the role of the CCLA” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/07/g20-toronto-and-lost-soverei…

[11] “The Basic Bakunin – Writtings 1869-1871” by Mikhail Bakunin.
http://en.wikipedia.org/wiki/Mikhail_Bakunin

[12] “Anarchy” by Errico Malatesta, 1891. English translation by Vernon Richards, 1974, last revised 2001. (Richards’ translation essential.)
http://en.wikipedia.org/wiki/Errico_Malatesta

[13] “A little matter of genocide – Holocaust and denial in the Americas 1492 to the present” by Ward Churchill, 1997.
(Available at Google Books, http://books.google.ca/)

[14] “About the obscenity of the legal mind and its grotesque displays of arrogance” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/08/about-obscenity-of-legal-min…

[15] “Some big lies of science” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/06/some-big-lies-of-science.htm...

[16] “Roundabout as conflict-avoidance versus Malcolm X’s psychology of liberation” by Denis G. Rancourt, 2010.
http://activistteacher.blogspot.com/2010/08/roundabout-as-conflict-avoid…

Denis G. Rancourt a été professeur titulaire de physique à l’Université d’Ottawa au Canada. Il a été actif dans plusieurs secteurs de la science qui étaient financés par une agence nationale et il a dirigé un laboratoire reconnu internationalement. Il a publié plus de 100 articles dans des journaux scientifiques à l’avant-plan. Il a développé des cours populaires d’activisme et il a été un critique public de l’administration de l’université et un défenseur des étudiantEs ainsi que des droits des PalestinienNEs. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site rancourt.academicfreedom.ca

http://rancourt.academicfreedom.ca/

un des sites de Denis Rancourt


Sujet: 
L'affirmation suivante est fausse à mon avis
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Lun, 2010-09-06 19:57

Les pacifistes ou socialistes (dans le sens large) ou les «progressistes» ou les libéraux/libérales croient que la justice peut être réalisée et maintenue par le présent système d’organisation sociale qui ne nécessite que d’être réparé et amélioré, mais non pas en aplatissant la pyramide hiérarchique.

* La généralisation, selon laquelle « les pacifistes ou socialistes (dans le sens large) croient que la justice peut être réalisée et maintenue par le présent système d’organisation sociale », est fausse dans bien des cas. On voit que l'auteur ne connaît pas et ne veut pas connaître ces « autres » qui ne font pas partie de son cercle. Bon nombre de socialistes, au sens large, veulent détruire l'hiérarchie et le système actuel. Qui plus est, l'usage ACTUEL d'une stratégie d'éducation populaire ne signifie pas que les personnes concernées veulent maintenir ou tolérer le système actuel.

* Le terme « progressiste », dans le sens utilisé par plusieurs, inclut tout le monde qui pousse dans un progrès social au sens de gauche, donc ce terme inclut généralement les anarchistes ou les gauches plus radicales. Mais, évidemment, on peut avoir des définitions différentes des termes utilisés. C'est la même dynamique pour le terme altermondialiste.

 

M'enfin, nous connaissons ce beau monde binaire des vrai/faux, bien/mal, pacifiste/violent, réformiste/radical.

Dans la pratique, il se peut effectivement que certains modes d'action soient incompatibles et les protagonistes ou les mouvements impliqués peuvent bien choisir d'agir séparément.

Cette analyse dit donc que la partie des anarchistes qui estiment que la violence est le plus souvent une force de domination soient des ennemis. Les actions directes non violentes de plusieurs anarchistes et l'éducation populaire sont-elles aussi de la collaboration à mettre au bûché ?  Si on revient à nos objectifs libertaires, on peut constater que deux choses sont vraies à la fois :

a) une société sans domination n'apprécie pas la violence pour imposer ses idées
et b) l'action directe violente ou confrontante peut être nécessaire et parfois bénéfique.

[ Edit: vous devinez qu'il y a de nombreux questionnements stratégiques et idéologiques —au sens de l'objectif qui est désiré— que je ne nomme pas ici. La plupart des gens étant capables de réfléchir par eux/elles-mêmes. Tout comme je ne nomme pas ma position, outre l'indice des mots peut être nécessaire et parfois bénéfique.]


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Sujet: 
élaboration
Auteur-e: 
espritdecombat
Date: 
Mer, 2010-09-08 16:50

Ce texte a au moins ça de bon qu'il oblige les gens à se positionner d'un bord ou de l'autre. Ça nous permet de voir de quel bord elles/ils sont. Dans ce sens, malgré tout le respect, Michael, ça fait un petit bout que nous savons de quel bord tu te situes. À partir de là, nous pouvons discuter.

''Si on revient à nos objectifs libertaires, on peut constater que deux choses sont vraies à la fois :

a) une société sans domination n'apprécie pas la violence pour imposer ses idées
et b) l'action directe violente ou confrontante peut être nécessaire et parfois bénéfique.''

a) Nous ne vivons pas dans cette société et nous n'y avons jamais été. La société que nous connaissons est ultra-violente. Nous pourrions dire que c'est une guerre perpétuelle qui prend différentes formes.

b) Ouep

Comme à tant d'autres, je ne peux que recommander le visionnement d'end:civ du Stimulator entre autres les parties intitulées Pacifying Resistance et Fuck Patience

endciv.com

En passant, si être révolutionnaire c'est combattre l'ensemble des institutions fondamentales de ce système global, il n'y a que les anarchistes et libertaires d'autre tendance qui peuvent être (certainEs ne le sont pas) révolutionnaires, car les autres parlent d'en conserver certaines comme l'État fusse-t-il temporaire des socialistes, mais nous savons que l'État ne fait que se perpétuer et vouloir se perpétuer nous en avons eu tant d'exemples au 20e siècle y compris chez les anarchistes d'État comme les CNTistes qui ont participé à faire exister l'État en Espagne. Il y a aussi les anarchistes ''progressistes'' qui veulent souvent conserver l'industrie, la ville et autres qui détruisent le vivant depuis déjà longtemps. De plus, ils/elles défendent le monde des blancs. On pourrait quasiment dire qu'ils/elles sont pour ''la suprématie de la culture blanche'', de la civilisation occidentale, de sa révolution industrielle... Ils/elles ne parlent trop souvent que d'un changement dans le mode de gestion. Pas la gestion des autos, mais l'auto-gestion.


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Sujet: 
Re: nous savons de quel bord tu te situes
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Mer, 2010-09-08 21:09

« nous savons de quel bord tu te situes »

J'en doutes fortement pour la raison suivante. Les plus radicaux dans leur identité (pas nécessairement dans leurs actions ou dans leur intégrité pratique) me verront comme trop modérés ou pacifistes, les plus modérés, voire conformistes, me verront comme un radical un peu fou. J'y suis habitué. Les plus buzzé me trouvent normal, les plus normaux me trouve buzzé.

Une chose est certaine, je me méfie toujours des gens qui parlent uniquement de l'insurrection et jamais de la révolution au sens de la vie humaine, réelle, vivante, après
. Je me méfie des révoltés qui ne sont parfois aucunement révolutionnaires ; l'histoire des révolutions nous amènent justement à en être méfiant.

Je n'ai pas le désire de tuer ou de faire souffrir, donc je suis libre.

Edit : Cela ne signifie pas que je suis pacifiste ou que je refuse toute violence : cela signifie que je ne suis pas un prisonnier d'un désir réactif ni victime de la réalité. Ce n'est pas une subtilité philosophique : nos objectifs et intentions sont cruciaux et déterminent nos actions et nos plans d'action collectifs. J'ai un potentiel de violence et d'auto-défense comme tout le monde, mais si la confrontation devient en soi l'objectif, on est pas du tout au service du bien-être humain ni d'une révolution.

Surtout, dans vos messages de violence, vous ne PARLEZ JAMAIS des gens, jamais du peuple, jamais de leur réalité ou du fait que vous n'avez PAS DU TOUT leur appui...

Edit : Dans plusieurs cultures la voie du guerrier est décrite comme suit : la personne sur la voie du guerrier sait ce qu'elle veut et elle est patiente. Le ou la guerrier.ière pour la justice est au service d'un but et va agir en conséquence, avec une réflexion stratégique prenant compte de la réalité.

Le peuple fait la révolution pour quelque chose. Certes, souvent des révolutions ont été contre des abus, mais quand est venu le jour de créer la suite, les hommes armés, les plus militaires et nationalistes, ont pris le pouvoir. Jusqu'à présent, vous ne nommez aucun projet de société. Allez vous suicidez glorieusement sans moi.

Michaël Lessard [me contacter]


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Sujet: 
Le prix de la liberté
Auteur-e: 
espritdecombat
Date: 
Jeu, 2010-09-09 04:01

''Allez vous suicidez glorieusement sans moi.''

Ne t'en déplaise, je n'ai pas envie de me suicider.

''Je n'ai pas le désire de tuer ou de faire souffrir, donc je suis libre.''

Même si tu n'as pas le désir de tuer et de faire souffrir, ça ne veut pas dire que ton existence en tant que blanc, occidental, mâle... ne fait pas directement ou/et indirectement mourrir et souffrir des multitudes de gens à travers le monde et la planète entière et tout ce qu'il y a de vivant non-humain. T'es libre ? Dans quelles conditions ? Les autres dont la majorité la plus exploitée des pays du tiers-monde ou des autochtones d'ici qui vivent ici dans un tiers-monde, les masses réduites à l'exploitation tout comme la terre, t'en fais quoi ?

Les conditions dans lesquelles tu vis et t'entretiens qui sont visiblement par tes propos favorisées te font peut-être sentir libre, mais au prix de l'esclavage de tant de vivantEs.

Tu vois la violence, c'est pas vraiment ce nous choisissons en tant oppriméEs, c'est ce que l'on nous impose à tous les fucking instants et ce qu'on impose à la terre. Je suis pas étonné que les gens à prime abord veulent la refuser, c'est pas beau comme on dit. Mais est-ce que le système nous offre autre chose que la guerre ? Je ne crois pas. C'est dans ce sens que la pacification de la résistance est si dangereuse. Parce que nous pouvons bien vouloir refuser la violence, mais le système lui est extra-violent et ne cessera pas, va juste continuer à tuer, à détruire, à exploiter, jusqu'à l'anéantissement. À moins que nous le détruisions. Et si on est pas organiséEs pour faire face à la violence du système, nous allons juste être écraséEs et la vie toute entière.

T'as vu jusqu'où les flics et les États sont prêts à aller juste pour quelques voitures de flics brûlées et quelques vitrines pétées ? Bien c'est juste un petit avant-goût.

T'as vu ce qu'ont fait le kkkébec et le kkkanada quand les Mohawks se sont soulevéEs pour défendre leur terre à soi-disant ''Oka'' en 1990 ? Dans ce cas, le choix des armes a fait la crise qui aurait probablement fini plus vite et sans succès pour les communautés mohawks sans les Warriors arméEs.

T'as vu ce qu'ont fait le kkkanada et le kkkébec quand une partie de la classe ouvrière du kkkébec c'est soulevée entre autres sous la forme du FLQ dans les années 60 et en 70 culminant dans l'année 1970 ?

Et là, je ne parle que d'ici.

Pour ce qui en est de ce qui est affirmé, je pense que c'est évident que la vie, la biodiversité, la liberté, l'entraide... sont des valeurs sous-entendues derrière ce que je dis.


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Sujet: 
Re: Le prix de la liberté
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Jeu, 2010-09-09 14:39

Allo,

@espritdecombat Tu exprime une conscience des souffrances dans le monde et une empathie et un sens de la responsabilité humaine (solidarité). Faut voir que mes réponses plus aigües, et un peu courtes, sont en réaction à un texte qui traite d'ennemis tous les gens qui optent actuellement pour des stratégies non violentes. Y'en aurait long à dire sur les discours radicaux versus les actions réelles, sur les jugements portés sur les autres versus ses propres actions ou inactions réelles.

J'espère que tu devines que tu n'as pas à me convaincre de la violence du monde... ( www.siriel.info ) ni de notre responsabilité occidentale. Faut pas me prendre pour un cave. Ma position de base, quand j'étais jeune adulte, était que je suis/nous sommes coresponsables du monde et que nous avons du sang plein les mains.

Je travaille sur un texte actuellement que je laisse murir un peu, pour répondre à la question rhétorique que PatC m'a posée : dans quel monde tu vis.

 

Quelque chose d'absurde...

Mais il y a, ici sous ce texte contre la diversité des tactiques et prônant l'action violente comme étant la seule et unique action valable, quelque chose d'absurde.  N'est-ce pas un peu absurde que je tente de nommer des aspects réels de la vie sous ce texte ?  Il y a tellement de choses à dire sur la réalité humaine, les contextes réels des révoltes, sur comment la droite populiste gagnerait actuellement si le pouvoir était vraiment déstabilisé par une révolte, mais je vais nommer un seul aspect qui témoigne de l'absurdité ici : quand une personne prévoit une action directe « violente » ou un acte de sabotage, elle n'en parlera pas vraiment ici.  Personnellement, si j'avais en tête une action subversive, j'en parlerais pas.  C'est vraiment très virtuel comme « discussion ».

Ça explique, je présume, en grande partie pourquoi très peu de gens prennent le temps de réagir sur le CMAQ ou sous un texte dans ce genre. Personnellement, je trouve que le silence n'est pas un signe de respect. Une réponse, critique, est en fait plus respectueuse ; elle considère réellement l'autre (Denis Rancourt, qui ne va probablement pas me lire en fait).

 

Les anarchistes que je connais, incluant les plus radicaux ou parlant le plus des révoltes et des insurrections, ont des propos plus nuancés et plus stratégiques.  Certains textes sur le CMAQ donnent une fausse image des idées libertaires au Québec.

@espritdecombat La véritable différence, peut-être, entre ta position et la mienne est que j'estime qu'il faut être le changement que nous voulons, qu'il faut l'incarner ou l'actualiser dans notre vie quotidienne.  Si on cherche à être libertaire, être violent entre en conflit direct avec des valeurs de non domination.  Quand je regarde les extrémistes de droite, la droite « chrétienne » ou la police qui dérape dès qu'on leur donne trop de pouvoir, je me dis que je ne veux pas être comme eux/elles. J'ai déjà reçu l'appel d'un fou qui disait que Bush avait raison, que c'est nous contre eux, et que les pacifistes sont donc un danger à éliminer. Voulons-nous devenir des Bush de gauche, des brutes épaisses de gauche.

Edit : Je n'aime pas avoir terminé avec cette phrase maladroite pouvant être très mal interprétée. Si on lit le paragraphe, on voit que la référence à Bush et aux brutes épaisses n'est aucunement une critique des actions directes ni des révoltes en soi, mais aux discours fanatiques « vous êtes avec nous ou contre nous » et à une violence qui ne réalise pas nos réels objectifs. Bush et les conservateurs peuvent se dire chrétiens et démocrates, mais leurs actions mènent au contraire des objectifs des messages chrétiens et démocratiques.

Si nous ne sommes pas ancrés dans des objectifs libertaires, nous ne sommes pas anarchistes, mais simplement en révolte (ce n'est pas mauvais en soi). Le même principe s'applique aux autres idéologies, philosophies ou croyances : si nos actions ne contribuent à l'atteinte des objectifs de sa philosophie politique (chrétien, communiste, néolibéral, socialiste, etc.), nous ne sommes probablement pas cohérents ni vraiment au service de l'objectif nommé.

Ici, dans le texte d'origine, si on applique sa logique, la création d'une librairie sociale autogérée, d'un centre populaire libertaire ou la naissance d'une assemblée populaire seraient ennemis, car non violents directement. Ces espaces antithèses au système capitaliste ou élitiste ne sont pas des gestes directement violents, même s'ils sont une forme de « confrontation » créative. Ce révolter, dans une vie courte et éphémère, est plus facile que de construire un monde libertaire où les gens et les enfants autour de nous serons libres et en santé.

Michaël Lessard [me contacter]

 

Nb : Je crois que certaines personnes pensent que je me dis révolutionnaire. J'aimerais préciser que ce n'est pas le cas, car j'estime que ça serait trop prétentieux. Je juge selon les actions et attitudes réelles. Or, ma vie est merdique actuellement et elle ne brille pas par son autonomie, ou du moins je ne suis pas assez libre et créateur pour pouvoir me dire révolutionnaire. Je ne suis pas leur salarié et je m'investis dans des médias plus libres que la moyenne, mais je suis loin d'être libre. Nos actions demeurent de la résistance, de la contestation active: elles ne sont pas encore tout à fait libératrices.


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